
l ’artillerie peut avoir à remplir, il eft facile de
remarquer que la première étant d’un intérêt tout-
à-fait fecondaire relativement aux deux autres,
ctlles-ci forment l’obi et effenliel de cette arme, &
conflituent le véritable rôle qu’elle doit jouer à la
guerre : & -ce rôle appartient aux batteries de
poGtion, en commun avec celles de réferve.
On en conclura enfuite naturellement qu’une
différence fondamentale dans les objets à remplir
entraînant une différence cor re {pondante dans les
moyens à employer, appliquer une intenGté intermédiaire
d’efforts à des degrés divers de ré-
Gftance à vaincre ou d’effets à produire, c’eft
s’expofer à établir en principe, à l’égard des uns
une infuffifance , & à l’égard des autres une
furabondance de moyens.
Le calibre de 4 s en effet, ne rempliroit-il pas
aufli bien que celui de 6 la première des trois
fonôtions qui viennent d’être conGdérées, dans
laquelle l’artillerie n’a en oppoGlion que de l’infanterie,
de la cavalerie ou des pièces légères,
ù de petites diftances, & dans des circonftances où
fon aôtion, quelle que foit fon intenGté, eft d’un
fo ible intérêt par rapport aux grands réfullats de la
guerre I* Dans les deux autres fonôhons, au contraire,
où l’artillerie agit ordinairement à de plus
grandes diftances, contre de plus forts calibres,
ou fur des obftacles contre lefquelsle calibre de 6
eft reconnu iufuffifant, & dans des circonftances
enfin où l ’artillerie exerce dans toute fon intenGté
cette action qui lui appartient fur l’ilfue des
b a ta ille s5 peut-on regarder le calibre de 6 comme
équivalent au calibre de 8, qui lui eft aulïi in-
eontentablement fupérieur pour tous les grands
effets d’artillerie que le calibre de 6 l’eft lui-même
à celui de 4 ?
Si donc il s’agiffoit de former, avec une Comme
donnée de moyens, un équipage d’artillerie, & que
l ’on propofât, d’un côté , de le compofer excluG-
vement en canons du calibre de 6 , & de l’autre d’y
employer les canons de 8 & de 4 j dans une proportion
telle que leur nombre total étant égal à
celui des canons de 6 , on pût affeôlerles pièces
de 4 au* batteries de bataillon ou d’avant-garde ,
& difpofer de celles de 8 pour les batteries de po.G-
tion ; ne feroit-ilpas aufli avantageux que conforme
aux principes de préférer le dernier fyftème ? ne
iéi’oit-ce pas en effet rejeter l’infériorité qn’auroit
une partie de nos calibres à l’égard du calibre intermédiaire
dont fe fervent les étrangers , fur les
détails & les chances de la guerre qui ont le moins
d’importance, & fe ménager toute la fupériorité
qu’anure l’autre partie , pour les occaûons qui décident
du fuccès des campagnes & du fort des
armées ?
Si le raifonnemenl feul ne fuffifoit point pour établir
les avantages du calibre de 8 fur c e ja i de 6
dans la formation des ba tterie s de poGtion, il s’ap-
piiyeroit fur les fouvenirs du paffé pour rendre- ces
avantages incontëftables. On ne peut avoir publié
la gloire que l’artillerie françaife s’eft acquife dans
les vingt premières années de la dernière guerre
intervalle de temps pendant lequel les ba tteries de
poGtion, formées de canons de 8, ont eu conftam-
ment une fupériorité marquée fur celles de l’ennemi.
