
implantés à la furface des rochers fous-marins, ne
fauroient pas plus changer de place que le végétal
le mieux cara&érifé.
C ’eft encore ainli que, dans bien des plantes,
ilexifte desmouvemens partiels, qui font, extérieurement
du moins, pareils à ceux des animaux.
Les feuilles des fenfitives, les pétioles du faim
foin de Barbarie, les folioles de la dionée attrape-
mouche, celles de prefque toutes les légumineu-
fes en exécutent même qui font aufli & plus mani-
feftes que ceux des gorgones & des coraux. Comment
prouver qu’il y a du fentiment dans un cas
& qu’il n’y en a point dans l’ autre ? Ne pourroit-
on pas d’ailleurs, avec quelqu’apparence de rai-
■ fon, foutenir que les plantes qui nagent à la fur-
face des eaux ou qui rampent fur le fo l, ont une
forte de mouvement progrefîif ?
Bien plus, fi tous les végéraux ont leurs organes
fitués à la périphérie du corps, Certains,
zoophytes paroiffent abfolument dans le même
cas, & les particules nutritives femblent, chez
eux. être introduites dans l’économie par la fur-
face extérieure de l’ individu.
D ’un autre côté , lorfqu’on n’ ôbferve qu’ un
corps mort, les. facultés qui fuppofent l’ état de
vie ne peuvent fervir de rien pour diflinguer auquel
des deux règnes organisés il a appartenu.
11 n’exifte même point alors d’autres moyens pour
réfoudre ce problème d’ une manière certaine;
l ’anatomie & la chimie elles-mêmes ne peuvent
ici nous guider fùrement; dans plus d’une citçonf-
tance,. les lumières qu’on emprunte à ces deux
fciences font infufïifantes.
11 eft des animaux, en effet, dontl’organifation
paroît, *fous îe.fcalpel de l’obfervateur, aufli
Simple que celle dès végétaux les moins compliqués.
Les éponges ne femblent-formées que
d’une efpècé de pulpe muqueufe & homogène ;
les lithophytes, d’une ».îatière calcaire} les céra-
tophytes, d’une fübftance cornée; les polypes &
les infufoires ne font que des màfles. d'une gelée
albumineufe, & l’on ne commence à apercevoir
des organes diftinéts & des fibres mufculaires,
que dans les orties-de mer & les échinodermes.
- Plufiéurs .animaux encore font privés, en tout
ou en partie, des organes des fens.
Les réâétifs duchimifte n’ont pas ici plus d’ efficacité
que l’inftrument de l ’anatomifte n’a de
pouvoir. Dans la nombreufe nation des végéraux,
la famille des crucifères ne préfente point feule,
comme on l’a prétendu, une certaine quantité
d’azote; beaucoup de plantes contiennent du gluten
, de l’albumine & même de l ’ofmazome; or ,
ces trois fubftances, on le fait, renferment de
l ’azote en grande proportion.
L’ e^citabilîté n’étant que le changement produit
furies organes par un corps extérieur, exifte
dans les végétaux comme dans les animaux. Tous
les jours., on voit les plaies des arbres fe crcatri-
fer & leurs lèvres fe rapprocher. Le foleiL trop
ardent rend les feuilles malades , de même-
que le feu grille la peau des animanx ; la grê'el
meurtrit les fruits, &c. E t , fi les animaux ohm
des defirs dans la recherche de leurs alimens,
& montrent du difeernement dans le choix qu’ils
en font', on voit fréquemment les racines des
plantes fe diriger vers une veine de terre ayant
les qualités convenables à leur nourriture. Leurs’
feuilles & leurs tiges cherchent évidemment & l’ait
& la lumière. Qui pourroit affirmer que cela ait
lieu fans confcience ?
La circulation , la digeftion & la refpiration,
aflignées en propre aux animaux, ne peuvent fer-
vir à les faire reconnoître dans tous les cas. Les
végétaux n’ ont-ils pas, en effet, une circulation'
tout aufli bien que ces animaux qui, comme les
infedtes, n’ont ni coeur, ni vaifleaüx fanguinsf
N’y a-t-il point des zoophytes, les éponges, par
exemple, dans lesquels les recherches les plus
minutieufes n’ont pu faire découvrir d’organes*
digeftifs ?
