Il fe livroit avec iirmodération aux liqueurs fpiri-
tueufes, &rne prenait prefqu’aucun aliment foiide.
Il étoit fujet à une fternutation fi violente, que fa
figure fe coloroit d’un pourpre foncé, & que fa
refpiration devenoit difficile & laborieufe. Un
jour, après douze ou quinze minutes, il fut fuffo-
clue* Un homme, au rapport de Famiano Strada
& de Bonnet, fuccomba, après avoir éternué
vingt-quatre fois de fuite, au momênt où un
vmgt-cinquième éternuement alloit s’ opérer, les
artères & les membranes qui environnent le cerveau
s étant déchirées. On a vu l’éternuement produire
rexpulfion prématurée du foetus. On l'a vu
pourtant auffi fe répéter plufieurs fois par heure
pendant des années entières, fans que la fanté
n •î 'Kr^e ’ Godefroy-Schubart nous a confervé
1 hiftoire d une jeune fille de dix fept ans, qui,
pendant plufieurs nuits, éprouva une fternutation
qui fe répétoit jufqu’ à trois cent fois & plus à
chaque accès, & J. P. Albrecht, celle d’ un enfant
chez lequel le même accident avoit lieu plus
de cent fois par heure, & caufa la mort. On a vu
egalement, félon Fabrice de Hilden & Placer, la
fréquence des éternuemens produire la cécité,
un changement de direction dans le globe- de
l ’oe il, une violente épiftaxis. Haller & Théodore
Kerkring nous ont confervé-des exemples de ces
divers accidens, outre celui déjà cité.
l a plupart des auteurs qurnous ont laide des
relations d’épidémies de fièvre adéno-nerveufe,
ou plutôt de typhus contagieux, nous diient que
l’éternuement étoit un figne de mort pour les malades
chez lefquels il arrivoit. C ’eft pour cela,
dit-on, que s’eu établie lacoutume de faluer ceux
qui éternuent, & de leur fouhaiter l’affiftance du
C ie l, dans l’efpèce de péril qui les menace.
Cette coutume, quelle qu’en foit la caufe, a
exifté chez prefque tous les peuples, & les Efpa-
gnols la trouvèrent établie en Floride lorfqu ils
firent la conquête de ce pays. D ’autres reconnoif-
fent dans l’éternuement quelque chofe de facré,
& c’eft là l’opinion de la plupart des Anciens,
qui regardoient la tête comme la partie la plus
noble du corps. Xénophon, dans la Relation de
fon expédition. rapporte que quand quelqu’un
éternuoit en préfence du roi de Pevfe, chacun fe
profternoit comme pour adorer un dieu ; Tibère
exigeoit qu’en pareille circonftance on lui rendît
cet hommage, & Àriftote lui même recherche
pourquoi on a fait une divinité de l’éternuement,
plutôt que de la toux ou des éructations.
Au début d’une convalescence, l’éternuement
pafte généralement pour un figne de bon augure,
& autrefois, dans les hôpitaux de Paris, un malade
qui éternuoit étoit cenfé avoir acquis altez de
force pour retourner chez lui : Su'nuit > falva res
eft, & nofocomio expelli débet, difoient proverbialement
les médecins.
Au refte, les poètes grecs étoientfi loin de regarder
l’éternuement comme un mauvais prélàge,
qu’ils difoient proverbialement auffi d’une joli
perfonne, que les Grâces & les Amours avoiel
; éternué au moment de fa naiftance.
:. Mais que cet aéte foit utile ou non, tâcherons
nous d’expliquerles phénomènes de l’éternuemem
& de découvrir pourquoi une irritation du nez en!
; t r a în e la. c o n t r a û i o n de mufcles très-éloignés>
L’état aéluel de la fcience ne permet point d’en
’ prouver une raifon fatïsfaifante ; il faut nous en
i tenir à l’expofition des faits, comme p o u r pref.
que tout ce qui dépend du fyftème nerveux. Non
f in g e n d um , a dit l’immortel Bacon, n o n excogitan.
dum , f c d q u id N a tu r a f a c ia t o b fe r v a n d um . C e n’eft
pas que nous manquions à ce fujet d ’ hypothèfes
émifes par les auteurs j & , dans un o u v r a g e py.
blié tout récemment encore, M. Gall n o u s allure
que l’épanouifftment du nerf trijumeau dans le
i n e i & dans l’iris, rend raifon de l ’ éternuement
occafionné par une lumière très-vive, de la cécité
qui fuit quelquefois l’éternuement, & c . Comme
pour plufieurs autres explications, cet anatomifte
ne s’eft-il pas laifle ici entraîner par fon imagina-
tion bien au-delà de ce qui eft certain & vrai?