Le calibre de 8 étoit pour ainG dire le type
de ces batteries d’artillerie à cheval, qui alors
compofoient en grande majorité notre canon de
poGtion, & dont la réputation fe perpétuera dans
le corps de l’artillerie françaife aufli long-temps
qu’il fera fenflble au Convenir derfa propre gloire &
des fervices qu’il a rendus à l’Etat, Vingt ans de
luccès éclatans l’avoient donc confacré. Perfonne
ne petit être plus difpofé qu’un officier'd’artillerie
à accorder au perfonnel du corps la portion de
mérite qifil a à réclamer dans ces fuccès; mais il
appartient au même officier d’apjjrécier jufqu’à
quel point peut y avoir contribué la nature de
l’arme avec laquelle ils ont été obtenus. Il paroît
împoffible de nier que la fupériorité matérielle &
poGlive d’un calibre plus conGdérable fur un calibre
habituellement plus foible foit entrée pour
beaucôup dans celle que l’on a généralement reconnue
à nos batteries à cheval, à l’époque de la
guerre dont il eft queftion. Cette opinion étoit tellement
acci'éd-itée, que les canonniers ne fe font
décidés en général qu’avec la plus grande peine à
renoncer à une arme qne tant de motifs d’amour-
propre & de confiance leur rendoient précieufe,
& qu’ils ont faifi avec empreffement l’occafion de
la reprendre partout où le calibre de 8 étoit encore
admis dans la compofidon des équipages de campagne
en concurrence avec celui de 6 , qui n’a pu
être introduit que fuccefïïvement dans nos armées.
Dans les armées où le calibre de 6 avoit été
complètement fubftilué à celui de 8 , on fait combien
le calibre de 12 étoit nécefiaire pour mettre
nos batteries en état de lutter fans défavantage
contre celles de l’ennemi. Ceci conduit à examiner
G l’extenGon que l’on peut donner à l’emploi du
calibre de 12 dans nos armées détruit ou modifie
les motifs de préférence allégués plus haut en faveur
du calibre de 8, comparé à celui de 6.
La folution de cette dernière queftion fera négative,
G on la cherche dans l’obfervation de cg
qui s’eft pratiqué depuis L’inlroducHon des pièces
de 6; car cette innovation n’a point fait augmenter
le nombre de pièces de 12 dans la compoûtion des
équipages d’artillerie. Un corps d’armée de trois
divifions avoit une batterie de réferve du calibre,
de 12 pour trois batteries de 6 à pied & une batterie
à cheval de même efpèce, ce qui donnoit
quatre pièces de 12, fur trente bouches à feu. Un
corps d’armée de deux diviftons avoit le même
nombre de pièces de 12 fur vingt-quatre bouches
à feu. La proportion moyenne eft donc de quatre
pièces;de 12 fur vingt-fept bouches à feu, ce qui
eft loin d’excéder celle dans laquelle ces pièces
concouroienl à la forma tion des équipages d’artii-
lillerie antérieurement à l ’an XI.
Si l’on cherche la folution propofée dans la nature
même des chofes, on verra que le tranfport
de la pièce de 12 étant difficile, fon emploi dispendieux
& impraticable pour l’artillerie à cheval,
fon indifpenfable ufage borné à quelques cas feulement;
toutes ces circonftances font autant de
motifs d’en reftreindre l’emploi. Il vaut donc
mieux chercher à donner aux batteries de poGtion
un avantage inhérent à leur organifation, que de fe
mettre dans la néceffilé de leur fournir un appui
dont l’efficacité n’eft jamais infaillible ni aufli immédiate,
& dont l’emploi fe trouve en oppoGlion
avec cette économie de moyens que l’on a établie
pour bafe de tout fyftème raifonnable d’artillerie.
Les pièces de 8 ont en elles-mêmes cet appui
dont il vient d’être queftion ; 81 partout où on les
emploie dans les batteries de poGtion, les pièces
de 12 peuvent être déduites à leur véritable defti-
nation, qui eft de fournir des batteries de réferve.
Avec des pièces de 6, au contraire, au lieu de
ménager les pièces de 12 pour les réferves, on eft
obligé de les mettre habituellement & dès le principe
en ligue avec les batteries de poGtion ; fyftème
fur les inconvéuiens duquel il n’eft pas befoin
d’in fi fie in
Si l’on conGdère que l’ufage des batteries de réferve
étant reftreint à des cas particuliers , les batteries
de poGtion font ce qui fait habituellement
fouôlion d’artillerie , 81 ce qui conftitue effentielle-
ment le fervice de l’arme à la guerre, il ne paroî-
tra pas furprenant de voir attacher tant d’importance
à leur compofttion, 81 tant d’intérêt, à leur
conferver une fupériorité réelle fur celles de rennemi.
Cette fupériorité paroît furtout à réclamer
pour les batteries à cheval, dont l’emploi difpen-
dieux doit du moins offrir tous les genres d’avan-
tagesque comporte le degré de mobilité qui leur eft
propre.
