
mens de la clavicule. En les élevant ainfi fucceffi-
vement de. haut en bas, depuis la deuxième jufqu’à
la dernière, les mufcles intercoftaux internes-&
externes &r les furcoflaux leur impriment fimulta-
nément un mouvement de rotation qui, vu leur obliquité
par rapport au rachis, les éloigne de celles
du côté oppofé, en portant leur bord inférieur en
dehors , & cela d'une manière d’autant plus marquée
qu'on les obferve plus inférieurement, où
elles ont plus de longueur & plus de mobilité.
En outre, le diaphragme s'abaiffe, quoiqu'à un
moindre degré que précédemment.
C e mode d'infpiration ne fauroitappartenir aux
vieillards. On le remarque chez les enfans, chez
les femmes grofles, & dans les cas où il exifte une
maladie dans l'abdomen.
Nous avons dit que les mufcles intercoftaux &
furcoftaux étoient les agens principaux de l ’élévation
des côtes dans ce cas. C ’eft une vérité fur laquelle
on n'a pas toujours été du même avis, &
qui a été un fujèt de grandes & longues contro-
verfes, de difcuflions plus ou moins vives, fpé-
cialement entre Hamberger & Haller, le premier
regardant les intercoftaux internes comme des
mufcles expirateurs, & le dernier profefîant l'opinion
que nous avons émife, & qui eft la plus
généralement fuivie aujourd’hui.
On a demandé aufli fi, dans l’élévation des côtes,
les efpacès qui léparent ces os étoient agrandis
ou diminués. Quelques phylîologiftes, fe fondant
fur- ce que les mufcles fe contrarient & les rem-
plilfent en entier, ont été d'avis qu’ils perdoient
de leur étendue. Mais ils n’ont point fait attention
.que le bord fupérieur de la côte qui fe tord en
s'élevant, fe porte en dedans, & que, dès lors, il ne
fauroit y avoir rapprochement des deux bords
,contigus , puifque le bord inférieur de la côte qui
lui correfpond fe porte en dehors. D ’ailleurs,
quand . fur un homme qui refpire, on étend un fil
de la clavicule à l'hypochondre, on obferve qu’il
devient trop court au moment de l'infpiration.
Dans un troifième degré de l'infpiration , la
poitrine s’agrandit autant que poflible fuivant tous
les diamètres. Le fternum fe porte en avant* par
fuite de la torfion des côtes qui fe communique
aux cartilages fterno-coftaux, & conféquemment
lès dimenfions du diamètre a-r.tér o-poftérieur font
augmentées , furtout en bas , car ce changement,
de direèlion ne fauroit avoir lieu fans que l'os
éprouve fimultanément un mouvement de bafcule,
& cela enraifon de la longueur différente des côtes.
Lorfque cette infpiration très-profonde s'exécute,
de nouvelles puiflances mufculaires joignent
leur aétion au diaphragme , aux intercoftaux , aux
furcoftaux, & c . , & l’on voit fe contrarier, pour
l ’opérer . les mufcles fcalènes, fous-claviers,
grands & petits peétorai.x, grands dentelés, petits
dentelés poftérieurs & fupérieurs, grands dorsaux.
. Le.mouvement oppofé à l’infpiration dans l'aéte
de la refpiration, eft l'expiration, qui offre de
même trois degrés différens d'intenfité.
Dans le premier degré , fimple rëfultat du relâchement
du diaphragme qui avoit été mis en con-
traélion, pour l'infpiration, le 'diamètre vertical
du thorax diminue ; les vifceres abdominaux
repoufles par l’élafticité des parois diftendues du
bas-ventre, refoulant en effet ce mufcle vers le
h3llt. , '
Dans le fécond degré,- les 'côtes préfententl
fucceflivement plufieurs ordres de mouvemej
inverfes à ceux par lefquels elles fe font élevées I
mais ces mouvemens s'opèrent d'une manière pal’l
five. Les efpaces intercoftaux fe rétréciffentj la
torfion des côtes cefle d’avoir lieu par l'effet del
l’élafticité des cartilages, qui devient alors une
véritable puifîance motrice.
