Quoiqu’il en foit, après la conception, l’ovaire
n’augmente pas de volume, comme le dit Harvey
> mais H. Degraaf, Malpighi, Vallifnieri,
Haller, ont remarqué qu’une ou plufieurs des vé-
ficules qu’il renferme fe gonflent, fe fendent, laif-
fent échapper quelques gouttes de fang, ik pré-
fentent dans leur cavité des petits flocons ou des
villolités ayant la forme d’ une mamelle; au bout
de quelque temps, la fente di (paroît, le corps
villeux devient d'un rouge jaunâcre & jaune par
fuite > on lui donne alors généralement le nom de
corpus iu'eum : au moment de l ’accouchement-, on
ne retrouve que rarement chez la femme le corpus
luteum, que l’on ne rencontre jamais chez les
vierges d'ailleurs. Le nombre des corps jaunes eft
en rapport avec celui des petits des animaux, ce
qui a fait penfer que cette partie étoit indifpenfa-
ble à la génération , foit que ce foit un oeuf véritable
ou une forte de liqueur, comme l’a ditbuffon
en particulier.
Immédiatement après la conception, l’utérus le
gonfle j fa cavité augmente un peu d’étendue, par
conféquent, & malgré 1 opinion contraire de
quelques phyfiologiftes. De la Motte a remarqué
que ceiaKentrainoit nécelfairement le relferrement
de l’orifice, obfervation déjà confignée dans un
aphorifme d’Hippocrate. Au bout de quelque
temps, l’utérus prend une figure ovalaire, & la
conferve jufqu’au fixième mois, de façon que le
diamètre vertical eil alors le plus long; enfuite il
s’arrondit, parce que le diamètre tranfverfal s’accroît.
Cette forme varie fuivant quelques circonftan-
ces, & l’utérus peut être diftendu inégalement (ans
aucun doute.
Levreta calculé que la matrice étoit, à la fin de
la groffelfe, onze fois & un tiers plus grande que
dans l’état ordinaire. Mais, par fon procédé, il
n’indique que la folidité du corps de l’ organe , &
non les rapports de fa cavité.
Dans les trois premiers mois de la geftation,
l’accroilfement delà matrice eft très-lent; elle ne
dépafle pas le pubis 4 il eft plus prompt jufqu’au
fixième mois ; il diminue de nouveau en rapidité
jufqu’au huitième mois. Pendant ce temps, fes parois,
loin de fe comporter comme les Anciens &
Mauriceau l ’ ont cru, en difant qu’elles ne faifoient
que s'étendre paflivement, ne diminuent pas
d'épaifleur, ainu que l’a noté Deventer l'accoucheur,
& comme Harvey, dans fes diflettions,
l ’avoit déjà remarqué avant lui.
Les parois de la matrice font plus épaiflès vers
l’ infertion du placenta, & confervent leur épaif-
feur ordinaire dans le refte de leur étendue. Les
parois du col font feules confidérablement amincies.
Cependant, fi l’on difleque une femme
morte d’hémorragie, toutes feront plusminces, vu
la vacuité des vaifleaux qui exiltent alors.
C ’eft le corps de l'utérus qui commence à fe
développer ; enfuite le fond ; puis le col vers le
fixième mois. Roederer dit même que jufque.i|
ce col augmente d’épaiflèur. En tout cas, versI
fin du neuvième mois , il a difparu , & eft chane'
en un bourrelet circulaire plus ou moins epJ
M. le profeffeur Déformeaux croit que le. J
commence à fe dilater beaucoup plus tôt, & il(à I
fonde lur les obfervations faites par le toucher
De la Motte & Smellie avoient émis la même
opinion, & fondé même fur cette remarque une
règle pour la détermination des époques de la
groflèflè.
Pendant les deux premiers mois, l’ orifice delà
matrice eft defeendu, mais Haller-confeille de ne
s’en pas trop rapporter à ce point pour affurer
qu’il y a grolïefle, parce que le foir, dans l’eut
ordinaire, cela peut avoir lieu. Au quatrième mois
l’ utérus s’élève au-delfus du pubis, & vers la fin
l’orifice fe trouve à la hauteur du détroit fupé.
rieur. Il dévient oblique, & fon fond devient anterieur.
Il eft placé derrière les mufcles abdominaux,
devant les inteltins qu’ il refoule en haut;
fon axe eft dévié d'un côté ou de l’autre, le plus
fouvent à droite. L’ orifice, vers la fin de la grof-
deffe, fe porte en arrière.
