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DR AG ONE. Ornement de l'épée & du fabre,
fer van t , dans la fabre, à afiujetlir cette arme au
poignet.
DRAGUE. Sorte de poignard. ( Voyez Dague.)
DRESSAGE. C’eft l’opération qui confifle à
rendre parfaitement cylindrique l’a me des canons
de fnlil, & - à répartir uniformément le 1er du
tube. Le mode de dreffage en' ufage à la manufacture
de Saint-Etienne donnant la plus grande
perfeCHon à l ’ouvrage, on va le décrire ici avec
beaucoup de détails.
L atelier du maître dreffeur confifle en une
boutique fitnée le plus près poffible du local de
l’aiguiferie , pour faciliter les communications
fréquent es qu’il y a de l’une à l’autre. Cet le boutique
conlient une forge complète avec l’on'enclume
8c les marteaux, un banc de for crie à, bras ,
dont on ne fe fert que dans les mo me ns de loche-
relle , deux étaux , un compas d’épaifleur , une
équerre, un bois à dreffer, une vis d’ëxpreffion
placée fur un pied mobile (elle, fert a fixer le
canon dans fon milieu quand on veuty paff’er à bras
des forets ou mèches) , quinze à dix-finit forets
taillés , trois à quatre mèches, des limes & divers
autres outils aCceffoires. Ii faut de plus que la-
boutique foit bien éclairée, & que de la fenêtre on
puiffe apercevoir le ciel.
Chaque maître di’efleur a un compagnon appelé
pajjeur deforets, 81 chaque paffeur çle forets a fon
banc de forerie dans le même local que les meules,
& mu parla même roue hydraulique.
Les canons de fufil font remis au maître dreffeur,
forés ào met. 017 (7 lig. 6 points).
Il commence par les vifiter inlériéuremént 8c
extérieurement, pour ne pas entreprendre le dref-
fage de ceux qui préfenleroient des défauts, tels
que criques, pailles ou évents que le forage auroit
pu faire découvrit*. Il a tout l’intérêt pofïible à
apporter l’attention la plus ferupuleufe dans cette
vifite, car il perd fa main-d-oeuvre fur tous les
canons qui_font rebutés à la vifite des contrôleurs
après le dreffage.
Après celte opération, le dreffeur fait recuire
les canons pour rendre, du nerf & de la ténacité!
au fer que le forage a aigri : à cet effet, il en place
cinq à fix dans la forge, qu’il fait chauffer a,u
rouge cerife , fuoceflivem.ent depuis la bouche juf-
qu’au tonnerre, puis il les laiffe refroidir lentement.
Le recnit ayant noirci le canon intérieurement,
le compagnon y.paffe la ramqffe en long pour le
décrafl’cr 8c l’éclaircir un peu intérieurement. Celte
opération fe fait à bras, en fixant le canon au
moyen de la vis à preüiom
Dans toutes les opérations, que l’on va décrire ,
le maître dreffeur n’a pour but que le dreffage dé
l ’intérieur du canon , celui de l’extérieur lui étant
fubordonné. Ce n’eft que dans la-dernière opéra-
D R E
lion qu’il s’occupe du dreffage de l’extérieur,
comme il fera indiqué par la fuite.
Le maître dreffeur porte le gros bout de fon
canon à o met. o54 ou o mèt. o8l (a pu 3 pouc. )
de l’oeil, dirige l’autre bout fur le milieu d’un des
carreaux les plus élevés de la fenêtre, d’où l’on
puiffe apercevoir le ciel. Le eau on fe trouve alors
etre très-bien éclairé intérieurement, depuis la
bouche jufqu’à l’extrémité du tonnerre. Il lève
enfuite infenfiblement la bouche, jufqu’à ce. que*
le châffis fu péri eu r de la fenêtre détermine une
ombre dans la partie inférieure du canon , qui foit
telle qu’elle ait la forme d’un cône- émouffé’ ou
d’un cierge. Ce cierge doit avoir fa baie vers le
tonnerre, 8t fon fomrnet effleurant la bouche :
dans cette, poli lion, fi le canon eft Bien drefié , les
lignes qui terminent l'ombre ne doivent préfenler
aucune interruption ni inflexion quelconque : la
plus peti le de ces inflexions dénoté un défaut. 11 fait
tonrner fon canon dans les mains pour l’examiner
dans tout fon pourtour, en ayant bien foin de le
maintenir dans la même pofilion, afin que l’ombre
ait toujours la même figure.