Dans le troifième degré, on obferve les mêmes!
phénomènes que dans les deux degrés précédensj
mais , de plus, le fternum s’ abaiffe & fe rapproche!
du rachis, furtout inférieurement. Ici, plufieutsj
mufcles agiflénr d’une manière fpéciale. Le carré
lombaire, par exemple, fixe la dernière côte!
comme les Icalènes avoient fixé la première lors del
1 infpiration, & , fur cet os , devenu folide ainfi J
les intercoftaux, en fe contrariant progrefllvemei;tl
de bas en haut, abaiffent les côtes fupérieuresj
en même temps que les tranfverfes &r les mufcles!
grands & petits obliques de l'abdomen.
Pendant l’infpiration, les poumons font mani-j
feftement dilatés j ils font refferrés fur eux-mêmes,I
au contraire, durant l’expiration, mais fans quel
cela tienne, ainfi que nous l'avons déjà dit, à une!
force propre de leur tifîli, car on anéantit conf-J
tamment la refpiration d’un animal lorfqu'en vientl
à l'ui;’©nvrir la poitrine. Si l’on a mis la plèvre à
découvert, on obferve, à travers cette membrane ,|
à laquelle il refte toujours contigu, ces deux!
étatsdifférens du poumon , & c’eft ce qui a conduit!
Ma-yow à comparer le thorax à un foufflet, à l ame]
duquel auroit été adaptée une veflie. C’eft en effet!
par fuite feulement de l’arrivée de l’air dans les!
bronches que la dilatation des poumons s’opère,!
àc cet abord de l’air eft lui-même déterminé par h
tendance qu’il a à fë mettre fans ceffe en équilibre;
avec lui-même. Il ne faut voir en cela qu’un fimple
phénomène d'hydroftatiquë.
Le fluide atmosphérique, d'ailleurs, ne flagne
pas très-long,temps dans les voies de la refpiration.
11 ne tarde pas à en être expuifé, d'une maniéré
purement mécanique, par le refierrement
des parois du thorax, lors de l'expiration.
Mais durant ce court féjour, il-donne naifïance
à ceitains phénomènes, dont les uns ont lui-même
pour fujet, & dont les autres appartiennent au
fan g.
Ces phénomènes avoient-été fignalés en partis
à l'attention des Anciens par Wilüs, ! ower,
Mayow:, & notés plus récemment pars PrieftleyJ
Scheele & Bergman»* mais Fontana paroît être te
premier qui ait tenté des expériences à cet égard 1
i& qui ait reconnu qu’ il y. avoir diminution dans le
volume 'de l’air infpiré. Les réfultats qu'il avoit
obtenus, furent confirmés par Lavoifier lors de
ja naiflance de la nouvelle chimie* mais cet illuf-
tré favant démontra, en outre, dans l’ air expiré
jj préfence de l'eau & du gaz acide carbonique &
!une privation prefque totale de gaz oxygène , ce
'qui le çonduifit à conclure que ce dernier principe,
[appelé dès-lors air vital, fervoit eflentiellement
à 1 exercice de la refpiration. Un peu plus tard,
Goodwin eftirna les variations qu'éprouvoient,
pendant Cafte dont il s'agit, les principes d’une
quantité donnée d’air, & reconnut qu’au lieu de
lo i8 d’oxygène , on n’en trouvoit plus que o,oy >
[que l’azote reftoit en même proportion, & que,
[au lieu de o,gz de gaz acide carbonique, il y en
avoit 0,15 •
L'influence de ces mutations fur le fang eft des
plus prononcées aufli. Sans penter avec la plupart
[des Anciens que le fluide des artères eft aufli
différent de cefui des veines que l’air l'eft du fang,
on ne peut s'empêcher d'admettre entr'eux de
nombreufes fources de diflemblances, ainfi que
l’ont fait, depuis nombre d’années déjà, Wilüs,
Mayow & Lower, & contradiftoirement à l’afler-
tion émife par Haller, qui, choie étonnante! a
[prétendu que le fang contenu dans les veines
jpulmonaires étoit le même que celui renfermé
dans l'artère du même nom, quand le plus fimple
]examen fuftit pour prouver la faufleté de ce qu'il
[avance. La couleur feule , en effet, fuffiroit déjà
pour autorifer à les diftinguer, quand bien même
hue expérience concluante de Bichat ne démon-
jireroit point le fait d'une mai\ière.inconteftable,en
[même temps qu'elle ne lai fie aucun doute fur l’aètion
qu’a l’air fur le fang veineux en circulation dans
les poumons. Ce célébréphyfiologifte, après avoir
aiullé un tube à robinet à la trachée-artère d’un
chien| fufpendoit &: rétablifloit a volonté l'exercice,
de la refpiration chez cet animal, & put s’af-
|furet ainfi que le fang s’échappoit noir des artères
comme.des veines pendant 1 occlufion du tube,
tandis qu*il devenoit rutilant dans les artères ,tout
en reftant noir dans les veine)., dès qu'en ouvrant
celui-ci ,.on rétablifloit le libre abord de l'air dans
les poumons. Le fang rouge, d’ailleurs, fait monter
le thermomètre de deux ou trois ’degrés plus
haut que le fang noir, p.eut être parce qu’il faut
lui fuppôfer une capacité plus grande pour le calorique,
comme l’ont fait Cvawford & Séguin.
