
théorie les données qu’elle réclame , ni vérifier
les réfultats qu’elle afîigne à priori ? Eu effet, on
ignore à peu près complètement les relations qui
doivent exiüer entre la vileffe initiale d’une part
& la charge de poudre, le poids du projectile, la
longueur de la pièce , le vent 8c la lumière.
D’autre part, ces projeChles que vous fuppofez
parfaitement homogènes & lphériques, ne font prefque
jamais ni l’un ni l’autre : cette trajectoire, que
vous faites une courbe plane, eft prefque toujours
une courbe à double courbure. L’angle de projection
n’eft prefque jamais fans quelqu’incertitude :
l’angle de chute ne peut être mefuré; il en eft à
peu près de même du temps du trajet", 8cc. On
adreffoit une objeChon toute femblable aux aftro-
nomes-géomètres qui tentèrent les premiers de
calculer les phénomènes oéleftes d’après les principes
de la gravitation univerfelle : l’aftrononiie pratiqué
répondit en portant fes inftrumensà un tel degré
de pevfeCtion, que l’art d’obferver rivalife aujourd’hui
de prccilion avec les calculs de la mécanique
céle/le. 11 faut efpérer que l’artillerie
pratique imitera cet exemple, 8c que fes efforts
feront enfin couronnés par d’auffi. heureux
fuccès. Cette confiance eft infpirée par la tendance
qui fe 'manifefte dans toutes les parties du
fervice vers le perfectionnement, & qui préfente
déjà dans tous les genres de fabrication, de poudre,
de projeCtiles, de bouches à feu, 8cc., des réfultats
très-fa tisfaifans.
2°. Quelques artilleurs croient encore à l’utilité
pratique de la théorie des projeCtiles d’après
la feule loi de Galilée. Bélidor, dans fa préface du
Bombardier français (Paris, iy S i ) , di loit que
l’expérience avoit folennellement vérifié l’exaCti-
tude de fes tables, qui ne font calculées que d’a- Frès la parabole. Si le fait étoit vrai, il faudroit
expliquer par une compeufation d’erreurs qui
n’auroit rien de bien extraordinaire eu égard au
coup d’épreuve fous i 5 degrés, qui fournit la
vileffe initiale dont on fait ufage j ou bien, il faudroit
convenir que pour les projetions avec une
vileffe initiale peu confidérable, relativement au
poids du projeChle , ce qui eft le cas ordinaire du
tir de la bombe, la réliftance a des effets bien
moins fenfibles, furtout quand la conformité de
l ’expérience avec la théorie n’eft jugée que
d’après des portées moyennes prifes fur un nombre
arbitraire. Scharnhoft, à qui l’artillerie doit
une reconnoiffance éternelle pour les impor-
tans renfeignemens théoriques & pratiques qu’il
îui a légués, affirme, dans fon Opufcule fur les
effets des armes à fe u (Berlin , i8 i3 ) , que la
théorie parabolique peut fervir tant que la charge
de poudre eft au-deffous de du poids du pro-
je£lile. On admettra volontiers ce réfultat, fans
trop s’ inquiéter des expériences de Vega , que
Scharnhoft fait péniblement revenir à fon opinion
, en prenant les portées moyennes fur dix au
lieu de les prendre fur quatre.
o°. On divife allez ordinairement le problème
en confidérant à part les tirs fous des angles
moindres que 20 degrés ; on trouve alô-rs pour
trajeCtoire, une logarithmique qui n’efl: pas trop
rebelle, & les queftions de tir à ricochet en paiii-
culierTe ré fol vent avec affez de facilité, l'oit par
le calcul, foit par des conftruCtions graphiques.
Pour ce dernier cas, M. Dobenheim, lavant pro-
lefleur aux écoles d’artillerie, a rendu public un
iuftrument fort ingénieux , fous le titre de Planchette
du canonnier (Strasbourg, 1817). Au
refte, la Amplification de la théorie pour les tirs
peu élevés, n’a été omife par aucun des géomètres
qui fe font occupés du problème, & on trouve à
cet égard une riche variété de moyens dans leurs
ouvrages.
