
l’air, quoiqu’on ne ouille pas également bien en
démontrer le liège chez tous. Mais tout animal qui
refpire l'eau efl privé de l’inftrument de l'odorat,
de même que celui qui doit habiter à de grandes
profondeurs & dans une obfcuricé parfaite , n’a
point d’yeux i car, aiinli que l’a établi M. Di'i-
méril, le milieu dans lequel les animaux font
forcés de,vivre modifie touc-à-fait leurs organes.
E t en effet, chez lès poilfons, l’abfence du fens
de l ’odorat n’a rien de plus étonnant que le manque
de celui de la vue chez les animaux fouftraits à
l ’influence de la lumière par une caufe quelconque.
Ainfî, un quadrupède du genre afpalax, .qui vit
habituellement fous terre, comme'les taupes, &
qu’Ariftote avoit très-bien obfervé, a les yeux
atrophiés 6c recouverts par la peau : .c’eft le Zcm-
rni d’Olivier, ou Mus typhlus de Pallas. Dans
les lacs douterrains de la Carniole , à une profondeur
où l’ obfeurité doit être parfaite, on trouve
Une efpèce de protée qui manqué pareillement
d’yeux : c’eft le Proteus an gain us de Scopoli & de
Laurent!. La plupart des larves d’ infedes, comme
celles des abeilles, des ichneumons, des mouches,
Src., font dans le même cas, ainfî que
tous les vers inteftinaux, & lesmollufques acéphales
, comme les huîtres 6c , en général, les coquillages
bivalves. Or, ces animaux font fouftraits à
Fadion de la lumière, foit par leur habitation,
foit parce qu’ils font enveloppés habituellement
d’un teft dur & opaque. Pourquoi l’odorat feroit-il
plus privilégié que la vue ? & puifque les particules
fapides feules font diffolubles dans lès liquides,
pourquoi n’admettrions-nous pas que les .organes
qui lui paroifient deftinés donnent une autre fen-
fation chez les animaux qui vivent ordinairement
dans l’eau 1 Pourquoi, par exemple , ne dirions-
nous pas que les poiftons goûtent réellement quand
ils nous femblent feulement odorer ?
Ne perdons point de vue d’ailleurs unè importante
vérité-: les nerfs qui fe distribuent dans les
divers organes des fens, font tous de même nature
: ils ne diffèrent que par leurs divifïons plus
ou moins grandes 5 ils fer oient naître les mêmes
fenfations s’ ils étoient également déliés, & placés
de manière à être ébranlés par la préfence de tel '
ou tel agent extérieur. Nous ne voyons par l’oeil f e
n’entendons par l’oreille, qu lieu de voir par l’oreille
& d’entendre par l ’oe il, que parce que le nerf
optique eft placé au fond d’une forte de lunette
qui écarte les rayons inutiles, réunit Ceux qui
forment l’image de l’objet, proportionne la vivacité
de la lumière à la déîicatelfe des rameaux
nerveux, 8c parce que le nerf acouftique fe développe
dans un appareil qui,donne aux vibrations
fonores le degré de netteté & de iorce le
plus analogue à la ténuité des expanfîons de ce
même nerf.
Quant a ce qui regarde les infedes, l’analogie
nous porte à penfer que leurs organes olfadifs
font placés à l’entréç des trachéesf qui fervent; à
la refpiration chez eux ; &r en effet, la membranîj
qui tapifife ces canaux fenvble d’autant plus propre
à remplir cet ufage, qu’ elle eft molle & humide.l
D’ailleurs, les infedes dans lefquels les trachées
fe renflent 8c forment des véficules .nombreufesj
ou confîdérables, femblertt exceller par leur odorat
: tels font lesfcavabés, les mouches, les abeil-
le s , &c.
Nous ne croyons donc pas que ce loient les
antennes ou ..les palpes de ces animaux qui leurI
fervent à flairer, ainfî que l’ont prétendu plusieurs j
naturaliftes diftingués , M.- L acre il le entr’autres.
Chez l’homme 6c chez les animaux les plus voi-l
fins de lu i, l’ organe de . l’bdcarat fe compofe évi-,
demment de deux parties bien diftindes : l’une
qui n’eft qu’accefifoire, qui donne plus de peifec-j
tion au fens lui-même, fans le conftituer eflen-1
tiellement 5 l ’autre qui eft le fiége fpécial de la i
fenfatron, qui rëçoit l’adion des molécules odo-1
rantes, 8c la tranfmet au cerveau. L,es FoJfesm-\
fuies & leurs annexes conftirtient la première j le
nerf olfiôüf forme à lui feul la fécondé.
