
l'éternuement eft fouftrait à l'influence de la vo lonté}
les mufcles ex pirateurs agiffent d’une manière
vraiment convulfive. Peu d’hommes en effet
éternuent à volonté ou fe retiennent quand ils ont
befoin d’éternuer.
L’éternuement imprime à tous les organes une
fecouffe qui a&ive fouvent leurs fonctions , qui
favorife furtouc la. circulation , & qui peut être
falutaire dans beaucoup d'occafions ou ii devient
pour le nez ce que la toux eft pour le poumon ,
comme 1 orIqu’il s’agit de balayer les corps étrangers
qui incommodent la membrane pituitaire, ou
de chaffer de l’intérieur des foffes nafales une
mucofité trop épaiffe , trop fluide, ou acrimo-
nieufe} Hoffmann a vu, fous fon influence, le
conduit auriculaire être débarraffa de petites j
pierres qui l’obftruoient & des calculs defcendre
des reins & des uretères dans la veftîe > mais il
entraîne Suffi quelquefois à fa fuite des accidens
plus ou moins graves, & il peut, par fa fréquence
& fon intenfité , conftitue raine maladie particulière.
On a vu des hémorrhagies pulmonaires, des
ménorrhagîes très-graves, & même la mort fubite
être dues à l’éternuement. Il eft extrêmement probable
que dans ce dernier cas, les malades étoient
atteints d’ un anévryfme du coeur ou des gros
vaiffeaux qui s’eft rompu. On cite l’ exemple d’un
homme qui fut frappé de cécité pour avoir pris
un trop violent fternutatoire. Un autre tomba
dans un accès d’épilepfïe. M. le dotteur Alibert
rappelle l’accident malheureux en ce genre, d’un
militaire , qui mourut d’apoplexie , à Paris, pour
la même caufe. C* étoit un homme âgé d’environ
quarante ans , d’un embonpoint exceffif. Il fe
lîyroit avec immodération aux liqueurs fpiri-
tueufes, - ne prenoit prefqu’aucun aliment
folide. Il étoit fujet à une fternuration fi violente ,
que fa figure-fe col or oit d’un pourpre foncé, &
que fa refpiration devenoit difficile & laborieufe.
Un jour, après douze ou quinze minutes, il fut
fuffoqué. Un homme fuccomba, .gprès avoir éternué
vingt-quatre fois de fuite, au moment où un
vingt-cinquième éternuement ail oit s’opérer,-les
artères. & les membranes qui environnent le cerveau
s’étant déchirées. On a vu l'éternuement
produire l’expulfion prématurée du foetus. On l ’a
vu pourtant fe répéter plufieurs fois par heure
pendant des années entières , fans que la faute en
fut altérée. Godefroy Schubart nous a conlervé
J’hîftoire d’ une jeune fille de dix-fept ans qui,
pendant plufieurs nuits, éprouva une fternutacion
qui fe répétoit jufqu’à trois cents fois & plus à
chaque accè s, & J. P. Albrecht, celle d’ un enfant
chez lequel le même accident avoit'lieu plus
de cent fois par heure, & çaufa la mort. On
a vu également la fréquence des éternuemens
produire la cécité , un changement de direction
dans le globe de l’oe i l, une violente épiftaxis, & c .
La plupart des auteurs qui nous ont laiflfé des
relations d’épidémies dç fiéyre adéno-nerveufe,
ou plutôt de typhus contagieux, nous diCent qu®
l’éternuement étoit un figne de mort pour les ma-
lades chez lefquels il arrivoit. C ’eft pour cela
dit-on, que s’ eft établie la coutume de faluer ceux
qui éternuënt, & de leur fouhaiter l’affiftance du
ciel, dans l’efpèce de péril qui les menace. Cette
coutume, quelle qu’en foit la caufe , aexifté chez
prefque tous les peuples. Les Efpagnols la trouvèrent
établie en Floride lorfqu’ils firent la con.
quête de ce pays. D’autres reconnoilfent dans
l’éternuement quelque chofe de facré , & c’eft là
l’opinion de la plupart des Anciens, qui regar-
doient la tête comme la partie la plus noble du
corps. Xénophon, dans la Relation de fon expédition
, rapporte que quand quelqu’un éternuoit
! en préfencedu roi de Perfe, chacun fe profternoit'
comme pour adorer un dieu j Tibère exigeoit
qu’en pareille circonftançe ori lui rendit cet hommage
; & Aviftote recherche pourquoi on a fait
une divinité de réternuement, plutôt que de la
toux ou dés éruditions.
