
fe fervir de la grande pour mettre les lames à la
longueur & en ébaucher le tranchant ; pour cela
ils ne font pas ufage du champ , mais de la partie
plane du côté de la meule , contre laquelle ils
appuient leurs lames des deux mains. Celte opération
ou la précédente peuvent fe faire fimulta-
nément avec la première qu’on a décrite , en
forte que deux aiguifeurs travaillent enfemble à la
grande meule. ■'
Les meules moyennes, en grès tendre , fervent
à aiguifer en long les pans creux des lames de
labres & de baïonnettes, au moyen des cannelures
qu’on y pratique , d’une épaiflèur analogue à la
largeur des pans creux. Les aiguifeurs fç placent
fur le côté de la meule, & tenant d’une main la
lame vers la foye ou vers la douille, & de l’autre
vers la pointe, ils la promènent en long fur les
cannelures , en avançant fortement le haut du
corps au-deffus de la meule. Dans cette pofition
ibs courroient de grands dangers fi la meule fe j
rompoit ; mais celle-ci étant d’une grande épaif-
feur & d’un diamètre médiocre , elle a beaucoup
de folidité.
AIGUISEUR. Ouvrier qui travaille à l’aigui-
ferie d’une manufaélure d’armes , foit pour aiguifer
les lames de fabres , loit pour émoudre les
canons de fufiis.
AIRAIN. Métal aigre , caffant & fonore. C’eft
improprement qu’on donne au bronze le nom d’tzi-
rain. L’airain eft le métal de cloche qui eft com-
pofé, fuivant Thomfon, de 80 parties de cuivre ,
iO,i d’étain , 5,6 de zinc & 4>2 de plomb ; tandis
que le bronze eft compofé de IOO parties de cuivre
& 11 d’étain.
L’airain 8t le bronze , expofés long-temps à
l ’humidité de l’a ir , fe couvrent d’un vernis de
couleur olivâtre très-dur, qu’on nomme patine.
AJUSTER. C’eft diriger une arme à feu portative
fur l’objet qu’on veut frapper.
Ajuster uüe pièce d’arme. C’eft la mettre en
harmonie avec les autres pièces, de manière quelle
produife l’eftet auquel elle eft deftinée.
A L A IS E S . Languettes de bois minces qu’on
mettoit précédemment dans les fourreaux de fabres
pour les foutenir ; on y a enfuite fubftitué un fût
qui a également été lupprimé. ( Voyez l ’article
F ourreaux de sabres. )
ALCRET, ALECRET ou HALLECRET. Cuira
fie légère , recouverte de lames de fer , deftinée
aux piétons fous François Ier.
ALIDADE. C’eft , dans une machine employée
à rayer les carabines , une efpèce d’aiguille qui
fert à indiquer à l’ouvrier , lorfqu’il a fait une
raj'ure , de combien il doit tourner le canon pour
que la rayure qu’il va commencer foit éloignée de
la précédente d’une quantité donnée , laquelle eft
la même pour toutes les lpires.
ALLEZER. C’eft diminuer l ’intérieur de l’ame
des canons pour les mettre au calibre.
ALLEZOIR. Outil defliué à allezer les canons.
Ceux dont on fait ufage pour les armes portatives
s’appellentforet. ( Voyez le mot F oret {’article
Bouches a feu. )
A L L E ZU R E S . On appelle ainfi de petits copeaux
& des parcelles de jfer ou de bronze que
détache l’allezoir.
ALLIAGE. Mélange des métaux qui s’emploient
pour former le bronze dont on coule les bouches
à feu (voyez l’article Bouches a f eu ). L’alliage
pour garnitures des pièces en cuivre des armes
portatives eft. compofé de 80 parties de cuiVre ,
17 de zinc & 3 d’étain.
A L LO N G N E . On appeloit ainfi un cordage
qu’on employoit autrefois pour les ponts militaires.
Elle fervoit particulièrement à affermir les pontons.
Sa longueur êtoit d’environ trente-cinq loifes, &
fa grofîeur ou diamètre d’un pouce.
ALLUMELLE. Nom que l’on donnoit anciennement
aux épées longues 8t minces.
AM AR R ER . C’eft attacher & lier fortement
avec un cordage , un bateau, des agrès , une
pièce de canon, &c. Amarrer un cordage à un
piquet, c’eft l’y fixer par un noeud quelconque;
AMARR E S. On donne ce nom à quelques
; cordages employés dans la conftru£lion des ponts
militaires. L’amarre du bateau d’équipage fert à
fixer le premier & le dernier bateau aux piquets
plantés vers les culées , & fait fonâion de traver-
fières pour les autres bateaux.
AMBOUTIR ou EMBLOUTIR. C’eft façonner
un métal à coups de marteau fur un moule ou
dans une matrice. Les cuiraffes font embouties.
AME. C’eft la partie vide & cylindrique des
grandes 8t petites bouches à feu , par où l’on fait
entrer leur charge & qui la contient dans celles
qui n’ont pas de chambre. 1
Ame des foufflets. Soupape qui fe lève pour
permettre l'entrée de l’air dans l’intérieur d’un
foufflet.
AMORCE. Poudre qu’on met dans le baflinel:
d’une arme à feu portative pour enflammer la
charge.
Amorce ou T raînée. Poudre que Pon fèmé fur
un banc d’épreuve, dans la dire&ion deslumières,
pour communiquer de feu à tous les canons des
armes portatives.
Amorce. Portion de fer qu’un forgeur amincit
au bout d’une pièce qu’il doit fouder à une autre
pièce. Dans la lame à canon de fufil, c’eft la partie
amincie en hil’eau fuivant la longueur j on l'appelle
aufîi lèvre.
