
l’odeur du bois de faffafras. Schneider a vu une
femme qui, aimant les autres odeurs, fe trou voit
mal par celle des fleurs d’oranger. Rodriguez de
Caftellobranco & Zacuto le Portugais difent la
même chofe de quelques perfonnes pour les rofes,
& Guy Patin parle d’un médecin qui étoit dans
ce cas. Cromer nous apprend que l’odeur des
mêmes fleurs caufa la mort d’un évêque. Au rapport
de Jâcquin enfin, les émanations de la Lobelia
longiflora caufent des fuffocations, &c.
Mais les odeurs agréables font loin de produire
toujours ces effets funeftes. Elles procurent au contraire
prefque conftamment des lenfations volup-
rueufes, ou elles augmentent celles que l’on
éprouve déjà. Fuie ne rue jloribus, fiipate me ma lis ,
quia amore langues, s’éçrië la jeune Sunamite dans le
cantique des cantiques (c. i . y.). Audi les Anciens,
grands aniateurs de tous les genres de jouifïançes,
recherchoiant les odeurs agréables avec empreffe-
rnent. Les parfums difpofoientles Dieux à écouter
les voeux qu’on leur adreffoit dans les temples ,
où l’encens brûloit fans ceffe : c’étoit une des
parties principales du culte. En lifant Athénée,
nous apprenons que les gens riches, parmi les
Grecs, avoient des caffolettes qui répandoient
dans l’air de douces odeurs pendant qu’ ils étoient
à table; que les vins les plus eflimés étoient
odoriférans, qu’on y mêloit fouveru: des violettes ,
■ des rofes, & divers aromates; oc que celui de
Byb'.os, en Phénicie', étoit furtout remarquable
fous ce rapport. D’après Lépigramme 107 du liv.
i 5 de Martial, nous voyons qu’on eftimoit beaucoup
à Rome le vin à odeur de poix.
-Les nations du Levant font dans le même cas
que les Anciens ; & l’on rapporte qu’un fultan d’Egypte
avoit pouffé le raffinement jufqu’ à faire
mettre de l’ambre dans fes bougies. Les flots d’eau
de rofes jouent toujours un grand rôle dans tous
les contes orientaux, & ce que IHiftoire nous a
confervé de la peinture des moeurs aimables des
Maures d’Efpagne, prouve à quel point cë peuple
brave & voluptueux recherchoit les parfums.
La coutume de fe couronner de rofes à table
étoit en ufage en Grèce & à Rome fous Augufteî
les poè'tes lyriques grecs & romains nous en ont
confervé la preuve. Les Egyptiens aimoienc telle- ;
ment les parfums, qu’ils en étoient pour ainfi
dire enveloppés en defeendant dans la tombe.
Les odeurs ne produifent pas des effets moins
■ remarquables fur les facultés de l'entendement ; .
elles femblent changer la nature des idées, vivifier
la penfée. Qui n’a pas plus d’une fois, comme
J. J. Rouffeau ; éprouvé un bien-être univerfel,
une forte de fatisfa&ion phyfique & morale, en
refpirant l’air de la campagne chargé des émanations
des fleurs? Qu i, plus d’une fois auffi,
lorfque le printemps exerce la douce influence,
lorfque l’atmofphèie n'eft pas encore emt>raféë par
les feux brûlans du midi, & que les fleurs biffent J
leurs parfums s’exhaler de leur feîn, nfe p !
plu à fe rappeler, au milieu d’une heureufe;«
mélancolique contemplation, l’image d’un ani’1
chéri qui n’exifte plus, à fe remémorer les fai^!
glorieux du temps paffé, ou à former pour l’avenir
des projets de bonheur que l'ambition n’empoij
fonnoit point de fes déterminations menfongèresl
Mettons donc les odeurs au rang des eau fes jJ
nos plaifirs. Tout ce qui agit mollement fur no^
organes , tout ce qui les remue délicatement, eît
dans ce cas, & par oonféquent toutes les fenfations!
font des fources de plaifir, tant qu’elles font
douces & naturelles; & voilà pourvoi, tandis
qu’une odeur trop forte, en ébranlant violemJ
ment, en agitant fortement ces mêmes organes
produit la douleur ou le contraire du plaifir, nous
fommes flattés & fouvent remués délicieufement
par un parfum délicat.
