
troit autrefois dans le métal des pièces d’artif-
lerie : on s’en fert maintenant , lorfqu’il eft laminé
ou /battu, pour faire les garnitures des fourreaux
de fabres d’infanterie, d’artillerie Si de
baïonnette. {Voyez le mot Cuivre. )
LAMBOURDES. Pièces de bois équarries qui
recouvrent les gîtes dans les plates-formes de
mortiers, & tiennent lieu de madriers qui feroient
trop minces. Il y en a de 1 mèt. 949 (6 pieds) &
z mèt. 270 (7 pieds) de longueur : les unes '& les
autres ont o mèt. 216 (8 pouc.) d’éqnarriffage.
{Voyez l ’article Plates- formes des mortiers.)
LAMES a canons. Bandes trapézoïdales de
fer, fervant à fabriquer les canons des armes à feu
portatives. Ces lames ont des dimenfions & des
poids relatifs au modèle qu’elles doivent produire,
& varient dans leur largeur & leur cpaiffeur, pour
former le tonnerre ou la bouche.
Pour fabriquer les lames à canons , on caffe du
fer d’échantillon en morceaux de longueur pref-
crite, qu’on nomme bidons : on en met deux l’un
fur l’autre , on les corroie & l’on obtient une double
moquette qu’on coupe à froid en deux parties
égales, appelées lames. La longueur de la lame
eft toujours moindre .d’un feptième que celle
du canon , afin de forcer l’ouvrier" à donner plus
de chaudes pour l’alongev & la bien fonder.
Il eft très-efientiel que le poids de la lame foit
exaft , car fi elle manquoit de fer, le canon feroit
forgé trop près de la lime , & on ne pourroit atteindre
les taches de forge qu’aux dépens des proportions
du canon; fi, au contraire, la lame a
trop de fer, il faudra trop l’émoudre, & par ce
travail on enlèvera la partie du ferla plus épurée.
Cent kilogrammes de fer en barres donnent
environ quatre-vingt-fix kilogrammes de fer en
lames. Le rapport du prix du quintal métrique de.
fer en barres au quintal métrique de lames à canons,
eft à peu près comme cinquante-fix francs eft à
foixanle-onze francs cinquante centimes.
Dans les manufactures du nord de la France,
les lames font amincies en bifeau des deux côtés
de leur longueur, pour être fondées l ’une fur
l’autre. Ce bifeau s’appelle amorce. lies carrons
jorgés avec ces lames font dit s forgés par [uper-
pojition, { Voyez l’article Canon de tustl, )
Dans une des manufactures du Midi, on ne fait
point d’amorce aux lames; pour fermer le tube.,
on fonde l’un contrel’antre les grands côtés : cette
méthode s’appelle Jbrger par rapprochement on
juxta-pojxiion.
Les lames à amorce parodient plus faciles à :
forger que les autres.
Les opinions font partagées fur les différentes
méthodes de fabriquer les lames à canons. Quel-
aues perfonnes préfèrent la lame tirée a-u bout
(fune fimple barre, à celle faite avec deuxbidoiis
corroyés enfemble. Elles fe fondent fur ce que le
fer, qu’elles fuppofent avoir atteint fon maximum
de pitreté, ne peut que perdre lorfqu’il paffe par
le feu.
Ceux qui inclinent en faveur de la double maquette,
difent que, s’il exifte quelques doublures
ou quélques défauts d’affinage dans la barre, le
fer s’épure, & fe purge de ces doublures quand
on le corroie ayant le degré de chaleur Coudante.
Ils obfervent avec railon que lé métal ayant fubi
l’âôtion du vent & du feu, a acquis un degré de
perfection qu’il n’avoit pas; que la façon de corroyer
St l ’aCüon de ces deux élémens, le purgent
de parties hétérogènes qui peuvent n’avoir point
été détruites à l’affinage; 81 elles font fondées à
croire que, dans les lames tirées au bout de la
barre, les doublures fübfiftent, 8t le fer ne s’affine
par fuffifamnrent. D’autres prétendent que la maquette
qni réfulteroit de trois bidons doit être
réputée fa meilleure, parce qu’elle eft fufeeplibie
de recevoir un plus grand nouibre de chaudes, de
paffer plus Couvent par le feu , par le vent St feus
le marteau, St paT conféquent d’acquérir plus de
perfeCHpn.
