
mière. C ’eft: ce qui arrive ,- comme nous 1*avons !
déjà dit, le plus habituellement, car fur 12,653
enfans nés à l’hofpice de la Maternité de Paris,
depuis le 10 décembre 179 7, jufqu’au 3 r juillet
1806,12,120 ont offert cette pofition, qui a gé-*
néralement été admife comme la feule naturelle.
Cependant, le profeffeur Boè'r, à l'Ecole d'accouchement
de Vienne, regarde comme étant
dans le même cas, l’accouchement dans lequel la
face fe préfente d’abord. C/etoit la manière, de
voir de Mauriceau : elle a été adoptée, à l’ hofpice
de la Maternité de Paris, & plufieurs de nos célèbres
accoucheurs , M. Déformeaux, entr’autres,
l’admettent également.
Sur les 12,633 enfans nés, comme il vient
d’être d it, à l’hofpiçe de la Maternité de Paris,
65 feulement, au refte, font venus dans cette pofition.
L’accouchement dans lequel l’enfant fe préfente
par les fefies,- o u , comme le difent les accoucheurs,
par 1 e fiége, eft beaucoup plus commun 5
car, furie nombre précité, il s’eil offert 198 fois.
L’accouchement dans lequel fortent d’abord
les pieds, vient après, pour la fréquence ; on l’a
obfervé 147 fois, dans les mêmes circonftançes
que le précédent, tandis que celui par les genoux
ne s’eft préfenté que 3 fois.
Dans tous ces cas, le mécanifine de l ’accouchement
offre une férié de phénomènes analogues à
ceux que nous avons fàit connoître plus haut, &
les modifications qu’il préfente, quoique d’ une
grande importance pour ceux qui fe livrent à la
pratique de l’a r t , n’ont point le même intérêt
aux yeux du fimple phyfiologiftë. Nous n’entrerons
donc point ici dans les détails que néceffueroit
l’expofition de ces modifications.
11 eft facile de concevoir que l’examen des
caufes efficientes de l’accouchement, tel que
nous venons de le voir s’opérer, a dû de tout
temps être le fujet de profondes méditations de
la part des obfervateurs > mais la véritable nature
de ces caufes ne leur a point été conftamment
connue, il s’en faut de beaucoup. Pendant une
longue fuite de fiècles, on a attribué le phénomène
dont il s’agit, aux efforts du foetus, fînon
toujours en totalité, au moins en grande partie,
idée que nous retrouvons dans les écrits d’Hippocrate,
& que le célèbre Harvée ne contribua
pas peu à acréditer, en racontant ce qui fe paffa
chez une femme q ui, étant morte le foir, fut
laiffée feule dans fa chambre, & avoit le lendemain
matin fon enfant entre, les cuiffes. Ces exemples
d’enfans nés fpontanément après la mort de
leur mère, fe font multipliés dans la fuite, & on
a cru ne pouvoir les. expliquer qu’en reconnoif-
fant que le foetus , par des efforts vigoureux, par-,
venoit à ouvrir la prifon qui le renfermoit. Mais
Antoine Petit a démontré de la manière la plus
évidente que l’accouchement reconnoît pour
caufe efficiente l ’a&ion de l ’utérus, aidée de la
contraction du diaphragme & des mufcles abdominaux.
Une opinion à peu près femblable 'avoir
étéémife déjà par Galien, & foutenue par Jérôme
Fabrizio d’ Aquapendente & par Haller. Elle eft
la véritable, & les preuves en fa faveur fe pré-
fentent en foule.
A toutes les époques de la groffeffe, en effet,
avant même^que l'enfant ait acquis affez de vigueur
pour exercer un effort efficace, le foetus eft
expulfé avec les mêmes phénomènes que ceux de
l’accouchement, & fouvent même alors l’oeuf
fort tout entier & fans que les membranes foient
rompues.
11'en eft de même des corps étrangers qui fe
font développés dans la cavité de l’utérus, & la
fortie d’un enfant mort ne diffère en rien de celle
d’ un enfant bien portant, pourvu que la putréfaction
n’ ait point encore trop amolli lé tiffu de fes
’ organes.
