
mais.il s’eft exprimé d’une manière affez obfcure >
que les auteurs des feizième & dix- feptième fiè-
cles n’ont point contribué à éclaircir. Par exemple
Guy Guidi ou Vidus Vidius & Spieghel ont
tout Amplement répété ce que Véfale avoit dit.
CependantStenonj célèbre anatomifte danois, fit
obferver que dans l’homme il y a un canal membraneux
allez large vers le n e z , & fi étroit du
côté de la bouche, qu’il [aille à peine palier une
foie j pourtant, dit-il, on en reconnoît l’orifice,
même vers le palais, par une gouttelette, qui s’en
échappe quand on prefie du doigt cette région.
Après lu i, Verrheyen & Kulm afiurent avoir reconnu
l’exiftence de ces canaux, que les anato-
miftes nommèrent alors fienoniens. Ruyfch en con-
fervoit une préparation dans fon cabinet, & Du-
verney les repréfente avec un fiylet paffé dans leur
cavité. Santon ni va jufqu’ à afiurer que fes élèves
..s’amufoient fur eux-mêmes à y inférer une foie»
Mais vers le milieu du dix-huitième fiècle, des
doutes s’élevèrent fur l’exiftence de ce fait. Lieu-
taud prétend que jamais ce trou n’eft ouvert dans
les fujets frais. Bertin dit aufti l’ avoir vainement
cherché, même dans le cheval. Malheureufement,
obferve M. Cuvier, c’eft juftement le quadrupède
où ils ne font pas ouverts. Heifter & le grand
Haller paroiffent également ne les pas avoir rencontrés,
de même que MM. Portai & Boyer.
M. Scarpa prétend qu’ on ne peut rien faire paffer
par-là des foffes nafales dans la bouche, fans rompre
la membrane palatine. Aloinus, Winflow &
„Bichat n’en font aucune mention.
Plus récemment, dans un Mémoire lu à l’ Inf-
titut .de France, en 1811 , M. Jacobfon, chirurgien
major au fer vice de S. M. le roi de Danem
a r k , adopta entièrement l’opinion de M. Scarp
a, & M. Georges Cuvier fe rangea du même
parti, dans le rapport qu’ il fit alors à la claffe fur
ce fujet.
Mais fi ces canaux ne fe rencontrent point dans
l ’homme, on les voit dans les quadrupèdes, le
cheval excepté. Leurs orifices font même généralement
très-apparens, & , dans quelques-uns , ils
/orment des fentes affez étendues fur le palais ,
& que cachent, à la première vue , les rebords
d’un bourrelet de figure variable fuivant les ef-
pèces.
Analogue aux autres membranes muqueufes
par le fluide qu’elle fournit, la membrane pitui-
tairé fe continue avec plufieurs d’entr’elles, c'eft-
à-dire, avec celles des organes de la refpiration
& de la digeftion, & avec la conjonctive oculaire.
Elle tapiffe aufli, comme elles, l’intérieur d’une
cavité qui communique avec la peau par des ouvertures
que cette enveloppe préfente à la furface
du corps. Mais elle diffère fpécialement des autres
organes du même genre par une épaiffeur plus
çonfidérable & par une molleffe plus grande. Elle
mérite véritablement l’épithète de veloutée ,• fa
confiftaace feroit un obftacle à ce quelle put
devenir une partie des tégumens-extérieurs; lj
moindre caufe fuffiroit pour la déchirer. La meml
brane de la bouche & celle de la face interne des
joues s’en éloignent fous ce rapport : aufïî obferyJ
t-on qu’elles font fréquemment le fiëg.e de bouton]
varipleux, tandis que l’autre n’en préfente dans
aucun cas.
La couleur de la membrane pituitaire varie dan]
les divers points de fon étendue, où elle paroil
tantôt blanche & tantôt rouge : c’eft cette derj
nière teinte qui prédomine tant qu’elle ne s’eft p,J
introduite dans les finus, & elle eft'beaucoup plu!
intenfe que dans les autres membranes muqueni
fes , même que dans celles de l’eftomac & des iiJ
teftins grêles. Cette couleur rouge dé la mem-1
brane pituitaire tient au fan g qui y, eft en état dd
circulation, & non à une combinaifon de ce fluidJ
avec fon tiffu. Dans les cas d’afphyxie, elle deviena
livide, parce que les artères contiennent du fangl
noir j dans les fyncopes, où le coeur affefté ne
pouffe plus de fang dans les vaiffeaux, elleblaiw
chit tout-à-coup comme les lèvres.
