
comme cela arrive fouvent, des pièces ont été
forgées trop fortes de dimenfions, elles forment
des bavures qu’on enlève au cifeauj après quoi
on les fait rougir de nouveau pour les repaifer
dans les matrices, dont les deux parties, qui les
compofent toutes, doivent bien joindre enfemble.
Les pièces étant amfi étampées, on les recuit
au feu de bois blanc, pour en adoucir le fer
aigri par l’opération précédente, & on les remet
à des limeurs, qui les difpofent à entrer dans
d’autres moules deftinés au percement des trous,
auquel on procède de la manière fuivante pour
chaque pièce.
Corps de platine. On en découpe le rempart &
la bouterolle au mouton, pour le placer dans une
machine dont les trous feryent de conducteurs
aux différens poinçons avec lefquels ou les perce
tous , excepté ceux du rempart & de la bouterolle,
qui fe percent au foret. Parmi lies premiers
de ces trous, celui de l’arbre de la noix eil le
feul qui fe forme au mouton 3 les autres le font
au marteau. On taraude tous les trous (hors celui
de l’arbre de la noix, qui ne doit pas l'être, non
plus que celui des pivots) dans un fécond moule
parfaitement femblable au premier, & on donne
le contour au corps de la platine, en le limant
entre deux calibres. Il eft bon d’obferver que le
moule dans lequel on découpe le rempart & la
bouterolle, n’a pas une profondeur égale à l’épaif-
feur de ces parties , afin de ne pas endommager le
corps de platine en refoulant le fer dans ces en-
droits-là : lerefte de l’opération fe fait au cifelet. Baffi.net. Il fe fraife, & fes trous fe percent par
les moyens mécaniques.
Batterie. Tout fon contour fe lime fur un
calibre ( quoique les pièces, en fortant du moule,
aient prefque toujours fon empreinte intérieure 3
cependant, pour plus'de régularité , on en lime
les contours fur des calibres) qui fert aufîi à
percer le trou de fa vis , & dont l’épaifteur de la
partie inférieure fert de moule & de conducteur
au foret : en général, l’épaifîeur des moules eft
fuffifaute pour Tervir de conducteur.
Chien. Son contour fe lime fur un calibre 3 le
carré & le coeur s’enlèvent au mouton, dans des
moules (le coeur doit être ébauché à la forge, fe
le centre de l’emplacement du carré, percé au
foret, avant de palfer au mouton, afin de faciliter
l’opération des empoiie-pièces ) 3 le trou de la
mâchoire inférieure fe perce au foret, dans un
moule , & fe taraude dans un autre ; celui de la
mâchoire fupéneure, dont le contour fe forme
fur un calibre , fe perce de la même façon , mais.
il ne fe taraude pas.
Les chiens fe caftant très-fouvent à la gorge ,
il conviendroit, pour obvier à cet inconvénient
( plus particulier à ceux étampés ) , qu’ils fufîent
forgés tournés. Cette opération ajouterait fans
doute à leur folidité, en donnant aux fibres du
fer une directi<?n fpirale qui, fi elle ne coïnci- j
doit pas parfaitement avec la forme de la goro-e
empêcherait du moins le nerf d’être coupé 3 mais
ce! procédé exigerait du fer d’excellente qualité
& beaucoup de précautions de la part de l’ouvrier.
Vis du chien. Lorfqu’elle eft étampée, on ea
lime la tête dans un moule, où elle eft tournée,
ainli que les embafes. On en perce le trou au
moyen d’une machine analogue aux autres.
Noix. Elle fe rôde au calibre double _, comme
aux autres platines 3 tout fon contour fe découpe
au mouton, dans un moule, dont la profondeur eft
moindre que l’épaifleur de la noix, afin d’éviter
que le bord inférieur de cette dernière pièce ne
s’égrène 3 le fer qui refte s’enlève au cifelet. Le
carré de l’arbre fe forme dans un autre moule 3 on
l’enfonce, lorfqu’il eft limé, dans un carré de
longueur fuflifante pour lui donner fon exa&e
épaifleur, puis dans un autre carré pour le couner
à fa longueur, fe enfin dans un troifième carré
pour percer au foret & tarauder le trou de la vis
de noix.
