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canon vers l’objet qu’on veut atteindre , & la ligne
de tir qui eft la courbe que décrit le projectile
lorsqu’il elt lancé hors du tube par l’explofion de
la poudre : cette courbe feroit une parabole,, fi
l’élatticité & la ténacité de l’air n’oppofoient delà
réfiflarice au mobile. Galilée prouve, dans fon
Dialogue fur le mouvement, que la ligne que parcourt
un proje&ile quelconque eft une parabole,
à moins qu’il ne foit détourné par la réfiftance de
l’air ou par une .autre caufe. Jlobins, qui a démontré
d’une manière fuffifante pour le calcul, la
réfiftance que l’air oppofe à un projeCtile, fait
connoître combien cette réfiftance diminue l’amplitude
des courbes décrites par les boulets & les
bombes. Ce dernier auteur avance que les amplitudes
varient fuivant la vitefle & la denfité des
bombes. ( Voy.ez ces nouveaux principes d’artillerie.)
Parla conftru&ion des canons, en général, la
ligne de iir & celle de mire forment entr’elles,
au-delà de la bouche, un angle plus ou moins
quvert, fuivant l’cpaiffeur à la culalFe & celle à
l’extrémité oppofée. Le projeChle, à la »ortie; du
cylindre', coupe d’abord à peu. de diftance de la
bouche , la ligne de mire, paffe an-deflus d’elle,
& forcé par i’a&ion de fa pe fan leur, il fe rapproche
de cette ligne, la recoupe une leconde
fois, & achève de décrire fa courbe jüfqu’à la
chute. Ce fécond point d’interfeôion eft ce qu’on
appelle lé but-en-blancy il eft plus ou moins éloigné
de l’extrémité du canon,, ielôn le nombre des
degrés de l’angle fous -lequel on tire. Ainfi ,
i°. pour frapper un but-qui feroit entre le bout du
canon & la premièrein te rfeclion, il fan droit pointer
au-deffus; 2°. file but étoit entre les deux interférions
, il faudroit vifer au-defioüs; 5°. fi le but
étoit à une des deux, interférions, il faudrait
y vifer directement pour l’atteindre; 4°- enfin,
Vil étoit au-delà de la féconde- in‘erfe£tion, il
faudroit pointer au-deffus.
Le fufil eft l’unique arme de l’infanterie de
ligne, parce qu’il réunit le double avantage d’être
à la fois une arme à feu & une arme blanche.
Pour en tirer tout le fervice dont il eft fufcepti-
ble, on ne iauroit trop exercer les troupes fous' ce
double rapport.
La valeur du foldat français a rendu la baïonnette
redoutable entre fes mains. 11 a montré que
lorfque l’infanterie eft bien pénétrée, du j en liment
de fa force , elle peut non-feulement réfiller au
choc de la cavalerie, mais encore l’attaquer avec
fuccès. Mais fi la baïonnette a été employée d’une
manière fi brillante, il n’en a pas toujours été ainfi
du feu du fufil. Cependant les armés à feu de l’armée
françaife-font, fans contredit, bien fupévieures
à celles des autres nations, & l’on fait quel’adreffe
naturelle eft une des qualités diftinCHves des
Français. Si le feu de l’infanterie n’a pas généra-
ralement produit un plus grand effet, c’eft donc
au défaut d’iaftruCliqn cru’il faut l’attribuer; c’eft
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à cet ufage fi nuifible de multiplier le nombre des
décharges, & de les faire avec rapidité, au lieu
de les exécuter avec jufteffe & précifion; c’eft à
celte fauffe idée dans laquelle font- prefque tous
les foldats, qu’à quelque diftance qu’ils fp trouvent
de l’ennemi, ils doivent toujours vifer vers le milieu
du corps. 11 eft donc néceffaire de leur rappeler
la théorie du tir des armes à feu5 car c’eft
de cette fcience que dépend effenti elle ment leur
utilité.
On peut conclure des obfervalions fur le tir du
canon, qu’on doit élever on barber celte arme
en raifon des diftances. Mais fi ce principe eft applicable
au canon de fufil ifolément, il ne l’eft pas
quand le canon eft monté fur fou bois.. E11 effet ,
dans cet état, F épaifîeur du fer au tonnerre, prife
delà paroi à la partie lupérieure, étant moindre que
la diftance de cette même paroi prife delà bouche
jufqu’au loin met du guidon, la ligne de mire paf-
lànt par ces deux points, ne peut rencontrer l’axe
du canon au-delà de: la-bouche , ni par confé-
quent la courbe décrite par la halle; le fufil,
comme l’obufier, 11’a donc pas dtî but-en-blanc ,
& on doit, dans fous les cas du tir horizontal,
pointer au-deffus’ du but. Eu effet, i’épaifî’eur du
canon du fufil d’infanterie, modèle de 1777, eft
ail tonnerre de O raèt..o3i6 ( 14 lig- ) 5 le calibre
eft de O mèt, 017Ô (7 lig. 9 points) ; il refte pour
les épaifleurs du fer, O mèt. o i4 l (6 lig.. 3 points),
dont la moitié donne pour chaque épaifîeur O met.
