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vanillée, & Blumenbach, dans fa Phyfiologie,
parle d’un Anglais, qui, ayant tous les fens ex-
cellens, ne perçoit point l’odeur du réféda.
Les idiofynçrafies individuelles caufent des différences
bien remarquables dans la manière dont
on eft affefté par tes odeurs. Les antipathies que.
l’on obferve fous ce rapport font bien rarement
naturelles j prefque toutes doivent leur origine à
une affociation d’idées, & en effet, toutes les
perceptions actuelles font vraies, dit un philofophe
moderne, c eft leur liaifon avec des perceptions
paftees qui eft fufceptible d’erreur. Ainfi , un
enfant à qui on a fait boire un breuvage nauféeux,
en enduifant Jes bords du vafe avec un mélange
odorant, ne peut plus fentir ce parfum fans fe rappeler
la fenfation défagréable qu’il a éprouvée, &
fans fe trouver indifpofé contre lui. Nous avons
déjà rapporté plufieurs exemples d’antipathies
analogues pour les odeurs même agréables, & il
eft probable qu’on pourroit le plus fouvent leur
trouver une caufe femblable dans une^ alfociation
d’idées. Je connois un naturalifte diftingué, qui,
dans fon enfance, avoit cueilli une branche d aubépine
fleurie en allant vifiter des gibets ; depuis
cette époque l’odeur de l’aubépine lui rappelle
toujours l’idée des cadavres. Nous allons citer encore
quelques exemples d’ antipathie. Ainlï le docteur
Petit racontoit dans fes leçons qu’une dame
fe trouvoit mal toutes les fois qu’ un chat étoit
dans fon appartement, même a fon infu. On m a
alfuré, dit M. Marc, que l ’odeur du lièvre fai-
fait évanouir mademoifelle Contât. Si le fait, eft
vrai, cette célèbre a&rice auroitpréfentéla même
particularité d’idiofyncrafie que le duc d Epernon.
Un îbldat étoit tellement incommodé par l’odeur de
la rhue, qu’ il fuyoit en en apercevant. Un autre
militaire, eft-il dit dans le Ephémérides des Curieux
de la Nature, perdoit connoilfançe quand il fen-
toit l’ode ut ae la pivoine. Le docteur Wagner,
de Vienne, dans un mémoire inféré en
18 1 1 , dans le Journal de Hufeland, dit connaître
un homme que l’odeur du bouillon d ecrevifîes
fait trouver mal. Jean Quercet, fecrétaire de François
Itr, avoit une grande averfion pour l’odeur,
des pommes ; il fe levoit de table lorfqu’il fentoit
ce fruit, & s’il cherchoit à vaincre fa répugnance,
il éprouvoit une épiftaxis très-abondante. Une pa-
• rsille hémorrhagie a du refte plus d’une fois été
F effet de l’odeur des rofes.
Quelquefois ces antipathies font héréditaires :
ainfî Schook, auteur d’un traité de Avsrftone cafei,
étoit d’une famille dont prefque tous les membres
ne pouvoient fupporter l’odeur du fromage. Dans
d’autres cas elles font manifeftement accidentelles
: un officier, qui avoit été trépané pour une
fra&ure au crâne, s’étant fait apporter près de
lu i, pendant fa maladie, des fleurs d’oeillets, tomba
en fyncope par leur influence , & éprouva conf-
umment depuis le même effet, quoiqu’ il eût été
parfaitement guéri. Dans fon Traité des maladies
nerveufes, Whyt parle d’une femme à laquelle |J
tabac répugnoit dès qu’elle avoit conçu ; mai$|
auflitôt après l’accouchement, cette averfion f "
changeoit en une appétence.
La manière de vivre fi différente fuivant les pays!
& fuivant les individus, doit nous faire porterdesl
jugemens bien différens des odeurs. Qu’importe J
d’être embaumés, par les fleurs d’un parterre, à des!
hommes qui marchent trop pour aimer à fepro.|j
mener ? A-t-on remarqué que des gens toujours*
affamés foient fenfibles à des parfums qui n’an-L
noncent rien à manger? Le grofljer Kamtfchadalei
flaire fans répugnance le lard rance des phoquesoul
des baleinés, & fe montre infenfîble aux parfums!
raviffans de nos toilettes. L’expériencelui a apprisl
que la première de ces fubftances peut lui devenir!
utile autrement que par fon odeur, & l’idée conJ
fufe qu’ il a acquife de ce fait dès les premiers temps!
de fon exiftence, lui ôte tout autre fentiment. Le!