On peut même mettre à profit, dans quelques
cas d’affeélions.morbides, cette faculté qu’ont Itsl
odeurs d’agir fur le fyftème herveux. Wecket
regarde la fumée de l’ambre comme propre à pré*
venir les accès d’épilepfie, & Syîvaticus confeille
de la faire parvenir dans la vulve lois de la fuffo*
cation de matrice. Gefner croit que dans le même
cas les peffaires de ftyrax calamite, d’ambre&de|
rnufe peuvent être fort utiles ; & de nos jours un
moyen analogue a été encore quelquefois employé
avec fuccès.
Qui n’a pas eu occafion de remarquer bien des
fois l’effet des odeurs fortes dans les lipothymies,
& de voir avec quelle rapidité leur aétion rappelle
la vie qui fembloit s’être échappée ? Et fouvent
des attaques d’hyftérie ou d’épilepfie cèdent à ce
moyen.
On regarde aufli généralement comme falutaires
les émanations odorantes qui s’échappent du
corps des animaux jeunes & vigoureux. On a fou-
vent employé avec fuccès, comme -remède,l’ait
des étables qui renferment des vaches ou des chevaux
tenus proprement : c’eft furtoutpour les vieillards
languiffans ou pour les malades épuifes par
les plaifirs de l’amour, qu’il eft avantageux de
vivre dans une atmofphère remplie de ces émana:
tions reftaurantes. Pour réchauffer le prophètes
roi, affoibîi par fes longs travaux & par fon grand
âge, fes ferviteurs placèrent auprès de lui la jeune
& belle Sunamite Abifag. Cappivacio confervj
l’héritier d’une grande mai fort d’Italie, tombe
dans le marafme, en le faifant coucher entre
deux filles jeunes & fortes. Foreeff rapporte
qu’un jeune Bolonais fut retiré du même état.en
paffant les jour-s & les nuits auprès d’ une nourrice
de vingt ans, & Boerhaave difoic à fes difciples
avoir vu un prince allemand guérir de la même
manière. Mais de pareils effets font loin, fuivantI
moi, d'être dus à l’odorat. Peut-être même nap- j
partiennent-ils pas à l’abforption générale.
Remarquons auffi en paffant que quelquefois I
les odeurs n’agiffent pas feulement fur l’organe de
folftdion. Elles peuvent devenir de véritables
Leurs & être fenties par la langue manifeftement :
Elles font celles de l’abfinthe & de la folution
[lkoholique de fuccin. La faveur & l’odeur de la
cannelle femblent tellement liées entr’elles, que fi
ûndiftille cette écorce, elle perd l’une & l’autre à
f0is. Voye{ Olfaction:
ODONTOÏDE, adj., odontoïdes; qui a de la
reffemblan.ce avec une dent.
[ Les anatoniiftes ont donné le nom d'apophyfe
Ijftoïde à une éminence qui s’élève fur la face
fupériéure du corps de la fécondé vertèbre du cou.
Voyc\ Axis..
Le mot odontoïde dérive du grec eJW (dent). &
i^«f (fqmie, figure).
ODONTOJDIEN, enné , adj., odoatoïdeusqm
arapport à lapophyfe odontoïde. U y a des tiga-
mens odontoïdiens qui font partie de l’articulation
delà tète avec la colonne vertébrale. Occi-
P|Tp*AXOÏl?î£N.
ODONTOLOGIE, f. f . , odontologia. Ce m.ot,
qui vient du grec «JW (dent) & Xoyos (difeours fur),
équivaut à : Traité anatomique des dents.
| ODONTOPHYE', f. f . , odontophya. Les pby-
Mogiftesappellent fouvent ainfi l’aéïe delà dentition,
c’eft-à-dire, la fôrtie des dents hors des
ajvéojes, l’accroiffement de ces ôftéïdes.
I ODORAT, f. m., odora tus. Voyez Oi«faction.
[ ODORATION, f. T, odoratio, Voyez Olf^c-
fclUN.
i (ECONOMIE, f. f. V^oye[ É conomie.
[ (EIL, f. m., oçulus. On appelle ainfi l’organe
[tamédiat de la vifion, foit qu’on le confidère ifo-
fement, cas fpéda.l dans lequel il porte le nom de
globe de l’oeil, foit qu’on l’examine avec fes dépendances,
qui, chez l’homme, où nous allons
d’abord l’étudier , font les fourctïs 3 les paupières ,
Ns cils, les glandes de Meibomius , Ÿappareil lacry-
les rnufcles moteurs de l'oeil, & c. Voye^ ces
pivers mots, Orbite & Vision.
