M. le pvofcffeur Rieherand a Vu des injeftions
odorantes faites dans l'antre d'Hyghmor, par une
fi [fuie du bord alvéolaire , ne produire aucune
fenfotion olfactive.
'D’ailleurs, comment concevoir qu’avec une ©r-
ganif. tion & des caractères ttès-différens, la membrane
qui revêt les finus, puiffe jouir des memes
propriétés 8c fervîr aux mêmes tondions que celle
qui tapiffe le relie des cavités olfactives ?
Il me fembfë l^ e tous ces faits doivent nous
forcer à reconnoître le nerf olfaCtil & le haut des
M W m i > où il fe diftribue, comme le véritable
Irége dé l’odorat i tandis que les parties
poftérieure & inférieure de ces memes cavités ,
à in fi que les finus frontaux , maxillaires } fphénoï-
daux 6c les cellules ethmoïdales, où les nerfs ol-
fnfrifs ne parviennent pas, où la membrane pitui-
t.iire eft moins molle , plus enduite de mucus , &
animée feulement par les nerfs de la cinquième
paire 8c par ceux des ganglions, nê concourent
que foiblëment &c aeceflbirement à la fenfation,
malgré l’opinion contraire de feu Dumas, qui n a
pas affez clairement diftingué entr’elles les deux
efpèces de fenfibilité de la membrane.
Et en cela, nous ne trouvons rien que de conforme
à ce qui a lieu pour les autres fens, qui
tous reçoivent plufieurs ordres de nerfs", & cependant
ne s’exercent efièntiel-lement que par un
féal : tels font les nerfs optique pour la vifion,
acouftique pour l'audition, lingual du maxillaire
inferieur pour la guftation.
Néanmoins, les finus ne font pas dépourvus
d ufages i il eft plus que probable qu’ils gardent
en. réferve fait charge des molécules odorantes ,
& qu’ils prolongent ainfi la fenfation. Spieghel
femble porté à leur accorder cette faculté, B lu-
menbach leur attribue aufli principalement cel.e
dè fournir un liquide qui vient fans ceffe humeéter
]es trois méats, 8c qui donne a la membrane pituitaire
les conditions néeeffakes pour bien fentir
lès o de tirs. A u d i, obferve-t-il, leurs ouvertures
font tellement dilpofées, que l’une d’ elles peut
toujours en permettre l’écoulement.-Us parciffent
auifi d’ailleurs dtlHnes à donner à la voix un timbre,
particulier ; 6c l’on fait combien celle-ci varie
fuivant qu’on permet à l’air qui a fait vibrer les
bords de la glotte, de traverfer librement le nez,
ou. qu’on oppofe des obftacles à fon paffage par
cette cavité; & , fous ce rapport, ils paroînent
analogues à refpèce de foffe qui occupe le corps
de Los hyoïde dans les linges hurleurs (Cebus ferti-
eülus & C'elrus Bed\etna, Erxleben). D'ailleurs, un
nufunnement confiant accompagne ordinairement
la plupart dés léfions dè l’appareil de l'olfaCtion |
comme rènchifrenement-, lecoryza, les polypes du
n e z , b carie des os qui.entrent dans la compofi-
tion des foffes nalales, ikc. , dernière preuve de
l'influence que cet appareil a fur là voix & la
parole. Bien plus, M. Lefpag-nol femble avoir
rijouieufement prouvé que l’engaftrimifme dépend
de ce que les foffes natales, exactement ftj
mées en arrière Chez le ventriloque par l'élévJ
tion permanente du voile du palais, cefientil’exeJ
cer leur influencé accoutumée fur le fon de |J
voix , qui devient four de & affoiblre > ainfi qu’eiiJ
le ferait par l’effet d’un grand éloignement.
L es lames recourbées , connues fous le nom dé
cornets, ont aulïi des ufages qu’il eft bien facial
de leur reconnoître : elles multiplient les f.-;rfaces
pour la fécrétion du mucus 6z pour le contad des!
odeurs ; elles peuvent empêcher les infeétes & y
autres corps qui voltigent dans l’air d:e s’enfoncer
dans la cavité du nez ; elles impriment auffi des
modifications à la voix & à la parole ; elles donnent
à l’air qui doit pénétrer dans les poumons»
un certain degré de chaleur ; enfin, le cornet infel
rieur met un obftaçle, fuivant Bianchi, à ce que
les larmes s’écoulent vers lès. ailes du nez.