Quant a la génération enfin, il eft des animaux
qui fe renouvellent par boutures , abfolument
comme beaucoup de plantes. Tels font les polypes.
La reffemblance eft donc encore frappante
ici.
Les derniers des animaux fe rapprochent donc,
comme nous l’avons annoncé , des végétaux, pat :
la manière dont ils s’accroifient, dont ils fe nour-l
; riflent & même dont ils le reproduifent ; mais Ir
[ très-grande partie de ces êtres s’en diftinguent, <
au premier abord, au moyen des caractères qwj
nous avons donnés ci-deftus.
Confiderés fous un autre point de vue général,
j les animaux femblent deftinés à fe fervir de nour ’
riture les uns aux autres, ce qui fait que les rela-J
rions qui unifient entr’eux les anneaux de ls
grande chaîne des êtres organifés font plutôt call
culées fur l’utilité univerfelle que fur le bien-être..
particulier de chaque efpèce; l’exiftence de quel* ^
ques individus eft toujours fâcrifiée à celle de
quelques autres. Cette vérité, à laquelle nous ne;
penfons que rarement, feroit bien propre à jetei|
la confternation chez un peuple de Brachmanesii
& fi la cruauté de cet arrangement nous frappel
fi peu, c’eft que nous fommes accoutumés à pro*|
fiter des reflources qu’il met à notre difpofitionjj
Quant à m oi, j’ abandonne aux méditations de|
mes lecteurs, cette matière que je me fuis im*l
pofé le devoir de ne pas traiter i c i , & je ré* |
pète, pour la confolation des pythagoriciens qnil
pourroient fe trouver parmi eux, comme pour li;l
mienne propre : nihil malum poteft videri , quoim
Natura necejjkas ajfcrat. Nous ne fommes nous*!
mêmes, hélas! que des foyers dans lefquels lesj
élémens envkpnnans font attirés pour un temps»!
& forcés d’entrer dans des combinaifons particu*!
lières pour remplir un rôle temporaire. Les maté-1
ria' x que la. Nature emploie s’agitent, comme ltfl
eaux d’ un fleuve, dans un flux continuel} les efpèces
fe reforment des débris des efpèces; tout
palfe fins périr; il n’y a donc point de deftruCtion
par conféquent.
■ Le nombre des animaux qui, portant avec eux
la vie & le mouvement, peuplent la furface de la
terre, traverfentles airs, animent les eaux, s’enfoncent
dans le fol ou s’agitent au fein de tous
les corps organifés, eft immenfe : furpaflant de
beaucoup celui des plantes connues , il effraie véritablement
l’ imagination, & cependant on a gé- •
nëraletpentle plus grand intérêt aies clafler, à les.
coordonner d’une manière fyftématique, qui foit
comme le fil d’Ariane , & qui fafl'e parcourir
avec Sécurité les détours multipliés d’un fi vafte
labyrinthe.
.Pendant une longue fuite d’années, toutes les
claflîfications zoologiques imaginées ont été arbitraires
& plus ou moins incohérentes. Aujourd
’hui qu’on a mieux étudié la ftruChire intérieure
des animaux, qu’ on a, avec exaélitude, comparé
leurs facultés & les fonctions principales de leurs
organes, on a pris pour bafe un caractère univer-
feliement apprécié-, purement anatomique, ou à
peu près, jë veux dire la préfence ou l’ abjence d’ une '
colonne, vertébrale, & les diverses modifications du
fyfteme nerveux. Le point de départ eft ainfi choifi
dans les fondions les plus importantes de l’économie
.vivante, dans celles qui. font les plus influentes
fur les animaux,.fes fenfations & la locomotion,
lefquelles non-feulement font.de l ’être organifé
un animal, mais encore établiflènt en quelque
façon le degré de fon animalité, parce quelles entraînent
un plus grand nombre de changemens
dans les formes & dans les moeurs.. Aucune con-
fidëration générale ne pourroit préfenter plus
d’avantages réels pour une claflification.
