
les os, que fa préparation exigée beaucoup d’adreffe
& de grandes précautions : on l'a nommé ganglion
de Meckel ou ganglion fphéno-palatin;
mais Bichat eft porté à croire que c’eft un fimple
renflement nerveux duquel émanent des filets fécond?
ires.
Je penfe contradiéloirement que ce petit corps
eft absolument analogue aux autres ganglions
nerveux, & je me fonde fur les raifons fuivantes :
1°. tout ganglion eft un petit centre nerveux delà
périphérie duquel partent des filets qui vont s’a,-
n iftomofer avec les nerfs voifins, ou fe perdre
dans le tilfu des organes ; 2°. on ne voit jamais
aucun nerf fournir un rameau qui, à fa féparation
du tronc, forme un angle aigu en arrière & obtus
en avant, de manière à fuivre une marche rétrograde
à celle du tronc lui-même j tous les
ganglions communiquent entr’eux par des filets
nerveux ; 40. leur ftrudture, facile à.reconnoître,
eft tout-à-faic particulière.
Or, nous retrouvons ces différens cara&ères
dans l'organe dont il s'agit : 1®. il envoie des filets
dans tous les fens aux nerfs & aux organes voifins;
2®. on prétend qu’il doit être un renflement
de deux filets qui defcendent du nerf maxillaire
fupérieur vers la fente ptérygo-maxillaire; mais
ces' filets, féparés fupérieurement, ne forment
qu’ un rameau fimple inférieurement; il n’y a
point de nerf qui foip dans ce cas; les filets d'un
nerf quelconque , en s’éloignant du tronc, ont
coutume de fe fubdivifet & non de fe réunir ;
enfuite, ceux donc il s’agit defcendent dans un
fens contraire à la marche du nerf, comme on
' eut s’en convaincre fur le cadavre ou avec la
onne figure qu'en a donné Meckel ; il eft donc
bien évident que c'eft une ramification fimple,
émanée du ganglion, quj va, dans un fens rétrograde
, s'unir au nerf maxillaire fupérieur , & qui
fe bifurque en chemin; $°. il communique avec
tous les ganglions les plus voifins; ainfi, par le
rameau fupérieur du nerf vidien, qui conftitue
dans l’intérieur du rocher la corde du tympan, il a
des rapports avec le petit ganglion de la glande
fous-maxillaire; par le rameau inférieur du même
nerf, il communique avec le ganglion caverneux
& avec le ganglion cervical fupérieur; par le nerf
nafo-palatin , il va rejoindre le ganglion du même
nom, qui eft logé dans le trou palatin antérieur ;
4°. enfin, fa ftrucftire , que nous avons indiquée
pout à 1 heure, dqit empêcher de ieconfondre avec
les véritables nerfs..
-Quoi qu'il en foit, c'eft ce ganglion qui fournit
^ la membrane pituitaire la plus grande partie
de Tes nerfs, fous lè nom de rameaux fphéno-pala-
tinsj leur. nombre varie au moment de leur origine;
Meckel en compte trois ou quatre; j'en ai vu
jufqu’à cinq ; ils s’introduifent fur-le-champ dans
les foffes nâlaies par le trou, fphéno-palatin , près
de l’extrémité poftérieure du cornet moyen ; leur
confiftance eft toujours très-peq marquée f ce qui
ajoute encore du poids à l’opinion qui l'es fait
naître d’un-ganglion : ils fe répandent fur la cloifou
ou fur la paroi externe de ces cavités, de la ma.
nière l'uivante :
i°. Deux ou trois filets fe portent, d*abor<J
entre, le période & le feuillet muqueux delà
membrane pituitaire, à la face concave du cornet
fupérieur.; ils fe perdent dans, le méat correfpon.
dant, près de l’ouverture des cellules ethmoï-
dales poftérieures : on n’a point encore pu s’affiler
s’ils envoient des. ramifications dans* ces
cellules. ,
2°. D’autres rameaux fort courts vont au cornet
moyen; le plus élevé d’entr’eux, après un
certain trajet fur fa furface convexe, le traverfe
par un petit trou & fe perd fur fa furface concave
dans la .membrane : les autres fe terminent fur fou
extrémité poftérieure.
3°. Quelques-uns, extrêmement déliés, fe réunirent
en un feul, & fe recourbent au-devant dij
finus fphénoïdal, pour gagner la partie poftérieure
de la cloifon.
