
Galien avoit déjà remarqué que lors même que
les narines étoient remplies d'une fubftance odorante
, la fenlation n’avoit lieu que lorfqu’on faifoit
une profonde infpiration > fa it, dont il tire une
faufle conclufion en le faifant fervir de preuve à
fon idée fur le liège de l’olfaétion dans les ventricules
antérieurs du cerveau.
Il faut que 1’ exhalation du mucus foit maintenue
dans des limites exactes pour que la perception
ait lieu. C e mucus forme , en effet , fur lès
nerfs, qui font prefqu’ à nu, une couche bien
propre à les défendre du contaél trop immédiat
de l’air ou des corps odorans. Aufli dans le commencement
du coryza , nous devenons infenfibles
fous ce rapport. La refpiration fouvent réitérée
<1 un air très-diffolvant pendant l’hiver, à la fuite
d une courfe rapide , en épuifant la fource de ce
liquide, nous prouve aufli fon utilité. Mais fi la
fécrétion devient trop abondante, alors il exifte
un obfiacle phyfique à l’aétion des odeurs , 8c c’eft
ce qui arrive dans la dernière période du coryza,
& dans quelques autres cirçoimances. Aufli, dans
l’état ordinaire, fi une trop grande quantité de
fluide obftrue les voies olfactives, nous nous en
débarralfons en nous mouchant, 8c alors la fen-
fation eft rendue beaucoûp plus nette. L’éternuement
femble fouvent aufli avoir le même but.
Ce mucus paroît encore deftiné à retenir, à fixer
les molécules odorantes, peut-être même à fe
combiner avec elles. Les anatomiftes favent avec
quelle opiniâtreté on eft pouriuivi par l’odeur des
cadavres en putréfaction, lors même qu’on eft
déjà loin de l’atmofphère chargée de leurs éma
nations ; certe odeur femble incrufiée, qu’on me
paffe cette expreflion, dans la membrane pituitaire j
elle-même. Schneider rapporte un exemple remar* ;
quable de la perfévérance avec laquelle les odeurs
s’attachent aux organes de certains individus. C ’eft
celui d’un marchand, qui, vingt jours après s’être
éloigné d’ un malade dont les exh a] ai Ions étoient
très fétides, fe trouvoit encore tourmenté par la
puanteur horrible dans l'atmolphère de laquelle il
avoit refpiré. Au refte, obfervons cependant que
les odeurs comme les faveurs, dont l’aétion eft
chimique, ne laiflent à leur fuite qu’ une bien foi-
b!e impreflion, & que les fons & les couleurs ont
un fouvenir bien plus durable : l'action de ceux-ci
eft phyfique.
L’air chargé des émanations des corps odorans
eft porté naturellement vers les fofles nafales par
l’effet de l’inTpiration, & plus cette infpiration eft
forte & profonde, plus il paffe d’air par le nez,
& pi us la fenfation eft profonde. Aufli, quand
une odeur nous plaît, nous failons des infpirations
courtes & fréquentes, en même temps que nous
fermcns la bouche, afin que tout l'air qui entre
dans la poitrine traverfe les narines ; & pour lui
offrir une voie plus facile, nous faifons agir les
mufcles dilatateurs des ailes du nez. Au contraire.
voulons-nous éviter une odeur défagréabie, non
fermons le nez 8c nous ouvrons la bouche. * S
Cependant la volonté peut diriger le fens de ]’0.
dorât comme elle dirige la vue 8c l’ouïe. Il y a unêi
olfattion attivc, comme il y a une aufcultation&w^
intuition. Nous pouvons rendre la perception
exaéte, & le mot exprime cette adion. Mais'
remarquons qu’ici la volonté agit fur les organes
de la refpiration, & non pas fut.ceux de la fenfa-
tion, qui d’ailleurs, le plus généralement, eil Ü|
volontaire j car il ne dépend point de nous de la
faire naître : c’eft ainfi que les inftrumens des for-
ges de Vulcain agifloient d’ eux-mêmes, & n’a-
voient pas befoin que la main de l’ouvrier leuf
imprimât le mouvement.
