
manière fpéciale la bafe du cerveau & l’ origine
des nerfs > de J. B. Carcano Leone , profelïeur à
P a vie ,q ui re&ifia fur plufieurs points Véfale 8c
Failopio j de Léonhard 8oral , difciple dé ce dernier/
& qui eut l’adrefie blâmable de s’ attribuer
la découverte du trou ovale, auquel plufieurs écrivains
trop complaifans ou ignorans donnèrent fon
nom au lieu de'celui de Galien qui l’avoit déjà
décrit j de Félix Plater, qui publia un traité re?
marquable par Uexadritude des deferiptions j de
Gafpard Bauhin , de l’école de Montpellier, qui
perfedtionna la nomenclature d’une manière étonnante
; de Salomon Alberti, de Nuremberg, qui
s’attacha àT anatomie comparée, & fut le premier
des anatomiftes allemands que nous trouvions à
citer j de l ’infortunéUlyfle Aldrovandi, qui con-
facra toute fa fortune à l’ hiftoire naturelle qui
diflgqua un grand nombre d’ animaux. Nous nè
faurions non plus prononcer avec indifférence les
noms de Jérome Fabrixio d’Aquapendente., djgne
fucceifeur de Failopio ; d’Archangelp Piccol.Kun-
mini , qui diftingu* le tilfu cellulaire de la grailfe
mieux qu’on ne l’avoit fait ayant lui 5 de Simon
Piètre, médecin de Paris, qui fît des recherches-
utiles fur j g canal artériel 5 de Simon Etienne ,
autre médecin de la même v ille , qui décrivit l’o-
leille interne ; de Volcher Coyter, de Groënin-
gen., qui a laiffe d’excellentes obfervatipns 5 d’André
pu!aurons, d’Arles, & chancelier de l’univer-
Fté de Montpellier, quoique fon livre foit à là
vérité peu eftimable fous tout autre rapport que
fous celui de l’érudition ; de Séverin Pineau , .auteur
de recherches laborieufes fur les organes de.
la génération y de notre vénérable Ambrpife Raré^
chirurgien de trois de nos rois , lequel fit ferviti
l ’anatomie aux progrès de la chirurgie & s’ illuftrà
tellement dans,cette dernière fcience, que les princes
& Les généraux fe le difputoient;à la guerre >
d’And. f-aguna, de J. Va'lverda , de Haniufco '
q u i, quoique compilateurs, furent, aveç-L. Col-
la d o , en Efpagne, tirer l'anatomie; de fon berceau
> de J. Pofthius x de Gerfmersheim , dans le
Palatinat, difciple de R,o.nd§let & de Joubert*,
qui fit quelques additions au traité de R. Colombo
j de Guide) Guidi, qui donna un manuel da-
patpmie , dans le genre de l’ouvrage de Félix
Flater, & qui eft fi connu parmi nous aujourd'hui
fous, le nom latin de Vidus Vidius ; 8c ç.
Le dix-feptième fièçie eft intimement iié au fei-j
zièmcv, fousle rapport de l’hiftoice de l’anatomie j
l’un paioît en quelque forte enfanté par 1’autre.y
quoique moins. ric-fie que le premier, par le nombre
âes;déçouvertes, le dernier l’emporte fur lui
par la; grande influence qu’ont eue deux de celles
qu’ il a;yu paître.
Nous placerons au rang des hommes recommandables
, dans, ce fiècie aufïi mémorable: que révéré
, Julio Calferio, de Plaifance, & Jean Schenck,
de Graffenberg ; le premier, difciple digne, d’un
maître tel que Jérqme Fabrizio d'A-quapendente,
& auteur de plufïeurs ouvrages eftimés ; le fe-
con d , fondateur de l’anatomie pathologique, par
le foin avec, lequel il ramalfa le premier un grand
nombre de faits fur cette fcience. Nous ferons
également mention de J. Jeffinsky, auquel on doit
des obfervatipns fur les organes de la parole ; de
Franc. Piazoni, qui publia des remarques impon-
tante,s_ fur 1 état des organes de la femme durant
la geftation j de Grég. Horft , qui s’occupa des
administrations anatomiques i d’ Adrien Spieghel,
qui^ marcha honorablement fur les traces de for!
maître Càfferip, & qui écrivit une bonne dëfcrip-
tion du foie j du . mathématicien J. Kepler, de
j :W ie l, mort en r é jo , qui étudia avec foin la tex-
ture dti cryftallin j du jéluite Chriftophe Schéiner,
qui démontra jufqù’i. l’évidence les ufagës de la
fétine & la manière dont le neuf optique pénètre
dans le globe de l’oeil i de.Fortuné Lieeti , qui a
traité des fondions , du diaphragme , & c . , &c.