En même temps une*partie des ligamens larges
fe développe & s’applique fur l’organe. Les ligamens
ronds fe diligent obliquement de haut en
bas, & s’ infèrent fur les côtes de la mafïice bien
plus basque dans l e rat ordinaire. Les ovaires ont
aufli changé de place.. Les ligamens ronds font
plus gros : & Levret croit que fi le placenta eft
attaché latéralement, le ligament rond correfpon-
danr eft plus court & plus gros que celui du côté
oppofé.
Cependant le péritoine cède à l’expanfion de
l’organe, fans s’amincir en aucune forte. La
membrane muqueufe éprouve beaucoup de chan-
gemens. Le tififu propre de l’utérus offre des
fibres bien évidentes, & dont on peut fuivre la direction
; il eft pourtant moins denfe & moins compacte.
Ruyfchavoit remarqué ces fibres, qu'il
nommoit Mufcie orbiculaire de la matrice.
Dans les premiers temps qui fuivent la concep*
d on , félon Hippocrate, l’orifice de l’utérus eft
fermé. Mais Morgagni obferve que cela n’arrive
que chez les femmes qui n’ont pas encore eu
d’enfans. Chez les autres, les lèvres feulement fe
rapprochent, en même temps que cet orifice de*
vient pointu , conique, plus cou r t, & que fa baie
eft plus circulaire. Au bout de quelque temps «
s’arrondit, acquiert plus de volume, fans avoir
plus de denfité ou de dureté. 11 offre plus ®
chaleur en taifon de l’afflux des liquides : il def*
cend & fe porte un peu en arrière, par lepw
grand poids de la matrice.
Stein donne comme un ligne certain delà gt®
feflè, la forme circulaire qu’ acquiert l'orifice de »
matrice aulfitôt après la conception. Cela eft vrai
en effet pour les femmes qui conçoivent paur
première fois, Chez celles qui ont eu
enfant
I "fans, les-cicatrices empêchent’de la tetoimoitre,
Eais‘Vuffi ,«hfez quelques jeunes f ille s ,' comme l’a
KitLoder,l’orifice dé la matrice eft circulaire naturellement.
, . ., / .
f On a encore remarque que la levre anterieure ,
■ qui faifoit auparavant plus de faillie dans le vagin,
Revient plus courre que la poflérieure.
I Chambon a obferve que la membrane interne
(du col iâ matrice filtre unemucoficé affez abond
a n te âpres la conception. H H I
I La mobilité de la matrice diminue aulu des les
premiers temps de la groflèflè.
|- Dans les trois premiers mois , la matrice ne fait
[pas faillie au-deflus du pubis ; à quatre mois , elle;
left au-deflus de celui-ci de trois ou quatre travèrs
■ de doigt; à cinq mois, on la trouve au milieu de
[ l’efpace fous-ombilical ; à fix mois, elle eft au
[niveau de l’ombilic; à fept mois, à deux travers
Ide doigt plus haut ; à huit mois , à quatre travers
§ de doigt au-deflus encore; à huit mois ôr demi,
[ dans l’épigaftre ; à neuf mois, ellé redefeend.
[ Mais, chez la femme enceinte pour la première
■ fois, le fond de la matrice s’élève davantage ,
■ parce que les parois abdominales offrent plus de
[téfiftance, & l’empêchent de fe porter en avant.
■ S’il / a deux enfans, & beaucoup de fluide am-
! niotique, enfin, la matrice eft encore plus élevée..
I La matrice développée ainfr, jouît de toutes
Iles propriétés des mufcles. Ses artères, quiétoient
rflexueufes & d’ un petit calibre, fe diftendent con-
ifidérablement & deviennent droites ; il en eft de
■ même de fes veines, que l’on nomme alors finus
I oiérins, & dont les plus grolfes fe rencontrent à la
I face interne de l’organe, vèrs le placenta, endroit
roù elles ont quelquefois un orifice très-marqué
I dans la cavité du vifeère. Autréfois, on croyoit
Ices finus utérins d’une nature particulière. Ses
Iviiffeaux lymphatiques aufli acquièrent un volume
||confidérable, & deviennent très-faciles à aper-
rcevoir. Ses nerfs enfin femblent préfenter quelques
modifications, fi l’ on s’en rapporte à Hunter-
I ^ Les propriétés vitales de l’utérus changent
»également. Sa fenfibilité eft très-prononcée :
| ‘la femme perçoit- Les mouvemens les plus légers
■ de 1 enfant, &è,
| Certains auteurs ont comparé , comme Galien,
| la dilatation de la matrice à celle des autres orga-
I nes creux 5 mais fes parois s’épaiflîflent en fe dé-
■ veloppant ; il n’en eft donc pas ainfî. Van-Hel-
i'inont a en effet reconnu qu’il y avoit là une force
| active, quoique Levret ait avancé qtfe, vers la fin
l'de la groflèflè, l’accumulation dp liquide puifle
■ agir pour la dilatation de l’organe, Bertrand! a ob-
1 lervé aufli que la matrice eft dilatée chez les ferai-:
■ mes mortes peu.de temps après la conception,
l'ians que (on intérieur contienne cependant rien.