00 69 (5 lig. l point £); d’un autre côté, l’épaif-
feur du canon à la hauteur de l’embouchoir
(comme à la bouche .)., eft de O mèt. 0215 ( 9 lig.
6 points), le calibre dé O mèt. 0176 (7 lig.-9 points).
Il refie pour les épaifleurs du fer, O mèt. Ô041
( 1 lig. 9 points), dont la moitié eft* de O mèt.
0020 .(10 points || ) ; l’ép.ai fleur de l ’ernbom-
choir elt de O mèt. 0020 ( I lig. ) ; ( î’épaifîeur de
cette pièce eft réduite à O mèt 0018 (9 points)
en cet endroit pour le modèle de 1816 ) , plus la
hauteur du guidon , qui eft de O mèt. 0045 (2 lig -)? ce qui donne O mèt. 0087 (3 lig.
io points^), c’eft-à-dire, O met. 0018 (9 points)
de plus qu’au tonnerre. Cependant Lombard
donne un but-en-blanc au même fufil de 1777
j dans fon Traité du mouvement des projectiles.
I La portée horizontal? du fufil d’infanterie avec
| la charge ordinaire, eft à peu près de 233 mèt.
! 884 ( 120 toi fes ) , & fous les angles de 25 à 3o de-
j grés (la plus grande amplitude des mobiles lancés
J par les armes à feu), environ de 974 mèt. 518
1 ( 5oo toifes ) ; mais au-delà de 233 mèt. 884 (120 toifes), lotis lés coups fon t incertains, & c’eft
à »36 mèt. 432 (70 toiles environ) , que le feu de
l’infanterie eft le plus formidable. Tous les coups
tirés au-delà de 253 mèt. Q84 (120 toifes), &.
furlout à des diftances plus grandes encore, font
I de .très-peu d’effet, &. produifent en pure perte la
j conforamalion d’un approvifionnemenl précieux,
! &. rendent nos armées moins redoutables à l’enne*
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mi. Il eft donc de la pins, haute importance, pour
éviter des inconvéniens aulfi graves , d’exercer les
foldats à tirer à la cible; & pour remplir le but
qu’on fe propofe , on doit y faire tirer à des dil-
t an ces différentes, en vifant félon ces diftances à
la hauteur du milieu du corps , des épaules, de la
tête, & au-deffus de celle-ci, afin de frapper toujours
l’ennemi à la poitrine. ■ _ ;
On doit vifer depuis la plus petite diftance jufqu’à
97 met. 45i ( 5o toifes), directement au
milieu du corps; depuis 97 mèt. 451 ( 5o ioifes)
jufqu’à i36mèt. 432(70 toiles), à la hauteur des
épaules ; de i36 mèt. 432 (70 toifes) à 194 met.
qo3 (100 toifes), à la hauteur de la tête; & de.
494. mèt. 900 (100 toifes) à 233 mèt. 884 (120
toifes), de O mèt. 3248 à O mèt. 6496 ( 1 à 2 pieds),
au-deffus de la tête.
Pour apprendre aux foldats à tirer avec jufteffe,
on fera faire des cibles. Chaque cible fera-un carre
long, en planche de 1 mèt. 786 (5 pieds 6 pouc.)
de hauteur au-deffus du foi , & O mèt. 5684 (21 pouc.) de largeur ; le milieu fera marqué par
une bande noire de O mèt. 0811 (3 pouc.) de
largeur, tracée horizontalement; l’extrémité lupérieure
fera marquée par une bande femblable.
L’intervalle compris entre les deux bandes fera
partagé en deux parties égales par une troifième
bande pareille aux deux autres.