La membrane pituitaire elle-même ne fèrt pis
feulement à reconnoître la nature des émanations!
odorantes des corps ; fi nos fonctions font ïlolées
les unes des autres, fi elles préfentent des attriJ
buts bien Jiftinéfs & bien caraétérifés, il n’en eft
pas de même de nos organes, que la Naturedef-j
tine fouvent à plufieurs fonctions toutes différentes
les unes des autres. La membrane muqueafe delà
langue, par exemple, fèrt fimultanèment à la prr-j
cepcion des faveurs & à la réparation d*un fluide
particulier , & cette double faculté femble due à
la préfence-de nerfs émanés de fources différentes.
Il en eft abfolument de même de ta membrane qui
tapiffe les cavités olfadtives-. Outre fes ufsgescomme
organe de l’olfadtion , elle eft encore lafoiircè d'une»
exhalation 8c d'une fécrétion commue lie ; elle pofl
lède à un affez haut degré .ta fenfibilité caéïile g>|
nérale, & elle fent fort bien les corps antres qie|
l’air & les molécules: Odorantes avec lefq >els elle
fe trouve en contadt : les imp refilons de folidité J
de fluidité, de chaleur où de froid, qui agifa
habituellement fur la peau, àgiflent auifi fur ellel
Or, comme- nous le prouverons bientôt,.cette prof
priété eft manifestement le réfultat de la préfence
des filets nerveux de là cinquième paire & des g-n-j
glions dans les feffès nafàîes-.
M. Defchamps a déjà- donné une obfervati>nj
qui démontre , pour là membrane pituitaire, l’efj
pèçe d'indépendance dans laquelle fo-nt runM
l’autre la fenfibilité olfadtive & ta fenfibilité générale.
Je vais en joindre ici une a-utre du meir«|
genre, qui m’a. été communiquée par mon i>R"j
M. le docteur Brefchet. . . . '/ ''/ÎJa
Né d’un père prêfqù’entièrement privé de oj
dorât -, le fujet dé cette obfervation préfente ItiH
même l’abolition ta plus complète de ce fensj
H a remarqué que chez fon père , d’un tempem
ment robufte 6c peu nerveux , ta fenfation des
odeurs, originairement très-foible, au point
ne pouvoit point diftinguér, ên les flakant,
rofes de 1a lavande en particulier, avoitton i
nuellement diminué en proportion de Eùge, fl
L ’elle n'avoit jamais eu autant de fbjce que dans
tprincipe des coryzas* lorfque ta fécrétion d'un
LJcus aqueux commence à s’établir ; au refte
L printemps, 'cette époque de l’année qui eft une
Life d’exaltation pour les autres, & qui fournit
B l’odorat tant d’occafîons de s'exercer, fembloit
Lcore chez lui émouffer le peu qui lui en ref-
[ Quant à lui même, il a pour les fleurs une forte
l ’averfiori qui l’empêche de les flairer , & qui lui
Ifpire de l’indifférence pour les femmes qui en
font parées. «.Un profeffeur de botanique, un
L homme qui s'adonne à 1a culture des fleurs,
b dit-il dans une lettre, ne font pas pour moi
I comme les autres hommes : fans les haïr, je les
[ aime moins J tant il eft vrai. comme l’a fi bien
(prouvé. Gond il lac , que les fens font en quelque
| forte les élé.mens qui condiment notre manière
I d’être ; un de plus ou un de moins doit apporter
| en nous les plus grands changemens..... Al’égard
I du tabac, comme le raifonnement peut l'indiquer
B d'av .nçe, je ne reçois de cette fubftance que les
I inipreffions qu’elle exerce fur le tad général ; car
| ma membrane pituitaire n’eit point paraly téê, &
I même, de. deux tabacs de la même efpèce, je
Idiiinguerai très-bien le plus gros du.plus fin;
I le dernier caufera une impreflîon bien plus vive
1 que l’autre. >»
K Dans les tabacs différens il ne perçoit également
Eue les différences de volume ; 6c quoiqu’il en
Irenne habituellement » fes organes font fi irri-
ibles, qu’il éternueroit conftamment s'il n’em-
îloyoit pas quelques précautions ': mais il peut très-
lien en fufpendre l'ufage fans inconvénient.
■ Cette anefthéfiç pour les odeurs ne paroît pas
|fper fur le goût. Son jugement fur les diverfes
uveurs s'accorde affez bien avec; celui des autres-
©moutarde, mi.fe dans la bouche, agit auifi en
|iïur la membrane pituitaire.