| T enij! } Penfé que cela étoit diî à l’interpofîtion
|-des fluides dans les vaiffeaux & dans le tiflii cel-
| lulaire; il prétend qu’en la preffant, on la réduit
I a ion poids & à fon volume-ordinaires-,
Anat. Tome 1.
Comment fé développent les fibres mufeuh'-
re.s dont il s’agft? Quelques auteurs ont prétend 1
que la matric e ne devoitpas être un mufcie, car elle
ne pourroit pas fupporter une fi grande diflenfion
fans fe paralÿfer, Mais ce raifonnement n’eft pas
applicable ic i, où il en eft de même que dans les
anévïyfmes actifs. D’ailleurs , dans ce momènt, D
matrice contient beaucoup de fibrine; elle a non-
feulement l ’apparence d’un mufcie, elle en pof-
fède encore les propriétés phyfiologiqnes.
Comme l'a remarqué Haller, tous les auteurs
ont donné au foetus des dimenfions trop grandes-
aux diverfes époques de la groflèflè. Les premiers
jours qui fuivent le coïc, on ne trouve rien dans
l’utérus. Harvey & Haller, qui ont fait beaucoup-
d’expériences fur les animaux, n’y ont rien aperçu-
dans le premier mois, chez les daims & les
cerfs, & durant les dix-fept premiers .jours chez,
les brebis. Néanmoins plufieurs obfervations proi -
vent que, vers le feptième ou le huitième jour ^
chez la femme, il fe rencontre un nuage mucilagi-
neux dans l’ utérus, & , vers le vingtième jour, fi l’on:
en croit certains auteurs, on diftingue déjà L-s-
traits du foetus i mais ces obfervations font démenties.
A un mois , ce foetus eft gros feulement:
comme une fourmi ; à quarante-cinq jours, il a le
volume d’une guêpe ; alors paroiflent les bras èc
les cuiffes; le coeur bat ; à deux mois, il a deux
pouces de longueur & il paroît quelques points
ofleux dans les cartilages ; à trois mois, il pèfe ;
onces &c a trois pouces & demi de long; la bouche
fe ferme , les os du crâne fe forment; à quatre
mois, il a cinq pouces; on voit les ongles qui font
mous & tranfparens ; il fë dépofe, dans le tiflli cellulaire
, de la graifie ferme & rougeâtre, Es
mouvemens mufculaires commencent à être fen-
fibles . Cependant l’époque à laquelle lès femmes
fentent battre leur enfant varie; il y en a qui ne les
ont pas encore fenti au feptième mois ; mais le
terme le plus certain eff vêts quatre mois & demi.
A' cinq mois, le foetus a fept pouces de longueur;
quelques cheveux paroiflent ; à fix mois, il a neuf à
dix pouces; à fept mois,il a onze à douze pouces;
alors la membrane pupillaire difparoît; les tefti-
cules defeendent dans les bourfes; à huit mois, il
a quatorze à quinze pouces. Cette longueur varie
fuivant les individus, cependant il eft utile de là
connoître en médecine légale.
La tête eft d’autant plus volumineufe à proportion
qu’on examine le foetus plus près du terme de
la conception ; elle a d’abord la forme d’une petite
bulle, avec deux points noirs pour les yeux; le
foie eft aufli très développé, mais blanc, prefqi’.e
j fanfparent comme le refte du corps 3 le coeur a
reçu le nom de punéium Juliens.
Le foetus , dans la matrice, nage dans un fluide
renfermé dans une poche membraneufe, formée
par.l’ amnios , lechorion, & la membrane décidée
de Hunter. Cette dernière ne paroît pas être
! propre au foetus. Elle n’étoit pas inconnue auîc