AinG l’admifïion du Calibre de 12 dans la formation
des équipages de campagne laifl’e fubûfter
dans toute fa force le principe établi de la fupé-
riorité du calibre de 8 fur celui de 6 pour L’organi-
fation des batteries de poGtion. En revenant donc
à la double hypotlièfe préfentée plus haut de deux
équipages, compôles avec une fomme égale de:
moyens matériels, l’un exclufivement de pièces de
6, l’autre d’un pareil nombre de bouches à feu,
dont moitié feroit du calibre de 8 & moitié de celai
de 4; il fuit de ce qui vient d’être dit que le
dernier fera inconleftablement préférable ; G le
l’apport d’égalité entre le nombre des pièces de 8
& celui de pièces de 4 , rapport néceffaire pour
conferver l’identité hypothétique de moyens prife
pour bafe du parallèle, eft aulïi celui qui répond
le mieux à l’ulage que l’on peut faire de ces deux
calibres en campagne , c’eft-à-dire , qui donne les
pièces de 8 & de 4 dans la proportion précife où,
d après les principes pofés fur la deftination de
1 artillerie à la guerre, elles doivent être refpeôli-:
veinent employées.
Lorfque l’on attachoit des pièces de 4 aux bataillons
de la ligne, ces pièces entroient dans la
formation des équipages d’artiilerie des armées en
plus grande quantité de celles de 8. Depuis la ftfp-
preffion de l’artillerie de bataillon, la proportion
a été en feus invevfe; mais il doit être à peu près
démontré aux yeux des officiers à qui il appartient
d’obferver & de raifonner l’emploi de l’artillerie à
la guerre, que cette proportion n’eft point effénliel-
leraent dans la nature des chofes, & que par fuite
de ce luxe de moyens, auquel on s’eft ailément
laiffé entraîner dans une guerre heureufe , prefque
toujours alimentée aux dépens de l’ennemi, on
employoit le calibre de 8 en beaucoup d’occaGons
où celui de 4 aux oit été fuffifant.
Il eft donc douteux que dans un équipage com-
pofé de calibres de 8 81 de 4» Ie premier doive
être pris en plus forte proportion que le fécond.
Mais en confentant même à prendre l’habitude
contrariée à cet égard pour raifon , 81 à admettre
dans la formation d’un tel équipage le calibre de 8
en une proportion un peu plus forte que celui de
4 ,.il en réfulleroit feulement que, pour rétablir
l’équilibre fous le rapport de l’économie de moyens,
entre cet équipage & l’analogue du calibre de 6 ,
il fuffiroit de retrancher quelques bouchés à feu
au premier. Cette réduction fe trouveroit dans une
proportion G foible, relativement au nombre total
de bouches à feu de l’un ou de l’autre éqaipage,
que l’inconvénient qui en réfulleroit à l’égard du
premier ne fauroit entrer en balance avec les avantages
qu’il préfente fous tous les autres rapports.
Pour un équipage d'environ cent bouches à feu,
par exemple, dans lequel on admettroi t, fuivant les
anciennes bafes, un cinquième de pièces de 12,
& le même nombre d’obuGers , ou pourvoit, felo*i
que l’on en régleroit lé complément d’après l'ancien
ou le nouveau fyftème, former à volonté, avec
une lomme donnée de moyens, les deux équipages
fui vans.
Ancien fyftème : vingt obufters, vingt pièces de 12,
trente-quatre pièces de'8, vingt-quatre pièces de 4-
Nouveau fyftème : vingt obuüers, vingt pièces
de 12, foixanle pièces de 6.
Ce qui donne podf l’ancien fyftème un total de
quatre-vingt-dix-huit bouches à feu, Si pour le
nouveau fyftème un total de cent.
Or, G l’on accorde les principes précédemment
établis, Si par fuite les conféquences générales qui
en ont été dérivées , il paroît irnpoffible de ne pas
convenir de la fupériorité très-réelle du premier
de. ces équipages fur le fécond; ou ce qui eft la
même'chofe , de celle de cette partie de l’ancien
fyftème d’artillerie fur la partie correfpondanle du
fyftème de l’an XL
Çomparaifon de Vobtijîer de 6 pouces avec
l*obufîer de 24*
Avant d’appliquer à ce nouveau parallèle l’ans