On connoît généralement, au refte, l’efpèce'
de. dépendance dans laquelle fon t, les uns par
rapport aux-autres, les dïfférens organes du corps,
& qui leur permet de s’influencer réciproprement.
Un lien inconnu dans fa nature établit entre deux
ou plufieurs de ces organes une correfpondance
té lle ,. que l’affeétion de l ’un fe tranfmet à Tau-
tre ou aux autres, ou au moins y détermine un,
changement quelconque. Peut-être les foflès nafa-.
les font-elles la partie où ces aétions Sympathiques
font tout à la fois & les plus nombreufes &
les mieux cara&érifées , & l’éternuement eft, fans
contredit, le plus remarquable des phénomènes de
ce genre. V o y . d’ ailleurs les articles D lAPHRAGMEj
Pituitaire, Fosses nasai.es, Respiration &
Olfaction.
E THMOÏD AL , ale, adj., ethmoidalaj qui
appartient, qui a rapport à l’ethmoïde. !
1 ° . F i l e t e t h m o ï d a l d e l a b r a n c h e nasale
DU NERF OPHTHALMIQUE DE W lL L I S , Toyt{ Ni*
SAL & O PH TH A LM IQ U E .
_ 2°. Nerf ethmoïdal. M. Chauffier appelle
ainfi le nerf olfa&if. V o y e i Olfactif.
3°. Sinus ethmoïdaux. On a quelquefois
ainfi nommé les cellules de l’ethmoïde. Voyc\
Ethmoïde.
4°. Suture ethmoïdale. Koyc[ Crâne. &
Suture.
E THM OÏD E , fi m., o s e thm o ïd um ; os crïbfo•
f u m y o s c r ib r j fo rm e . Par ce m o td é r iv é du grec
vtfcoç (crible) & uh s (figure,), on d ; figne un des
os qui compofent le crâne, parce que l’une de
fes parties elt percée d’un grand nombre de trous.
I Impair» fymétrique, placé a la partie antérieure,
I /urieure & moyenne du crâne, dans une échan-
P u e pratiquée fur le frontal, cet os a une forme
loeu près cubique , & femble compofé de l’al-
Bemblage d’une multitude de lames papyracées,
ininces, fragiles, femi-tranfparentes, fe portant
ISans toutes fortes de directions différentes , .&
Lnflituant ainfi des parois de cellules plus' ou
[moins anfraCtueufes, plus ou moins grandes, plus
fou moins ouvertes au dehors, fuivant les fujets,
[& qui paroiffent deftinées à multiplier les furfaces
'fans augmenter le volume. Auffi l’ethmoïde, quoi-
[qu’avec des dimenfions aflèz confidérables , eft il
Mort léger. La plupart des anatomiftes le confidèrent
[comme formé de trois portions , uiîe moyenne
[& fupérieure , qu’ils appellent la Lame criblée ou
Uori{ontaIe, à caufe de fa pofition, & deux latérales
, nommées Majfes. Quant à nous, nous lui
fdiftinguerons, avec Ëichat :
[ A. U n e face cérébrale ou fupérieure, large, très-
[inégale, tapiffée par la dure-mère , & fe comp
ortan t.différemment dans la partie moyenne &
pur les côtés.
I i°. Dans le premier (êns & tout-à-fait en arrière,
[eft une petite échancrure, quelquefois une apo-
Khyfe aplatie de haut en bas, qui s’articule avec
lune partie analogue appartenant à la lace orbito-
Inafale du fphénoïde. Un peu plus en avant-on voit
■ s’élever, d'une manière graduée, une éminence
■ ayant la forme d’une pyramide triangulaire ", com-
Iprimée, mais variant beaucoup fôtrs le rapport
■ des dimenfions 8e de la dire&ion , tantôt très-vo-
lumineufe & renflée, tantôt furbaiffée & fort
[mince, verticale ou déjetée à droite ou à gauche,
pleine ou creufée par une petite cavité, par une
porte de finus, qui communique, dans quelques
[cas, avec ceux creufés dansl’épaiffeur du coronal :
K eft Y Apophyfe crifta-galli ( Crête ethmoïdale ,
iChauff.). Elle fe continue par fa bafe avec le refte
■ de l’os 5 fon fommet donne attache à la faulx du
■ cerveau j fon bord poftérieur eft alongé & obli-
ique en arrière, l’antérieur eft court & vertical ; i f
jfe termine en bas par deux petites éminences déprimées,
qui s’articulent avec le coronal & qui
Icontribuent ordinairement à la formation du trou
iborgnè, dont nous parlerons plus tard j fes deux
[faces latérales font planes & liftes. .