Mais parmi tant d hommes de mérite, comment
pe pas diftinguer le français Jean Riolan, que t jus
u j ^ dj?ci-ns & anatomilles du temps craignoient
& deteitoient maigre fonerü jition , & qili k ,en
B B M jm dans des thefes , foutenif publiquement
l’autorité de Galien contre les-modernes ?
S il a terni fa gloire par l’acharnement avecJëquel
il a, pourluivi fes plus illuftres,contemporains-, on
Lui doit cependant (Lavoir infifté pliis que tout au-
tfCrfur. l’utilité Tde l ’anatomie dans la méd. cine
théorique & pratique q. 8c d’avoir enfeigné cette
fcience avec éclat.. Il a même fait plufïeurs découvertes,
entr autresîcèlle de la cloifon du fero-
tum j mais.il a.perfécuté de fes critiques mordan-
çejoe^x de fes-cemtemporains qui en faifoient en
meme temps que lui* Nicolas Habicot fut fou vent,
malgré:jfqn mérite, en butte à fes traits fitiiiques,
&r.l anglais ouillaume Harvey, qui a rempli l’Europe
de fon.nom , n’a pu fe fouilraire à fon envie,
Riolan n’a pointeu l'adrefle de fentir que la grande
.découverte.du médecin du roi d’Angleterre de- :
voit avoir une immenfe influence fur la fcience &
etitoaiiier une; révolution.à fa fuite. :
. G’eft- à . p eu p r es -, en. effet, vers le temps où
Riolan floriffoit, à l’épo.que où Gafpard Bartholin
enfeignqit à' Copenhague l’ anatomie avec diflinc- i
tion,, où P. Paaw la démontroit à Leyde avec
un zèle rare, où Helkias Crooke la naturalifoit
en Angleterre , où Gafpard Azelli.apercev'it les
vaifleaux chylifères & leurs ganglions , que G. •
Harvey, .s’immortalifoit & acquéroit une ré pu ta- '
tion bien fapérieure à cèlle de fon üluftre maître
J. Fabrizio d’ Aquapendente, dont i! avoir fuivi
les leçons depuis 15:98 jufqu’en rériz.
C ’eft à lui en effet, c’eft aux fecours dé tous jj
genres que lui procura le monarque fon protecteur
, que nous devons la découverte de la cir^
culation du fang dans les gros vaifîéaux, déeou- j
verte à laquelle , lors de fon origine, en 1619,
on fit d’abord peu d’attention, mais qui efteepen- j dant la plus baillante & U plus importante quon
ait jamais faite dans l’anatomie , & dont tout le
mérite “appartient à Harvey, quoiqu’elle ait été
preffèntie réellement avant lui par Miguel Servet
& par André Cefalpini 5 quoique même , au rapport
de Van der Linden, l’apothicaire de Londres,
Hériot., en ait fuggéré la première idée à fon
Auteur.
Quoi qu’ il en foit, l’importance de l ’ ouvrage de
Harvey, écrit dans un ton modefte & libre, plein
de principes tout-à-fait nouveaux & complètement
oppofés aux préjugés dominans, où les faits
& la logique fe prêtent un mutuel appui, dut
caufer une fermentation générale & faire trouver
à fon auteur une foule de contradicteurs. Mais
Harvey triompha de tous fes antagoniftes, même
du plus violent & du plus célèbre d’entr’eu x , de
ce Riolan que nous avons déjà fîgnalé. Il eut
la fatisfaétion, refiifée à tant de favans , de
Afoir fes opinions prefqu’univerfellement adoptées
4e fon vivant Peu de livres ont joui,, dès leur
apparition même, de la faveur générale &: méritée
4Ïvtc laquelle on accueillit le fien- La poflérité a
commencé pour lui du vivant même de fon au-
^ y lorfqu après le plus beau triomphe que;
puifie defirer le fondateur d’un nouveau fyf-
teme , lorfqu’apres avoir eu le bonheur de furvi-
vïe à fa victoire., Harvey fe vit comblé de jufies-
ejoges, il offrit une preuve des plus rares que
ceux-ci ne font point toujours un de ces par-
•fùms q u e . les contemporains favent ordinairement
fi bien tenir en réferve afin d’en embaumer
les morts.
g Mais que de combats il fallut foutenir avant
d en arriver à ce point ! Outre Riolan, le feul que
Harvey ait jugé digne d’une réfutation , outré fes
fpibles advérfiiires qui s’appuyoient fur la feule autorité
de Qalien & d’ Avicennes, outre:les envieux
qui s oublièrent, comme cela peut encore
Arriver dë nos jours, jufqu’au point d’employer
ae miférables jeux de,mots & desplaifanteries fanfs
elpr it, on vit une multitude de champions bien1
entrer alors en lic e , & parmi eux il nous
fliffira de citer les principaux : Jacques Primerofe,
q j Saint-Jean-d’Angely en Saintonge 3 Emile Pa-
ripmo, médecin praticien à Venife j Gafpard Hoffmann
, profefTeur à A lto r fy Jean Wefling, de
Minden en Weftphalie & profelfeur à Padoue y
Pierre Gaffendi , philofophe célèbre ; oiaiis
. ^ o rm s , profefleur à Copenhague 5 ftre.
