
de l'ouverture antérieure des foffes nafales qu’il
recouvre & qu’il protège comme une forte de
voûte ; il occupe par conféquent la partie moyenne
& fupérieure ae la face, entre le front .& la lèvre
fupérieure, les orbites & les joues.
Ses faces latérales font féparées de celles-ci par
un fillon demi-circulaire, & forment, par leur
réunion, une efpèce de ligne arrondie > plus ou
moins droite, plus ou moins oblique d'arrière en
avant, plus ou moins faillante , & plus ou moins
longue , qu’on appelle le Dos du ne\ ( dorfum nafi ,
fpina nafi). Cette ligne fe termine par une portion
faillante qu’on nomme Ton lobe, & au-deftbus de
laquelle font deux ouverturés féparées par une
cloifon qui fe continue avec, celle des folles .nafales
; elles regardent en bas, & le plus communément
en avant & un peu en dehors ; leur forme
eft ovale, & elles font toujours béantes 5 leurs
côtés externes condiment les Ailes du ne%, &
leur cloifon fe perd dans la lèvre fupérieure , en
formant une petite gouttière à fa partie moyenne.
On les nomme Narines ou Narines antérieures.
La direction la plus confiante du nez eft celle
de la ligne médiane du corps 5 cependant il n’eft
point du tout rare de voir des individus chez lef-
quels il eft plus ou moins dévié à droite ou à gauche
, foit que cette efpèce de difformité dépende
des o s , ou feulement des parties molles ; dans
ce dernier cas, comme le remarque Bichat, la
voûte offeufe conferve fa rectitude naturelle, mais
il y a un angle rentrant à la réunion des parties
fupérieure & moyenne du nez. Au refte, la direction
de cet organe peut être changée par l’influence
d’un grand nombre de caufes i les vices de conformation
avant la naiffance, la prefiion qui peut avoir
lieu pendant un accouchement difficile, la fra&ure
des o s, &'c., doivent être regardés comme étant
de ce nombre. M. Béclard, profeffeur d’anatomie
à la Faculté de médecine de Paris, & qui m’honore
de fon amitié, m’a affuré avoir remarqué que chez
les perfonnes qui fe mouchent de la main gauche y
le nez eft incliné de ce côté, pendant qü'ordinai-
rement le contraire a lieu. Quelquefois la cloifon
eft tellement déjetée qu’on eft entièrement défiguré
} cela peut dépendre d’une chute, comme
Qüelmaîtz le rapporte d'un homme qui, dans fon
enfance, étoit tombé fur l’angle d’une pierre , &
qui ne pouvoit plus refpirer par les narines.
La forme du nez varie beaucoup , foit que .ces
variétés tiennent à fon enfemble, indépendamment
de fes proportions par lefquelles il eft grand
ou petit, ou à quelques-unes de fes parties feulement.
On peut rapporter celles de la première
efpèce à trois claffcs différentes :
i \ Le üfëf aquilin, qui eft alongé, un peu pointu
& incliné en bas : c'en la forte de nez que nous
retrouvons le plus communément dans la race humaine
caucafique ou arabe - européenne, c’eft-
à-dire, en France, en Allemagne, en Angleterre,
en Suède, en Efpagne, en Barbarie, en Syrie, J Grèce & même en Abyflinie.
2°. LeNeç camardou camus, ou encore
qui eft fort écrafé vers fa racine, & large à fa bafel
& a fes ouvertures tournées plus ou moins en devant
: c’eft celui qu’on obferve chez les individuel
de la race nègre , & chez ceux des régions -hyper,
boréennes, c’eft-à-dire, parmi les habitans delà
Laponie N des côtes feptentrionales de laTartarie
les Zembliens, les Borandiens, les Samoièdes, Ü
Groenlandais, les Eskimaux, les Kamtfchatka-
le s , ceux du nord de Terre-Neuve. Les Kal-
mouks des bords de la mer Cafpienne ont le vifage
fi plat, fuivant Tavernier, que d’un oeil à l’autre
il y a l’efpace de cinq ou fix doigts, & le peu qu’ils
ont de nez eft tellement déprimé, qu’on n’y.voit
que deux trous au lieu de narines. Telle étoit en
particulier cette femme du grand Cham Jenghis,
qui paffoit pour la beauté la plus remarquable de
la Tartarie , lorfque faint Louis envoya Rubriquis
à la cour de ce prince qu’il vouloit convertirait
religion chrétienné.