Fosses nasales & Olfactif.
On connoîc généralement l’ efpèce de dépeiï-i
dance dans laquelle font, les uns par rapport aux!
autres , les difrérëns organes du corps, 6c quileurl
permet de s’ influencer réciproquement. Un lien]
inconnu dans fa nature établit entre deux ou-plu-l
fleurs de ces organes une correfpondance telle,]
que l’affedion de l ’un fe tranfmet à l’autre 0111
aux autres , ou au moins y détermine un chan-1
gement quelconque. Peut-être les foflfes nafales]
font-elles la partie où ces actions Cympathiques]
font tout à la fois 6c les plus nombreufes & les]
mieux caradérifées.
11 n’eft prefque perfonne qu-i n’ait éprouvé une
douleur très-vive dans la membrane pituitaire àl
la fuite de [’application de certaines fubllancesl
fur le palais : tel eft , par exemple , l’ effet de la]
préparation connue fous le nom de moutntltA
Lorfqu’ on prend une glace ans être encore ha-J
bitué.à fon aCtfon, on éprouve une fenfation très-1
délagréable à la racine du ne^.. Dans les affedtions]
vermineufes, l’irritation du canal alimentaire par j
la préfence des yers, produit à la partie inférieure]
de la cloifon du nez une demangeaifon qui obligej
de la frotter, & qui eft un des lignes caractéristiques
*d e la maladie. Ser'oit-ce là en partie c e que
Darwin a appelé Polypus narium ex afcaridms, I
M. Alibert a obfervé le même phénomène cher.j
des petites filles empoifonnées. par des racines de j
Jlramonium L’énergie de la fenfation eft augmearee
chez certaines femmes pendant la période men(*
truelle. Fallopia dit en avoir connu une quiavoit
un. éryfipèle au nez toutes les fois qu’elle le mer-
toit en colère. Dans la migraine, il y a le plus
communément une douleur vers la, voûte des
foliés nafales, & quelquefois une légère épilhxis-
L ’humidité des pieds ou leur refroidilfemeiH
donne fbuvent lieu à un coryza pu à unè
jnation catarrhale de la membrane pituitaire, lequel
cède quelquefois, au contraire, à un pédi-
luve à la glace ou très-chaud. On empêche
l’éternuement en comprimant le grand angle de
l’osil j on le détermine en pafifant fubitement de
J’obfcuficé à une vive lumière, & c . , & c. L’olfaction
enfin eft fouvent dépravée dans certains états
de débilité de l’ utérus, comme dans l ’aménorrhée
& la chlorofe, ou exaltée lors de l’écoulement
des menftrues. Mais, dans tous ces exemples;, la
[membrane pituitaire eft le terme1 d’influences fym-
[pathiq.ues émanées d’organes plus ou moins éloi-
guês. Voyons-la actuellement devenir leur point
le départ & jouer un rôle adtif.
f Quelques odeurs, répugnantes augmentent d’une
Lanière marquée la fécrétion de la falive j Whyt
fc obfervé que l’alkoholat de romarin, flairé avec
force, produifoit.le même phénomène.. Les m.uir
vaifes odeurs éteignent bien certaine:*lent le gé-
fie , & peuvent même abactre les facultés de l’ame,
gomme nous l’avons dit précédemment. D’autres
Emanations odorantes, en irritant la membrane
jo'.fadive, produifent le larmoiement : telles font
les vapeurs de l ’ammoniaque, de l’acide acétique,.
Mes oignons, 6cc. j une titillation mécanique S: vive,
gà l'aide d’une barbe de plume ou d’un corps étranger
quelconque, caufe auflî le même phénomène.
Ke larmoiement eft également un des fymptômes
j s plus c.onftans du coryza, 8c eft fbuvent prb-
Êüit par l’éternuement. Nous avons déjà dit quelle
Influence avoient les1 odeurs fur les organes de la
|e:’ératiôn > nous avons auflî noté leur action dans
1s cas d?affêétions hyftériques. Voye% Odeur.
I Des odeurs douces , chez certaines perfonnes ;
■ erveufes, produifent la lÿncope ou la cefifation
les mouvemcns du coeur. Des odeurs forces &
acres, dans beaucoup de cas , réveillent l’adion
Je cet organe > de même que cel'e des poumons
ffc du cerveau , lorfqu’elle a été fufpendue : on a.
