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ARRÊT. Pièce en fer, fixée autrefois perpendiculairement
fur le côté droit-de la cuirafle pour
foutenir la lance dans une pofilion horizontale..
ARRÊTOIR. C’eft la partie de là Virole de la
baïonnette qui fert à borner le mouvement de
cette pièce, en battant contrel’étouteau, lorfqu’on
la tourne à gauche,
Arrêtoir. C’eft, au bout des leviers de pointage
des canons, une petite pièce en fer, prif-
matique, mince, longue & faillante fur le bois,
fer vaut à empêcher les leviers de fortir des anneaux
de pointage. Les anneaux ont un foulé veinent
pour laiifer paffer l’arrêtoir.
ARRIÈRE-BEC de bateau. C’eft l’extrémité
du bateau qui eft en arrière lorfqu’on navigue , &
où l’on place le gouvernail : le côté oppofé eft
l’avant-bec$ il doit être plus étroit 8c plus relevé.
ARROSAGE. C’eft l’eau qu’on met dans les
mortiers pour faire la poudre , foit la première
fois, foit dans les rechanges3 il eft pour la première
fois , dans là fabrication ordinaire, égal à
un dixième du poids des matières.
ARSENAL. Lieux 8c bâtimens difpofés & conf-
truitsmpour y fabriquer 8c conferver les machines
dont on fait ufage à la guerre. Ils doivent contenir
des ateliers pour les ouvriers en fer & pour les
ouvriers en bois, des magafins pour les ^matières
premières, 8cc.', fuivant Fimportance ou la defti-
nation de l’arfenal.
ARTIFICES de guerre et de réjouissance.
On donne ce nom , en général, à toutes les com-
pofitions qui fe font avec de la poudre à canon,
ou avec les trois matières qui entrent dans fa fabrication.
Tous les artifices fe confervent affez
long-temps lorfqu’ils font au fec. Il en eft que l’on
peut garder des années, & qui ne fe dénaturent
pas quand ils font bien embarillés & garantis de
l ’humidité. Le tranfport des artifices fe fait dans
des b avrils où on les arrange avec des étoupes,
pour qu’ils ne fe brifent pas dans le trajet qu’ils
ont à faire, 8c que l’humidité ne les attaque
point.
On lit dans Frezier, que long-temps avant la
découverte de la poudre, on faifoit des feux d’artifice
où il y avoit des ferpenteaux, des girandoles
8c même des efpèçes de fufées volantes qu’on ne
poufroit faire aujourd’hui fans le fecours de la
poudre.
Dans la- defcriplion que Claudien fait des fêtes
données au public Cous le confulat deThéodofe ( qui
vivoit au fixiôme fiècle, c’eft-à-dire, environ 800
ans avant que la poudre ne fut connue en Europe )j.
après avoir parlé des machines & des décorations
peintes qu’oii avoit élevées, dans le cirque j| il dit
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« qu’on y voyoit des feux qui couroient en ferpen>
» tant par-deflus les planches, fans les brûler ni
» les ofienfer, & formoient, par des tours 8c dé-
» tours, différentes circonvolutions en forme de
» cercle ou globe de feu, par leur extrême vi-
» tefî’e. »
Il eft difficile de concevoir comment on a pu
faire de pareils.feux d’artifice fans avoir eu con-
noiffance des effets du mélange du falpêtre, du
foufre & du charbon. ( Tmité des Jeux d’artifices
pag. 22 du Difcours fur Vorigine des Jeux de
jo ie } édit, de 1747. )
Artifices incendiaires. On entend par artifices
incendiaires, les balles à feu, les carcaffes, les
tourteaux, les barils foudroyans, &c.
ARTIFICIER. On appelle ainfî tout ouvrier qui
travaillé aux feux d’artifices de guerre ou de ré-'
jouiffance. Ce font des canonniers qui chargent les
bombes, les obus, les fufées de ces pfoje&iles, 8cm.
