
J y fe & les rai Tonnera en s dont le précédent a été
l ’objet, il eût indifpenfahle de fixer la nature de
la difcuffion par deux obfervations importantes.
La première , c’eft que dans ce qui pourra être
d:t ci-après fur les avantages du calibre de 6
pouces relativement à l’obufier de campagne, il
ne fera queftion que du calibre même & non
du fyftème entier de la bouche à feu de cette efpèce'que
l’on employoitantérieurement à l’an XL
I/o bu fier de Gribeauval elt une arme tout-à-fait
défeclueufe, Tans portée, fans folidité.Mais l’expérience
a prouvé que l’on peut avoir un obufier
alongé de fix pouces, entièrement, affimilé à la
pièce de 8, foit pour le poids total, foit pour les
conditions du tirage, d’une grande folidité, &
d une portée dfe moitié au moins plus forte que
celle de l’ancien. Vingt bouches à feu de cette
dernière efpèce ont été employées avec le plus
grand fuccès pendant deux campagnes à l’armée
du midi de l’Efpagne, où elles ont fubi avanta-
geufement fous les divers rapports indiqués, les
plus fortes épreuves auxquelles des bouches à feu
de nouvelle conftruêlion puiffènt être foumifes.
Dans le parallèle qui va s’établir entre le calibre
de 5 pouc. 7 lig. a points & celui de 6 pouc. pour
l'obuGerde campagne, c’eft, relativement au dernier
calibre, d’un obufier de l’efpèce de celle qui
vient d’être décrite que l’on entendra parler, ou
d’un obufier du même calibre, conftruit dans tout
autre fyftème qui rempliront également les conditions
effentietles d’offrir un degré de folidité, de
mobilité & de portée très-rapproché de ce que l’on
trouve dans la pièce de 8, avec laquelle il doit
être concurremment, & fi l’on peut s’exprimer ainfi,
lolidairernent employé.
La fécondé chofe à remarquer, c’eft qu’il eft
fingnlier que l’on ait fondé la détermination d’un
changement efientiel dans le fyftème de l’artillerie
de campagne fur un motif de Amplification qui fe
»apporte, uon à ce fervioe, mais à celui de la
guerre des fi/gès, & qu’on l’ait fait, avant même
de s’affurer fi le hut que l’on établiffoit, ainfi en
principe d’une difpofilion à laquelle il eût dû refter
naturellement fubordonné , feroit atteint. Des expériences
poli lires femblent prouver en effet que
les obus de 24, dont l’emploi que l’on avoit deffin
d’en faire avec les pièces de ce calibre dans la
guerre des fiéges a été un des principaux motifs du
changement de calibre de [’obufier de cambagne,
ne peuvent’', ainfi qu’on l’àvoit conjecture, fervir
à accélérer la formation des brèches, & que cet
objet eft beaucoup mieux rempli par les boulets
pleins ordinaires. Quant à l’ufage que l’on peut
faire de l’obus pour le tir à ricochet dans les fiéges,
il eft évident que l’obus de 6 pouces, beaucoup
plus pefant que celui de 24, a fur ce dernier un
avantage d’autant plus marqué, que, dans l’efpèce de tir dont il s’agit, l’effet de l’artillerie eft à peu
près en raifon directe de la maife cl ©s projeèKles
qu’elle emploie, ' - 1
Ainfi, l’un des principaux objets que l’on avoit
en vue en changeant le calibre de l’ancien obufier
de campagne, celui qui fe rapportoit à la
guerre des.fiéges, n’a point été rempli : on va examiner
fi l’innovation a été plus avantageufe fous
le rapport du fervice de campagne, auquel elle
doit plus naturellement & plus particulièrement fe
coordonner..
Si l’on cherche le rapport de moyens matériels
& perfonnels qu’exige refpe&ivement l’emploi des
deux obufiers comparés, on trouve :
i°. Que l’emploi de l’obufier de 6 pouces exige
quatre voitures, feize chevaux, & fournit cent
foixante coups à tirer.
20. Que celui de l’obufier de 24 exige trois
voitures, douze chevaux, &. fournit centcinquanle
coups à tirer.
Le poids du chargement des caiffons étant, à
peu de chofe près, égal pour l’un & pour l’autre.
