
feu dont elles font compofées ; ainfi il ƒ a des batteries
de canons, de mortiers, d’obufiers & de
pierriers.
On donne fouvent aux batteries de canons le
nom du tir qu’on emploie dans l’exécution de cette
arme; ainfi on nomme batterie de plein fouet}
celle qui tire de plein fouet, & batterie à ricochet y
celle qui tire à ricochet. On donne aulîi quelquefois
aux batteries le nom de leurs feux, relativement
à l’objet qu’elles battent; ainfi on appelle
batteries directes, celles qui battent perpendiculairement
le flanc ou la face d’un ouvrage, ou le
front d’une troupe; batteries <f écharpe, celles
dont la direction du tir fait un angle de 200, au
plus, avec la longueur d’une pièce de fortification,
ou avec une ligne de troupes; batteries de
revers, celles qui battent le derrière d’un ouvrage
ou du front d’une troupe; batteries â? enfilades ,
celles dont les projeéliles parcourent la longueur
de quelque partie d’ouvrage ou de tranchée, ou
du front d’une troupe : une batterie, ainfi placée,
bat une troupe enJlanc xfi elle tire fur une troupe;
& fi elle tire fur une batterie, elle bat en rouage ,•
batteries çroifées, celles dont les feux fe croifent
fur une face d’ouvrage ou furie front d’une troupe'.
Une batterie à redans efl celle dont l ’épaule-
ment efl dirigé fuivant plufieurs lignes droites,
formant entr’elles des angles rentrans & faillans.
Une batterie à barbette efl celle dont la hauteur
de l’épaulement, terminé à la genouillère,, n’a
point d’embrafures.
Les batteries, relativement à l'objet auquel on
les emploie pour l’attaque & la défenfe, fe divifent
encore en batteries de Jîége , batteries de place,
batteries de côtes & batteries de campagne.
Batteries de campagne. Ces batteries font
compofées de pièces des trois calibres, 12, 8 & 4,
&. d’obnfiers de fix pouces. Elles marchent, foit
avec les divifions des corps d’arméefoit avec les
parcs de ces corps ; & comme dans chaque pofi-
tion on n’en fait qu’un ufage momentané, elles ne
font point couvertes d’un épaulement ;.fi cependant
elles occupoient une pofltion qui pût avoir de la
fiabilité dans une aôlion, & qu’on eût le temps» &
les outils néceffaires, on pourroit les couvrir d’un
épaulement jufqu’à la genouillère,..ou élever en
avant de la terre à o mèt. 72 ou o met. (2 ou
3 pieds); mais il faut, dans toute pofitiôn, profiter
des accidens du terrain qui peuvent les mettre
à couvert fans nuire à l’effet du tir. Il faut de
plus éviter de s’établir fur un terrain marécageux,
pierreux ou coupé, ne pas choifir des pofilions
trop élevées, le maximum avantageux étant de
3b à 40 mètres fur 6bo, & dé 16 fur 200; ménager
à propos fes munitions pour tirer avec plus de
viteffe dans-un.moment favorable; battre, autant
que poffible, une ligue de troupe en flanc ou d’écharpe
, & dé front une colonne; enfin, ne point
s’aventurer hors la protection des.troupes..
Batteries de côtes. Elles fervent à protège?
l’entrée des ports, les rades de fureté, les princi-r
paux mouillages; elles doivent être placées de
manière à découvrir parfaitement l’efpace qu,’elles
doivent battre, & que les vaiffeaux ne puiffent
point, ou que difficilement , fe mettre à portée de
les faire taire ou de les détruire; elles doivent
être foutenues par des batteries mobiles, cachées
derrière des rideaux ou des épaulemens, qui fe
portent furies points menacés & s’oppofent au dé?
barquement de l’ennemi.
Le boulet ricochant très-bien lorfqu’il touche
l’eau, fous un angle de 4 à 5° , les batteries de
côtes devront toujours être placées à une hauteur
convenable pour produire cet effet; or, en leur
donnant 14 à 18 mètres de hauteur , lès boulets
ricocheront à une diflance de 200 mètres, &
pourront frapper les vaiffeaux qu’ils n’auront pas
atteints de plein fouet; tandis que les boulets de
ces vaiffeaux, qui ne partent que d’une hauteur
de 5 à 6 mètres, ne pourront monter par ricochet
jufqu’à la batterie.