# D’après cette théorie du mécanifme de l’olfaction
, il n’ eft point étonnant que dans l’enfance' de l’art, Ariftote ait penfé que des opercules} des
efpèces de valvules fe foulevaffént fur le paffage1 des molécules odorantes pour leur permettre dV
river au fiége de la fenfation." i Mais cette fuppofi. tion étoit pourtant purement gratuite de fa parti] car, comme l’obferve Galien, ce père de la Philo-
fophie n’appuie fon opinion d'aucun fait, & n’in-j
dique pas même en quel lieu fe trouvent placés ces] voiles mobiles, qu'il compare aux paupières. ]
Au refte, le nez, plus ou moins rétréci & garni,1
comme nous l’avons déjà dit, de poils aux ouver-i tures qu’il préfente à l’air, accélère par la pfe|
mière difpofition, la viteffe de ce fluide, en même]temps que , par la fecor.de, il ramife en quelque^ forte celui-ci, en défendant les fofles nafales, IM rière-bouche & les organes de la refpiration contre!
l ’introduélion d’une partie des corpufcules légersj qui flottent dans l’atmofphère. Voye\ Nez.
Dans le fomrheil, la fenfation de l’odorat,]
quoique moins complètement annihilée que celles]
de la vue 8c de l’ou ïe , ne s’exerce cependant point.]
Elle eft aufli très-engourdie chez lès fomnambuksl
q u i, en général, ne peuvent ou ne favent point]
adorer. Un d'entr’eux auquel on fit refpirer de]
l’ammoniaque, fe plaignit d’une odeur de foufre]
que, dit i l , on faifoit brûler pour l ’empoifonner.l
Darwin parle, au refte, d’un cataleptique qui
flairoit une tubéreufe : mais il y a loiif'd'un cataleptique
à un fomnambule.
Quelques auteurs ont penfé que la fenfation
avoit lieu pendant l’expiration. L'ouverture delà
trachée-artère faite par Lover, l’homme dont parle
de Lahire fils, la préfence de polypes ou de cotpSj
étratigers dans le nez, tous faits que nous avonf
déjà cités, font autant de preuves du contraire,1
comme l'a d'ailleurs fort bien déiriontré G. Bar-I
tholin le jeune, dans un mémoire fur le véritable]
organe de l'odorat, inféré dans les Aftes de C(r\
penkague.
Une fois parvenues dans les fofles nafales, te]
molécules odorantes s’ y répandent 8c en remplit
lent toute l’étendue, avec d'autant plus de facilita]
qu’elles ont traverfé une ouverture plus étroite
y entrer dans une cavité plus fpacieufe ; cir-
onfiance qui, félon tontes les lois de Thydrody-
■amiqué , doit ralentir leur mouvement & les
nïintenir plus long-temps en contaél avec la mem-
irane pituitaire. Alors elles fe combinent avec le
|1CUS dont les propriétés phyfiquès paroiflent
elles, qu’il a une plus grande affinité avec les mo-
écules odorantes qu’avec l’air : il les fépave donc
le ce fluide 8c les arrête fur la membrane, où elles
ioilfent fur les nerfs olfaétifs, qui tranfmettent au
erve3U l'impreflioti qu’ ils en reçoivent, fans,,
ni’elles-mêmes parviennent jufqu’à lu i, comme
e prétendoient les Anciens,
f Des expériences bien curieufes , 8e des réfultats
lefquels M. le profefleur Dupuytren a eu la bonté
le me faire part, femblent prouver que les fenfa-
ions du goût 8e de l’odorat peuvent avoir leur
ource dans l’ intérieur même des organes fans
:aufe extérieure. Ce célèbre chirurgien ayant in- édé du lait dans les veines d’ un chien , a vu cet
inimal exercer les mouvemens qu’il auroit exécu-
p fi le fluide favoureux eût été en contaét avec
a langue j un liquide odorant, injeété de la même
nanière, a pro.iuic un effet encore plus remarquable,
le chien ouvroit les nafeaux, élevoit la
iête & fe promenoir, comme pour chercher au
lehors de lui la fource de l’odeur qu’il reffentoit.
ioLFACTOIRE, ad j., olfaciorius. Voyez O l-
MCTIF. -
OLIVAIRE, ad j., olivaris. Voyez C orps oli-
( A 1RES.
rOMASUM. Par ce m o t, emprunté à la langue
itine, on déiïgne le troifième eftomac des ani-
aaux ruminans.
rOMBILIC ,,.f. m. 3 umbilicus. On donne ce nom.