AMORÇOIR. C’eft un outil en fer employé par
les charrons & les charpentiers ; il refl’emble à la
gouge 8t fert à commencer les trous.
AMOUR. Les ouvriers forgeurs appellent ainfi
la muffelolte de la baïonnettle. (Voyez MasseliOl'TE
DE BA ÏO N N E T T E .)
AMPLITUDE de tir. C’eft la ligne courbe que
trace en l’air un projectile , depuis fa fortie de
l ’ame de la pièce jufqu’à l ’endroit de fa chute.
AMPOULETTE. Nom qu’on donnoit autrefois
au bois des fufées à bombes 8t à gvenades. (Voyez
l’article F usées a bombes. )
AMUSETTE. Petit canon en fer de 1 met. 62
( 5 pieds ) de long & de o mèt. 04 ( 18 lig. ) de calibre,
l'e chargeant par la culaffe, porté par un
aft’ût compofé d’une pièce de bois adaptée à l’efiiea
d’un rouage ayant 1 mèt. io .(3 pieds 6 pouces ) de
bailleur: (on boulet en plomb étoitokil. 24 ( 8 onces).
Ce canon a été propofé par le maréchal de
Saxe5 il eftimoit fa portée de quinze à feize cents
toifes , & croyoit que Irois hommes dévoient
pouvoir le mener partout, en portant mille coups,
& tirer deux cents coups par heure. L’influence du
maréchal de Saxe avoit fait adopter cette arme,
qui a été abandonnée à fa mort : on n’en trouve
plus dans les arfenaux, où il y en avoit un allez
grand nombre.
ANALYSE des poudres , des bronzes, des artifices
, &c. C’ett l’art de déterminer la nature 81
les proportions des priucipes „conflituans de ces
fubltances. Cet art, qui a fait d’immenfes progrès
depuis la fin du fiècle dernier, donne aux officiers
d’artillerie le moyen de reconnoître avec une
grande exaôlitude le dofage de la poudre, l’alliage
des bouches à feu, la compofition des artifices, 8tc.
Analyse de la poudre. Le procédé dont on fe fert
ordinairement, confiite à leffiver la poudre avec de
l’eau, pour féparer le nitre, & à traiter le réfidu
par la potafle qui diffout le foufré & laifl’e le
charl ion. Quoique ce procédé paroiffe facile, il
préfente des difficultés qu’on n’apprécie bien
qu en l’exécutant ; néanmoins on ne peut en condamner
l ’emploi, 8t il feroit même indifpenfable
d y avoir recours fi l’on vouloit on tenir directement
la quantité de charbon contenue dans la poudre.
Dans le cas où on voudroit en faire ufage , il con-
viendroit de prendre deux portions de poudre :
l’une feroit leffivée pour avoir le nitre, on féchèroit
le réfidu & on en prendroit le poids ; l’autre portion
feroit mêlée immédiatement avec une quantité'égale
de potafle 8c un peu d’eau, & on chaufferait
le mélange : le foufre fe diffoudroit rapidement,
& on la ver oit enfuite jufqu’à ce que
l ’eau n’eût plus de faveur fulfureufe, ou mieux, ne
précipitât plus en noir l'acétate de plomb. Le charbon
feroit féché & pefé. Le foufre s’obtiendroit en
retranchant dit poids de la poudre employée
& fuppofée bien fècke , celui du nitre & du
charbon qu’on aurait obtenus ; & les réfui tais
de l’analyfe pourroient être vérifiés ,• en comparant
le poids du foufre 8c du charbon lai fies par
la première portion de poudre, avec celui donne
par la fécondé.
E11 fuivant ce procédé, la détermination du
charbon laifle de l’incertitude, qui fe répète en-
fuite fur la proportion du foufre, &, par confé-
quent, fi l’on pouvoit déterminer directement le
poids du foufre, l’ajialyfe de la poudre en deviendrait
beaucoup plus exaôte. C’eft pour parvenir à
ce but que l'on va décrire le procédé fuivant, dont
l’exa&itude eft déjà conftatée par un grand
nombre d’épreuves.
On commence par deffécher une certaine quantité
de poudre , pour connoitre le degré d’humidité
qu’elle contient, & pouvoir déterminer avec
plus de certitude la proportion du charbon , qu’on
n’obtient dans ce procédé que par fouftraCtion.
On évalue le nitre en leflivantla poudre, évaporant
l’eau de lavage, 8c fuifant fondre le réfidu
falin.
Pour obtenir le foufre, on mêle cinq grammes
de poudre avec «11 poids égal de fous-carbonate
de potafle, pur, ou au moins ne contenant pas
d’aeide fulfurique ; on pulvérife exaCleinent le
mélange dans un mortier, & on ajoute enfuite
cinq grammes de nitre &. vingt de chlorure de
fodium.
Le mélange étant rendu bien intime, on Pexpofe
dans une capfule de platine fur des charbons ar-
dens; la combuftion du foufre fe fait tranquillement,
& bientôt la maffe devient blanche. L’opération
eft alors terminée; on relire la capfule du
feu, & quand elle eft refroidie on diflout la maffe
faline dans l’eau, on fatuve*la diflblution avec de
l’acide nitrique ou de l’acide bydro-chlorique, &
on précipite l’acide fulfurique qu’elle contient par
le chlorure de barium.
Il y a deux manières défaire cette précipitation :
la première, qui eft généralement fuivie, confifte à
mettre dans la diflblution un léger excès de chlorure
de barium, St à recueillir le fulfale debarile produit.
Ce procédé exige de nombreux lavages qu’on ne
peut faire qu’à de longs intervalles, parce que le