Le fer vice des pièces, dans les batteries de côT
tes, fe fait à couvert du feu de l’ennemi ; & ce feu
fera d’autant moins dangereux que la batterie fera
plus élevée. Les pièces tirant à barbette, la hauteur
de l’épaulement fera déterminée par l’élévation
du bourlet du canon au-deffus de la plateforme.
Les affûts de côtes & leurs plates-formes font
conflruits de manière que le canon peut faire avec
l’épaulement un angle de 46° * & embraffer de fon,
feu le quart de la circonférence ; ce qui exige que
les pièces foient efpacées entr’elles de 7 mètres,
afin que les manoeuvres fe faffent commodément.
( Voyez les articles Affûts de côtes & Plateforme
d’affvt de cotes. ) j
Batteries de place. Elles font ordinairement à
barbette, pour éviter les embrafures qui affoiblif-
fent le rempart. La conflruêlion, de ces batteries
confifle uniquement dans celle de leur plateforme.
{JVoyez, le mot Plate- forme d’affut de.
elace. ). Les pièces font efpacées de 4.mêtres 3 &.
leur directrice efl perpendiculairé à la face de:
l’ouvrage qu’elles défendent; le champ de tir de
ces pièces s’étendant, par ce moyen ,.à droite & à
gauche de leur directrice , elles, pourront, battre,
fuceeffi-vement divers,points.
La genouillère , à compter du plan fupérieur des.
gîtes, vers le parapet, doit être de 1 mèt. 62 (ff
pieds), garce que l’élévation de la pièce de place,
au.-delïus de fon châfïis , efl de 1 mèt. 57.(4 pieds.
10 pouc.) ;.le&madriers de la plate-forme,,, ayant
o mèt- o5 (2 pouc. ). d’épaiffeur,. achèvent d'élever
la. pièce de place à 1 mèt. 62 (,5 pieds), &,
répaiffeur du châfïis fert à donner du jeu à la volée
pour palier par-deffus.,celte genouillère..
Batteries, de fiége. Ce font cellès que l ’on.
confirait devant une place qu’on affiége; ces bat- j
teries ont un épaulement, en avant duquel font
une berme & uu foffé. Les terres du derrière & des
extrémités de cet épaulement font retenues par un
revêtement en fauciffon, en gabion ou en gazon,
qu’on appelle chemife de la batterie.
Les batteries de fiége font de deux efpèces : les
premières ont pour objet d’éteindre le feu de la
place, de détruire les parapets qui couvrent le
canon & les autrés moyens de défenfe^ afin de
s’approcher des remparts avec moins de danger.
On établit les fécondés batteries pour battre en
brèche, ouvrir les remparts & entrer dans la
place. Les pièces qui comppfent une batterie de
fiége font montées fur des plates-formes,.
Le tracéfcs’exécute fur une perpendiculaire au
prolongement de la face à battre, ou fur une parallèle
à cette face, fuivant que l’on doit tirer à
ricochet, ou dé plein fouet pour battre en brèche.
Une de oes lignes & l’emplacement. de la batterie
étant donnés, on mefure là longueur de ce
dernier en comptant.6-mèt- par pièce; on élève
à chaque extrémité de l’emplacement une perpendiculaire
fur laquelle on marque, avec des piquets,
l’épàiffeur de la bafe de l’épaulement, la
projeèlion des deux crêtes fupérieures , la largeur
de la berme & du foffé, en menant des parallèles
à la première ligne : on marque, avec des piquets»,
la directrice de chaque embrafure, en la prolongeant
en arrière de l ’épaulement. Gonnoiffant la
nature des terres, la hauteur des crêtes au-deffus
du plan horizontal, il faut, à l’épaiffeur du fom-,
met, ajouter les talus intérieurs & extérieurs, pour
avoir celle de la bafe..