Les canons peuvent préfenter des défauts de
différentes efpèces, dont la réparation doit être
faite par le maître dreffeur ou dirigée par lui;
favoir : des défauts de dreffage, des défauts de
paille ou des défauts de calibre.
On appelle généralement défaut de dreffage,
le pli ..que fait un c.anôn voilé; il préfente intérieurement
d’un côté, en defl’us, par exemple,
une partie faillante , & en deff’ous une partie
rentrante. Le canon étant à l’oeil, & lé Commet du
ciérge effleurant la bouche, comme il a été.indiqué
ci-deffus, le dreffeur le fait tourner dans
les mains, de manière que tous les points du
canon viennent lucceflivement palier dans l’ombre;
s’il exiftôit un défaut, l’inflexion des lignes qui
termine l’ombre peut être, ou concave, c’eft-à-
dire, formant une courbe rentrante dans l’ombre,
ou convexe dans le fens oppofé; fi elle eft concave,
cela dénote que la partie rentrante du défaut fe
trouve à la partie inférieure du canon ;. fi elle eft
convexe, elle fe trouve à la partie fupérieure;
mais alors on fait faire une demi-révolution au
canon, jufquüà ce que l’inflexion foit .$ on cave 9.
pour ramener le rentrant à la,partie inférieure.
On a pour but d’obferver tous les défauts dans une
feule pofition, afin que l’oeil puiffe mieux s’exercer
à juger de leur étendue , de leur profondeur &
de la diltance à laquelle ils fe trouvent.
Il y a ici illufion d’optique; le défaut paroît toujours
etre plus loin qu’il n’eft réellement : la pra-
| tique peut feule fervir de guide dans cette oc-
cafion.
Il eft, encore un moyen que le dreffeur emploie
prefque toujours pour confirmer fa première ob-
fervation fur la nature du défaut ; il confifle , quand
lé canon eft à l’oeil, 8t que l’ombre a la forme d’un
cierge x à'ba-iffér un peu la bouche du canon , de
manière' le fommel du cierge defeende juf-
cruelur la place du défaut; il le fait promener fur
nette place, & l’habitude lui fait bien reConnoître
la -profondeur & la diltance du défaut.
Les défauts font plus ou moins profonds ou
{donnés} fui vaut que l’inflexion des lignes qui
terminent l’ombre eft elle-même plus ou moins
concave ou étendue. _ fT .
Pour faire difparoître un défaut de dreffage, le
maître dreffeur tenant fou canon dans la pofition
où le défaut a éléiobfcrvé, lui fait faire une demi-
révolution pour ramener en deflous la partie du-
défaut qui eft faillante à l’intérieur , pofe cette
partie du canon fur fou enclume , qui doit toujours
être placée devant lui, 8c frappe avec fon
marteau fur la partie rentrante pour la faire
rendre. Il porte ion canon à 1 oeil pour s’affirer
que le défaut a été repris; dans le cas contraire,
il continue parle meme procédé julqu à ce quil
ait entièrement fait difparoître l’inflexion de l’ombre.
Il doit diftribuer les coups fur toute la longueur
du défaut, 8ç proportionner leur lôrce à la
profondeur de la partie rentrante. 31 entreprend
ainfi, l’un après l’autre; lo.us les defauts qui fe
trouvent depuis o mèt. 487 ( 38 pouces ) du tonnerre
j u f qu’à la bouche du canon, en commençanttoujours
par ceux qui font le plus rapprochés
du tonnerre. 11 retourne enfuite le canon pour 1 observer
au tonnerre, porte la bouche a la hauteur de
l’oeil, dirige l’autre extrémité contre.la fenêtre, 8c
reprend tous les défauts qui s’y trouvent, dé la
même manière qu’il vient d’etre indique ci-deffus.
Le deffus de l’enclume .des drefieurs n’eft pas
parfaitement plan ; il préfente une petite concavité
d.ans.fon anUeti, d.e o mèt. 001 ! ( 5 à 6^ points)
de flèche,- fur une lu’rface de o.inèl. 108 à o met.
ï35 (4 à:5 pou.G,) de long;, c.eft fur celle partie
de l’enclume que l’on place le defaut.du canon
quand on le difpofe à le faire difparoître au marteau..