Mais en multipliant les foudures, on peut multiplier
auffi les doublures; le fuecès de cette opération
eft d’autaut moins certain que les furfaces
font fouvent fondantes, quand le centre commence
feulement à acquérir une certaine chaleur, St que,
par conCéquent, les parties extérieures peuvent
s’étendre lur celles du centre, fans pouvoir s’amalgamer
avec elles.
C’eft donc la lame provenant de la double maquette
faite avec deux bidons , qui eft préférable,
furtout lorfqu’ils font bien forgés. Pour cet effet,
l’ouvrier doit préfenter le fer de champ fous le
marteau pour en faire fortir les crafles : celte opération
étant faite, 8t les bidons étant très-bien
joints, il doit avoir l’attention de jeter fréq.uern-
; ment de l’argile ou du fable fin fur le fer, jufqua
ce qu’il ait atteint le degré de chaleur néceflaire
pour être foudé.
Celteargile conferve les parties extérieures juf-
qu’à ce que le centre foit parvenu au degré de
chaleur foudanle, Elle forme fur la furface une
croule qui l ’empêche de fe brûler.
Les lames"à canons étant deftinées a produire
des canons qui doivent réfifter à des épreuves
violentes, doivent être fabriquées avec du fer
fort, mais liant 8t facile à Couder. Ce fer doit aufli
avoir la qualité de bien fe foulenir au feu, devant
éprouver plusieurs chaudes fucceflives Sc très-
vives.
L ames de fabres. Elles font droites ou courbes,
félon que les corps qui font armés de fabres doivent
s’en fervir po-ur pointer ou tailler l’ennemi*
Les lames des fabres fe compofent en général t
1 i°. du talon, qui eft la partie renforcée s’appuyant
1-fur la mpnture du fabre; 20. de la foie, qui
deffinée à fixer la lame dans la poignée ; 5°. de îa
pointe, qui fert à percer; 4°* du dos, qui eft la
partie oppofée au-tranchant; 5°. du plat, qui eft ;
la partie fituée entre le dos St le tranchant; 6°. du
faux tranchant ou bifeau , qui eft à la partie inférieure
du dos; y0* de la lame proprement dite,
qui fe compote en trois parties : le talon, qui comprend
le tiers le plus près clc la garde ; le fort, qui
eft le tiers qui fe trouve entre le foihle St le talon;
le foibleeft le tiers qui-fait l’extrémité delà lame.
Pour les fabriquer, il faut une nature d’étoffe telle
que les lames qui en réiulfént foi en t dures, élastiques,
St fulceptibles de recevoir un tranchant
uni & qui ait beaucoup de corps. On obtient cette
étoffe au moyen d’une troujje. {Voyez ce mot. )
On fabrique maintenant, en Angleterre, des
lames de fabres avec de l’acier fondu, foudant
bien, très-flexible St allez facile à travailler. Cet
acier étant homogène dans toutes fes parties,
exempt d’impuretés, 8te., eft fans doute d’un emploi
économique, puifqu’il n’exige pas l’opération
coûteufe de. l’affinage des trouffes.
La lame de labre de cavalerie de ligne eft droite,
à deux gouttières, longue de 1 mèt. (3- pieds
Il lig. 3 points); celle de cavalerie légère eft
courbe, ayant O mèt. 024 ( 11 lig.) de flèche, 8t
longue de O mèt. p3 (34 pouc. 4 lig. 3 points);
elle n’a point de pans creux, S£ fon dos eft en
baguette arrondie. La laine de fabre d’infanterie
eft courbe, ayant o mèt. 020 (9 lig. ) de flèche, St
longue de o mèt. 5()4 (22 pouc. ); elle eft pleine ,
& le dos eft terminé carrément. Celle du fabre d’artillerie
eft droite , tranchante des deux côtés, à
pans creux, St longue de o mèt. 487 ( 18 pouc. ).
On peut divifer en dept parties le travail des
lames : i°. étirer la maquette; 20. fouder le pilon;
3 °. difhibuer la matière dans les lames ; 4°. former
les pans creux ; 5°. former le tranchant St donner
la courbure; 6°. forger la foie ; 70. l’examen des
lames forgées.