Bride de noix. Ses trous fe percent au foret
fur une machine, & fon contour fe lime au moyen
d’une autre machine ayant fa forme extérieure.
Il eft de la plus grande importance que les trous
de cette pièce correfpondent exactement avec
■ ceux du corps de platine., &, en général, fi les
calibres, moules, &c. , ne fe rapportent pas parfaitement
entr’eux, la fabrication eft vicieufe.
Gâchette. Son trou fe perce au foret, dans ua
moule, & fon devant fe lime fur un calibre.
BeJJort. Leurs pivots font arrondis au moyen
d’une fraije f qui rend en même temps les deilous
d’équerre.
Vis. Elles fe fabriquent de même que celle du
chien , & on fend à la fois une certaine quaniité
•de têtes de vis.
Toutes les pièces ayant été ainfi préparées, font
remifes aux limeurs, qui en compofent des platines
, en fe fervant, pendant le travail, de calibres
pour les différentes épaiffeurs. Les platines
achevées font, comme celles ordinaires, foigneu-
fement examinées par un contrôleur du Gouvernement
, puis trempées fuivaut la méthode indiquée
( voyez l’article T rempe des pièces en fer
et en acier ) , & .examinées derechef à la recette
des armes finies , où elles font préfentées polies.
Si chaque ouvrier ne limoit conftamrnent qu’une
même eipèce de pièce., & que d’autres ouvriers
experts dans le métier montalTent les platines
avant la trempe, pour leur donner l'harmonie
néceflaire , il y aurait économie de temps, fe plus
de perfection dans l’ouvrage : cela 1e pratique
ainfi à la manufacture de Saint-Etienne.
On examinera maintenant quels font les avantages
& les inconvéniens que cette méthode de
fabriquer peut avoir fur celle ordinaire, en fe
bornant à ne comparer que des réfullats 5 cette
manière étant, dans ce cas-ci fur tout, la plus
fûre pour bien juger.
1°. La platine , par les procédés mécaniques ,
fe forge au moins aufii vite que celle’ par le travail
ordinaire 5 elle confomme un peu moins de fer, &
le limeur peut en limer une par jour , les trous
étant percés, il eft vrai 3 tandis que par les
moyens ordinaires , il ne peut en limer que deux
en trois jours. Mais, malgré ces avantages, on
dit qu’elle revient plus cher que l ’autre , fans
doute à caufe des pièces qui caftent allez fréquemment,
du recuit qu’on eft obligé de leur
donner avant la lime , de l’ufé confidérable de
limes, & de l’entretien des machines (on ne faur
roit trop le fur veiller) 3 motifs qui ont fait accorder,
dans un temps., à l’ex-manufaCture de
Roanne , une prime par platine.
20. Les pièces , en fortant du moule, font belles
& prefque toujours fi régulières, que le limeur
paraît n’avoir befoin que de les blanchir & de
les adoucir3 en forte que l’ouvrier le plus médiocre
ne devrait pas faire de mauvais ouvrage en les
employant3 mais la chute du mouton, en refoulant
la matière fur elle-même, répercute les corps
étrangers qui peuvent fe trouver dans le fer , &
d’ailleurs l’aigrit (on obvierait, à ces ineonvé-
niens, du moins en partie , en n’employant pour
cette fabrication que du fer très-nerveux & parfaitement
corroyé) 3 tandis que le travail ordinaire
l’épure au contraire & l’adoucit.
3°. La manière de percer les trous eft plus
exaCîè que celle ordinaire, où l’ouvrier applique
un calibre fur le corps de platine, par exemple ,
pour en tracer les trous deflus fe les percer enluite
au foret. De bons, ouvriers peuvent, il eft vrai ,
travailler par cette dernière méthode avec beaucoup
de précifion3 mais il n’en eft pas de même
de. ceux médiocres -: ce qui ferait defîrer qu’on
employât les moyens mécaniques pour eux feulement,
jufqu’à ce qu’ils fufl’ent plus habiles 3 je
dis jufqu’à' ce qu’ils fuflent plus habiles, parce
qu’il ferait nuifible d’abandonner entièrement
l’ancienne méthode -, attendu qu’il eft des cireonf-
tances à la. guerre où on peut être obligé de faire
établir des pièces fans le fecours des matrices, &
on ne peut pas fuppofer que des réparations feront
bien faites , fi on n’admet que le platineur qui
en fera chargé , entende bien l'effet de la platine 3
ce qiifon ne peut exiger d’un, ouvrier qui n’aura
jamais travaillé que par les moyens mécaniques.
