
avons déjà eu occafîon de citer, a rencontré chez i
les mammifères un organe fécréteurlié à la membrane
pituitaire, & qui paroît manquer chez
l’homme feul. C ’oft tin fac long 8c étroit de fubf-
tance plus on moins glanduleufe , enveloppé dans
un étui cartilagineux de même forme, 8c courbé
fur le plcncher de la narine de chaque c ô té , 8c
tout près de l'arête fur laquelle vient fe pofer le
bord inférieur de la portion cartilagineufe de la
cloifon du nez.
L’ étui ou la gaîne cartilagineufe eft formée par
line lame pliée en tuyau , avec des ouvertures en
arrière pour le paffage des nerfs & des vaiffeaux
qui pénètrent dans Y intérieur de l’ organe, & en
avant des prolongemens divers eft un trou qui
fert de paffage à un conduit excréteur.
L’intérieur de cette gaîne eft tapilîé par deux
membranes ; l’interne fe continue avec celles du
palais & du nez ; elle eft liffe> & offre beaucoup
de petites ouvertures qui la traverfent obliquement
j l’ externe eft aponevrotique. Entr’ elles deux
eft un parenchyme rougeâtre d’une confiftance
molle, qui paroît de nature glanduleufe, & qui
fe prolonge fous la membrane pituitaire, plus
épaifle&plus fongueufe dans cet endroit, que
dans le refte de fon étendue.
C e qu’il y a de plus remarquable ic i , c ’eft le
nombre & le volume des nerfs qui viennent fe
diftribuer dans cet organe. 11 en reçoit d’abord
•deux ou trois, quelquefois un feul, qui naiffent
ifolément d’une tache brune qui exifte en haut 8c
en dedans de la protubérance mamillaire, qui paf-
fent par des trous particuliers de la lame ethmoï-
dale, defcendent le long du vomer, fans donner
aucun filet à la membrane pituitaire , gagnent la
partie poftérieure du corps dont il eft queftion ,
fe divifent en plufieurs filets , & percent fa gaîne
pour fe diftribuer à fon parenchyme.
Quelques filets fe détachent aufli du ganglion
& du nerf nafo-palatins pour gagner ce (même
corps i l’un d’eux , plus gros , rampe le long de
fon bord inférieur & le long du canal fténonien,
& arrive dans la membrane palatine : un autre
perce la gaîne 8c fe répand dans l’organe avec les
vaiffeaux.
Dans tous les animaux, même les plus diffé-
rens, le cours & la diftribution de ces nerfs font
notablement les mêmes.
Quant à l’organe lui-même, il eft petit dans les
carnaffiers , très-peu apparent dans les quadrumanes
j mais il acquiert un volume remarquable dans
les ruminans, & furtout dans les rongeurs.
M. Jacobfon penfe que l’humeur qui eft fécré-
tée par lui, eft deftihée àhume&er, à lubrifier
les nafeatix dans les animaux qui les ont toujours
humides, ou au moins la partie voifine des toffes
nafales dans ceux où les nafeaux font fecs à l’intérieur
, & à difpofer ces parties à l’exercice de
quelque fonction fenfîtive*
M. Cuv ier, obfervant que l’homme feul p H
en être privé , eft difpofé à croire qu’il ell relatif
à quelque faculté qui nous manque, & dont Ü
animaux font doués, 8c peut-être à celle dont!
jouiffënt les herbivores, de diflinguer les plantesl
vénéneufes de celles qui ne le font pas.
Chez beaucoup d’animaux encore, la dupÜca-
ture de la membrane pituitaire qui bouche l‘èn.1
trée du finus maxillaire , renferme une véritable!
glande d’une forme irrégulière, mais] couvtnA
d’ une quantité innombrable de petits vaiffeaux
excréteurs, qui fe réunifient en un feul tronc!
lequel, après un long trajet, vient s'ouvrir prèd
de la narine, 8c que Sténon a fort bien décrit dans!
.la brebis, 8c M. Jacobfon dans le cheval. Chez
l’homme , je n’ ai jamais pu découvrir ces canaux
excréteurs ; la glande paroît cependant exifter.l
Peut-être cette lacune, afiez grande, dans la.
quelle M. Soemmering eft parvenu à introduire un
ftylet, conduit-elle dans leur cavité.
