quiconque aura été à même d’obferver qu’à la
guerre, l’intenfité-des effets de l’artillerie eft en
raifon de la valeur, & non de la multiplicité des
bouches à feu que l’on emploie, 8c qu’au-delà
de certaines limites-, cette multiplicité devient
plus nuifible qu’utile, parce qu’il n’arrive prel-
que jamais qu’elle puiffe être employée en totalité
dans les batailles, tandis qu’elle agit continuellement
fur les opérations d’une campagne de
tout le poids & de toutes les difficultés qu’entraîne
le tranfport d’un matériel confidérable à la fuite
des armées.
L’expérience delà dernière campagne de l’armée
françaife en Allemagne n’a que trop démontré
cette vérité. On peut pofer pour règle que la proportion
de deux bouches à feu par mille hommes
donne le maximum d’artillerie que l’on doive conduire
à la fuite de l’armée dans les circonllances habituelles
de la guerre ; que les cas où il eft avantageux
d’en mettre trois font des exceptions, 8c que
tout ce que l’on ferôit tenté d’admettre au-delà de
ce dernier nombre jette dans cette exagération de
moyens dont on a parlé, 8c dont les réfultats font
plus nuifibles qu’utiles aux armées.
Secondement. Ce principe pofé, il s’enfuit
qu’en fountettant toujours le parallèle qui fait l’objet
de cette difcuffion, à la condition d’une ftri&e
égalité dans l’emploi des moyens, on a traité la
queftion fous l’afpeH le plus favorable au nouveau
fyftème 8c le plus défavorable à l’ancien : car le
feul avantage réel du calibre intermédiaire étant
de multiplier, pour une femme donnée de moyens,
le nombre de bouches à feu dont fe compofe un
équipage d’artillerie , s’il eft démontré, comme il
i’eft en effet par l’expérience, que cette multiplication
devient plus nuifible qu’utile au-delà de certaines
limites que l’on avoit toujours la faculté
d’atteindre dans l’ancien fyftème, il l’eft également
que l’on eût été fondé à faire abftra&ion de
celte économie de moyens, feul rapport où les
deux fyftèrqes puiffent être mis dans une efpèce
d’équilibre, 81 au défaut duquel le nouveau ne
peut fe feutenir un inftant contre l’ancien.
Il faut en conclure que ce qui a été prouvé en
faveur dp l’ancien fyftème pour le cas le plus défavorable
, l ’eft à plus forte yaifonpour l’état où les
confidéralions qui yiennent d’êU’S expofées éta-»-
bliffent véritablement la queftion, Laiffons donc
411X étrangers leur fyftème, 8c gardons le nôtre ,
qui? pendant vingt ans , en aprefque conftamment^
triomphé,
£)e la Juppre/Jian du cq,lihre de 16 & de l* obufier
(le 6 ponces dans la guerre des fiéges.
La difcqffion cje cette queftion , fur laquelle les
opinions font beaucoup moins partagées qu’à
l ’égard de la précédente, fe borne à rappeler
quelques obfervations où fe fondent les officiers
qui put eu l’occofiqu d’^^ff.ùérir i’expévieqça de la
guerre des fiéges, pour regarder là fuppreffiori dej
deux efpèc.esde bouches à feu dont il s’agit, comme
une détérioration manifefte de la partie de noire
fyftème d’artillerie qui fe rapporte à cette guerre.
Dans l’attaque des places , les bouches à feu que
l’on confidère agiffeut de plein fouet ou à ricochet.
Dans le premier cas elles s’emploient à percer
& ruiner des parapets, pour détruire le matériel
qui eft derrière ; ou à mettre en brèche les efcar-
pes, foit de maçonnerie, foit de terre, des ouvrages
par où l’on cherche à pénétrer dans une place. Dans
le fécond elles ont pour objet de renverfer les tva-
verfes des remparts, afin d’atteindre les moyens
de défenfe qui agiffent fous leur abri5 de produire
le même effet dans les chemins couverts, &
de plus, de détruire le paliffadement des parlies
attaquées. Les obufiers font fpécialement affe&és.
à cette dernière deftination.