I Situé à la partie interne & un peu antérieure de
lorbite, plus ou moins faillant fuivaiit lessindi-
Iv'dus, mais toujours.à peu près du même volume,
Pe 8'obé de l’oe il a la forme d’ un fphéroïde, dçnt
F plus grand diamètre s’étend d’avant en arrière ;
purement déprimé en haut, en bas & fur les
il offre à fa partie moyenne & antérieure
pe convexité plu$/marquée que dans les autres
points de fa périphérie, & plus corifidérablechez
P leunes fujecs que chez les vieillards.
| b-e diamètre améro-p.oftérieur de l’oeil a , chez
»adulte, de. dix à onze lignes d’étendue > fes autres
diamètres ont environ une.ligne de moins Eu;
général auffi il préfente des dimenfions moins for-,
tes chez la femme que dans l'homme.
La direction de l’oeil n’eft point celle de l’or-
bite ; fon axe eft parallèle à celui de l'oeil du côté
oppofé, tandis que celui de l’orbite eft oblique
en dedans. Il en réfulte que le nerf optique, dirigé
dans ce dernier, fens, s’implante en dedans de
l’oe i l, & non pas dans fa partie moyenne.
En regardant l’oeil de profil , il paroît compofé
de deux portions de fphère diftinéles , unies lune
à l’autre, & d’un diamètre différent. Le fegment
antérieur, qui forme à peu près le cinquième du
globe, a le plus petit diamètre.
En devant, l’oeil eft recouvert en grande partie
p?r la membrane conjonctive ; en arrière & dans
tout fon contour, il répond aux rnufcles droits &
obliques qui s’v terminent, à un grand nombre de
nerfs & de vaiffeaux, Sr à la graiffe molle & comme
femi-liquéfiée qui remplit tous les vides de l'orbite.
En haut & en dehors, la glande lacrymale
repofe fur lui ; en bas & en dedans, la caroncule
lacrymale lavoifine.
Le globe de l’oeil eft mu par fix rnufcles que
nous avons décrits précédemment. Voye\ D iv o it
& Oblique.
i Les parties qui entrent dans la compofition du
i globe de l’oeil font des membranes , comme la
j felérotique, la cornée, la choroïde, la rétine,
; l’iris y l’hyaloide, &c. ; ou des fluides, comme»
j l’humeur aqueufe & celle du corps vitré ; ou ei.fia
| des corps d’une nature particulière, comme le
; cryftallin & \e cercle ciiiaire. On y rencontré auffi
des nerfs & des vaiffeaux. Voye\ C h o r o ïd e ,
CstOANOÏDE , A q u e u x ; C e r c l e , C i l i a i r e , C o.n -.
j o n g t i v e ,. C o r n é e , H y a l o ïd e , C r y s t a l l j n ,
M o r g a g n i , O r b i t e , L a c r y m a l , M i l i e u , I r i s ,
D r o i t , O b l i q u e , R é t i n e ., O p t i q u e , P u p i l l e ,
Q p h t h a l m i q u e , P u p i l l a i r e , ; P r o c è s , S c l é r o t
i q u e , C h a m b r e , V i s i o n , V i t r é , V u e .
L’oe il, confidéré dans les diverfes claffes des
animaux, varie beaucoup fous le rapport de fon
exiftence en plus ou moins grand nombre,, de fa
mobilité, de fa grandeur relatïv.e , de fa pofition,
de fa direction. Tous les animaux vertébrés, .par
exemple, ont chacun deux yeux mobiles placés-
dans des orbjtes offeufes & compofés effentielie-
m.ent des mêmes parties, que ceux de l’homme. On
trouve auffi deux .yeux dans la plupart des gàfté-
ropodes, mais ici ces. yeux font très-petits &
placés, tantôt à fleur de tê te , tantôt fur des tentacules
charnues & mobiles, qui les fouriennent
ou à leur b;afe, ou dans leur milieu, ou à leur
fommet. Parmi les mêmes gaftéropodes , les clios,
les fçyllées., les lernées font dépourvues d’yeùx ;
ce qui. a lieu, fans aucune exception, pour les
mollufques de lordre des acéphales. Dans les in-
fe&es, on obferve deux fortes d'yeux, les uns
compçfés, dont la furface préfente, au microfcope,
une mulu-cude de tubercules ou de facettes, 6a
R r r 2.