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» lation dans -le vent .du bouffe t, caufe an <con-;
s traire une-très-grande perte de viteffe. »
On attribue allez généralement à Robins l’invention
de la méthode de déterminer les viteffes
par le pendule; cependant il pouvoit trouver une .
indication, groffière à la vérité, de-ce procédé
dans un article de VHifloire de VAcadémie des
Jciences de Paris 3 année 1707, article dont on
préfente ici l’extrait, d’autant plus volontiers
qu’il contient fur les effets des armes à feu quelques
réfullats curieux.
« M. Caffini, le fils, fit une efpèce de machine
» où il y avait une pièce de bois., armée à l’une
» de fes extrémités d’une plaque de tôle allez
» épaifle , qui de voit recevoir tous les coups d’un
» même fufil tiré toujours de même diftance. Cette
» pièce était mohile & devoit céder au coup, plus
» ou moins, félon ■ qu’il avo.it plus ou moins de
-» force , & en même temps marquer , par la oonf-
» tr.uèlion de la machine, combien elle avoit cédé.
» Les expériences de M. Caffini font voir : i°.
» que lorqu’on met de la bourre entre la poudre
» & la balle , l’effet en eft plus grand • 20. que
» tout le relie étant égal, les balles de calibre font
» plus d’effet ; 3°.. que lorfqn’on bourre la poudre
» avec violence, l’effet n’eft pas plus grand; qu’au
y* contraire il paroît un peu moindre que lorfqu’on
» £5 contente de la prefler ; 4°- que la poudre que
» l ’on met par-d-effus la balle en diminue l’effet ;
» :5°. que cependant cette poudre, contraire à
» l’effet de la balle, en augmente le brui t ; 6°. que
» le feu de la pondre fous la balle communique
» avec celle qui eft deffus, meme quoique la balle
» foi t de calibre 8c entre deux bourres ; 7°. qu’en
» prefiant une balle qui ne fort point de calibre ,
* en mettant un peu de poudre defious 8c beau-
» coup par-deffus, onpeuit tirer avec un très-grand
» bruit 8c fans aucun effet fenfible. Ceux à qui on
» a vendu des fecrets pour être invulnérables ou
» durs y & qui ont eu la précaution d’en vouloir
» voir des épreuves , ont apparemment été trom-
» pés par ce tour de main, dont ils ne fe font pas
» aperçus, v
4°. Recherche des viteffes initiales par le recul.
Robins avoit indiqué 8c même effayé la détermination
de la viteffe d’un projeâile par le recul de
la pièce. D’Arcy s’empara de cette idée, d’après
laquelle il conftruifit un infirmaient deftiné aux
épreuves des poudres, 8c connu fous le nom & éprouvette
de d’Arcy. Benjamin Thompfon inflitua
d’après le même principe une belle fuite d’expériences
furies balles du fufil. MaisHuttonfurtout
tira un grand parti de cette méthode dans fes
expériences des années 1783, 1784 8c 1785. Les
pièces dont il fe fervoitpour tirer contre fon pendule
étoient tontes fufpendues elles-mêmes, 8t
formoienl la lentille d’un fécond pendule dont il
mefuroit les ofcillations auffi exactement que celles j
du premier. Voici comment il s’exprime fur cette
méthode , dans l’ouvrage cité , après avoir donné j
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le tableau de comparai fan des yilefles calculées
par le recul 8c par le pendule.