Les inftrumens dont p;n fe fert pour fabriquer
des lames, font des enclumes contenant des en-,
tailles pour y placer des étampes néceffaires pour
façonner les lames. A. côté de l’enclume eft un
dreffoir dans lequel on place les lames pour les
•dreffer. Les marteaux dont on fait ufage ont différentes
formes, afin de pouvoir obtenir facilement
les cannelures queles lames prélentent.
Diftvibuer la matière, c’eft chauffer 8t forger la
maquette, afin de diftribuer inégalement l’acier,
fuivant la proportion convenable à la lame. Il faut, !
en faifant cette diftribulion, prévoir ce que les
■ étampages feront perdre Si gagner fur chaque
partie, afin de ne lailfer dans chacune que la matière
neceffaire. Cette opération fe fait ordinairement
en cinq chaudes: dans les premières, vers
le talon, il y a peu à réduire ; dans les dernières”
1 y a beaucoup à travailler. On chauffe chaque
fins au demi-blanc la partie de la maquette que
ion fe propofe de travailler- •
Pour rendre les lames plus légères, on les évide
ordinairement en pans creux on en gouttières,,
qui fe font avec des étampes entre lefquelles la
lame eft placée. Ces étampes font de deux fortes ;
les unes commencent le pan creux , les autres le
terminent : les premières produifent un arrondif-
fement conforme à celui que la lame obtiendra en
la prél’entant de travers à la meule; les fécondés
produifent un enfoncement femblable à celui que
formeroit une meule plus petite, qui ne feroit lur
chaque point de fa longueur, qu'un vide d’un
quart. Ce travail s’exécute ordinairement en trois
fériés de deux chauffes au demi-blanc chacune.
Il eft des fabres dont quelques fer vice s exigent
jufqu’à quatre chauffes.
Le tranchant fe forme en frappant à plat fur le
bord de-la face de la lame où il doi t ex nier : celle-
ci fe pofe fur une éLampe à chanfreiner.
En frappant fur le bord de la lame pour former
le tranchant, on amincit 81 on élargit le bord;
l’élargiflement devenant plus c.onfidérable du côté
où fe forme le tranchant, que du côté oppolc,
il s’enfuit que cette opération contribue naturellement
à former une courbure concave du côté du
dos , comme celle des fabres de cavalerie 81 d’infanterie.
On aide ceüe courbure en frappant en
même temps à plat fur le dos de la lame, & on la
contrarie en frappant également fur le tranchant.
Quelquefois on facilite la courbure à l’aide des
étampes qu’on appuie plus fortement du côté convexe
que du côté concave.
Forger la foie, c’eft chauffer 81 forger le plion
qu’on a foudé lur le talon des lames.
Il faut, avant de tremper les lames, examiner fi
elles font fufceptibles d’être terminées : pour celay
on regarde avec fein fi la lame n’a ni doublures,
ni travers , ni marque de feu; puis on vérifie les
épaiffeurs au calibre 81 la cambrure au fourreau.
La lame eft chauffée dans un feu de chai’boo de
bois fur un aire percé au fond, afin de pouvoir
facilementja mouvoir dans fe foyer : on la chauffe
à la température qui eft propre à la nature de
l’acier dont elle eft formée; la couleur ordinaire
eft le rouge cerife. Avant de mettre les lames au
feu , ou les dreffeà froid, en évitant foigneufement
qu’elles ne portent à faux. Comme il eft extrêmement
difficile d’amener toutes les parties de fe
lame à une température uniforme, en les chauffant
dans un foyer dont lès dimenfions font plus
petites que celles de l’arme, on égal if e la température
en paffant cette lame chaude dans, un tas
d’écaille s de fer mouillées, qu’on amoncèle fur
l’âtre de la forge. Par ce pafflige total ou partiel
de la lame, une ou plufieurs fois dans ces écailles,
on l’amène à la température propre à la trempe.
{Voyez l’article T r e m p e d e s p i è c e s e n f e r e t e n
a c i e r . )
Le travail de l’aiguiférie, loutfimple qu’il paroi
t , fe rîivife cependant en douze opérations ,■ fïx
pour aignifer, cinq pour polir 81 une pour brunir.