4°. Le nombre des,pièces qu’il faut remplacer
aux platines de la mécanique, par fuite de défauts
découverts à la trempe ( dont l'aCtion fur elle eft
d’autant plus forte que le fér a été violemment
comprimé) ou au polifl’age , entre les mains des
monteurs - équipeurs , eft toujours double au
moins de celui pour une pareille quantité de
platines ordinaires-, ainfi qu’il eft facile de s’eu
convaincre par le. regiftre; du'Contrôleur de cet le
partie, de! l’arme s ce. qai- doit faire craindre
quelles B,ç foient pas-; d’aufti bon férvioe, que les
autres. : car étant fabriquées avec les mêmes mafières,
éprouvées & reçues par les prépofés du
Gouvernement, on ne peut attribuer celte différence
qu’aux procédés de la fabrication. {Voyez
l’article Platines identiques. )
Platines identiques. On appeloit ainfi des platines
dont toutes les pièces dévoient être parfaitement
égales, eu forte qu’en démontant un nombre
quelconque de cès platines , en mêlant leurs
pièces & les reprenant au hafard, on devoit en
compofer des platines parfaitement ajnftées. Les
pièces dévoient s’obtenir au moyen de fer rougi ,
mis dans des étampes ou matrices frappées par
un mouton 3 on en limoit les contours & toutes
les faces dans des moules, & on en perçoit les
trous au moyen de conducteurs dans lefquels ils
étoient maintenus. ( Voyez l’article Platines
fabriquées par des procédés mécaniques. )
Ce procédé de fabrication fut propofé vers
1722 , & abandonné après avoir été efîayé. Ou.
l’eflaya de nouveau fous M. Gribeauval, en 1786,
& en 1793 il fut établi une fabrique à Roanne.
Vers l’an4’ 1 on l’abandonna de nouveau.
Cette idée de faire des platines identiques
avoit principalement pour but de remplacer facilement
dans les armes des corps , furtout aux armées
, les pièces cafte es ou hors de fervice ce
qui eut été un avantage réel pour le fervice3 mais
le but n’a pu être atteint, & on n’a pas fabriqué
de platines1 identiques. Celles que l’on foumeltoit
à l’épreuve des pièces mêlées, & remontées en-
fuite ,. produifoient des platines qui nejouoient
pas, & auxquelles il falloit retoucher à la lime
pour ô-ler les frottemens & mettre ces mêmes
pièces en harmonie.- En effet, les élampes & les
emporie-pièces font altérables intérieurement &
extérieurement, fe ils s’ufent promptement par la
pereuftion. violente des moutons 3 il y- avoit nécef-
fairement une différence, quelque légère qu’elle
fut, entre la première & la centième pièce qui
fort du moule. ( Voyez l’article Machines pour
ACCÉLÉRER L A FA BR IC AT ION DES ARMES PO R T A TIV
ES , )
P latines simples. Il a été imaginé dans divers
temps , & par diverfes nations , des platines com-
pofées d’un petit nombre de pièces . d’un méca-
nifnue fimple , & ayant, pour la plupart, les principales
pièces à L’extérieur. Il en a été pré lente
de cette efpèce à M. Gribeauval, notamment
par le fieur Bonand , ancien contrôleur de la manufacture
de Saint-Etienne3 mais elles ont toujours
été abandonnées,' parce que celle fi m pli cité
étoit aux dépens de conditions plus effentielles.
On peut en voir la colleCtion au Mu fée. de l’ar-
tilleiûci
Prefqùe toutes les nations de l’Europe ont
la platine fi ançai fe mais elles ont généralement
corrigé les vices de couftruCtion qu’on lui re