« Il paroi t, dit-il, par oett.e cojnparaifon, qu’en
» général les vitelles déterminées, des deux rna-
» nièresne s’accordent point enfemble , 8c que par
» conféqueut la méthode par le recul du canon
» ri’eft point générale , comme l’avoient imaginé
» Robins 8c Thompfon. Il réfui te de-îà que l’efïet
» de la poudre enflammée po.ur faire reculer le
» canon .n’eft pas le même,lorfqu’on tire avec ou
» fans boulet (fuppofition que Hutton avoit reçue
» de confiance de Robins 8c autres); la différence
» que l’on remarque paroît n’obferver aucune
.» régie, ni par rapport à la même charge em-
» ployée dans différentes pièces de canon, ni par
» rapport au même.canon , avec différentes ch a r-
» ges. Avec de petites charges, la viteffe calculée
» par le recul fe trouve plus grande que celle
» donnée par le pendule ; mais .cette dernière
» approche de plus çn plus de l’égalité à laquelle
» elle arrive bientôt.; elle l’emporte enfui te de
» plus en plus à mefure que la charge augmente,
j) La charge particulière avec laquelle les deux
» vil elfesfont égales, eft différente dans les diffe-
» rentes pièces de canon, 8c plus la pièce eft
» longue, plus les deux viteffes parviennent
» promptement à l’égalité. »
-On voit par-là que la méthode des viteffes
initiales déterminées par le recul, méthode que le
célèbre Lagrange recommandoit, n’eft pas encore
auffi parfaite qu’on pourroit le délirer, Ce qui doit
engager les artilleurs à la prendre pour objet de
leurs recherches en genre de perfeûionnement,
c’e ft, d’abord , quelle eft évidemment applicable
aux projeêliles de tous les calibres, en faifant
varier convenablement les appareils ; enfuifce ,
comme on connoît toujours exactement le centre
d’impreffion de la force qui produit le recul, il
paroît poffible de difpofer l’appareil de fufpenfion
de manière que le centre d’ofcillatieu du fyftème
entier qui doit être mis en mouvement, coïncide au
moins à peu près avec le centre d’impreffion ; on
obtiendroît par-là eet avantage confidérable, de
n’avoir point à redouter les ébranle mens , ni les
fe coudés à la région de l’axe de fufpenfion, qui
deviendroit alors un axe libre de rotation , avantage
auquel le pendule baliftique ordinaire eft
loin de participer ; car ce n’eft que fortuitement 8t
pour quelques coups non prévus que la pereuffion
du projectile peut fe faire au centre d’ofcillalion.
5°. Recherche de la viteffe initiale par les en-
foncemens dans des corps plus ou moins péné*•
trahies. Par cette méthode, on cherche d’abord
un but grand, homogène 8c pénétrable ; fi on ne le
trouve point, on en forme un de terre choifie,
taraifée, difpofée par couches ou lits damés avec
force & uniformité, puis on tire les canons placés
près de ce but, avec l’attention queles enfonceraens
aient lieu dans des endroits affez éloignés les uns
des autres pour que l’ébranlement de ln terre
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produit par un des boulets , ne facilite pas Pen-
tvée d’un autre. On mefure exactement tous les
enfoncemens & on obtient les rapports de toutes
les viteffes entr’elles par ce principe fort fimple :
que les viteffes font en l u elles feu* raifon direCte,
des racines carrées des-enfoncemens 8r en raifon^
inverfe compofée du* calibre du boulet 81 de fa
pefanteur fpécifique; Enfin, connoiffant la viteffe
initiale d’un des- projeCtiles par un des moyens
précédemment indiqués ou tout autre , on a furie
champ toutes Ifeÿ autres*
Cette méthode , qui eft d’autant plus précieufe
qu’elle eft prefque la feule, praticable pour apprendre
à- connoître les viteffes- finales, ou les
viteffes qui relient à une grande diftance de la
bouche à feu, eft recommandée par d’Anlony
dans fon Examen de la jMudre} traduit par de
Flavigny, Paris ,.1773.- La loi des viteffes entr’elles
dans le rapport des racines- carrées des enfonce--
inens s’eft trouvée conforme aux expériences qu’a
faites à cet égard Hutton en l’année 1788. (ffoyez-
la traduction déjà citée de fes expériences. )
Comme la connoiffance des enfoncemens des
projeCtiles dans différentes matières, terre, fable,
maçonnerie , bois, 8cc., eft un élément dont on a
fréquemment befoin pour beaucoup de combi-
naifons. militaires, on trouvera- à peu près- raf-
fomblé tout ce que l’expérience' a appris- fur ce
fu-jet dans les tables qui font à la fin de l’çxcel--
lent Manuel de l ’ officier d’artillerie 3 par Sckarn-
horffl y tome 3e.
6°. Recherche des viteffes initiales par les'
machines de Mathey y Grobert, &c. D?Antony,
dans fon Examen dè la poudre y déjà cité , nous
apprend que M. Mathey , machinifte du roi de Sar*
daigne, eft l’inventeur d’une machine propre àme-
fürer la viteffe avec'laquelle un projeèlile parcourt
un efpace d’une certaine longueur pris fur fa route'
très-près de fou point de départ, viteffe qu’on
peut, fans erreur fenfible , prendre pour la viteffe-
initiale. Vo ici, à peu près , le difpofitif 8t l’ufage
de cette machine.