Tartare afpire avec autant de volupté les émana-!
tions d’ un quartier puant d’un cheval pourri, q;;e|
les petites maîtreffes de nos cités policées, celles!
des paftilles relevées par les aromates les pluspré-l
cieux. C ’eft par la même raifon que le doux par-f
fum des fleurs eft indifférent aux animaux carniJ
vores , & Mouffet raconte qu’un homme, dontlen
métier étoit de nettoyer les égouts, s’étant trouvé!
mal en entrant dans la boutique d’un parfume™
d’Anvers, nerevint à lui que lorfqu’ on luieut/wt«
le virage avec du fumier. Je crains bien que cette|
petite hiftoire n’ ait été faite à plaifir, mais jemel
rappelle l’avoir lue encore ailleurs. Non omnilmî
unum efl quod placet, dit Pétrone , hic fpinas c« l
g it, ille rofa s.
11 en eft de l’ olfa&ion comme de tous les autre*
aéles qui, dans l’économie vivante, tiennent à|
l’exercice de la fenfîbilité ; il femble que cette fa*|
culté fe confume ou s’épuife par une fuite de fenfaJI
tions trop vives & trop foutenues. Des fenfatiuosB
foibles ne fe font prefque plus apercevoir lorfB
qu’elles fuccèdent à des fenfations beaucoup plu»
fortes, & même une fenfation s’affoiblit parlil
durée, quoique les Corps extérieurs qui la caufentl
n’aient point changé. Ainfî l’on finit par deve-H
nir infenfîble aux émanations les plus infeébJ
comme aux odeurs les plus fuaves > lorfqu’on eftl
continuellement fournis à leur influencé. OnftiiB
que le célèbre maréchal de Richelieu avoit fait unf
tel abus des parfums fous toutes les formes, qu’jH
ne s’apercevoit plus de leur aéfcion , & qu’il vivoitj
habituellement dans une atmofphère fi embaumée,!
qu’elle faifoit trouver mal ceux qui'entroient chez!
lui. Cependant cette circonftance même efl accora-l
pagnée d’un avantage afîez marqué ; c’eft que, enB
même temps que la fenfîbilité de la partie qui re-|
çoit la-fenfatioR s’émouffe , la faculté de juger fel
perfectionne en elle, en forte que fi les parfii'|
meurs, par exemple , ont le défagrément de ne|
plus éprouver fous l ’influence des parfums'?»
mêmes impreflions que les autres individus, lls|
XmventeB taifonner bien plus favamment, St" ap-
Eïofondir beaucoup mieux leur nature & les différences
qu’ils préfentent entr’eux. C ’eft en vertu
Ide leur habitude que les peuples fauvages & chaf-
| f;!irs, dont nous parlions tout à l’heure, pourfui-
lyent le gibier à la pifte. Remarquons aufti qu’il
Ksutune forte d’ habitude pour favourer les délices
Eje certains parfums, tandis qu’ il eft des odeurs
auxquelles certains individus ne s’accoutument
Kamais, & chez lefquels elles produifent des fyn-
popes, des convulfions & une foule d’accidens
Éierveux^ ^ '
| En raifon même de fes liaifons aveG les autres
Appareils du corps, le fens de l’odorat peut délirer,
|c’eft'à-dire, devenir le fiége de fauffes fenfations ,
■ de fenfations nées fans caufe. Dans certaines af-
Keftions du canal inteftinal ou des organes géni-
|taux, l’odorat eft plus ou moins altéré, ainfî que
■ le goût. D’après plufieurs obfervations, Cabanis
fcenfe que, en particulier, l’état de fpafme des in-
■ eftins, foit qu’il réfulte de quelqu’ affeétion ner-
preufe chronique, foit qu’il ait été produit par
«application accidentelle de quelque matière âcre,
Krritante, corrofive , peut agir fpécialement fur ce
Mens ; en forte que le malade devient tout-à- fait
Bnfenfible aux odeurs, ou en croit fentir de fingu-
Bières, & qui -lui font même inconnues. On voit
■ fouvent des femmes nerveufes être perluadées que
■ ’air de leur chambre eft imprègne de mufc ôu
■ d’ambre, ou d’autres parfums dont l’odeur les
ipoiirfuit. Dans quelques fièvres ataxiques, les malades
rêvent dans leur délire qu’ils Tentent des
■ odeurs qui n’exiftent réellement pas, & qui les
Brappem fortement, quoique les affiftans n'en re-
■ çoîvent aucune imprelfion. Ainfî, dans un cas de
■ Lèvre a dynamique intenfe, le malade fe plaignoit
[fins ceffe d’une odeur de putréfaction , dont les
principes ne fe rencontroient réellement point dans
î’air qu’il refpiroit. Au refte, dans les fièvres, dans
beaucoup d’affeêtions nerveufes , & dans l ’hydro-
bhobie ipécialement , ’ la fenfation des odeurs eft
[quelquefois exaltée à un degré étonnant. Ainfi
F- flally raconte que pendant le'cours de la fièvre
jaune dont il fut atteint à Saint-Domingue , il dif-
[tuguoic dans l’eau froide qu’ il buvoit, le parfum
[des végétaux qui bordoient les rives du fleuve où
plie avoit été puifée. J’ai obferve aufll dans certains
cas de méningitis une acuité extrême dans
xercice de l’olfaction.