ARTILLERIE. C’eft l’art de conftruire tontes
les machines de guerre, de les conferver & d’en
faire ufage. Son origine, fi l’on prend ce terme dans
fon acception la plus étendue, remonte à la plus
haute antiquité. L’ufage des machines de guerre ,
telles quebaliftes, catapultes, arcs, & c., propres à
lancer des pierres, des traits & des matières com-
buftibles, prit naiflance plufieurs fiècles avant l’ère
vulgaire, & fe perpétua jufqu’à l’éppque où la
poudre à canon fut employée.- Le mot artillerie a
fervi à défigner dans la fuite les canonsles mortiers,
les pierriers 8c Jes obufiers qui font les armes
aâuellement en ufage. Peu dé temps après
' l’invention de la poudre {voyez fon origine à
1 l’article Poudre) , on imagina des pièces d’artillerie
qu’on appeloit bombardes : l’on-en eonftruifk
enfuite beaucoup d’autres qui portoient les noms
d’animaux dangereux dont la figure étoit repré-
fentée fur les anfes de la pièce 3 comme ceux dé
coulevrine} de bafilic Jerpentine, deJcorpion
à l’imitation des Anciens, dont les machinas de
guerre àvoient de femblables noms : les Efpagnols
leur donnèrent dans la fuite des noms de famts :
Charles-Quint en fit fondre douze à Malaga pour
fon expédition de Tunis, qu’il fit nommer les douze
apôtres.. Louis XI appela du nom des douze pairs
de France, douze pièces du calibre de 45. On a.,
dans la fuite , vendu le mot canon commun à
toutes les bouches à feu dont-la forme eft longue :
ce nom avoit été celui d’une pièce dont le calibre
étoit d’environ trente-trois livres de balles. L’on
donne auffi, furtout en France, des noms particuliers
aux canons, qui n’ont aucun rapport avec leur
calibre 3.comme lè tonnantx le terrible y le Jour
droyant.
On n’eft pas d’accord fur l’époque de l’ufage du
canon 3 mais il paroît qu’on en tira pour la pre-
. mière fois au fiége de Clodia Fofla, que les Véni-
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tiens firent contrôles Génois en i366, ou des Allemands
leur apportèrent deux petites pièces d’artillerie
avec des boulets en plomb : cependant le
Père Daniel, dans fa Milice françaife, aflure que
l ’on s’en fervoit en France fous Philippe de Valois,
en i338.
Les premières pièces furent conftruites avec de
la tôle que Fon entouroit de cercles de fer 3 mais
leur défeèluofité ayant été bientôt reconnue, on
en fit fucceflivement en fer battu 8c en fer coulé :
celles-ci étant fujeltes à d’autres inconvénieris, on
imagina l’amalgame du cuivre & de l’étain, qui
forme la comppfition des bouches à feu dont on fe
fert encore 3 mais comme le fer coulé eft moins
coûteux, on a confervé l’ufage de pièces de ce
métal pour le fervice de la marine , où l’on ne s’en
fert ni auffi fréquemment ni auffi long-temps de
fuite que dans les combats fur terre.
L’on a varié pendant bien des années fur le calibre
& la longueur des canons : lés premiers ont
d’abord été très-petits 5 mais comme on fongea",
dès le commencement, à produire avec le canon
le même effet qu’avec les baliftes pour ruiner' les
édifices, & que de petits boulets ne remplifloient
pas cet objet, on chercha à en augmenter le poids
en leur donnant un plus grand diamètre.