$°. Le Ne{ retroujfé, dans lequel le lobe fe relève
& eft plus ou moins pointu. On le retrouve affez
fréquemment en Europe ; mais il appartient fur-
tout aux Malais, aux Thibétains , aux habitans de]
plufieurs provinces de la Chine, &c.
« Au refte, la forme du nez & fa pofition plus
» avancée que celle de toutes les autres parties de
» la face, font particulières à l’efpèce humaine,dit
» Bu tfon, car la plupart des animaux ont des narines
» ou nafeaux, avec la cloifon qui les fépare ; mais
» dans aucun, le nez ne fait un trait élevé & avancé;
« les finges mêmes n’ont, pour ainfi dire, que des
» narines ;ou du moins leur nez, qui eft pofé comme
» celui de l’homme, eft fi plat & fi court, qu’on
» ne doit pas le regarder comme une partie fem-
» hlable » , à ^exception néanmoins 4 une eH
pèce de guenon de la Cochinchine (Simia na[ica\\
dont le nez eft beaucoup plus long que le nôtre.
Cependant, dans la baudroye , Batrackus piftato-l
rius (K lein) , poiffon de la famille des ChifmoA
nés ( Duméril) , les narines font au-deffus delai
tête une faillie marquée & ont la forme d’un verre!
à pâte ; mais l’ufage qu’elles, font deftinées à rem«
plir les fait totalement différer de celles de l’homme
, quand leur apparence ne feroit point auui
finguliere qu’elle l'ëlt. Or, la pofition du nez, h
direction des narines, font des preuves à joindre
à celles qu’ on a déjà, d’ailleurs, de la deftination
de l’homme à une ltation bipède.
Chez l'hôrfime, ce n’eft pas feulement dans fa
forme générale que le nèz offre des variétés ; on en
rencontre dans chacune des parties qui le compo*
fent ; ainfi les ouvertures des narines, qui ne font
quelquefois qu'une efpèce de fente étroite, font
fouvent d’une largeur confidérâblef Dans ce fécond
cas elles font appeler le nez évafé. La direction dfi
ces ouvertures n'eft pas moins variable : quelqü^
fois parfaitement horizontales, elles affrètent | p
. ciuelques perfonnes une obliquité plus ou
linsarande. Leur degré d’inclinaifon influe beau-
f ° ft,r la beauté ou fur la laideur du nez. La
|°r de cet organe , qui eft ordinairement à peu
horizontale, peut devenir oblique en avant
F haut * elle peut aufli s’incliner en bas ; quel-
léfois le lobe eft très-pointu, ce qui, joint àl’étroi-
■ lf les narines, conftitue le ne% ‘Æ M & , dans
' atres cas, il préfente, dans fon milieu une rai-
lefaufible. Ordinairement encore, les ailes & la
■ ifon du nez font au même niveau ; mais il ar-
« chez quelques individus, que l'aile eft plus
Ilevée & la cloiion plus baffe, en forte qu’on voit
Iro ître celle-ci, qui fe diftingue très-bien par fa
|ou!eur rouge : rarement la cloifon eft plus élevée
lue les ailes.
iLa partie moyenne du nez varie auiii beau-
Kjnp, mais furtout#fous les rapports de la direc-
|on & de la largeur. 1 a direttion la plus régulière
fft celle où la ligne faillante qui forme le dos du
liez, feporte, fans fubir aucune inflexion, depuis
le front jufqu’au lobe * mais bien fouvent une
lllie plus ou moins prononcée .interrompt cette
llitude; qui ne préfente que fort rarement une
■ reflion. On fait aufli que les peintrés & les
aaires, lorfqu’ils veulent repréfenter des dieux
des héros, placent le dos du nez & le front
fans une feule & même ligne droite, très-peu
inclinée en avant, & , pour ainfi dire , verticale,
l i a partie fupérieure du nez. eft la moins variable
de toutes , en r.aifon de fa ftruêhire offeufe ;
«pendant cette portion de la voûte des foffes
natales peut offrir plus ou moins de largeur; elle
peut varier aufli dans - fon mode d’articulation
wec l’oscoronal, & former avec lui un angle plus
m moins rentrant, ou fe continuer dans la même
Erection ; ce qui dépend le plus communément
|ela faillie plus ou moins prononcée que fait la
ime nafale.