■ •• ... -.../ri; . V ■ , , ' ' 'i'"
Le premier dreffage terminé, le dreffeur cherche
à découvrir l’oeil des défauts de paille qui
pourvoient fe trouver à ï’inténeur du canon. .S n
croit en apercevoir-un ,poiir s’en alîurer. il frappe
un ou deux petits coups avec le bifeau de Ion
marteau, fur la partie extérieure du cancn côrref-
pondaute au défaut qu’il foupçonne.; ces c - ps de
marie au refoulent le fer à l’intérieur & font un peu
détacher la paille, s’il y en a une ; alors il redouble
fes coups jufqu’à ce que le 1er lbit fuffifammeal
refoulé àJ’mtérie.eu*.., pour que le; foret puifiç enlever
la paille &. ne point laiffe r desich ambre.
On entend par défaut de calibre les proportions
du canon .qui ont un calibre trop grand & toutes
les cavités ou chambres intérieures ; ces défauts
font traités de la même manière que les pailles ,
en ramenant à coups de marteau les parties rentrantes
au calibre, pour que le foret puiffe les
attendre. Lés coups de marteau que l’on donne
pour reprendre ces défauts , ne doivent pas déranger
le, dreffage . fi l’on a foin de placer le canon
lui* la partie Ta plus plane dé l’enclume , de manière
qu’il ne porté pas a faux,
v Le compagnon dreffeur vient prendre le canon
après le premier dreffage, le porte au banc de
forerie 8c y pafl’e fix à huit forets tailles ? & une
mèche , ce qui porte lé calibre de.o met. o 109
(7 lig. 7 points7) ào met. 0170 (7Üg. 8 points).
Le foret dont on fe fert da%s cette manùfaélure
eft une verge dé fer de 1 met. 624 ( 5 pieds ) de long,
équarrie à une de fes extrémités fur nue longueur
de O mèt. 486 ( 18 pouc. ) : les faces de l’équarrif-
fage font recouvertes de feuilles d’acier. Il doit etre
forgé de manière à palier dans une lunette de o met.
0158 ( 7 lig- 5 à 6 points); fes arêtes font enfuite
taillées, ce qui porte la diagonale de 1 cquarnffage,
ou ce qu’on appelle vulgairement/«? calibre auforet
a,0'mèt.,0 7 1 .(7 lig- 7« B.points ) ; la partie équarrie
eft fendue par fon milieu, à partir de o met. 027
( 1 pouc.) de l’extrcmi.lé du loret, fur o mèt. 4o2>
( 16 pouc. ) de longueur;“cette fente fert a placer
une ou plufieurs feuilles de papier pour augmenter
à volonté le calibre du joret. . *3
La mèche eft un foret non taillé , qui 11 eft pas
fendu, 8c dont la partie tranchante eft en forme
de pyramide quadrangulaire tronquée : cette
mèche eft employée toutes les fois qu’a près avoir
paffé un certain nombre de forets tailles, le canon
doit être remis au dreffeur- pour être redrelk ;
elle fert à enlever les inégalités des forets &. à
polir le canon; on l’emploie avec des élclés.
Les fix à huit forets étant pafles ainfi què
la mèche, le. canon a perdu fon dreffage. I #
compagnon le rapporte au maître, qui le re-
dïeffe de la même manière qu’il a été indiqué
pour le premier' dreffage ; mais la mèche ayant
bien poli l’intérieur du canon., ce deuxième drel-
faae doit être plus exn£t que l’autre; il fe fait
egalement au marteau.
Le canon bien.drefié eft porte autour à canon,.
. Les canons tournés extérieuremeut font vap-
.portés au maître dreffeur , qui. les drefié de nou-
veau au marteau & fur rçnclume comme précédemment.
.Le compagnon les porte cnimte ou
banc de forerre , &. leur paffe irois forets tailles
& une mèche. Le canon approche alors à uifdemi-
point près du calibre de o met. 0277 (7 hgp
9 points).
Le maître dreffeur redreff'e fon canon au manteau
pour la quatrième fois, après quoi il le CQr>i-
pajje. Celle opération a pour but de diriger l’ai-
WîUÜeur», en marquant, par des traits de uire, le
côté où Je canon a le plus de fer. à ..enlever a l-i
meule. Le dreffeur indique alors, parla profondeur
de fes traits de lime, la quantité de 1er a enlever
à la meule. 11 répète celte opération clé o met. ib5
en b mèt, iS5 (5 pouc. en 5 pouc. ).,-en eufcr.cant
fon compas autant que la longueur de lès branches
le permet : ü retourne enfuite foc canon 8c opéré do
la même manière au tonnerre.
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