Chez l’éléphant, la membrane qui revêt la cloij
fon cartilagineufe des narines eft garnie d’un grandi
nombre de grains glanduleux, gros comme des]
pois, lefquels s’ouvrent d’une manière très-vifible]
dans les foffes nafales ; à la partie antérieure de
celles-ci, il y a , en outre, un trou conliderable]
qui conduit à une glande de la groffeur d’une]
noix , 8c femblable aux amygdales.
Au refte, la membrane pituitaire ne préfente]
point une ftruéture uniforme dans toute fon éten-l
due. Auprès des narines elle eft bien moins ronge]
que lorfqu’on l’examine à une plus grande profondeur
j elle y eft beauconp moins fongueufe, elle!
y eft plus mince 8c pourtant plus denfè ; il en naît!
des poils en plus ou moins grand nombre, fuivant!
les individus, mais toujours plus abondans & plus
longs chez les perfonnes fortes & vigoureufesi
plus rares chez les femmes , 8c nuis chez les en!
fans. Ces poils, qu’ on a nommés vibrijfa, placés]
à l'entrée des foffes nafales (in vefiibulo nafi)i
tamifent, pour ainfi dire, l’ air à fon paffage,&1
empêchent l’introduélion des corps étrangers dans
ces cavités ; ils lont analogues en cela à ceux qui
entourant la plupart des ouvertures par lefquellcs
le corps communique à l’extérieur, comme il eft
facile de l’obferver à la boiiche, aux paupières J
aux conduits auriculaires, à l’anus, 8cc. OrdinaH
rement noirs 8c roides, fouvent ils font bifurqué!
à leur fommet, 8c envoient des petits rameaux de
chacun de leurs côtés. Ils ont les mêmes organes
de génération que les poils qu’on obferve dans
toutes les autres parties du corps, 8c dans ld
quelles ils ont été décrits avec une exaélitude rfl
marquable par feu le doéleur Gauthier. On leur
diftingue très-bien une capfule extérieure, épaiflè»
blanche, nacrée, aufii marquée que pour les poil!
du menton, laquelle renferme une gaîne, enved
loppe immédiate de la racine du p o il, entouréeJ
fa partie fupérieure par des follicules fébacés înhj
triment plus petits que ceux des ailes du nezil w
■ rieur de ces poils eft aufli creufé par une efpèce
canal cloifonné.
Dans les finus, la membrane olfaérive, entiè-
ement privée de follicules, perd beaucoup de fa
•ouleur rouge ; dans l’état habituel, fes vaiffeaux
; paroiffent prefque point contenir de fang; mais
[ns les affalions inflammatoires, comme le co-
vza,, elle y devient aufli rouge que celle des fof-
e$ nafales. Quant à fon épaiffeur, elle eft là très-
' u marquée, furtout dans les finus fphénoïdaux
_ dans les cellules ethmoïdales ; elle reffemble à
arachnoïde, & fa fuperficie n’ eft point fon-
jiieufe; on n’y rencontre point non plus profon-
îément la couche denfe & fibreufe qui dépend
lupériofte, fi ce n’eft pourtant, fuivant Soemme-
‘ig, dans les finus frontaux & fphéhoïiaux, où
>n remarque parfaitement bien deux feuillets :
M adhère-t-elle partout ailleurs fort peu aux
arois des finus.
Dans la plupart des mammifères, la membrane
lituitaire eft analogue à celle de l’homme., mais
tans les cétacés, où , par un mécanifme particulier,
les narines, percées fur le fommet de la tête,
fervent à chaffer Teau que l’animal eft obligé d’ a-
pler chaque fois qu’il ouvre la bouche, une mem-
irane pituitaire ordinaire auroit été bleffée par
e paflagè continuel & violent de l’eau falée.
jiuui chez eux les narines font tapiffées d'une
|eau.mince» fèche, fans cryptes ni follicules m ilieux,
8c qui ne paroît pas devoir fervir au fens
le l’odorat ; il n’ y a d’ailleurs dans les os envi-
lonnans ni finus ni cornets, 8c le nerf olfaitif fem-
fle manquer.
