
Le canon ouchê dans tonie fa longueur, eft
porté à l’aiguifeur, qui fait difparoître toutes les
ouches des drefleurs & fait les pans au canon.
Il efl; enfuite rapporté au maître dreffeur. Ce
cinquième drefiage fe fait au marteau ou au bois
à drefferf fuivant la nature des défauts; .s’ils font
courts & faciles à faire difparoître par de petits
coups de marteau, on fe fert du marteau ; s’ils
font au contraire alongés } on fe lert du bois à
dreffer.
Pour reprendre un défaut du drefiage avec le
bois à drelier, un canon plié*, par exemple, on applique
le cintre du bois fur le canon, dans le fens
cle l'a longueur, le milieu du cintre correfpondant
au milieu delà partie du défaut qui faille à l’intérieur
du canon ; on porte ainfi le canon dans l’étau,
de manière à ce que la mâchoire extérieure par
rapport au banc, preffe le dos du bois, & l’autre
iur la partie du défaut qui forme un rentrant dans
l’intérieur, ou qui efl; bombé à l’extérieur. Le
d relieur tient dans cet état le canon & le bois
avec la main gauche, faifît avec la droite la clef
de fon étau, le ferre par de petites préfixons bruf-
ques, mais légères ; il doit être très-habitué à proportionner
les prellions à la grandeur du défaut ;
il ell même à propos qu’il connoiffe fon étau pour
être certain de les graduera volonté; car fi, dans
la polilion où fe trouve le canon, il le prefloit trop
fort, il pourroit le forcer.dans le. fens oppofé, &
le défaut deviendroit alors bien plus difficile à réparer.
Le drelfage au bois eft plus difficile que celui
au marteau, il demande plus d’exercice ; mais
aufïl quand on en connoît bien la pratique, il efl
plus expéditif , 8t efl; fufceptible de plus d’exactitude.
Il y a même un inconvénient à fe fervir
du marteau dans les dernières opérations du dref-
fage, & furtout après le deuxième aiguifage, dont
il fera fait mention plus loin, parce qu’alors le
canon approchant.beauconp des dimenflons qu’il
doit avoir, le fer eft réduit à fon minimum d’é-
paiffeur, & chaque coup de marteau forme une
cavité extérieurement & une hoffe intérieurement;
fi lecalibre eft déjà à o mèt. 017*7 (7 lig. 9 points),
les forets ou mèches que l’on paffe dans le canon
pour enlever la boffe, augmentent le calibre; c’efl
donc un vice : & fcnvent^fi la cavité extérieure
efl un peu profonde, on ne peut la faire difpa-r
roitre fans mettre le canon au-deffous de les proportions.
Le bois à dreffer n’offre pas ces inconvé-
niehs; il peut reprendre..lous les défauts de dref-
fage, excepté les plis courls qui lui échappent,
& pour lefqnel* il faut néceffairement faire ufage
du marteau; mais alors on doit l’employer avec
Beaucoup de ménagement.
Le cinquième drefiage achevé, lè compagnon
porte fes canons à l’ufine, leur paffe deux ou trois
forets taillés pour les mettre exactement au calibre
de o mèt. 0177 (7 lig. 9 points) , & il les polit
enfuite avec la mèche.
Ainfi, quand un canon eft bien forgé & bien fain,
douze à quatorze forets fuffifent pour l’amener-au
calibre de guerre ; mais il arrive quelquefois qu’il
en faut palier quinze à dix-huit, & même plus :
cela a lieu quand, dans le courant des opérations ,
le dreffeur aperçoit des défauts de paille y comme
il doit frapper.des coups de marteau fur la partie
extérieure du canon qui correfpond à la paille,
pour faire refouler le fer à l’intérieur, il faut
néceffairement paflèr un ou plufieurs forets taillés
pour enlever ce fer. Cela nécefiite aulli un drefiage
de plus ; car il eft de règle générale, que toutes
les fois qü’un canon fort des ufines après avoir
fubi une opération d’aiguifage, de forage ou du
tour, le drefiage doit être rectifié par le maître
drefféur.