;u effectivement une odeur pénétrante arrêter la
|oux j ou prévenir un accès d’épilepfie.
iCes divers faits, dont plufieurs nous prouvent le
iapport qui unit les fenfations du goût & de l’odo-
Istfennousfaifant reconnoître que certains corps,
|en agiffant fur l’ une , agifient également fur l’au-
| re, que les organes de 1 une perçoivent parfois les
Jripreflions deftinées à ceux de l’autre /font vrais
P évidens pour tout le-monde ; mais ils font diffi-
lles à expliquer, de même que la transformation
*?6S odeurs en faveurs, dont nous avons parlé.
Jp liaiions qui exiftent encre les deux fenfa-
| lons dont nous nous occupons, paroi fient être
pour nous ce que font la faim, la foif, la fa-
fgue-, la mauvaife- digeftion , des- fentimens in-
t rile? phis ou moins obfcurs, que nous devinons,
P qui,, indépendans, julqu’a un certain point, de
jonlembie des fonctions cérébrales, fe rattachent
B°urtant à l’aCtion du lyftème nerveux,
i , anaîomie, qui, en développant les refiorts de
!Ptre organilation, établit Jes fondemens de la phyfiologie
pofitive , peut feule nous éclairer ici ; les
communications que j’ ai fait connbître entre les
divers ganglions nerveux des foflfes nafales, me
paroiflfent propres à éclaircir ce point, & peut-être
meme à. jeter tôt ou tard un nouveau jour fur les
fondions de ces ganglions, plutôt fotipçonnées
que démontrées évidemment jufqu’ à préfent.
L’éternuement eft le phénomème le plus remarquable
dans ce genre. 11 confifte dans une longue
inspiration fuivie d’une expiration fubite & grande,
quii en vertu d’un mouvement de la bafe de la
langue & du voile du palais, pouffe l’ air avec
bruit par les foflès nafales , les balaie, pour ainfî
dire, & les débarrafie des corps en contaCt avec
elles. Pendant cette expiration, aucune partie n’eft:
en repos.j la tête & tous les membres fe meuvent
avec plus ou moins de vivacité, de manière à favori
fer l’adion des mufcles .qui doivent rétrécir la
poitrine : le cou 8c lescuifles fè fiechifient. C es phénomènes
s’exécutent avec divers degrés de force
8c d’intenfité, félon la conftitution phyfîque des individus.
affedés. Aufi-.tôt après, le corps tombe dans
une laftïtude générale, mais agréable: une féro-
fité copieufe vient humeder les cavités du nez 5 les
yeux font mouillés-de larmes. C ’ e f t une caufe matérielle
q it ie i> irritant la membrane pituitaire,
fait, en généra! contrader convulfîvement de cette
manière le diaphragme 8c les autres mufcles expirateurs
j & c’eft cette "contradion-là même qui
conftitue l’éternuement. Mais remarquons que c^t
effet n’ eft rien moins que confiant ; il fa u t, pour
le déterminer, un mode d’ irritation particulier.
Un infiniment rranchant qui coupe la membrane
pituitaire, un corps dur qui la contoiad avec violence,
laifient le diaphragme dans fon état ordinaire
; tandis qu’ un poil^ une plume;, un grain de
pouflîàre ou de tabac, qui excitent plus doucement
cette membrane, font éternuer. La fuppref-
fîon de la perfpiration nafaie au début'du coryza , 1
la préfence de puftules dans les foflfes nafales,
l’habitation de vers .dans les fin us frontaux, & c . ,
donnent également lieu à la fternutation. Dans
plufieurs circonftances aufiî, elle e ft, non pas Je '
réfukat d’une caufe qui agit immédiatement for la
membrane nafaie, mais celui d’une adion Tympa-
thique. Ainfî l’air ; en pénétrant dans les voies aériennes
d’un nouveau-né,, détermine^ 'éternuement.
Ainfî, en pafiant d’ un lieu obicur dans un lieu vi-
v. ment éclairé, par la. lumière du foleil, on éter- -
nue , probablement par fuite des communications
qui exiftent. entre les membranes conjondive &
pituitaire,phénomène déjà remarqué par Ariftote.
Ainfi Stalpart Van der V id dit avoir connu un
homme fort 8c robture chez lequel le coït étoit
conftamment précédé de pîufie’urs éternuemens.
Quelques autres auteurs citent des observations
femblables. Souvent aullî l eternuement annonce
l’arrivée des accès d’épilepfie ou leur termi-
nailon.
Au refle, dans.le.plus grand nombre de c a s ,