On a propofé d’employer les mêmes bouches à
feu, dans la défenfe ainfi que daus.l'attaque , à ricochet
comme de plein fouet. Mais les circonf-
tances où l’on peut faire ufage du ricochet dans
la défenfe étan t peu fréquentes, le tir de plein fouet
doit être confidéré comme conftiluant proprement
les fonctions de l’artillerie dans cette partie de la
guerre des fiéges. Afteâées à ce dernier ufage, les
bouches à feu que l’on confidère ont à agir contre
les maffes de terre qui, à raifon de leursdimenGon*
& des circonftauees de leur conftru&ion, off rent
une réfiftance bien inférieure à celle de la plupart
des ouvrages de la fortification permanente.
On fe borne à parler des effets des bouches à feu
dont il eft queftion par rapport aux obftaçles matériels
qui leur font oppofés1, parce que, dans la
guerre des fiéges, ce point de vue eft celui fous
lequel l’aêtion de l’artillerie doit être effenbellement
envifagée.
On peut donc ranger en fix claffes principales &
diftin&es les divers objets que les canons 8c obu-:
fiers ont à remplir dans la guerre des fiéges;
fa voir :
1°. Mettre en brèche les revêtemens , foit en
maçonnerie, foit en terre, des maffes de la fortification
permanente,
3°. Battre de feuxdire&slesparapets des mêmes
maffes, dans la vue de démonter l’artillerie qui eft
derrière; ou par des coups d’embrafure, ou après
avoir diminué le profil des terres qui les couvrent
de manière à le rendre infuffifant,
3°. Ricocher les lignes de fortification , foit fur
les remparts, foit dans les chemins couverts, pour
détruire l’artillerie & les troupes qui s’y trouvent,
8c ruiner enmêipe temps les traverfes quis’oppofent
à ce réfultat.
4°, Battre de feux direêls & de plein fouet les
travaux dont fe compofe l’attaque d’une place,
dans la première période de leur cqnftruêlion,
lorfqu’étant encore imparfaits, ils laiffent à l’artiW
iprie alliégée W poffibiUté dp les détruire ou ^
pioittS
moins d’en relarder l’achèvement, en chaffant les
travailleurs que l’attaquant y emploie & qui n’y
trouvent point encore un abri fuffifant.
5°. Lorfque les mêmes travaux font achevés,
battre, toujours par des feux directs & de plein
•fouet, les batteries de l’afliégeant auxquels ils fervent
d’appui, afin d’en détruire l’artillerie, ou du
moins d’oppofer toutes les difficultés poflibles à fou
•aétion. ; _
Qo. Enfin, enfiler par des ricochets toutes, les
parties des travaux de l’afiiégeant qui fe trouve en
prife à ce genre d’aftion de l’artillerie.
Dans toutes ces deftinations que les canons &
obufiers pëuvept avoir à remplir à la guerre des
fiéges, & qui fe coordonnent à l ’une ou à l ’autre des
deux manières dont l’artillerie eft fufceptiblq de
s’employer, c’eft-à-dire,,au tir de plein fouet ou au
tira ricochet, les bouches à feu agiffent félon des
conditions diverfes pour chaque cas. Le railônne-
ment indique , ici comme dans la guerre de campagne
, que pour obtenir des effets différens &
vaincre des réfiftances de degrés in é g au x il faut
admettre en principe une d.ifferenqe d’aêUon & de
moyens : l’expérience 8c l’ufage^ déterminent cette
•différence.
C’eft l ’expérience qui a conduit aux réfultats
fui vans, que prefque tous J es; officiers expérimentés
regardent comme inconteftables.
i°. Que le calibre de 24 eft celui qui allie le
mieux au degré de mobilité requis pour la. facilité
& la célérité des opérations off’enfiveâ fie la guerre
I des fiéges, la force d’aftion que doit avoir une
I bouche à feu pour mettre en broche des revête-
mens de fortification permanente , 8c ruiner les
[ parapets de cette fortification par le tir de plein
fouet.
2°. Que le calibre de 1-6, mélangé avec le précédent,
peut très-utile ment remplir cette dernière
deftination, c’eft-à-dire , que lorfque les boulets
I de 24 ont commencé à rompre la ténacité des
-terres dont fe compofent les parapets , trois bou-
| Jets de 16 produifent plus d’effet que deux de 24;
avantage qui va toujours en crpiiîant pour le calibre
de 16, à mefure que l’a&ion des batteries
•force l’afiiégé de fubfti tuer à des maffes condenlées
par le temps, & dont la réfiftance exigeoit l’emploi
du calibre de brèche , des moyens d’abri
[ créés à la hâte & d’une bien moindre réfiftance.