. Lorfque les terres font légères, l’êpaiffeur du
fommet doit être de 6 mèt., & de 5 mèt..au moins,
lorfque ce font des terres fortes. La hauteur de la ’
crête, au-deffus du fol, doit être de 2 mèt. 3o
(7 pieds). On donne'au talus intérieur environ le
tiers de la hauteur. La. crête extérieure efl de
o.mèt. 20 à o mèt.-25 (.8 pouc.) de plongée. On
marque le milieu de l’ouverture intérieure des
embrafures, en partant d’une des extrémités de
l’emplacement y prenant 3 mèt. pour la première
& 6 mèt. pour chacune des autres. Le talus des
extrémités de l’épaulement efl le même que celui
de l’intérieur. Lorfqu’on trace les embrafures fur
le plan horizontal, on leur donne o mèt. 54 à O mèt.
55 (20. pouc. ) d’ouverture intérieure, & 3 mèt.
(9 pieds) d’ouverture extérieure.
On conferve aux embrafures, dans le relief, une
ouverture intérieure qui çft la mêtnç dans toute la
hauteur; l’ouverture extérieure s’élargit en s’élevant
, jufqu’à ce que les extrémités fupérieures des
joues aient un écàrtement de 4 mèt. (12 pieds);
ce qui donne une furface gauche pour chaque
face , quelle que foit la direôhon deTembrafure.
On donne J mèt. (3 pieds) de largeur à la
berme , 4• mèt- (12 pieds), au foffé , & 2 mèt. 60
(8 pieds) de profondeur, lorfque la nature du terrain
le permet. Lorfque la nature du terrain ne
permet pas de s’enfoncer, on élargit davantage
le foffé. La berme fert, pendant la conflrudion ,.
à recevoir les terres du fofl’é , & pendant le fiége5,
celles des éboulemens occafionnés par le feu de la
place.
Le revêtement d’un épaulement fe fait ordinairement
avec des faueiffons, mais à leur défaut on
fait ufage de gabions , de claies , de facs à terre ,
& même de gazons» lorfqu’on manque de bois.-
( Voyez ces mo ts. )•
Pour conflruire le revêtement de la batterie, ô£v
fait une rigole de o mèt.-32 ( 1 pied) de largeur,
fur ô mèt. iO' (4 pouc. ) de profondeur, en dedans
du tracé, qu’on met de niveau dans toute fa longueur.
On place le pÆmier fauciffon dans la rigole
, en tournant les noeuds dès h ar ts en dedans
de l’épaulement; on le fixe, dans cette pofition ,
par des piquets plantés à la diffance de trois h arts
les uns des autres; mais comme il entre plufieuTs
faueiffons à la bafe du revêtement, on ne plante
les deux derniers piquets du fauciffon placé, qu’a-
près eh avoir unr un fécond au premier,, en lar-'
dant la tête de l’un dans celle de l’autre: On continue
de planter ainfi des piquets dans les faucif-
fons , fur Toute la longueur de répaulemérit, & à
ceux des côtés, qu?on place en même temps, en»
faifant croifer. alternaiivment la tête de chacun
de ces derniers; avec le rang correfpondant
de la face de la batterie, pour lier les fau-
ciffons entr’eux, & donner plus de folidité à là
chemife..
On place un fécond rang de faueiffons fur le
premier, un Iroifième fur le fécond, & ainfi de
fuite jufqffà la hauteur de la genouillère ; mais
comme le revêtement doit avoir un talus du tiers
de la hauteur, chaque rang, de faueiffons doit
prendre fur le précédent un talus du tiers de fon
diamètre. En plantant les piquets, à partir- du
troifième rang, on les incline pour qu’ils s’enga*--
gent dans les faueiffons des deux couches précédan
te s , fans cependant lès faire for-tir de lâche
mife*
Lorfque les faueiffons ont o mèt. 32 ( 1 pied)
de diamètre, le quatrième rang détermine la hau--
leur du plan de l’embr-afure , qui efl de r mèt. i3
(42 pouces).
Le revêtement étant élev<fàeette hauteur, on
trace les joues des embrafures , que l’on revêt en
même temps que lè relie de l’épaulement, ayant
l’attention de placer les têtes des faueiffons à l’ouverture
intérieure ., verticalement les uns fur
les autres; & fes queues de ceux de la bafe, à
1 ouverture'extérieureen forte que l’écartement
des extrémités des derniers foit r comme on l’a dit
précédemment, de ^ 4 mèt. ( 12 pieds). On ôte lè
mafque lorfque là batterie efl finie.
Les épaulemens des batteries dé canon de
place, de côte & de mortiers,, fe conllruifent de