A 97 mèt. 451 ( 5o toifes), ils vifer ont à la
bande inférieure; de 97 uièt. 451 • ( 5o toifes) à
106 mèt. 43a (70 toifes) , ils viferont à la deuxième
bande; de i36 met. 4^2 (70 toifes) à 194 met.
qo3 ( i00 toiles), ils viferont à la bande fupéri
eu re.; & au-delà de 194 mèt.-go3 ( 100 toiles)
jufqu’à 233 mèt. 884 ( 120 tpifçs ) , ils viferont au-
deffus de là cible, en élévant l’arme jufqu à O met.
6497 (2 pieds), félon que la diftance augmentera.
Ce qu’on à dît du tu* à divèrfes diftances, s applique
indiftinCtemenl aux feux directs ou obliques
fur un terrain horizontal.
Quant au tir fur un terrain inégal, il faut ob-
feryer que, lorfqu’il a lieu de bas en haut, on
doit, pour la même diftance que fur un terrain
horizontal, vifer davantage au-deffus du but, &
d’autant plus que le but eft plus élevé; au Contraire,
loiTqu’on lire de haut en bas, il faut vifer moins
ati-defius du but que dans le tir horizontal.
Les officiers ne fa ni* oient trop s’habituer à efti-
mer à l’oeil les diftances, pour n’employer le feu
qu’à des portées convenables &. d’une maniéré
efficace. ‘ r. . . - -i
On recommandera aux foldats de bien appuyer la
croffe contre l’épaulé droite , dans la polition de
joue y de bien fou tenir l’arme de la main gauche ,
& d’aligner promptement le tonnerre du canon &
lè fomnicL du guidon fur la bande à laquelle ils
devront, vifer. On leur fera quelquefois le commandement
de reàrejjez vos armes après celin de
jo u e^ afin qu’ils acquièrent de la facilité a tomber
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en joue dans la direction du but & à ajufterpromp-
tèrnent.
On leur recommandera auffi de bien appuyer le
doigt fur la détente au commandement àojeu,
fans remuer la tête ni déranger la direCtion de
l’arme , & pour mieux faire obferver ces temps,
on fera relier les hommes dans la pofilion de joue,
après avoir tiré, & jufqu’au commandement de
chargez.
Tous les caporaux, grenadiers & fufil»ers paffe-
ront chaque année à celle école, & on y affeCtera
la majeure^ partie des munitions deiiiuées aux
exercices. On noiera dans chaque compagnie les
meilleurs tireurs.
Les recrues de chaque année feront inflruits à
tirer à la cible après qu’ils auront élé exercés à
tirer en blanc & à poudre.
On aura foin de faire ramaffer les balles que
i’on pourra retrouver , afin de les faire refondre. ‘
Les troupes à clioval doivent être exercées à
tirer à pied & à cheval les armes dont elles font
pourvues.
Cet article du tir des armes à feu eft extrait
d’une ihftruôüon que j’ai été chargé de rédiger
pour les troupes.
T ir des bombes avec des pièces de canon. Pour
ce tir, il faut placer les pièces de canon , la eu-
laffe en terre , arrêtée à fon recul par un chantier
de bois incliné de façon que l’axe de la pièce lui
foit perpendiculaire. Sous la naiffance do la volée,
onfou tient la pièce par plufieurs chantiers empilés
& fortement arrêtés par des piquets, en forte que la
pièce foit pointée à quarante ou quarante-cinq degrés.
On met autour du collet dùcanon une efpèce
de cravaté en cordage, dans laquelle on paffe un
anneau en fer: on arrête à cet anneau, qu’on place
en deffus de la pièce , le menu cordage qu’on attache
de l’autre bout à l’anneau de la bombé placée
fur la tranche de la bouche du canon. Il faut que
ce menu cordage foit dans le plan vertical qui
paffe par l’axe de la pièce & que la bombe s’applique
bien exactement fur l’orifice de la bouche
du canon , afin d’obtenir une plus grande jufteffe
dans-la direclion du tir.
On pgui aufli tirer des bombes avec des mortiers
d’un calibre fupérieuv à celui de ces bombes,-foit
en rempliffant de terre le vide qui exifte autour
de la bombe, l'oit en fixant la bombe avec des
coins. Ces coins droiven,t être des demi-fegmens de
plateaux de fapin de (5 O mèt. 0113 à o mèt. o i35 à 6 l»g-0 d’épaiffeur, ayant pour rayon, le rayon
de l’aine du mortier dont on fe ferl, & pour flèche
la moitié de la différence qui fe trouve entre les
calibres de ce même mortier & celui pour lequel la
bombe eft faite.
Si l’on fe fert du mortier de 12 pouces pour
lancer des bombes de 8 pouces, la flèche du feg-
mchl aura O met. 0254 ( ï I lig- 3 points ) ; & pour