Que le calibre de 16eft en général le plus propre '
au tir à ricochet , parce qu’il a la force fuffiiante
pour écreter les traverfes dont le profil eft nécel-
fairement moins fort que celui des parapets, &
mettre hors de fervice les. bouches à feu (bronze
.& affûts) qu’il atteint.
Qu’enfia ce même calibre de 16 -eft fuffifant,
J mais néceffaire, pour produire de l’effet fer les
I travaux d’une attaque lorfqu’ils font achevés ,
ainfi que pour inquiéter férieufement les batteries
de l’aîfiégeant, 8c éteindre ou interrompre, leu^
feu lovfqu’ellês foht démafquées.' C’eft cette, 'pro-
Artillerie.
priété confiai ée dans la plus belle 8c la plus brillante
époque de la guerre des fiéges, par mille réfultats
reconnus par l’opinion unanime des hommes
de l’art, qui avoit accrédité le calibre de .16 pour
la défenfe des places, 8c l’avoit, pendant plus
d’un fiècle, conftitué bafe du fyftème d’artillerie
applicable à ce genre de guerre, lorfque des conjectures
, auxquelles on a même dédaigné de donner
l’appui de quelques expériences de polygone,,
l’ont fait effacer de nos tables de conftruêUons.
Il eft entendu que ce tjui vient d’être dit touchant
la valeur du calibre de 16 8c fes combinai-
fons avec celui de 24 > eft efieniieilement • fubor-
donné au rapport entre les moyens 8c les réfultats
refpeêHvement propres à l’emploi de ces deux
calibres. Ce n’eft que dans ce fens qu’un parallèle
de la nature de celui dont il s’agit, peut avoir lieu
entre un calibre plus fort 8c un calibre plus foible. 3°. L’expérience a encore prouvé que le calibre
de 12 ne peut être employé avantagéufe.ment que
de l’une; ou de l’autre des, trois maniérés fuivantes :
Dans les batteries deftinées à ricocher les chemins
couverts, en le mêlant avec le calibre de
16 ou ayec lejS. trois obufiers.
Dans les entreprifes de vive force fur les redoutes,
,8c ouvrages qui couvrent un front d’attaque,
; lorfque le peu d’importance de ces ouvrages
n’exigeant point l’appareil de travaux réguliers,
on veut les emporter d’emblée , 8c qu’il
s’agit en conféquence d’établir à l’improvifte quelques
batteries pour en ruiner préalablement les
défenfes. , ., 1
Dans la défenfe des places contre les têtes de
fapes 8c. cheminemens 8c en général contre
toutes les parties des travaux des attaques qui ce
font point terminés, 8c dans l’exécution defquels
l’afîiégé peut prendre I’afliégeaut fur le fait.
Hors de ces cas, le. calibre de 12 eft infuffifant,
8c ne peut fuppléer celui de. î 6.
4°. Enfin l’expérience, en prouvant, relativement
à l’obufier, la néceffilé du calibre de 8 pouq.
pour la guerre des fiéges , a cependant toujours
fait regretter que la bouche à feu de ce calibre
dont nous faifons «fage, eût trop peu de portée.
On feul ira aifément que ce défaut peut fe corriger
avec la plus grande facilité, fi l’on obferve qu’il
fulïjt, pour augmenter convenablement la portée
de notre obufier de Ôpopces, d’agrandir fa chambre,
en augmentant proportionnément i’épaiffeur
du métal. Or, on ne peut faire aucune objeOion
raifonnable contiè l’addition de poids qui réfultera
de ces difpofitipns peur le • nouvel obufier, puif-
que le fyftème entier de cèlle bouche à feu demeurera
toujours, beaucoup au-deffous^du poids de la
pièce de I^ , qui lui eft fort inferieure pour tous
les effets de ricéchet qui jouent un fi grand rôle
dans, la guerre des fiéges..
, L,e poids de l’obus de 8 pouces chargé , qui eft
'de.20 kil. 0067 a a3 kil. 4962, (47^48 n v . ) ,‘aveb
laviteffe dont il peut être animé, ébranle 8c remue
m p P