Au début d’une convaîefcence, l’éternuement
paffe généralement pour un figne de bon augure,
& autrefois, dans les hôpitaux de Paris, un malade
qui éternuoit étoit cenfé avoir acquis allez de
force pour retourner chez lui : Surnu.it, fulva
rts eft16* nojocomio expelli débet3 difoient proverbialement
les médecins.
Au refte, les poètes grecs étoient fi loin de regarder
l’éternuement comme un mauvais ptéfage,
qu’ils difoient proverbialement d'ufie jolie perforine
, que les Grâces & les Amours avoient éternué
au moment de fa naiffance.
Mais, que cet aéte foit utile ou non, tâcherons-
nous d’expliquer les phénomènes de l’éternuement,
& dé découvrir pourquoi une irritation du
nez entraîne la eontradtion des mufcles très-éloi-
gnés ? L’état adtuel de la fcience ne permet point
d’en trouver une raifon fatisfaii'ante 5 il faut nous
en tenir ici à l’expofition des faits, comme pour
prefque tout ce qui dépend du fyftème nerveux.
Non fingendum} a dit l’immortel Bacon, non ace- \
gitandum, fed quid Natura faciat obfervandum. Ce i
n’éft pas que nous manquions à ce fujet d’hypo- :
thèfes émifes par les auteurs ; & , dans uivouvrage
, publié tout récemment encore, M. Gail nous
j affure que l’épanouilïement du nerf trijumeau
dans le nez & dans l’iris, rend raifon de l’éternuement
occafionné par une lumière très-vive, de h
-cécité qui fuit quelquefois l’ éternuement, &c.
Comme pour plufieurs autres explications, cet
anatomifte ne s’eft-il pas laiffé ici entraîner pat
fon imagination bien au-delà de ce qui eft certain
& vrai ?
11 ne me paroît point que l ’on doive regarder
comme des phénomènes purement fympathiques
l’inflammation de la conjonéfcive Ôc l’engorgement
de diverfes parties de la face qui furviennent a la
fuite du tamponnement des toffes nafales. Ces
r accidens
accidens fonten effet plutôtunecônféquence de la ’
continuité des parties. Mais il n’en eft’ pas de
même de ces cas où l’on voit certaines perfonnes
être purgées par l’it ritati.on que le tabac occa-
(ionne fur la membrane pituitaire.-« •
[ Rappelons auffi,, parmi les phénomènes fympaniques
du même genre, le fait fuivânt : il eft allez
[emarquable. On arrête bien fouvent i’épiftaxis '
jar l’application de l’eau froide ou de l’eau vinai- I
irèe, au front, aux tempes, aux mains, aux épau- !
les & furtout au fçrotum ; cependant, afiez fréquemment
auffi, l’application fubite d’un corps i
froid fur une grande étendue de la peau occafionné ,
0 rinfra.nt même une épiftaxis. Voilà donc une !
même caufe qui détermine deux effets entièrement :
bppp.'és.
L Nous croyons pouvoir avancer actuellement
que la pofition élevée des foffes nafales, que leur
développ e ment c o nfid é r a b Le, que la ftruéture fpon-
gieufe de la plupart des os qui entrent dans leur
Formation, que les. cavités pratiquées dans leurs
parois, que la molleffe de là membrane pituitaire,
&c., font autant de moyens propres à fa-
ÿoriferia perception des molécules odorantes, en
es obligeant de fe trouver en contaét fimultané-
ment dans tous les points d’une furface étendue.
Nous avons déjà prouvé que la fenfation fe paffoit
pas le nez} des confidér.uions tirées du raifon-
hement tk des faits pofitifs qui réfultent d’obfer-
yations & d’expériences; fe réunifient pour démontrer
en commun cette importante vérité. Voyons
maintenant à quelle partie de cet organe la fenfation
appartient fpécialement.