4°- Depuis long-temps on avoit penfé à déterminer
par expérience la forme de la trajeCtoire, 8c
on poffède un Mémoire inanufcrit du célèbre
Vallière (le fils) , dans lequel il propofe plu fleurs
moyens de lever géométriquement la courbe décrite
parles bombes. Des moyens analogues viennent
d’être prélentés par un de nos profeffeurs aux
écoles d’artillerie 5 mais pour leur application il
eft requis que le mouvement du projeClile foit
affez lent pour qu’on puiffe le fuivre de l’oeil dans
tout Ion trajet. La méthode que propofe M. Dobenheim
dans fa Baliflique ( Strasbourg, 1816),
eft plus générale, &c donneroit par points la Ira-
jeCtoire, quelle que fût la célérité du mouvement
du projeClile. Il fera fans doute important de s’occuper
de la trajeCtoiretous ce point.de vue, 81 on
le pourroit faire avec fuccès dans nos écoles d’artillerie.
C’eft làauffî, furtout pendant les loïfirs
d’une longue paix, qu’il conviendroit de reprendre
à pojleriori> c’eft-à-dire, par la voie des épreuves,
la queftion fi utile pour la pratique, de la longueur
des portées pour les calibres de guerre.
Hutton avoit déduit de fes expériences faites à
Wolvvick vers 1786, que la pièce 8c l’angle de
projection reliant les mêmes, les portées font à
peu près comme les racines carrées des viteffes
initiales , celles-ci étant comme les racines carrées
des poids des charges (au moins tant que les
longueurs des charges fout très-petites par rapport
à la longueur de la pièce). {Voyez l’article
Vitesse initiale. ) Ces lois font affez importantes
pour que l’on cherche à les vérifier par
expérience; 8c comme elles ne font qu’empiriques,
on ne peut les admettre fur parole, fur-
tout quand on fait attention que le matériel d’artillerie
dontfe fervoit Hutton, n eft’ pas identique
avec le nôtre.
5°. Plufieurs artilleurs, pleins de confiance dans
les progrès que l ’analyle a faits depuis quelque
temps, fe flattent encore de l’efpérance de trouver
une folution plus fimple 8c plus applicable à la
pratique, en confervant au problème toute fa généralité.
Leurs généreux elforis font dignes d’ap-
plaudifferaens, & pour les engager à y donner
fuite, ou achèvera de nommer les ouvrages
où la queftion a été le plus profondément attaquée
, où, par eonféquent, l’on peut aller puifer
des méthodes, des aperçqs, des artifices d’anal y fe,
dont la combinaifon pourra procurer de nouvelles
folutions, 8c où du moins l’on verra ce qu’il
n’eft pas néeeffaire de faire une fécondé fois.
On a du célèbre Lamhert un Mémoire de la
réffiance des f aides , avec la folution du problème
baliflique (Mémoire dê Berlin, >765),
dans lequel on trouve pour la première fois l’équation
de la trajectoire exprimée en abfciffeshorizontales
8c en ordonnées verticales, fous la forme de
fuite infinie f il eft vrai. Borda s’eft auffi occupé
de la queftion (Mémoire de Paris, 1769) , en s’attachant
principalement à des approximations qui
permiflènt la comparaifon de la théorie avec
l’expérience.
L’Académie de Berlin ayant propofe pour fujet
de concours, en 1782, la queftion baliflique,
couronna la pièce envoyée par M. Legendre : ce
beau travail, qui eft devenu fort rare, fe trouve
fondu dans un Mémoire de Moreau, qui fait partie
du 11e. cahier de l’Ecole polytechnique.
Tempelhoff a enrichi la CoIleCtion de Berlin
(année 1786) de deux favans Mémoires, où il
prétend avoir réduit le problème à des fuites
convergentes.
Il avoit déjà pvéfenté une ébauche de ce travail
dans fon Bombardierpruffien (Berlin, 1781).
Dans le Mémoire de Pétersbourg (1780); on
trouve un Mémoire de Krafft, où il propofe une
approximation qui revient à la fécondé méthode
que Bezout emploie dans fon Cours à l’ufagë de
Vartillerie (Paris, 1771 ) , à la folution du problème.