Quand le compagnon a mis fon canon au calibre
de o mèt. 0177 (7 lig. 9 points ) & qu’il l ’a poli
avec la mèche, il le rapporte au maître drefièur
qui le redrefiè de nouveau. Ce fixièrae drefiage fe
fait uniquement au bois à dreffer. L’ouvrier opère
comme précédemment, en fe ménageant dans l’intérieur
de fon canon une ombre en forme de
cierge y mais les canons étant très-bien polis dans
les derniers dreffages, le moindre petit défaut doit
être fenfible à l’oeil par l’inflexion des lignes qui
terminent l’ombre. Si le canon eft bien dreffé,. en
levant ou baiffant un peu l’extrémité la- plus rapprochée
de la fenêtre, le fommet du cierge doit
fe promener rapidement d’une extrémité du canon
à l’autre , fans préfenter la moindre interruption
ni inflexion.
Le premier aiguifage n’à fervi qu’à dégrofïïr le
canon ; le drefièur le compafïe de nouveau pour
lui faire fubir un deuxième aiguifage, qui doi t
l’amener jufle aux dimenfions extérieures qu’il
doit avoir, fl s’y prend de la même manière que
pour le premier; il marque par des traits de lime
le côté où il fe.tronve le plus de fer à enlever, &
examine fi les pans font bien faits & bien d’équerre :
il a une équerre qui lui fert à cet ufage; il marque
aufii par des traits de lime les pans défectueux à
retoucher.
Dans ce deuxième aiguifage, l’ouvrier doit fou-
vent faire ufage de fa tnelure de proportion pour
s’affiner qu’il ne dépaffe pas les dimenfions extérieures
dé fon canon.
Le canon eft apporté après cet aiguifage au
maître draiüènr, qui le redreffe pour la feptième
fois. Après s’être afî’uré qu’il efl bien dreffé intérieurement
, il dirige fon coup d’oeil fur l’extérieur
du canon, en le maintenant dans la même polilion
qu’il avoit quand il regardoit dans l’intérieur. Il
aperçoit alors fur la partie fupérieure de fon canon
une ombre femblable à celle de l’intérieur ,
déterminée également par le châfïis fupérieur de
la fenêtre : elle a la forme d’un cône très-effilé,
dont la bafe efl à l’oeil & le fommet vient effleurer
la bouche du canon. Les côtés de ce cône doivent
être des lignes parfaitement droites; la moindre
inflexion ou interruption dénote un défaut. En !
baiffant un peu la bouche, puis la relevant enfuite,
l’ombre doit fe promener uniformément dans toute
la longueur du canon, en confervant toujours fa
forme de cône effilé. Elle ne doit préfenter ni étranglement
ni enflure du cône, ni laiffer apercevoir
de points lumineux au milieu de l’ombre.
Il fait tourner fon canon dans les mains, afin
tjue tous les points venant paffer dans l’ombre , faf-
fent -re pou traître les défauts qui fe trouvent à la
furface extérieure.
Après avoir reconnu que l’épaiffeur du fer à la
bouche & au tonnerre eft celle voulue par les règlement
, fi le canon n’a préfenté aucun défaut de
drefiage ni extérieurement ni intérieurement, on
ell affuré que le fer eft réparti uniformément dans
toute la longueur du canon, c’eft-à-dire, qu’en coupant
le canon par des plans perpendiculaires à fon
axe, chaque tranche doit préfenter une égale épaif-
feur de fer dans tout fon pourtour.
Si, au contraire, par l’in flexion des lignes qui
terminent l’ombre , ou par l’étranglement ou l’enflure
du cône , on a remarqué un défaut à l’extérieur
&. qu’il fe trouve aufii à l’intérieur, ce n’efl
qu’un défaut de drefiage; on peut y remédier avec
le bois-à dreffer : fi le défaut ne fe trouve qu’exté-
rieuvement, c’eft le fer qui eft inégalement réparti;
le dreffeur s’aflure par fa mefuré de proportion
s’il eft encore poflible d’y remédier par l’aiguifage,
& alors il ouche le canon dans les parties où il y a
du fer à enlever, & l’envoie à l’aiguifeur. Dans le
cas où l’on ne pourroit toucher au canon fans le
mettre au-deffous des proportions, il efl mis
aux rebuts, ou à réparer, pour être ralongé s’il '
y a lieu.