En conféquence , à l’aide des organes du mouvement
& de la fenfibilité, d’ une part, on partage
les animaux en deux nombreufes fériés, reconnoif-
fables chacune à certains çaradères communs,
p.ofitifs pu négatifs, & de l’autre , on les divife en
quatre familles générales.
• sL e s deux grandes fériés principales font celles
des animaux vertébrés & des animaux invertébrés.
r Dans les premiers , les organes paflifs de la locomotion
, les o s , font logés fous les parties
molles, enveloppés par elles; le cerveau &. le
tronc principal du fyitème nerveux font renfermés
dans une enveloppe offeufe, qui les protège
& qui offre une uniformité confiante en cela qu’elle
fe compofe d’une partie moyenne ou rachis & de
deux extrémités , la tête & la queue. Le plus
fouvent, ils ont une poitrine & un baflin , •&
jamais ils ne font pourvus de plus de quatre membres
; leurs mâchoires font tranfverfales ; les cavités
de leur coeur font raffemblées dans un même
organe de nature mufculeufe ; leur fang eft rouge
Qonftamment ; leurs vifeères font renfermés dans
la tête & dans le tronc ; ils ont des organes dif-
I tinCls de vifion, d’audition, d’ol’faClion & de guf-
tation, logés dans des cavités fpéciales de la face,
| & des fexes féparés.
Mais ces animaux vertébrés, qui fe reflemblent
beaucoup entr’e u x , offrent néanmoins quatre
grandes fubdivifions, caraélérifées par la nature
des mouvemens, &r furtout par la manière dont
s’effeduent chez eux & la relpiration & la circulation.
Dans les uns , les organes de cette dernière
fonétion font doubles , en forte que le fang qui
arrive au coe u r , de toutes les parties, par le
moyen des veines , eft obligé d’aller parcourir Lv’-
poumon ayant de retourner à ces mêmes parties
par les artères. C e font les mammifères & les
oifeaux, que l’on diftinguera aifément entr’eux
quand on faura que les premiers font-vivipares &
les féconds ovipares.
Dans d’autres , une portion feulement du fang
qui revient du corps eft obligée de pafîer par
l’organe de la refpiration , & le refte retourne
immédiatement au corps.Ceux-ci font les reptiles.
Dans d’autres encore, la circulation eft double
à la vérité;, mais les organes de la refpiration
agiflent fur l’eau , au lieu de faire porter fur
l’air leur forcé de modification. C e font les poif-
fons.
Les . animau x in ver t é br é s ne préfentent en
commun que des caractères négatifs ; ils n’ont
jamais moins de fi-x membres , quand ils en ont ;
leurs parties dures, quand elles exiftent, font au
dehors ; leurs mâchoires ne font jamais tranfverfales
; leur fang varie en couleur; la forme de leur
coeur eft rarement la même ; en un mot, ils n’ ont
rien de confiant qui puifle les rapprocher les uns
des autres, fic en ’eft l’abfence de la colonne vertébrale.
En conféquence, il convient de réunir ces êtres
en trois groupes diftin&s* dans chacun defquels
les efpèces fe reflemblent par la difpofition du fyf-
tème nerveux.
Ces trois groupes, qui peuvent être confidérés
comme autant de clafies aufli naturelles que celle
des animaux vertébrés, font :
i° . Celui des animaux mollufques, où les organes
des fens font difpoi'és fymétriquement aux
deux côtés d’ un axe ; ou le iÿftème nerveux eft
plongé , avec les vifeères , dans une enveloppe
commune, & fe compofe de plufiéurs mânes
éparfes réunies par des filets, dont les principales,
placées lur i’oefophage, portait le nom de cerveau.
2°. Celui des animaux articulés, dont le fyf-
tème nerveux confifte en deux longs cordons régnant
le long du ventre & renflés, d efpace en
efpaçe, en noeuds ou ganglions. Le premier de
ces noeuds , couché fur l’oefophage, porte aufli
le nom de cerveau, & n’eft guère plus grand que
les autres.
$°. Enfin , celui des animaux rayonnés ou des
radiaires. Chez ceux-ci les organes du mouvement
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