D’ailleurs, pendant le travail de la parturition *
le foetus eft tellement refferré par l’utérus, que
fes membres ne peuvent exécuter le moindre mouvement.
Quel feroit auffi l’enfant affez vigoureux pour
opérer la dilatation de l’orifice Utérin, pour vaincre
la réfiftance que lui oppofentles détroits dubaffin,
réfiftance teile quelquefois que la tête en eft toute
aplatie & toute déformée , que les os du crâne font
déprimés & mêmefraêturés, 8«: que lacompreffion
qu’éprouve le cefveàu, amène la mort du foetus
avant fon entière expulfion ?
En outre, fi l ’on pofe la main fur l’abdomen
pendant une douleur, on fent évidemment que
l’utérüs fe reflerre, ce dont on s'aperçoit encore
mieux, lorfque, pour une caufe quelconque, on-
eft obiigé de porter la main dans l’intérieur du
vifcère.
On a v u , enfin, celui ci fe débarrafTer du produit
de la conception par fes feules contractions
évidemment, comme dans les cas de prolapfus
complet, 011 il étoit pendant entre les cuiffes, &
fouftrait, par conféquènt, à l’aétion des mufcles
abdominaux & du diaphragme> comme chez les
femmes qui accouchent dans un état d’évanouif-
fement ou de léthargie, qui fufpend l’aétion des
mufcles fournis à l’empire de la volonté.
Lorfque, au refte, des enfans font nés par les
voies naturelles & fpontanément après la mort de
leur mère, on ne peut encore attribuer ce réfultat
qu’à la force de contraétilité de l’ utérus, laquelle
fubfifte long-temps après que celle des autres
mufcles a été totalement anéantie.
Il eft donc de toute néceffité de placer au premier
rang des caufes efficientes de l’accouchement
les contractions de l’ utérus. Ce font elles
auffi qui produilent la dilatation de l’ orifice de ce
dernier3 car cetté dilatation ne fauroitêtre due,
comme le veulent quelques phyfiologiftes, ^aux
efforts du foetus qui pouffe, fa tête à la manière
d’ un coin entre les parois du col. La preuve en
é ft, que le plus fouvent cette dilatation eft complète
avant la rupture de la poche det eaux. O r ,
tint que les membranes qui la conftituent font
intaCtes, la tête du foetus ne fauroit, pendant les
douleurs, preffer fur l’orifice.
Quant aux caufes déterminantes de l’accouchement,
celles qui amènent l'expulfion du foetus au
terme haturel .de la geftation, on a émis à. leur
fujet un grand nombre d’opinions diverfes & , pour
la plupart, plus ou moins invraifëmblables.
Quelques-uns ont penfé que le foetus fe déta-
choit à cette époque de la matrice, comme un
fruit mûr tombe de la branche à laquelle il a été
jufqu’alors attaché.
D’autres ont attribué ce phénomène à ce que
fon poids décolle le placenta ou irrite l'utérus.
II en eft qui l’ont fait dépendre de la gêne que
ce foetus éprouve dans la cavité du vifcère , devenue
trop peu fpacieufe par rapport à fon volume,
tandis que quelques-uns n’ ont vu là que le befoin
d'alimens plus appropriés à fon développement, |
que la néceffité de refpirer, que celle de rendre
le méconium qui furcharge les inteftins, ou l’u-
rine qui diftend la veffie, 8oe ., &c.
Certains auteurs ont expliqué le même fait par
le changement de forme de l’ utérus 5 par l’ irritation
qui réfulte de la trop grande aiftenfion
de fes fibres? par l’accumulation du fang, qui ne
peut plus paffer dans lés vaiffeatix du placenta
rétrécis ou oblitérés même > par l ’accumulation
du fluide électrique.
