
I. Ils fortent du crâne par un grand nombre de
trous.
Dans le foetus, le nerf olfaétif ne reffemble
point à ce qu'il eft dans l’adulte j il paroît prefque
entièrement formé de fubftance cenarée, & au lieu
d’être prifmatique , il a la forme d’ un cône dont
lâ bafe eft en avant & le fommet en arrièfe. Soera-
mering obferve aufli qu’il furpaffe alors en volume
tous les autres nerfs cérébraux.
Parmi les mammifères, il n’y a que les phoques
& les quadrumanes qui aient, comme l'homme,
le nerf olfa&if détâché de la bafe du cerveau.
Dans les mammifères des claftes inférieures à la
leur , par exemple, dans les carnaffiers & les ru-
minans , il paroît, au premier afpedt, comme
remplacé par une grofie éminence cendrée qui
remplit la foffe ethmoïdale , & dans l’ intérieur
de laquelle eft une cavité qui communique avec
le ventricule latéral correfpondant. Mais, comme
l’a très-bien obfervé Scarpa, les anatomiftes font
tombés à ce fujet dans une erreur palpable. Les*
nerfs olfa&ifs font tout-à-fait diftinéts de ces tubercules,
qui femblent leur fervir de foutien j on
les voit à leur face inférieure fous la forme de
filamens blanchâtres.
Chez la taupe, le nerf dont il s’agit prend
prefqu’ entièrement naiffance dans un amas de
fubftance grife placé à la furface inférieure du lobe
antérieur du cerveau.
Dans les cétacés, comme dans le dauphin & le
marfouin, on ne rencontre pas de nerfplfa&if, ni.
rien qui le remplace, dit M. Cuvier. Cependant
M. de Blainville, dans un mémoire lu à la Société
philomatique, nous apprend que ces animaux en
ont au moins les rudimens. J'ai eu occalïon depuis
aufli de vérifier la juftefle de cette affertion
lur la tête d’un dephinus globiceps que j’ ai eu à ma'
difpofition. , ...
Chez les oifeaux, les nerfs olfaélifs naiflent
de la pointe même des hémifphères, & non de ;
leur bafe, comme cela a lieu dans les mammifères.
Bientôt après , ils forment un cordon arrondi
& cylindrique qui s’engage dans un conduit
offeux très-court, que partage la lame verticale ;
qui fépare les deux orbites, & parviennent aiofi
chacun à la-foffe nafale de fon côté, enveloppés
dans une gaîne de la dure-mère, & accompagnés
d’ une veine qui fait communiquer le finus longitudinal
avec celles de la membrane pituitaire.
Parvenus à la lame courbée fupérieure, ils fe di-
vifent en deux ordres de rameaux, dont les uns
vont à la cloifon & les autres à cette même lame,
& qui tous font enveloppés dans de petites gaines
de la membrane pituitaire. Ils fe fubdivifent à l'infini
ont entr'eux des anaftomofes multipliées, &
conftituent une forte de plexus.
Suivant les obfervations de Scarpa, ce nerf
n’ a point la même difpofition dans tous les oifeaux.
Chez les paffereaux & les gallinacées , il
eft très-grêle & n'a que de très-courts filets, tandis
que dans l’ordre des rapaces, & en particulier,
dans la famille des nyétériens, il eft beaucoup!
plus prononcé fous tous les rapports. Mais ce font
furtout les échafliers qui préfentent les proporJ
tions les plus grandes, comme on peut s’enalfiJ
rer en difféquant une tête de héron ( Ardea majoAÎ
ou de grue ( Ardea grus).
Dans les reptiles, le nerf olfa&if eft en général
très-fort j il naît des lobes antérieurs du cerveau!
par plufieurs filamens blanchâtres qui fe réunifJ
fent en un feul tronc. Il s’engage dans un canal]
en partie offeux , en partie cartilagineux, & pénètre
dans les narines divifé en un grand nombre!
de filamens, mais fans traverfer une lame criblée,
Il fe partage également dans les foffes nafalesen
deux faifceaux de filets, lefquels ont tant de force|
& font fi réfiftans , dans la tortue de mer en par-H
ticulier, qu’on peut les arracher avec leur tronc
fous la forme d'un pinceau.