Le même recueil ( 1793) préfenle un fa-
vant Mémoire du même auteur fur la queftion
des plus grandes portées.
Dans des Differtations fu r la fortification & la
portée des bombes (U trech t, 1793), Hennert donne
une méthode d’approximation qui lui eft propre.
Rhode traite de nouveau la queftion dans
deux écrits (Potfdam, 1797 8c 1799); ce font
des approximations anciennes 8c nouvelles, particulièrement
adaptées aux tirs peu élevés.
C’eft dans le dernier, qui eft à la fuite d’une
Traduction libre des fonâtions analytiques de
Lagrange-, qu’on trouve pour la première fois une
table peu connue en France, quoique fort utile,
pour faciliter l’application du calcul aux cas des
portées horizontales; elle eft auffi dans le dernier
volume du Cours de Vega, à l’ufage d’artillerie
autrichienne (Vienne, 1802).
On ajoutera, en terminant cette notice 8c cet
article., que tous ceux qui voudront voir ie problème
attaqué avec toutes les forces réunies de
l’analy.fe, en y comprenant celles que peut fournir
la nouvelle analyfe des Dérivations d’Arbo-
Saf l ) doivent fe procurer au fecrétariat de l’Infti-
tut de France, la leCture d’un Mémoire fur la ;
queftion baliflique préfentée en i 8o5 par feu
Français , fa van t pro l'elfe ur aux écoles d’artillerie.
(Cet article eft de M. Servois, confervateur du
Mu.fée de l’artillerie, auteur de plufieurs favans
Mémoires. ) .
TRANCHE. C’eft un outil en fer bien acéré,
fervant à couper le fer à froid 8c à chaud. Celles
qui fervent à couper le fer à froid ont le tranchant
plus gros que les autres.
T ranche de la bouche. C’eft la feCtion qui termine
une bouche à feu à l’extrémité par laquelle
on y introduit la charge.
TRANSPORTS d’artillerie. Ils confiftent à
faire tranfporter dans toute l’étendue du royaume,
tant par terre que par eau, tous les objets dépen-
dans du fervice de l’artillerie.
Ces tranfports fe font par un entrepreneur-géné^
ral, qui a des agens près des établiffemens de l’artillerie,
8c qui fournit un cautionnement de cinquante
mille francs. Les ordres lui font donnés
par le miniftre, ou, en cas d’urgence, par les directeurs
8c leg. commandans d’artillerie , en fe
conformant aux articles d’un traité 8c d’une inf-
truCHon qu’on leur envoie à cet effet.
Le miniftre fe réferve la faculté de faire faire
par le train d’artillerie 8c par les pontonniers, les
tranfports qu’il juge convenable; par des marchés.
particuliers les tranfports dans l’intérieur
des places & fur les côtes, pour l’armement 8c le
'défarmement des batteries, mais feulement quand
ladiftance à parcourir n’eft que de 12 kilomètres
8c au-deffous.
TRAVEE. C’eft, dans un pont militaire, la partie
du tablier comprife entre les milieux de
deux fupports voifins.
TRAVERS. C’eft, dans le canon d’une arme
portative , une crevaffe traufverfale, provenant
d’un défaut du fer ou de chaudes trop vives. On
rebute avec foin les canons affèCtés de ce grave
inconvénient. Les lames de fabres peuvent auffi
être affeCtées de travers fur le tranchant ou fur
le dos , vices qui les font rejeter.
TRAVERSES. Ce font, dans les bateaux, deux
pièces de bois mobiles dèftinées à foulager les
poupées; ell.es font à huit pans, 8c placées dans
l’intervalle des deux premières-courbes des becs.
On fait faire plufieurs tours fur la traverfe, au
cordage amarré à la poupée, lorfqu’il doit fou tenir
un grand effort.
TRAVERSIÈRES. On nomme ainfi les cordages
qui fervent à maintenir l’écartement des
bateaux dans la eonftruCtion des ponts. Une tra