4°. Un rameau plus confidérable que les pré*
cédens, découvert par Cotugno, & nommé /w/o*
palatin, à fa fortie du trou fpliéno-palatin, fe re-»
courbe au-devant du finus fphénoïdal, traverfe.
la yoûte des foffes nafales, & fe porte fur la cloi*
fon, entre' les deux feuillets de la membrane pituitaire.
11 defcend très-obliquement en avant le
long de cette cloifon, & parvient ainfi aux ouvertures
fupérieures du canal palatin antérieur;
là, il s’introduit dans un conduit qui lui eft propre,
& dont nous avons eu occafion de parler:
celui du côté droit fe prolonge un peu plus en
avant que le gauche-, pour rencontrer l'orifice quil
doit le recevoir. Dans ce trajet, le nerf nafo-pad
latin fournit une foule de petits filamens qui fe
répandent autour d’une branche d'artère qui fuit
le même trajet que lui fur la cloifon des foffes
nafales. Wïisberg les a fuivis parfaitement; je
les ai vus 1e rendre dans le tiflii papillaire de 1;
membrane, mais non s’anaftomofer avec les nerfs
oifi&ifs, comme çet excellent anatomifte lepré^
tend. Scarpa a donc eu tort d’annoncer que
ce nerf ne fe ramifioic pas dans fon partage a
travers les foires nalales. Quoi qu'il .en foit, par-l
venu au milieu du canal palatin, il fort de fon
conduit & vient fe perdre dans un ganglion particulier
qui remplit celui-ci ; en forte que le nerf
: nafo palatin ne me femble point aller directe*
| ment, comme on l’a décrit jufqu'à préfent,des
fofles nafales à la youte palatine.
Ce ganglion, dont je ne fâche pas qu’on art
encore parlé, & que.je nomme nafo-palatin)
eft une petite maffe rougeâtre , fongueufe, un
peu dure & comme fibro-cartilagineufe, plonges
dans un tilfu cellulaire grailfeux , & fitnée au
milieu du canal palatin antérieur, au point 00
réunion de fes deux branches; fa forme la plus
ordinaire eft cçlle.d’ym ovojjde, dont la grofte ei?
trémité tournée en haut, reçoit les deux rameaux
mafo - palatins , tandis que la petite émet par
L bas un ou deux filets, lefquels s’engagent dans
de petits conduits fpéciaux qui femblent continuer
les précédens, & qui les tranfmettent à la
Voûte palatine , où ils fe perdent en fe ramifiant &
en s’anaftomofant avec les branches dm nerf pa-
iatin. De cette forte, ce ganglion a une.double
communication avec le ganglion fphéno-palatin,
l'une à l’aide du nerf nafo-palatin, l’autre par le
moyen du nerf palatin proprement dit.
Ce ganglion n’eft pas moins vifible dans les
animaux que dans l’homme, & fouvent même
chez eux il eft plus volumineux. Je l’ai déjà ob-
fervé dans un grand nombre d’efpèces : il eft plus
marqué qu’ailleurs chez les ruminans, ce qui me
décide à le décrire dans ces animaux fpécialement.
Dans le mouton , entr’autres, il offre la même
forme à peu près, & le même tilïu. que dans
l'homme, mais fa pofition eft bien différente ; il
eft litué au-deffous de la maffe fpongieufe &
aréolaire qui eft renfermée dans l’étui fibro-car-
tilagineux dont nous avons parlé, & couché à peu
près horizontalement dans le large canal palatin
intérieur de l'animal, un peu à la partie interne
de l’étui. 11 eft double, c’eft-à-dire qu’il y en a
également un à droite & un à gauche : rarement
je l’ai vu fimple. Son extrémité poftérieure reçoit
pareillement le gros nerf nafo-palatin, & l’anté-
(ieure envoie un filet affez volumineux au ganglion
analogue du côté oppofé, ainfi que quatre
à cinq rameaux qui paroifi'ent fe perdre dans la
nembrane palatine, en s’anaftomofanc avec les
iernières ramifications du nerf palatin. Il ne m’a
joint paru avoir de communications évidentes
ivec les nerfs qui defcendent le long du vomer,
iprès être nés des environs de la protubérance
namillaire & avoir traverfé la lame criblée de
.’etümoïde; nerfs que M. Jacobfon a découverts,
5c que j'ai très-bien obfervés auffi.