I Us gaz les plus fetides des amphithéâtres font
|r lui fans aucun effet apparent ; mais ceux quL
|échappent des lieux d’aifance irritent quelquefois
P membrane olfadiye : tandis que , chez ta per-
ihnedont parle M. Defchamps, l'odorat fembloit
Itiplacé par une plus grande fulceptibilité du
loumon , en forte que tout air fétide produisit
rpalaife dans les organes de 1a refpir.-tion.
IBiçhat a vu un individu privé de ta faeuhe de
intir les odeurs, à la fuite de l’abus des mercu-
| an x & chez lequel néanmoins la titillation de 1a
Pmbrane pituitaire occafionnoitunfeutirnent très-
pénible.
I ba fenfibilité taétile de ta membrane pituitaire,
|Pe ces laits mettent fi bien hors de doute, qui eft
Emile par les. phyfiplogiftes aéluels > &r qui eft
IviJemment due aux filets que les nerfs trifaciaux
luvoieiit dans les foffes nafales, pré fente une
poicularité remarquable : tout autre corps que le
Ifcus, 1 air ou les molécules odorantes , ne fau-
feit la mettre en jeu fans caufer de douleur. La
membrane du pharynx qui eft continue avec e lle ,
fupporte au contraire aifément le contaél de tous
les corps qui ont traverfé 1a bouche 6c les foffes
nafales fans les irriter.
Obfervons auifi que cette fenfibilité n’eft pas
uniforme dans les divers points de ta membrane.
Une irritation légère à l’entrée des foffes nafales
détermine un chatouillement que fuit l’éternuement.
La même irritation , portée plus loin, caufe
une douleur vive Sc la fécrétion fympathique des
larmes : mais, par fa durée même, cette douleur
s’épuife 8c finit par ne plus fe faire fentir. C ’eft le
même phénomène qui1 nous eft offert lors de l'in-
troduélion d’une fonde de gomme diadique dans
le canal de l’urèthre.
La fenfibilité de ta partie poftérieure des foffe§
nafales fe confond , jufqu’ à un certain point, avec
celle du voile du palais: elle détermine, lorfqu’elle
eft excitée, ta coutraélion de l’eftomae & le vo-
miffement.
Par des expériences faites fur des chiens, M. D e f
champs s'eft affuré qu’ un ftyletmoufle, promené
fur la furfaçe des finus frontaux, y prqduifoit les
plus vives douleurs, il a obfer^Je même effet chez
un homme dont le finus frôhtaî étoit ouvert.
Dans la plupart des hémiplégies, cette fenfibilité
eft détruite du côté affeéïé. Alors les malades font
infenfibles à l'aélion des corps étrangers que l’on
met en contaéï avec leur membrane pituitaire.
Les conditions «écèffaires pour que l’olfaétion
ait lieu, font, d’une part, l’exiftence d’un fluide
gazeux qui puiffe fe charger des molécules odorantes
& les diffoudre , 6c l’abfence de tout côrps
qui, comme le chlore, poürroit les décompofer
dans leur trajet. D’ün autre cô té , il eft nécéflaire
que les organes foient dans leur intégrité ; que la
membrane pituitaire foit maintenue dans fon état
de fouplefie & d'humidité par le fluide qui fuinte
de fa furfaèe, ou qui s’écoule par le canal nafal.
Si les organes font léfés , la fenfation fe fait
trnà|jQU ne^opère pas du tout. M. le profeflèur
Béclard a remarqué que les perfonnes qui avôient
perdu le nez ne fentoient plus les odeurs, & cependant
cette partie de l’organe eft infenfible à
leur aétion ; mais elle leur fert de conducteur &
les dirige vers le point qui doit les percevoir. La
preuve en e ft , que fi on placé une canule dans les
foffes nafales de ceux qui font dans ce cas , ou
que fi on leur adapte un nez artificiel, ils recouvrent
la faculté qu’ ils avoient perdue. Les perfonnes
dont un ulcère fyphilitique ou tout autre ozène a
at aqué ta voûte des foflès nafales, font infenfibles
aux odeurs > de même que celles qui, par une caufe
quelconque, ont éprouvé une lélion organique des
nerfs olfaélifs.
Si l’affe&ion morbide , fans attaquer les nerfs,
met ©bftacle au paffage, de l’ air par les narines,
Ynnoftnie a également lieu : ainfi la préfence d'un
polype, d’une tumeur quelconque, d'un corps
étranger, qui interceptent ce paffage , la produit*
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