Quand un canon fe trouve ainfi être au-deffous
des dimenfions qu’il doit avoir, & que l’on aperçoit
encore des taches de forge , la faute en ell attribuée
au forgeur & il èn fupporte la perte : de
même qu’elle efl; au compte du dreffeur, quand le
canon fe trouve être au-deffous des proportions
après l’aiguifage , & que l’on aperçoit cependant
encore des traits de lime du ouchage : quand ni
l’un ni l’autre de ces cas ne fe préfente, la faute ne
peut venir que de l’aiguifeur.
On voit que toute la méthode de ce drefiage
confifte à avoir furtout le coup d’oeil bien exercé
à juger, par les lignes d’ombre de la place , de la
grandeur & de la nature des défauts.
D ressage du fei\ Opération que lubi£ une barre
de fer, après avoir été étirée fur le travers de,
l’enclume. On la redreffe en la martelant dans le;
fens de la longueur de la panne de l’enclume.
DRESSER le mortier. Ceft le placer de main
ere que fon axe foit vertical pour le charger.
\Voyez l’article E xercice des bouches a e eu . )
DRESSEUR. Ouvrier qui dreffe les canons -à
l’oeil ou au cordeau. ( Voyez le mot D ressa ge. )
DRILLE. Efpèce de porte-forêt très-fort, que
l’on ajufle au-defl'us d’un étau, pour percer des
trous dans de fortes pièces.
DROME. Longue & forte pièce de bois, fixée
dans la partie fupérieure des équipages d’une
ufine , 8t fervant à maintenir les autres pièces.
DUCTILITÉ. Propriété qu’ont le fer & l’acier
non trempé , le cuivre, & c ., de s’aplatir pat*
la preflion & la perçu filon, & de prendre ainfi
différentes formes fans qu’il fe faffe de folutioix
dé continuité dans leurs molécules.
DUREE des armes po r ta t iv e s . La durée de
fervice des armes à feu & blanches a été fixée en
France à cinquante ans ; & le remplacement des
armes hors de fervice, doit avoir lien en temps
'de paix par cinquantième. D’après un réglement y
les corps ne peuvent recevoir d’armes qii’eti
raifon de leur effectif en fous-officiers & foldals à
l’époque de leur demande , & conformément à
celles dont chaque individu doit être armé. Toutes
les demandes d’armes faites par les chefs des
corps doivent être tranfmifes au miniftre de la
guerre , afin de s’affurer fi le remplacement ou le
complément demandé eft juftifié par le temps du
fervice des armes, ou par des. aCcidens inévitables,
ou s’il provient de défaut de foin. Cet
examen fait, Son Excellence autorife la délivrance
des armes. L’artillerie les fournit & les expédie
dans des caijfes à tuffeaux.
Un fufil fupporte, fans être mis.hors de fervice,
le tir à balle de vingt-cinq mille coups. En temps
de guerre, un fufil ne tire pas cinq cents coups
par année.
Les principales caufes qui déterminent à mettre
une arme à feu hors de fervice, font :1e trop
grand ou ïe trop petit diamètre de l’ame du canon,
le défaut d’épaiflèur au tonnerre , les'évents 8t les
travers du canon. Le diamètre de l’ame fe mér~
fnre au moyen de deux cylindres, l ’un de huit
lignes deux points , l’autre de fept lignes neuf
points pour les fufils ; & pour les moufquelons &
Tes piftolets de cavalerie, l’un de huit lignes ,
l’autre de fept lignes fept points. Lorfque le petit
cylindre n’entre pas, ou que le gros cylindre entre
dans le.eanon, l’arme eft clafiéebors de fervice.
L’épaiffeur au tonnerre eft vérifiée par un calibrera
e fur e , qu’on place à la hauteur de la lumière
fur les deux pans de côté. Ce calibre a treize
lignes d'ouverture pour les fufils, douze lignes
pour les moufquetons , onze lignes fix points pour
les piftolets de cavalerie. Lorfque les canons peuvent
entrer dans ce calibre à la hauteur de lu
lumière:, ils font réformés. Il eft mis à la difpoli-
lion de chaque corps un certain nombre de cailles