[Un autre fait curieux, c’eft que le nerf nafo-
»alatin, qui chez l’homme ne diitribue aucun filet
emarquable & reçoit feulement un rameau du ■
ierf dentaire fupérieur & antérieur, envoie dans
ê mouton une branche aïïez forte à la pulpe de
^organe cartilagineux dont nous venons de parler. !
-e rameau a été décrit par M. Jacobfon. .
[Le nerf palatin poltérieur fournit aufli à la
nembrane pituitaire un certain nombre de ramifiions.
Avant de pénétrer dans fon canal, il donne
ln premier filet qui s’introduit entre les cornets
noyen & inférieur, au niveau de l’apophyfe
phénoïdale de l’os palatin, & qui fe diftribue au
>ord libre du cornet moyen, à fa face concave,
\a la face convexe du cornet inférieur, jufqu’au-
ires de fon extrémité antérieure.
LJn peu avant de fortir de fon conduit offeux
- Près de la voûte du palais, ce même nerf
j^voie une fécondé ramification dans les foffes
pies; celle-ci traverfe une petite ouverture de
la poftion verticale de l’os palatin, fe porte horizontalement
le long du bord du cornet inférieur *
& fe perd fur l’apophyfe montante de l’os maxillaire
fupérreur. fille eft fouvent renfermée dans un
petit canal offeux.
Le prolongement de la membrane pituitaire qui
tapifie le finus fphénoï.lal , reçoit conftamment
deux filamens extrêmement déiiés & d'une fineffe
exceffive, qL)i lui font fournis par le nerf vidien
avant qu’il pénètre dans fon canal. Pendant le refte
de fon trajet, ce même-nerf envoie aufli quelques
filets à la partie fupérieure & poftérieure de
la cloifon.
Enfin, le rameau dentaire antérieur du nerf
fous-orbitaire donne à la membrane du finus
maxillaire un filet qui fe recourbe en arrière pour
s’anaftomofer avec un autre filet fourni à la paroi
externe de cette cavité par un des nerfs dentaires
pofterieurs. 11 lui abandonne en outre un certain
nombre de ramifications ténues , qui s’échappent
des petites branches qui vont fe diftribuer aux
dents incifives & canines. Bichat a toujours trouvé
très-difficile de diftinguer ces dernières. Un de
ces filets, découvert par M. le dodeur Brefchet,
chef des travaux anatomiques de la Faculté de
médecine de Paris, fe prolonge le long de la paroi
du finus maxillaire pour pénétrer dans les foffes
nafales, où il s’anaftomofe évidemment avec le
nerf nalo-palatin, comme je l’ai dit dans mon
Traité d‘ Anatomie defcriptive, publié pour la première
fois en 1816.
Morgagni & Haller ont penfé que, dans
les poiffons, lç nerf olfadif étoit le feul qui
pénétrât dans les narines. Mais MM. Scarpa &
Cuvier ont eu occafion de remarquer l’erreur
dans laquelle ces deux favans an'atomiftes font
tombés. En effet, dans le brochet, par exemple,
un rameau de la cinquième paire, accompagné
d'une petite branche de la carotide interne, pafl»
fous l’orbite & fe perd dans les foffes nafales.
Des Artères de la membrane pituitaire. En
raifon des nombreuses communications des.foffes
nafales avec les autres parties de la tête, en raifon
aufli de leur étendue, la membrane pituitaire reçoit
fes artérioles d’un grand nombre de fources
différentes, & lorfqu’on les injede avec de la
colle de poiffon teinte par la cochenille, elles y
forment un réfeau fi ferré, qu’elle paroît du plus
beau rouge.
A. Branches fournies par l'artère maxillaire interne.
Cette artère, après avoir donné un nombre
confidérable de rameaux , remonte un peu dans
le haut de la fente ptérygo-maxillaire, fe recourbe
fur elle-même & prend le nom de fphéno-pala-
tine; en effet, 'elle traverfe alors le trou fphéno-
palatin , & parvient ainfi dans la partie poftérieure ,
externe & fupérieure des cavités nafales, au niveau
du cornet moyen.
Couverte par la membrane muqueufe, la branchefphéno
palatine fe partage là en deux ou trois