[ On a demandé fi elle avoit lieu dans toute l’étendue
de la membrane pituitaire, fi les finus &
les cellules ethmoidales pouvoient en. être le fiége,
Îlesdifférens nerfs du nez y concouroient également,
ou fi l’un d’eux feulement y étoit propre.
| 11 eft certain que la partie de l’organe qui fe
[encontre le plus conftamment dans le plus grand
»ombre des animaux doit être celle qui fert le plus
? ta fenfation.
[ Cette certitude deviendra encore plus grande fi
fette même partie préfente une ftrutture particulière
& diftinéte de celle qui appartient aux voies
eériennes & digeftives, & fi elle eft d’autant plus-
Iqmpliquée que les animaux ont le;fens plus parlait,
g* vice verfâ. 1 Enfin, fi cette partie éprouve une léfion quelconque,
le feus devra en fouffrir ou même être
détruit.
p Or, le nerf olfaétif fe rencontre dans prefque
fous les animaux vertébrés} il préfente une Itruc-
pre, une origine, une.direction, une distribution
[outes différentes de celles des autres nerfs} la
Partie de la membrane pituitaire dans laquelle il
ta répand ne reffembie point aux autres membranes
muqueufes ; il a d’autant plus de filets, il
ta ramifie fur une furface d’autant plus étendue,
Bue les animaux ont l’odorat, plus délié*, enfin ,
Syft, Anat. . Tome /.
lorfqu’ il éprouve quelqu’altération, le fens l’éprouve
pareillement. C ’eft ce que montre une
obfervation de Loder, qui a-vu l’anofmie produite
par une tumeur fquirrheufe qui comprimoit
les nerfs olfaCtifs dans le crâne. C ’eft ce qui
confie également de l’obfervation d’ Euftache Ru-
dius, que nous avons citée plus haut. D ’ailleurs,
d’après Adrien Falcoburg, Rolfinck nous raconte
qu’ un fameux fumeur de tabac fut, après fa mort,
trouvé fans les nerfs olfaCtifs & fans les tubercules
d’où émanent leurs filets.
Un fait femblable ell rapporté par J.-Chryfof-
tôme Magnenus. C et auteur en effet nous apprend
que Paw a difféqué la tête d’un autre fumeur . &
qu’elle s’eft trouvée abfolument dans le même
état.
Il paroît donc préfumable que c’ eft le nerf ol-
faCtif qui eft chargé de tranfmettre au ftnforium
commune les fenfations produites par les émanations
des corps odorans..
En effet, f i , à l ’aide d’une canule, on fait parvenir
directement ces émanations vers la voûte
des foffes nafales, la fenfation eft plus forte & plus
marquée.
Si on veut mieux juger d’une odeur, on fait une
forte ihfpiration, afin de faire monter l’air jufqu’au
même point.
. Déjà Galien en avoit fait l ’expérience. On peut
mettre les corps les plus odorans fur le plancher
des-narines ; on ne s’aperçoit pas de leur parfum.
D’un autre côté , nous voyons les différens
finus manquer chez les enfans, qui jouiffen.t pourtant
d’une affez grande énergie dans le fens de
l’odorat. Lorfque, par la fuite, les finus acquièrent
leur entier développement, aucune révolution
bien marquée ne furvient dans l’olfaCtion La
membrane qui les tapiffe:, de même que celle des
cellules ethmoïdales, ne reçoit des filets nerveux
que de la cinquième paire} leur ouverture eft fi
étroite, que l’air ne doit y pénétrer que difficilement}
on peut donc préjuger que le iens de l ’o dorat
ne doit point y réfider} & l’expérience vient
ici confirmer le raifonnement.
M. Delchamps fils rapporte que, par une fiftule
qui avoit accidentellement ouvert la partiè inférieure
du finus frontal chez un homme, il pouffa,
fans produire de fenfation, de l’air fortement imprégné
de camphre dans le haut de cette cavité »
dont il avoir bouché auparavant la communication
avec les foffes nafales. Mais l ’odeur du camphre
ie fit fentir lorfque cette communication fut rétablie
, & elle fembloit manifeftement defeendre du
finus.
Sur le même fujet, cet obfervateur a auffi remarqué
que les odeurs qui pénètrent dans les fofies
nafales par les narines donnent une fenfation
moins prononcée que celles qui y entrent par leur
partie fupérieure, ce qui confirme ce que nous
avons dk plus haut par rapport au fiége de la fenfation
»
V v v