Le rapport de moyens matériels entre l’obufier
de 6 pouces & celui de 24 eft donc de quatre à
trois j c’eft-à-dire, que le nombre de chevaux & de
voitures néceffaires pour conduire trois obufiers de
6 pouces en campagne, eft le même que pour
conduire quatre obufiers de 24 ; ou qu’en-général,
à moyens égaux , le nombre d’obufiers d’un équipage
pour lequel on adopteroit le nouveau calibre,
fera d’un quart en fus plus confidérable que celui
de l’équipage pour lequel on conierveroit le calibre
de 6 pouces.
Quant au rapport de moyens perfonnels entre
les deux équipages comparés, on voit que le nombre
de foldats du train étant refpeêHvement égal,
celui des canonniers dont ils exigent l’emploi eft
exactement dans la même proportion que celui des
bouches à feù qu’ils comportent.
On va maintenant paffer au rapport de ré fui ta ts;
& pour le bien apprécier, déterminer préalablement
d’une manière précàfè, quel eft l’objet de
l’emploi de l’obufier en campagne.
Sous le rapport de l’économie de moyens , de là
rapidité dans l ’exécution, de la jufteffe dans le
tir, &. même en général de l’étendue dans la portée
, l’obufier le cède au canon , fur lequel, d’un
autre côté, il a l’avantage de lancer des projectiles
plus lourds & fufceptibles d’éclater.
Il fuit naturellement de celte obfervation que
l’ufage de l’obufier n’eft préférable à celui du canon
que pour les opérations où le poids & les éclats
des projeCtiles contribuent plus puiffamment à
l’effet que l’on fe propofe d’obtenir de l’artillerie
que ne le feroit le genre d’avantages qu’offre l’emploi
du canon; & que le contraire a lieu dans tous
les autres cas.
L’obufier eft excellent pour les attaques de pofie*
& retranchemens ; parce que les obus, par leur
[
maffe , agiffent avec énergie fur les obftacles matériels
qui leur font oppofés, & que, retenus enfuite
par ces mêmes -obftacles, il» éclatent à portée des
1 jiommes & des choies qu’il s’agit de- détruire ; rem-"
pliffantpar ce double effet le but que l ’on fe propofe
dans le genre d’attaque dont il s’agit, mieux
que ne pourroient le faire de {impies boulets. Telle
éloit originairement la deftination principale, peut-
être même exclufive, de i’obufier de la guerre de
campagne, & telle eft encore celle où ii préfente
le plus d’av.untage dans fon emploi*
En rafe campagne, an contraire , le canon a généralement
l ’avantage fur l’obufier. Cet avantage
eft aufli prépondérant qu'inconteftable dans les
luttes de batteries à batteries; il fe fait aufli remarquer
dans l’ufage de l’artillerie contre l’infanterie
, & c’eft avec peu de fondement, peut-être,
que l’on fuppofe quelquefois le contraire à l’égard
de la cavalerie. Mais quoi qu’il en foit de ces opinions,
qu’il n’eft pas nécefl’aire d’approfondir i c i ,
ilfuffit à l’objet de cette difcuffion d’avoir indiqué
d’une manière générale les différences caraôtérifti-
ques du canon & de l’ob,ufier dans le genre d’avantages
qu’ils préfentent, 8c la diverfité qui en
réfulte dans la deftination refpe6tive.de ces bouches
à feu.
La diminution du calibre de l’obufier a atténué
les avantages & augmenté les inconvéniens propres
à cette efpèce de bouches à feu, au point de rendre
les premiers infufïifans à beaucoup d’égards
dans l’emploi que l’on en fait en campagne , 8c
les féconds lenfiblement nuiGbles à l’effet que l’on
peut avoir en vue dans cet emploi.
L’expérience a prouvé :
i°. Que l’obus de 24 a très-peu d’a6tion fur les
obftacles contre lefquels on l’emploie dans la guerre
des poftes; qu’il ne remue point fuffi Tarn ment les
maffes de terre; que de très-minces murailles fuf-
fifent pour l’arrêter & le plus fouvent pour lebrifer;
enfin, que fes éclats peu multipliés, d’une foible
maffe, animés d’une foible viteffe, font peu dangereux.