Par rapport à fa difpofition la plus générale J
cette membrane ne peut être confidérée comme
une fimple membrane muqueufe j elle eft formée
évidemment de deux feuillets diftin&s, dont l’un
eft muqueux, tandis que l’autre, qui eft fibreux J
n’eft autre chofe que le périofte ou le périchondra
des cavités nafales. L’union de ces deux feuillets
eft des plus intimes ; mais on peut très-facilemend
les diiiinguer fur les cornets & furtout fur li
cloifon. En brifant celle-ci, & eh l’enlevant pat;
fragmens, on la détache de la portion, fibreufe,
qui adhère beaucoup plus à la membrane muqueufe
qu’à l’o s , ce qui eft le contraire des autres
portions du périofte, qui font très-fortement unies
aux os & fort peu aux parties voifines. L’adhe-
rence de la membranè pituitaire aux os n'eft
pourtant pas. le produit d’ une fimple application.
Des vaiffeaux & des nerfs nombreux font le moyen
d’union qui exifte entre ces parties.
Lorfque la membrane a été ainfi enlevée, on
peut bien reconno'itre fon épaiffeur çonfidérable:!
on la voit blanchâtre, folide, comme fibreufe,!
denfe & réfiftante du côté des os ; fpongieufej
molle & rouge du côté des cavités.
Le feuillet muqueux, auquel appartiennent ces
dernières qualités, eft fpécialement formé par un
chorion très-prononcé, & qui, fous le rapportée
l’épaiffeur, vient immédiatement après celui des
gencives & du palais. Bien different du chorion
cutané, il, eft tellement mollaffe & fongueux,!
principalement fur les cornets, qu’il reffemble à
l’enduit d'une pulpe confiftante.
Au refte, l’épaiffeur de cette membrane ipï|a
beaucoup s’accroître dans les maladies. Bichat U
vue être de plufieurs lignes dans un finus maxin
laire, où ordinairement elle eft fi mince.
En fe defféchant, elle devient tranfparente w très-ténue
comme il y a identité de fécrétlon, ne fer oit-il
point permis d’admettre l’ identité dans les inftru-
mens fécrétoires? Sténon, qui a reconnu l’exiftence
de ces follicules muqueux, dit qu’ils font
fitués plus profondément & plus prononcés en arrière
qu’en avant des fofies nafales, & que chacun
d’eux a un petit conduit excréteur. San toi i ni en a
également confiaté la préfence à l’ aide de la loupe;
quelqués-unès de ces glandës font, dit-il, de la
grofièur d'un grain de moutarde , mais il regarde les
Orifices fuperficiels, dont nous parlerons bientôt,
comme étant des organes fécréteurs d’ un autre
genre.. Boerrhaave admet également leur exiftence
comme certaine, & -affirme que leur nombre eft
même très-grand. L’exaét Ruyfch, auquel l ’anatomie
eft redevable d’un fi grand nombre de belles
découvertes, a été moins affirmatif à leur égard;
car tantôt il lés regarde comme des corpufcules
arrondisy & tantôt il les appelle glandes nafales.
Bien fouvent, au refte, on ne peut les apercevoir,
tant leur petireffe eft excefiive. Quélquefois, la
couche fibreufe étant enlevée, ôn voit dans le tiffu
de la membrane des granulations affez difficiles à,
diftinguer, parce qu’elles font très-ferrées les
unes contre les autres, & fembîent former une
véritable couche glandüleufe analogue à celle
qu’on rencontre au voile ou à la voûte du palais,
mais qui eft moins marquée que dans ces dernières
parties. Dans d’autres circonftances, ce font de
véritables cryptes pulpeufes, épaiffes, arrondies,
ou ovales, & ouvertes par un pore dans le s ’
foffes nafales : on en obferve alors fur les deux
cotes de la cloifon, fur les cornets moyen & inférieur,
& dans le méat inférieur, furtout près'du
pharynx. Leurs ouvertures font conftamment affez
apparentes dans ces divers endroits. A la partie
antérieure de la cloifon , on voit même une vafte
lacune tranfverfale qui eft. commune à beaucoup
de ces follicules, lefquels forment une couche de
la largeur du petit d o ig t, d’un blanc rougeâtre,
parallèle au plancher des foffes nafales, & que
Morgagni & Ruyfch les premiers ont décrite.
M. Soemmering eft même venu à bout d’introduire
un ftylec dans cette lacune, plufieurs
fois , j’ai réufli dans la même expérience. On en
obferve également quelques autres moins prononcées
en arrière de la cloifon aufli. Cette ftruc- •
ture devient furtout très-apparente après une légère
macération dans l'eau ; on peut aufli, fuivant
le procédé-de Winflow, découvrir leurs orifices •
en foufflant obliquement d’avant en amère fur la
furface de la membrane ; »air s’engage dans leur
intérieur.
Au refie, on peut affirmer que, tant fur la cloifon
que fur la paroi externe des foffes nafales ,
ces cryptes font très-rares '& très-petites fupé-
rieurëment, un peu plus groffes & très-multipliées
dans la partie moyenne, & fort grandes & bien
plus apparences inférieurement.
M. Jacobfou, anatomifte danois, que nous-
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