Dans les poiflons, les nerfs olfactifs formentj
à leur origine, des renflemens & des noeuds dont]
le .nombre varie-, & qui font fouvent fi volumineux
, que plufieurs auteurs les ont pris pour le|
véritable cerveau. Dans plufieurs chondroptéry-J
giens, comme les raies & les fquales, ces Bulbes!
font foudés en une feule maffe plus longue quel
large & triangulaire , qui furpaffe du double lesl
hémifphères, qui ne contient aucune cavité, &
qui eft abfolument homogène. Dans l'eflurgeonj
| ( Acipenfer fturïo ) , ils font féparés , alongés &|
| étroits ; dans le Cyclopterus lumpus, dont j'ai euj
occafion de faire l'anatomie avec M. LaumonierJ
&' mon excellent ami M. Flaubert, chirurgien en
chef de l’Hôtel-Die.u de Rouen, ils font ovales
&■ plus petits que les hémifphères.
Dans la plupart des poiflons offeux , ces noeuds!
fontfimples & arrondis ; mais’’ dans tous les pleu-J
rorieètes, dans tous les faumons, & c . , il y q
deux paires de noeuds dont l'antérieure eft pluspe-j
tite , & dans les anguilles on en rencontre trois. I
C 'eft de la partie externe de ces tubercules que
partent, les nerfs olfaétifs, plongés ainfi ,qu euxj
dans un fluide limpide. Dans les poiflons cartilaj
gineux , ils font mous & d'une longueur qui,varia
fuivant les eipèces , fouvent aufli, furtout dans|
les raies, ils changent de direction au-'momentus|
fortir du crâne, & forment un ganglion alongej
des deux côtés duquel partent des faifceaux pen'j
celliformes > dont les brins fe fubdivifent dans a
lames membraneüfes dès narines1.'
Dans les poiflons offeux , ils naiflent fotiventi
de la partie antérieure'des tubercules, & quelquq
fois par plufieurs racines fèparées, comme dans,
la carpe ( Cyprinus carpio). La pie-mère les »c'
compagnejufqu'aux narines ; au moment dye*1
trer, ils fe renflentfouvent, dans'les cyprins^
les gades, par exemple. Dans les poiflons dontj
le bec eft três-alongé, comme dans les brochetsj
peu après leur origine les nerfs s'engagent dans u
canal cartilagineux s mais dans le plus grand nomi
m . s cas | fls font fimplement enveloppés dans
L e saine membraneufe & pulpeufe pleine; d'une
Lraeut graffe, qu'on retrouve aufli dans la plus
Lande partie de la cavité du crâne ; une, fois
Entrés dans les narines, ils fe divifgnt en un grand
Lmbre de filets fafciculés qui recouvre toute la
Lnbrane pituitaire, &«qu on y voit mieux que
L. s toute autre efpèce d animal. Dans leur dil-
Kribution, ces divers filets fuivent le même ordre
L e nous avons indiqué-pour les replis de la mem-
Irane, & l’efpèce de renflement d‘ où ils partent
fe la forme & les dimenfions du ligament auquel
kes replis viennent s'attacher. F Mais c’eft furtout dans le Batrackus pifeaiorius, ,
(que la difpofition du nerf olfaétif eft remarquable.
Eès lamelles de la membrane pituitaire font dif-
Lfées en roue au fond de la petite coupe qui fur-
Lnre le mufeau, en forte que, pour y arriver,
Kl a un trajet confidérable à parcourir fans fe di-
bifer, & que les divers filets ne fe réparent qu'au
[dehors de la tête abfolument. Vv y e j F o s s e s K a s a -
[Æs, N e z , O l f a c t i o n , P i t u i t a i r e .
I î°. T r o u s o l f a c t i f s ',, foramïna olfacliva. On
homnieainfi les trous.dont eft percée la.lame criblée
de l’os ethmoïde, & qui donnent paffage aux
Blets du nerf oltaêtif.
OLFACTION, f. f . , olfûcius. On appelle ainfi
fin des cinq fens fpéciaux accordés à l'homme &
Kia plupart des Animaux.