Jufqu’ à préfent j'ai examiné lescaufes & les effets
P e la fenfation de l’odorat \ j’ai cdnfidéré cette
Benfation comme exiflant dans un point quelconque
de i’économie, & abftraCtion faite de l'organe
Rui en doit être le fiége. 11 n’ eft pas en effet befoin
|de connoître cet organe pour lavoir ce que c’eft
|quune-odeur, &r ce qu’elle.peut produire fur le
■ corps vivant. Mais actuellement qu’il s’ agit de dé-
Iterminer comment s’opère la fenfation, & de faire
Ponnoitre fon mécanifme, cette étude, négligée juf-
■ qu ici j devient néceffaire. Nous prions donc le lecteur
, avant d’aller plus loin , d’avoir recours aux
articles-N e z , Olfactif fle Pituitaire. Comment
en effet feroit-il poffible de décrire avec exactitude
, d’apprécier & de limiter fans erreur les mou-
vemens d’ une machine & les réfultats de fon aCtion,
fi l’on ne connoifloit d’avance & fa ftruCture &
fes propriétés ? La fcène change ainfi. Ainfi,
ce ne font plus des hypothèfes que nous avons à
examiner. Nous avons-vu jufqu’à préfent les nuages
du préjugé & de 1 erreur obfcurcir plus d’une fois
la vérité. DeftruCtive d’erreurs décourageantes 8c
de préjugés ridicules , nous voyons l’ obferva-
tion nous guider ainfi ve:s des réfultats fatisfaifans
pour la raifon, 8e nous fournir des explications
utiles.
Nous pouvons établir d’une manière générale
que les folies nafales 8e la membrane pituitaire
font évidemment , chez l’homme 8e dans la plupart
des animaux vertébrés , les parties où l’odorat
a fon fiége, & qui s’acquittent du travail que
néceffite l’exercice de cette fenfation, de la même
manière que tous nos autres, organes concourent
à l’acccmplifTement d’une fonCtion, que les voies
digeftives agiffent fur les aiimens, les poumons,
fur le fang veineux, l’air & le fang artériel, & c .
C ’ eft une vérité que tous les phyfîologiftes ont
reconnue. Qu’ on intercepte en effet le paflage de
l’air à travers les'narines, 8^ les odeurs ne font
plus perçues i c’eft cé qui arrive lorfqu’on fe
pince le n e z , lorfqu’on fe retient de»refpirer,
lorfqu’ un polype ou un corps étranger remplit
les fofîes nafales. De la Hire le fils a connu un
homme qui s’empêchoit de fentir les. mauvaifes
odeurs en remontant le voile du palais, de manière
à fermer la communication du nez à la bouche, 8c
à refpirer par cette dernière voie. Lov/er ayant
pratiqué dans un chien une ouverture à la trachéè-
artère, en forte que l’infpiration ne fe fît point
à la manière accoutumée, .obtint un effet analogue.
D’ail.eurs , plus les fofîes nafales font grandes,
plus l’odorat femble développé : nous en avons la
preuve dans les animaux. Blumenbach a donné la
figure du crâne d’un chef indien de l’ Amérique
boréaje, remarquable par la finelfe de fon odorat,
& qui mourut à Philadelphie? à l’agë d’ environ
quarante ans: fes fofîes^nafales font très-vaftes
leurs cornets moyens font enflés en bulles, 8: contiennent
de vrais fin us. Il en eft de même des foffès
nafales des Ethiopiens, & l’on fait combien ces
peuples ont l’odorat parfait.
Au refte, & nous devons le dire ic i, cette opinion
que les fofîes nafales & la membrane pituitaire
font le fiége de l’odorat, n’a point été admife
dans tous les temps : Galien a en effet compofé
un traité dans lequel îl cherche à prouver que ce
fens eft placé dans les ventricules antérieurs du
j cerveau.
D’après ce que nous avons dit au commencement
de cet article, il n'y a nul doute que Loi-;
I faction exifte chez tous les animaux quirefpirent