Les boulets'de pierre que l’on a trouvés en dit—
férens endroits du royaume, dont quelques-uns
pefoient jufqu’à cent quatre-vingts livres, font
une preuve- de cette affertion. La groff'eur des
boulets a été augmentée au point que Louis X I, le
premier des rois de France, fous lequel l’artillerie
a commencé à être un peu confidérablë , fit fondrë
un canon quiportôit un boulet de cinq cents livres
depuis la Baftille jufqu’à Charéuton ( cette bombarde
, qui fut fondue à Tours par Jean Mangné,
creva au deuxième coup , 8c les éclats tuèrent le
fondeur & plus de vingt perfonnes). La difficulté
de manoeuvrer de telles bouches à feu fit diminuer
peu à peu leur grofleur : cependant, fous François
Ier. l’on en avoit dont le boulet pefoit cinquante
livres. Comme elles étoient encore trop
pefantes, on les. réduifit, fous Louis XIV, à de
moindres dimenfions, 8c on les fit différentes *de
longueur & de calibre , félon qu’elles étoient defti-
nées pour la guerre de campagne ou pourla guerre
de fiége. - -
Livrée dans les premiers temps à une aveugle
routine , on étoit loin de penfer que l’artillerie
moderne pût être guidée dans la pratique par desrègles
fcientifiques :,deux cents ans s’étoient écoulés
depuis fa naiffance, avant qu’on pût imaginer
qu’elle pouvoit dépendre d’une théorie fondée fur
la géométrie. On a à préfent des données fuffi-
fantes pour réfoudre le problème le plus important
de la baliftique 3 celui par lequel, connoiffant la
force de la poudre, on propofe de diriger une
pièce de canon de manière que le boulet aille frapper
un but de pofition connue 3 8c le favant Lombard
a calculé des tables qui en préfentent la
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folution dans tous les cas : mais c’eft furtout au
général Gribeauval qu’eft due la fupériorilé de
l’artillerie françaife fur celle de-toutes les autres
nations. Cet homme de génie, en créant un nouveau
matériel, avoit prefque tout calculé, tout
prévu & tout pefé, en forte qu’il ne refte plus
guère qu’à l’améliorer par des .corrections 8c des
modifications que le temps 8c l’expérience de la
guerre ont provoquées.
'L’artillerie a&uelle peut être divifée en trois
parties 3 fa voir : l’artillerie de campagne , l’artillerie
de fiége & de place, 8c l’artillerie de montagne.
L’artillerie de campagne eft compofée de
pièces de 12, de 8 , de 4 > &• d’obufiers de 6 pouces.
Elle eft attachée aux divifions de l’armée, & elle
a une réfervè deftinée pour les remplacemens 8c
les confommations. La quantité de ces bouches à
feu eft proportionnée à la force des troupes 8c à la
nature des pays dans lefquels on fait la guerre.
L’artillerie de fiége eft compofée de pièces des
calibres de 24 8c de 16, d’obufiers de 8 pouces 8c
de mortiers de 10 pouces 8c de 8 pouces. Le nombre
de ces bouches à feu varie en raifon de la force des
places qu’on'fe propofe d’affiéger. Les pièces fervant
à la défenfe des places font des mêmes calibres
que celles employées à l’attaque 3 mais on y
joint dés pièces de bataille, foit pour les fôrties,
foit pour la défenfe du chemin couvert 8c des ouvrages
avancés,. {Voyez l’article Approvisionnement
d’artillerie. )
L’artillerie de montagne fe compofe de pièces
légères, pour le tranfport defquelles on fait ordinairement
ufage de traîneaux. Les affûts font
portés à dos de mulet , lôrfqu’on ne fe fert pas
d’affûts-traîneaux. {Voyez l’article Système d’artillerie.
)
ARTILLEUR. La partie la plus importante de
fon art confifteà diriger, en préfence de l’ennemi,
le tir desbouches àfeu, à jeter desponts pour le paf-
fage des fleuves 8c à conftruire des batteries dans les
fiéges. Chacune de ces opérations ne peut être exécutée
avec difcernement qu’autant qu’elle eft éclair
rée par la théorie 5 mais c’eft furtout dans la conf-
truftion de fon matériel que Pari illeur doit réunir
de grandes connoiflances en mathématique , en
chimie * en phyfique , en minéralogie 8c dans les
arts graphiques. En effet, comment dirigera-t-il la
fabrication de la poudre? s’il ne fait pas, à l’aide
de la chimie 8c de la phyfique, afiigner par de' juf-
tes proportions à chacune des matières qui la com-
pofent, la part qu’ellepeut avoir à fes effets, 8c le
développement des reflorts qui conftituent fa force.
Comment dirigera-t-il les fonderies de bouches à
feu? s’il ne connoît, à l’aide de ces fciences, le
-rapport entre la puiffance 8c la réfiftance , la meilleure
forme de fourneaux de fufion, l’alliage, qui
peut le mieux convenir à chaque calibre , 8c la juf-
teffe des procédés mécaniques par lefquels on parvient
à la précifion des dimenfions. Comment diri