La pièce principale eft' une roue horizontale
maintenue telle par un axe vertical, qu’on fait'
tourner avec rapidité , .au moyen d’un appareil de
poids 8l de contre-poids qu’on peut d’ailleurs
ordonner comme on le voudra, pourvu qu’ilprôcure
à. la rouenn mouvement uniforme 8t rapide. On
élève fur le plan de la roue 81 dans tout fon pourtour
une bande de papier ou carton;très-mince de-
quelques pouces de hauteur. On aflujettit lë canon
qui doit' fervir aux expériences d’une manière fo-
lide , à la diftance de trois à quatre mètres de la
machine, en lui donnant une direêlion horizon tale,
telle qn?elle foit dans un plan vertical paffatit par
l’axe de rotation, mai s affez élevée pour traverfer
la bande de la pièce dont on vient de parler. Enfin;
de l’autre côté de la machine, on établit un but
folide en bois d’orme, dans lequel fe fiche la balle
en donnant un trou aflez régulier. Cela étant, il
faut déterminer le- temps qu’emploie la roue à
faire une révolution. Pour cela., on peut iffiaginer
diff’érens moyens ; celui de l’inventeur eft fort
ingénieux : il confifte dans le jeu d’une petite roue
r,exe en trique adaptée à l’axe de rotation , laquelle
eft conftamment preffée à fa circonférence par
une languette de bois horizontale & flexible. Celle-
ci eft obligée, dans une révolution , de décrire par
fon extrémité libre un petit arc près lequel on éla--
blit un pendule fimple qu’on alonge oû raccourcit
jufqu’à ce que les vibrations foi eut ifochronc s
avec le mouvement alternatif de la- languette : dès-r
lors-, en comparant la longueur du pendule à
celle du pendule à fécondés , on a le temps en
fécondés d’une révolution de la roue.
Enfin ; on lire le canon:, & après avoir arrêté la1
roue, on reconnoît aifément les deux trous de la
bande-, celui d’entrée & celui-de forlie ; une petite'
bavure faillapt autour des trous , en dedans ou en-
dehorsindique refpeêlivement le premier 81 le-
dernier. Puis on tend un fil de la bouche du canon-
am trou-d’enfoncement de la balle dans le but de
bois d orme ; on ramène fous ce fil le trou d’entrée-
8t on mefure à qpelle dift.ince du fil eft le trou
de fortie cette- diftance-eft le chemin qu’a parcouru
un point de la bande de papier pendant-
que la balle parcourt le diamètre de la roue, 8t on
en déduit, par un calcul fort fimple, la viteffe de la
balle. Eu effet, divifant, par cette diftance, la-
circonférence entière de la roue qui met à faire’
un tour un nombre connu de fécondés, on a le
temps qu’a employé la balle à parcourir le diamètre;
divifant enfuite le diamètre par ce temps,
_on a la viteffe initiale, en fuppofant toutefois
qn?a travers la roue , la balle s’eft inue uniformément;
ce qui eft fenfiblément vrai. On peut voir
dans l’ouvrage cité, les réfultats intérefl’ans de
plufieurs expériences fur les balles de fufilsex é--
cutées à l’aide de cëtte machine.
1 Le colonel Grobert partant du même principe ,
au- lieu de tirer perpendiculairement à l’axe de
rotation, fait tirer parallèlement, non fur la-face
convexe d’un-cylindre , mais fur le plan 8c vers
les bords de deux difques de très-grands rayons,
e-fpacés fuiT’axe à une diftance a fiez grande pour
que le projeèlile emploie à pafferdè l’un à l’autre uu
temps commenfurable par comparaifon avec la vi-^
tèfle de rotation qu’on peut imprimer aux difques.
L avantage qu’on trouve dans ce nouveau difpofitif
éff que l’on peut explorer lés viteffes initiales de
f t0,3S les projeêfilës , quels que foient les angles fous
1 lefqueis ils foient tirés. Il faut voir, pour les
[ détails, le mémoire intitulé': Machine pour meffurer
là viteffe initiale dès mobiles de diffère ns calibres'
projetés fous tous les angles y Paris, 1804^ auquel
eft annexé un rapport très - favorable fait àlaclafl'e
de mathématiques de l’Inftitnt, par M. de Prony.
Dans l’efpril dé cette méthode, il s’agit fimpl'ê-
ment de mefnrer le temps qu’emploie.le-projecHle
, a parcourir une partie de la Irajeêioire, entre--
if f il m