Cependant les cétacés ne font pas dépourvus
lu fens de l’odorat. M. Plévill'e le Peley, vice-
h:ral, ancien miniftre dë la marine, dit qu’ à la
|ote de Terre-Neuve il eft parvenu plufieurs fois
Imettre en fuite des baleines qui inquiétoient fes
pêcheurs, en faifanc jeter à la mer l’eau corrompue
|ufond des bateaux. Sonnini aflure que lè dauphin
[illingue très-bien & de fort loin les impreflions
"s corps odorans. Pline rapporte qu’ un proconful
Afrique ayant affayé de faire parfumer un dau-
ùn qui venoit fouvent près du rivage 8c s’appro-
poit familièrement des marins, le fit s’éloigner
Nr long temps, après l’avoir d’abord comme
p>upi. Or, MM. Cuvier 8c Duméril penfent que
Korat des cétacés réfide non point dans leurs
Pannes, mais dans une efpèce de grand fac fitué
|rofondément entre l’oreille, l’oeil 8c le crâne,
puvert dans la trompe d’Euftachi, 8c fe proton-
pnt en différens finus membraneux qui collent
Wre les os. Toutes ces parties font revêtues en
edans d’une membrane noirâtre, muqueufe &
les-iriolle, qui fe porte dans les finus frontaux,
lefquels ne communiquent point avec les narines.
Bous allons donner de cet appareil une defcrip-
Pon un peu détaillée ; les particularités qu’il offre
pns fa itruéjture nous en font un devoir.
La baleine , qui ne peut refpirer que l’air, 8c
qui ne peut point lé recevoir par fa bouche , qui
eft plus ou moins plongée dans l'eau, n’auroit pu
non plus lui donner entrée par les narines, fi elles
euffent été percées au bout du mufeau; aufli leur
double ouverture eft-elle pratiquée fur le fommet
de la tê te , quoique fort en avant des yeu x, 8c à
une diftance afiez confidérable du cerveau, ce
qui, fuivant la remarque de Camper, ne s’accorde
point avec la définition du célèbre naturalifte fué-
dois, 8c fe rapporte fort bien à celle d’Artédi.
Les narines font donc l’unique voie de la ref-
piration chez la baleine; elles fervent de plus à la
débarraffer de l’ eau qu’elle feroit obligée d’avaler
chaque fois qu’elle ouvre la bouche, fi elle ne
trouvoit moyen de la faire jaillir au travers de ces
conduits par un mécanifmê particulier.
La trompe d’Euftachi, chez cet animal, remonte
vers le haut des narines. La partie de ce
canal voifine de l’oreille a , à fa face interne, un
trou afiez large, qui donne dans un grand efpace
v id e, fitué profondément entre l’oreille, l’oeil 8c
le crâne, 8c fe prolongeant en divers finus membraneux
collés étroitement contre les os. Ces
finus n’ont point de communication immédiate
avec les narines proprement dites. Ils font tapif-
fé s , de même que le fac dont nous avons parlé
par une membrane muqueufe noirâtre 8c très-
molle , dont tous les nerfs viennent de la cinquième
paire. Ils communiquent avec les finus
frontaux par un canal qui va en montant 8c qui
paffe au-devant de l’ orbite.
Au refte, le n e z , dans la baleine, préfente un
appareil particulier à l’aide duquel elle chaffe ,
par fes évents, deux colonnes d’eau , qui s’é lèvent,
d i t - o n , quelquefois jufqu’à quarante
pieds.
Les deux narines offeufes, à leur orifice fupé-
rieur ou externe, font fermées d’une valvule
charnue, ayant la forme de deux demi-cercles,
attachée au bord antérieur de cet orifice, 8c mife
en^mouvement par un mufcle très-vigoureux,
courbé fur les os inter-maxillaires. Pour l’ouvrir,
il faut un effort étranger de bas en haut. Lorfque
cette valvule eft fermée, elle intercepte toute
communication entre les narines & les cavités placées
au-deffus d’elles.
Ces dernières cavités font deux grandes poches
membraneufes, noirâtres, très-ridées quand elles
font vides, d’une forme ovale quand elles font
pleines, 8c couchées fous la peau en avant des
narines. Elles donnent toutes deux dans une cavité
intermédiaire placée immédiatement fur lès
narines, 8c qui communique au dehors par une
fente étroite en forme d’ arc.
Tout le deflus de cet appareil eft recôuvert
d’ une expanfion mufculaire très-forte , dont les
fibres viennent, en rayonnant de tout le pourtour
du crâne , fe reunir fur les deux bourfes, 8c peuvent
les comprimer violemment-
Lorfque l’animal veut faire jaillir l’eau par fes
P d d d i