| 0 toutes ces efpèces de variétés, le nez
|ffre aufli fréquemment des vices de conforrtaation,
des difformités remarquables. Luditin humanis
hina Potencia nbus, & cela eft très-vrai à l'égard
du nez. Cet organe peut même manquer
paiement, ainfi qu’Olaüs Borrich a eu occafion
fo l’oblèrver. En 1 yy6 , il naquit à Bâle un enfaut
font le nez étoit tellement fendu & écarté, qu’ on
Nvoit apercevoir le cerveau. P. Borel dit que
Jans une ville de Normandie , il exiftoit de fon
Jpps un charpentier qui avoit un double nez ; jj
“ùis il ne donne aucun autre détail à ce fujet.
|ïfouel Ledel rapporte la même chofe d’un enfant
®0rt-né qu’il a eu occafion d’obferver, & Thomas
Bartholin parle d’Une tumeur, qui, développée à I
Racine de l’organe, fembioit, chez un certain :
ndividu, fimuler un fécond nez au-deflus du
Minier.
„ h n’eft point rare non plus de voir des perfonnes
F * lefquelles le nez eft incliné plus ou moins
p'fcftement à droite ou à gauche y mais plus
communément dans le premier fens- Cette inclî-
naifon vicieufe eft en général l’effet d’ une conformation
primitive ; mais on prétend qu’elle peut
être augmentée par l’habitude de fe moucher d'une
main plutôt que de l’autre. Aufli voit-on quelquefois
chez les gauchers ,• dit M. Boyer, le nez fe
porter à gauche. Lorfque cette difformité eft extrême
, elle offre une. incommodité très-gênante
qui défigure & qui nuit à l’olfaétion & à la refpi-
ration.
Dans certaines familles, le nez devient, pour
ainfi dire, un caractère diflinétif; il fe préfente
avec la même forme chez* tous les-individus qui
en font partie. Il n’y a perfonne qui ne connoilfe
le nez de faint Charles Borromé ; on afflue que
tous fes parens l’avoient conformé comme lui.
Le nez eft la partie la plus avancée comme la
la plus apparente du vifage ; mais comme il n’a
que très-peu de mobilité, & qu'il n’en prend
ordinairement que dans les plus fortes paflions ,
il fait beaucoup plus à la beauté qu’à la phyfio-
nomie ; & , à moins qu’il né foit fort difpropor-
tionné ou très-difforme, on ne le remarque pas
autant que les autres parties qui ont du mouvement,
comme la bouche ou les yeux. Cependant
il e ft, nous le répétons, le trait fe plus Taillant du
vifage ; par fa forme élancée, il en fait le caractère
le plus diftindt ; il eft le point fixe autour duquel
s’affemblent & fe compofent toutes les autres
parties de la face ; il en eft en quelque forte
le régulateur, l’organe le plus én évidence ,
pour ainfi dire le promontoire, comme l’appeioit-
Jean Maurice Hoffmann. Dans prefque tous les
temps, les peintres & les fculpteurs ont fixé au
nez des proportions déterminées , dont il ne peut
s’écarter fans s’éloigner plus^ou moins de fon type
de beauté : prefque tous fe font accordés à lui
donner un tiers de la hauteur du vifage-, ou, ce
qui revient au même, un quart de la hauteur to tale
de la tête , prife depuis le niveau du menton
jufqu’au vertex , comme le recommande un de
nos plus anciens & de nos meilleurs artiftes français,
Jean Coufîn. Quelques deffînateurs même ont
déterminé , d'après lui, toutes les proportions de
leurs figures. On (ait, dit Bichat, que l’idée de la
beauté ou de la laideur ne fe fépare point des
images que nous nous formons au nez ; tandis
que cet organe eft étranger à l’idée d’une figure
fpirituelle, vive, enjouée, & c ., idée que, nous
rallions fui tout à l’oeil. Si le nez n’a point de
juftes proportions , ne cherchons point ailleurs ce
qui nous tait trouver un vifage commun & ignc»
ble. Au refte , ic i, comme dans une foule d’autres
chofes, tout eft relatif à la manière de concevoir
le beau ou lè laid. Le prix que certains peuples
mettent aux nez aquilms n’eft qu’une forte de
convention dans le goût : auffi plufieurs nations recherchent
elles l’urtout les nez à forme épatée.
. . . . Trahit fua qutmqut voluptas.