20. Que lé même obufier a peu de jufteffe dans
le tir , & que la déviation de fon projectile eft telle
qu elle devient fenfible à l’oeil lorfque le tir a liéu
fous un angle un peu élevé.,
5°, Que l’obus ne peut point renfermer de matures'incendiaires.
■
En obfervant que le poids de l’obus de 24 eft à
celui de i’obus de 6 pouces comme treize eft à
vingt-trois, on concevra aifément combien le
premier doit avoir-de dé fuyant âge à l’égard du fécond,
fous tous les rapports confidérés en premier
lieu dans les cas où lu maife du projeêtile eft le:
principe efientiel de fieffetqu’il produit.
On fe rendra également compte de'la grande
différence de déviation qu’offrent les iraje'ètoires
des deux obus comparés par l’examen du rapport
qui rélulte de la conftruêlion de chacun cl’eux,
entre -la maffe & fon volume extérieur; rapport
auquel le degré de déviation d’un projeûtile dans
fa courfe eft, en fuppofant toutes choies égales,
d ailleurs, efientiellement fubordonné. Dans le
cas dont il s’agit, ces rapports font tels que les
maffes des deux obus étant enIr’elles comme (reiz©
eft à vingt-trois, leurs volumes font comme quatre-*-
vingt-fept eft à cent treize; d’où il fuit que la proportion
entre le volume & la maffe eft beaucoup
plus défavorable à l’obus de 24 qu’à celui de 6'
pouces.
L’in fuffi Tance de l’obufier de 24 eft fi bien conf-
tatée, que l’on a conlervé le calibre de 6 pouces
pour les obufiers des batteries de réferve de 12,
par la raifon qu’à la diltance & dans les circonf-
tances où agiffent ordinairement ces batteries,
l’obus de 24 eft de trop peu d’effet. Il y a donc eu
dans les dernières campagnes deux calibres d’obufier
au lieu d’un ; & l’on a été conduit relativement
à cette bouche à feu , à'un réfultat inverfe de celui
auquel fembloit tendre le changement de fyftème.
L’infériorité de l’obufier de 24 à l’égard de la pièce
de 8, quoique beaucoup moins fenfible que dan3
le rapport de cet obufier avec la pièce de 12 , eft
toutefois très-réelle,; Si donc, d’après les motifs
allégués pour établir la fupériorité de la pièce de
8 fur celle de 6, on jugeoit convenable de revenir
aux canons de campagne de l’ancien fyftème, ce
feroit une raifon de plus pour reprendre également
l’ancien calibre d’obufier.
' Ces motifs que.l’on fe borne à indiquer, & auxquels
les obfervations déjà faites dans la cotnpa-
raifon des canons de 8 & de 6 clifpenfent de donner
un plus long développement, paroiffent établir
d’une manière évidente la fupériorité du calibre
de 6 pouces fur celui de 5 pouces 7 lignes 2 points
pour l’obufier de campagne; fupériorité confiaiée,
non-feulement fous le rapport de la valeur abi’olijc,
qui ne peut être mifè férieufement en queftion ,
mais encore fous celui de la valeur relative de ces
deux bouches à feu, refpeâivement employées
dans la proportion que fuppofe la condition d’égalité
de moyens matériels prife pour bafe du parallèle.
Conclusion du parallèle des bouches à feu de
campagne.
Après avoir ainfi comparé refpeOivement, chacune
dans leur efpèce , les bouches à feu dos deux
fyftèmes , il ne réfte, pour compléter le parallèle ,
qu’à préfenter deux confidéralions générales qui
vont être expo fées.
Premièrement le nouveau fyftème permet, a
raifon de l’affoibliffécàent des calibres, de muUt-
plier les bouches à feù fans augmenter la dépenfe
de. moyens ; tandis quele retour à l’ancien fyftème,
dans le fens félon lequel on le propofe, lendroil,
à l’aide d’une augmentation dans les calibres, à
concentrer dans un moindre nombre de bouches à
feu , des moyens d’a6tion au moins égaux , 8l dans
plufieurs cas fupérieurs à ceux que l’on a à attendre
de la multiplication des petits calibres*.
La conformité de ce dernier réfultat aux vrais
principes ne peut paroi trç douteufe aux ycu^.da