® autreA cot$./ le philolriphé. Dëfcartës î
TOSf® f ° n -g°ât pour lés hypcthèfes ,. éiTibraffa j l
wrenfe de Harvey , la conduite qu’il tint en
cette occafïon -lui meriteroit la pla'cê qu'e nous lui
accordons ici, quand bien même il ri’auroit pas
cherche, a l’exemple des Anciens, des do cil mens
für r intellect dans la firuériire de l'encéphalê. Wër-
ner Rolfink, le plus habjlë anaforr.ifle dë fo;n temps
eii Alleniagne, fut aufïi un des premiers partifans
m ncuveau fyfième pfofèlfa la dottriile S i
la circulation à l’école d’ Iéna , à laquelle il étoit
attaché.
Cependant jufqu’en 1640 , la théorie de la cir-
! culation ne reçut point d'autres développemens
que ceux qui lui furent donnés par l'anatomille
anglais î miis , cette même année , fous la préfi-
dençe de J. Wallæus, de Koudekérke , Roger
Drake foutint une thèfe dans laquelle il défendit
& perfectionna la dôétrine dont il s’agit, ce oui
fut fait àulfi & en mène temps par Henri Leroi’,
connu fous le nom de Régi us y qui fur depuis
profelfeur à Utrecht, & qui, comme Drake, fut
attaqué par Primerofe avec une violence par laquelle
celui-ci a lui-même à jamais flétri fa mémoire.
A la même époque encore, Hermann Conrir.g,
profelfeur à Helmftaëdt, adopta les idées de Har-
vey , & publia en 1641 huit differta rions fa vante s
fur cette matière, qui reçut enfuite de nouveaux
dévëloppemens-, en 1649 & en 16^1 , de la part
de Jacques de Back , médecin d'Amfterdam ; de
Lazare iliviere y* profelfeur à Montpellier j de
Paul Marquard S lé v e l, premier médecin à Hambourg
; de Georges Eut, médecin de Londres j
du Romain J. Tru’li. Enfin , en 1 Oy 1 , Plempius,
de Louvain , ennemi déclaré de la doctrine har-
veyenne , céda^ à l’ afeendant. de la vérité &r palTa
de fort plein gré & publiquement au nombre des
defenfeurs des nouveaux principes, &r entraîna
, ,avec lui tous les adverfaires de la circulation, &
meme J. Nardi de Montepulciano'. C ’eft peu de
; temps après qu’arriva la mort de Harvey, lequel
alailfe un nom que la poftérité reconnoififante place
honorablemept dans l’hiftoire de l’anatomiè , à
jco te de ceux d’Ariftote , de Véfale & de Haller.
La meme année qui vit périr Harvey , l’ année
i 6j7> fut aûfli celle o ù , fur la propofition de
Chnltophe Wre.n, fondateur de la Société des
.Sciences de Londres , on entreprit une oDération
'qui confirma irrévocablement la d oa r in ëd e îac ir -
culâtion ,,&qui fu t, durant quelque temps , confï-
deree comme un moyen.infaillible pour guérir Les
maladies. Je veux parler de L’infufion des médica-
mens dans les veines & de la transfufion du fan®-,
d un animal dans , un autre. Ces deux Opérations
lurent d abord reçues avec en thon fia lme , mais la
leconde ne tarda point à être abandonnée, vu le
nombre des accidens auxquels :elle donna lieu,,
maigre les fuccès obtenus fur des chiens par.Ri-
cfiard Lo\v/_er, d’Oxford 3. malgré l’ approbation
.de la Société royale de Londres (1) $ malgré les-
expériences favorables de J. B. Denys , profelfeur
de philoiophie & de mathématiques à Paris af-
;ftftë chirurgien Emmerezs malgré celles d’Ed-
de Guillaume Riva . chirurgien à
p l t f l I I Paojb Manfrédi, profelfeur dans la
uiî^m.e ville j de;Schmidt, dé Dantzick } de 8a1-
(l) 'Philofopk TrahjaÛ. , yof: III- P. 232.