r 2°. Sur chaque côté , en dehors de l ’apophyfe
crifta- galli, on voit une gouttière large & peu
■ profonde, fpécialement en arrière, correfpon-:
[dant aux nerfs olfadtifs, beaucoup plus marquée
[antérieurement que poftérieurement, & percée
dans toute fon étendue , mais furtout en avant,
[par des trous arrondis, irrégulièrement diftribués,
[ & nommés olfaftifs, parce qu’ils font traverfés par
Iles filets des nerfs du même nom, enveloppés
a dans de petits conduits méningiens.
[ Ces trous font de deux ordres : les uns, grands
■ ^ apparejns, au nombre de dix ou douze, font
iiïtués fur les parties latérales de la gouttière} le$
autres, très-petits, moins nombreux , occupent
fa région moyenne : chacun d’eux eft, au refte ,
l’orifice fupérieur d’un petit canal qui fe tubdivife
en defcendant dans l'épaifteur de l 'o s , à' 1 exception
de la plupart de ceux du fécond ordre, qui
font de véritables trou s , dont la direction eft
verticale ou oblique.
Tout-à-fait en avant de chaque gouttière olfactive.,
à la bafe même de l'apophylè, eft une petite
fente longitudinale que traverfele rameau interne-
du nerf facial.
Plus en dehors , on aperçoit de chaque côté
une furface quadrilatère , anfraétueufe , creufée <
par plufieurs demi-cellules,qui font complétées par
des portions de cellules analogues, pratiquées fur
les bords de l’ échancrure ethmoïdale du coronal,
ou par des lames minces appartenant à l'ethmoïde
lui-même ; mais dans ce dernier cas, il y en 2 toujours
une en avant , qui refte ouverte pour s’aboucher
avec les finus frontaux. Dans les efpaces qui
exiftent entre ces cellules, font tranfverfalèment
creufées deux rainures étroites , qui font converties
par le coronal en des conduits, dont les
orifices prennent, en dehors, le nom de Trous
orbitaires internes.
B. Une face nafale ou inférieure. Celle-ci eft recouverte
dans toute fon étendue par la membrane
pituitaire, & eft tellement difpofée qu’ on ne peut
la voir en entier qu’après avoirpartagél’os en deux
moitiés longitudinales. Plus large en arrière qu’en
avant, elle eft quadrilatère dans fa circonférence.
Dans fa partie moyenne elle porte une lame
verticale, longitudinalement difpofée, fouvent
contournée à droite ou à gauche, irrégulièrement
quadrilatère, d’une étendue variable : c ’eftja Lame
perpendiculaire de Y ethmoïde , qui fait partie de la
cloifon des foffes nafales, & qui forme un angle
droit avec la lame criblée ; elle prefente, fur fes
faces latérales , que tapiffe la membrane pituitaire,
des filions vafculaires & nerveux j en bas,
elle eft terminée par un bord moufle qui s’articule
avec le vomer & avec le cartiiage triangulaire du
nez ; en âvant, par un bord plus épais fupérieure-
ment qu’inférieurement, lequel fe joint, dans le
premier fens , avec l’épine natale du coronal, &
dans le fécond, avec les os propres du nez j en
arrière, par un troifième bord mince & comme
tranchant, qui s’articule avec la cloifon des finus
fphénoïdaux; en haut, elle fe confond avec la
lame criblée. Elle eft parcourue dans fa partie fupérieure
par les conduits olfaétifs internes ; courts
& obliques en avant, verticaux & alongés au milieu,
très-longs & inclinés en arrière poftérieurement,
ces conduits fe changent en fimples rainures
& ne defcendent jamais au-delà de la moitié
de la hauteur de la lame : on les voit fe terminer
par des ouvertures nombreufes taillées
obliquement.
A droite & à gauche de la lame perpendiculaire,
une rainure profonde, étroite, lurtout en avant,