[une cicatrice arrondie qui eft placée vers le mi-
eude la ligné médiane de l’ abdomen. Cette cî-
atrice remplace une ouverture qui, dans le foetus,
onne partagé à l’ouraque 8e aux parties qui confiaient
le cordon ombilical. Elle eft d’autant plus
•rofonde & plus marquée qu’on eft avancé èn âge. j
f* comme elle adhère fortement aux tégumens,
Ile paroît très-enfoncée chez les per tonnes graflès.
pn contour épais 8c très-dur eft irrégulièrement,
[uadrilatère, 8e formé de quatre plans de fibres
u' s’entre-croifent par leurs extrémités. C ’eft à
eue cicatrice que viennent fe réunir, du côté de
(abdomen, les cordons fibreux qui réfulcènt de la
inftion des artères ombilicales, de la veine om-
plicale & de 1’ a que, atrophiés & oblitérés,
i On appelle auffi ombilic la partie moyenne de
F région ombilicale.
I OMBILICAL, AhE, ad j., umbiUcaiisqui a
Ppport ou qui appartient à l’ombilic.
|0e mot eit d’ un emploi fréquent.
1°. A nneau ombilical. Voye{ O mbilic.
1°. AnTERES ombilicales , a rte ri a umbilicales.
Au nombre de deux, ces artères femblent, chez
le foetus , être la continuation des artères iliaques
primitives j elles partent fur les parties latérales
de la veflie, remontent derrière la paroi antérieure
de l’abdomen en fe rapprochant l’une de l ’autre >
franchifîent l ’ombilic, partent dans le cordon en
entourant la veine ombilicale de leurs nombreufes
flexuofités, & fe diftribuent enfin dans le placenta
par une foule de branches 8c de ramifications. Ces
artères reportent au placenta le fang que le foetus
a reçu de cet organe par la veine ombilicale.
Après la naiflance, le fang cefle de pafler par les
artères ombilicales qui fe reflerrent, s’oblitèrent
8c fe changent en deux cordons ligamenteux.
3°. C ordon ombilical. Voyej C ordon ombilic
al ( i ) ;.
4°.. O u ver tu r e ombilicale. Voyeç O m b il ic.
R égion ombilicale. On nomme ainfi la
région moyenne de l ’abdomen fur laquelle fe
trouve placé l’ ombilic. Les côtés de cette région
font appelés les fanes. Voyez A bdomen.
On trouve dans la région ombilicale le grand épiploon,
l’ extfëmité inférieure du duodénum, le jéjunum
, la plus grandeparrie du méfentère, l’aorte,
la veine cave, les troncs des artères & des veines
rénales, l’origine des artères fpermatiques, 8cc.
6°, V aisseaux ombilicaux. On donne collectivement
ce nom aux artères 8c à la veine ombilicale
réunies.
7 ° . V eine ombilicale , venu umbiUcaiis. Elle
naît de la fubftance du placenta par une foule de
racines qui fe réunifient fucceflivement pour la
former, bon calibre eft confidérabîe, fes parois
font molles, extenfibies i elle remonte, légèrement
flexueufe, dans le cordon ombilical, entourée par
les artères du même nom, pénètre par l’ombilic
dans l'abdomen, fe dirige vers la face inférieure
du fo ie , s'introduit dans ie filion antéro-poftérieur
de cet organe , s'unit à la branche gauche de la
veine porte hépatique, Sz fe continue par le canal
veineux jufqn’ à la veine cave inférieure. A la nail-
fance, cette veine éprouve les mêmes changen
t ns que les artères ombilicales j elle s’ oblitère
& fe transforme en un cordon fibro-celluleux qui
foutient la grande faux du péritoine. Voyeç A bdomen
8e Pla cen ta .
8 ° . V ésicule ombilicale. Voye[ ( E u e .
OMBILICO-MÉSENTÉRIQUE. Voye^ Oai-
phalo-mésentérique.
OMENTUM. Ce mot latin eft quelquefois etn-
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