On allure, en outre, que le premier a une pefan-
teur.fpécifique moins grande que celle du dernier }
mais, ce qui eft inconte fiable, c ’eft qu'il efl éminemment
plus concrefcible, & furtout plus homogène
dans fes diverfes parties , & il en doit être
ainfi, puifque le fyftème veineux eft le ré fer voir
commun de tous les. fluides abforbés dans l’économie
, à la furface du corps & à celle des membranes
muqueufes, du chyle & de la lymphe, par
exemple. Aufli, quand on pratique l’opération de la
phlébotomie peu de temps après le repas, on voit
le chyle nager fur le produit de la faignée. Enfin,
fuivaut quelques chimiftes, il paroïtrost encore
que le fang noir contient plus de carbone & d’hydrogène
que le rouge , q u i, de plus, eft éuemeux
& laiffe féparer moins de ferum.
Lavoifier, créateur de la théorie chimique de la
refpiration, théorie qui explique cette fonftion
comme le phénomène-de la combuflion, a penfé
que, dans cet a fte , l’oxygène de l’ air entroit en
combinaifon immédiatement avec une partie du
carbone du fang-noir d’une part, ce qui donnôit
nailfance au gaz acide carbonique expii'é, & , de
l’autre, oxydoit une portion de l ’hydrogène du
même liquide , ce qui explique naturellement la
formation de l’ eau expirée également. I! vouloit
aufli, qu’une troifième portion de cet oxygène
circulât avec le fang artériel, pour fe combiner,
lentement avec lui, & c ’eft ainfi que le développement
de la chaleur animale trouvoit une explication
plaufible. Le poumon étoit ainfi un véritable
foyer de calorique, qui fervoit tant à augmenter
la température du fang rouge, qu’à produire
ia gazéification de l’eau & de l’acide carbonique
formés, & cela , avec une vraifemblance d’autant
plus grande que , dans les animaux des diverfes
clafîes, la température du corps eft d’ autant plus
élevée que les moyens refpiratoires font plus grands.
& plus va fie s , comme on l’ obferve entr’ autres
dans les oifeaux & dans les mammifères.
Cette théorie, fi inattaquable en apparence, a
cependant été l’objet d’une foule d’objeftions,
non-feulement de la part des phyfiologilles vira-
liftes, mais même de celle des chimiftes, dont
les calculs n’ ont point toujours, à cet égard* été
d'accord. On a demandé aufli, comment, en l’admettant
, on pourroit rendre raifon de ce qui
arrive lorfque l’on plonge *un thermomètre dans
les poumons d’un animal vivant- Si toutes les
combinaifons dont il s’agit avoient lieu dans ce
vilcère, il en devoir réfuiter une grande quantité
de calorique à l’état libre, & le mercure ne monte
pas plus haut dans le tube de l’infiniment, que II
celui-ci étoit introduit dans toute autre cavité
fpl an ch nique. Ne paroît-il pas très-probable aufli
d’ail leurs, que, dans ce cas particulier, l’eau
produite eft le fruit d’une exhalation de la membrane
muqueufe des bronches-, qui ne différeroit
pas-ainfi des autres membranes muqueufes de l'é conomie
?
Au refte, en fubftituant leurs idées à la théorie
des chimiftes , en croyant que le gaz acide carbonique
èxiftoit tout formé dans le fang noir & étoit
le réfulcat d’une exhalation, en ne voulant point
que l’oxygénation du fang fût analogue, à l’oxyda-
; tion des métaux, ia plupart des phyfiologiftes fe
font plutôt appliqués,^ détruire l’édifice élevé qu'à
réédifier Quelques-uns d’entr’eux cependant nous
ont donné une idée du rôle que jouoient les pro