I Le fens i&Volfa&ion eft celui qui met prefque
tous les animaux en rapport aveç.certaines molé-
[cules très-fubtiies qui s’élèvent continuellement
'de la futface des corps dans l'atmofphère ,. &
[qu'on appelle odeurs. Cf eft lui qui perçoit les différentes
qualités de ces effluves gazeux ou vapo-
[reux, ou à un état moins matériel encore peut-
[être, qui nous met à même de les diftinguer, &
qui tranfmet au centre fenforial l’.impreflion pro-
Buite par. eux fur l'organe où il réfîde. Voyef
“Odeur. '
Cette fenfation a été aufli appelée odorat, odoration,
par les auteurs français ; olfiiftus f. odora-
tus, par les Latins > oVfppjjw, par les Grecs. Comme
toutes Jes autres, elle peut, jufqu'à un certain
point, être rapportée au fens général, c'eft-à-
dire, au taèl ; mais remarquons toutefois que le
taft qui nous fait connoître les odeurs eli bien
différent de celui qu'exerce l'oe il, qui diftingue
les impreflions de la lumière > de celui qui appar-
tient à l'oreille, laquelle; remarque &.note les vibrations
fonores. 11 fem.ble plutôt avoir quelques
rapports avec celui de la langue , qui apprécié, en
quelque forte, les qualités chimiques des corps ,
ou avec celui de la peau,. qui leur reconnoit des
qualités plus matérielles, telles, que leur forme
extérieure, leur volume, leur confiftance, leur
température, &c. Le goût & l'odorat, en effet,
tiennent de plus près au toucher que les deux autrès
fens > ils femblent même n’être qim des touchers
plus exaltés, qui perçoivent jufqu’aux diffé-
rencës des petites molécules des corps diffoutes
dans les liquides ou dans l atmofphère. Leurs organes
font, au fond , prefque les memes que ceux
qui fervent au toucher général > & n’en diffèrent
que par une modification'particulière de la portion
nerveufe, & plus de finefle & de molleflè dans le
refte j ils font véritablement des efpèces de pro-
longemens de la peau qui paroiffent exercer une
forte d’a&ion chimique, tandis que les organes de
la vifion & de l’audition rentrent, en quelque manière,
dans la claffe des inftrumens de phyfique :
les uns apprécient dans les corps l’ influence de la
lumière & du mouvement j les autres» la diffolu-
bilité de ces mêmes corps dans l’air ou dans les
liquides.
Quel que foit, au refte, le mode d’action de ce“s
organes» notre intention ne fera point de vouloir
remonter à l'effence de la fenfation, ni de.démon-
trer comnaent elle peut être éprouvée. C eft une
caufe placée hors de la fpheré de nos recherches,
& dérobée, probablement pour toujours, aux
moyens d’ inveftigation que l’ homme a reçus avec
la vie. lîffayer de parvenir jufqu’ à ce point où les
hypothèfes mécaniques, chimiques & phyfiques
deviennent toutes infuffilantes, feroit d’une ab-
fyrdité que la plus légère attention démontre avec
évidence. Nobis propofiturn efi naturas rerum mani—
ftfias indicare, non caufas demonfirare dubias. F-t
lorfque ,
. . . . . . honteux de m’ignorer,
Dans mon être, dans moi je cherche à pénétrer,
ce n’eft que pour m’attacher aux réfultats i content
de favoir qu’un effet a lieu, quoique je ne puiffe
en favoir la raifon.
L'odorat, comme tous les autres f e n s a pour
but d’ aflurer ie commerce continuel de l’être qui
emeftdoué, avec les corps extérieurs au milieu
défquels il exifte : il appartient donc à ces corçs
autant qu’à l'animal lui-même, & les lois qui règlent
fon exercice doivent être étudiées dans tes
objets de la nature d’une part, & dans les faits de
l’animalité de l’autre. Nous les examinerons également
dans leur état le moins parfait, telles
qu'on les obfetve dans quelques ciaffes d’animaux :
c e it un moyen qu’on peut faire concourir avec
avantage à la folution, des problèmes phyfiologi-
ques; & , comme l’ a dit un médecin moderne ,
ces ébauches organifées font pour le zoologifte
attentif, ce que font pour celui qui fe livre à l’étude
des minéraux, ces cryftallifations commencées
, que la nature, furprife tic comme interrompue
, eft contrainte d’ abandonner, 8c qui n’en révèlent
que mieux le mécanifme de leur formation.
D’ailleurs, tout en reconnoiffant que l’homme
doit être l’objet de nos foins & de notre confiante
prédileélion, où cherchera-t-on les rapports les