D’autres ont regardé la réunion de plufieurs de
ces caufes comme néceffairè pour déterminer le I
Commencement du travail de l’enfantement. 1
Jérôme Fabrizio d’Aquapendente & Antoine |
Petit, enfin, ont fourni de la: caufe déterminante !
de l’ accouchement, une explication plus générale- 1
ment admife chez les Modernes , & qu’ils ont 1
.trouvée dans le mode de développement de l’uté- 1
rus pendant la geftation. Le corps & le fond de
rcet organe font, en effet, les premières parties
qui fe diftendent pour'lôger le foetus ; la cavité du
col ne participe que plus tard à la dilatation, 8c
en commençant par fa partie fupérieute, de forte
qu’à l ’approche de l’ àccouchement, l’annëau feul
de l’orihce eft encore dans fon état ordinaire. De
cette manière , la réfiftance qu’oppofe le col à la
.fortie du produit de la conception, va continuellement
en diminuant jufqü’ à la fin delà geftation,
& un moment arrivé où fes fibres ceffent d’être
les antagoniftes de celles du corps, qui alors agif-
nTent avec éfficacité pour l’élimination du foetus.
Celui-ci d’ ailleurs, de fon côté, eft alors parvenu
à une forte de maturité & a toutes les conditions
requifes pour la vie extrà-utérine.
Enfin, l’accouchement tel que nous l’avons
décrit, offre quelques phénomènes de l’explication
defquels nous devons nous occuper ici quelques
inftans.
Nous avons déjà affigné la véritable caufe de la
Syft» Atiat. Tome l.
dilatation de l’orifice de l’utérus. A cette caufe
vient encore s’enjoindre une autre, qui, pour être
acceffoire, n’en mérite pas moins d’attention. Dès
qu’il y a , en effet, un commencement fuffifant de
dilatation, les membranes remplies de l’eau de l’am-
nios, s'engagent à la manière d’un coin, preffent
uniformément fur tous les points du contour de cet
orifice, & reçoivent une grande torce d e l’impul-
fion communiquée au fluide parles contractions des.
parois de l’ utérus , dont la cavité ne peut fe rétréc
ir , puifqu’elle eft toute remplie, & dont les
, fibres, en agiffant, tirent néceffairement le bord de
l’orifice dans tous les fens, & l’éloignent de plus
en plus du centre.
Quant aux douleurs qui fé manifëftent pendant
toute la durée du travail de l ’accouchement, elles
font tellement liées aux contractions de l’ utérus,
commençant, croiffant, décroiffant & ceffant avec
.elles, que l'on ne peut guère les attribuer à une
autre chofe qu’ à ces contractions, à l ’énergie
défquelles elles font, d’ ailleurs en général, proportionnées.
Des mucofités vifqueufes & femblables à de la
glaire d’oe uf s’échappent par la vu lv e , avons-
nous dit, dès les derniers temps de la geftation,
& , à une époque plus ou moins avancée du travail
, deviennént fanguinolentes. Antoine Petit
a cru qu eu e s mucofités étoient fournies par les
lacunes muqueufes du col de l’utérus, 8c par la
tranffudation dé l’ eau de l’amnios à travers les
membranes. Mais il n’eft guère poffible d’ admettre
la réalité de'cette fécondé fource, car l’ eau de
l’amnios n’ a nullement la vifcofité de ces glaires.
Il eft bien plus narurel de ne reconnaître que
la première, & de regarder l’écoulement qui a
lieu alors, comme le produit uniquement de la
.fécrétion des cryptes muqueufes du col de l’ a te-
rus, développées pendant la groffeffe, & irritées
par fuite du travail de l’enfantement.
Le fang qui fe mêle à ces mucofités peut venir
de plufieurs fources diverfes 5 des vaiffeaux utérins
dont les orifices font découverts par fuite du
décollement d’ une partie du placenta j des petites
déchirures qui peuvent avoir lieu à l’ouverture du
vifcère 3 enfin, de l’ irritation de la membrane
muqueufe pouffée à un-trop haut degré.
La manière dont les membranes du foetus fe
comportent dans la formation dé ce que les accoucheurs
appellent la poche des eaux, demande
auffi quelqu’ attention, quoique le principe de
ce phénomènê foie très-nmple & dépende de
l’impulfîon communiquée au liquide de l’amnios
par les contrarions utérines.
La faillie formée dans cette tirconftance affefle
en général la figure d’un fegment de fphère ou
d’ellipfoïde tranfverfal,. Mais la partie de l’enfant
qui fe préfente, exerce ici quelqu’influence ; fi
I cette partie eft peu volumineufé, fi c ’eft un pied
■ olv une.main , par exemple , la faillie eft le plus
! fouvent aiongée endorme- de boudin , ce qui a
C