
le rie Drieu , ayant pour titre : Le Guide du Pontonnier.
P ont de bateaux. Ce pont efl deftiné pour les
grands fleuves 8t les rivières la rges , rapides &
profondes, parce qu’il peut fupporter les fardeaux
les plus pefans des équipages d’artillerie , & qu’il
efl à l’abri d’être fubmergé par les grandes eaux.
Les bateaux fe tranfportent fur des voitures
nommées haquetsy mais, quand il efl poflible, on
les fait aller par eaU , en les affemblantpar quatre
ou par huit, afin d’employer moins d’hommes pour
les conduire. Un feulgouvernail fuffitpour chaque
train, & le bateau peu t porter fonhaquet avec les
madriers & les poutrelles qui fervent à le couvrir
quand il efl ponté.
Les bateaux affemblés pour former un pont peu- j
vent être efpacés entr’euxde 6 met. 17ig à 6 mèt.
4968 ( 19 à 20 pieds) du milieu d’un bateau au J
milieu de l’autre, & un pont de bateaux fe forme
ordinairement tant plein que vide, à moins que
l’on n’ait de très-fortes charges à lui faire fu importer;
alors on augmente fa réfiftance en rapprochant
davantage les bateaux.
Il y a à la fuite des ponts de bateaux des nacelles
deftinées à porter les cordages qui retien- I
nent les ponts, & qui fervent à palier les ponton- j
niers fur la rive oppofée, &c. ( Voyez l ’article J
Nacelle d’artillerie. )
A l’entrée & àlafortie d’un pont, pour le rendre
plus commode, on fait un établiffement qu’on appelle
les culées du pont. ( Voyez le mot Culée. )
On établit, autant qu’il efl poflible, deux ponts
à côté l’un de l’autre pour pouvoir palier la rivière
fur l’un , la repaffer fur l’autre , & éviter par-là les
encombremens & les accidens.
L’artillerie efl chargée de la conftruâion de tous
les ponts momentanés , & les équipages de ponts
font conduits par le train d’artillerie ou par des
chevaux de réquifition, quand les chevaux d’artillerie
ne fuffifent pas au fervice.
Un pont de bateaux étant établi, on ne laiffe
palier les voitures que fuccelfivement & à une
certaine diftance les unes des autres. La cavalerie
ne doit défiler que fiir deux de front, & pied à terre.
On veille à ce qneles objets charriés par les eaux,
& fufceptibles d’endommager les ponts, ne puif-
fent arriver jufqu’à eux , & à cet effet on dirige
vers les rives les corps flottans dont le choc ferait
dangereux. [Voyez l’article Emplacement des
ponts a la guerre. )
On confirait ce pont avec les bateaux des équipages
mobiles faits dans les ' arfena.ux de l ’artillerie.
Lorfqu’on a raflemblé par efpèce tons les
matériaux néceffaires à la conftruôlion du pont &
déterminé fon emplacement, on procède à la conf-
îruêKon,.qu’on commence en plaçant A? corps-mort
fur la rive de-départ, dans une direÉtion perpendiculaire
à celle que le pont doit avoir, Sele retenant
par de forts piquets. On- amène le premier
bateau contre la rive , fur l’emplacement deftimî
au pont ; on l’amarre à* deux piquets plantés finie
rivage, l’un en amont, l’autre en aval de la
culée. On place les poutrelles de la première travée}
une extrémité fur le corps-mort , & l’autre pofani
fur le premier bateau & le dépaffant. On a foin de
les efpacer également & de les clamauder fortement
au corps-mort. On démarre alors les cordages
qui retenoientle bateau, & on l’éloigne de la rive,
jufqu’à ce que les poutrelles ne dépaflent plus que
de o mèt. 025 ( 1 pied ) environ fon plat-bord
extérieur ou le plus éloigné de la rive de départ ;
on met ce bateau à la hauteur convenable à l’alignement
du pont, & on l’amarre à un piquet placé
en amont fur la rive : on fixe enfuite chaque poutrelle
de la première travée au côté extérieur du
bateau, avec un clameau à deux faces mis en
dehors du plat-bord : on pofe les madriers fur les
poutrelles, en leur faifunt dépaffer également les
poutrelles extrêmes. Tendant qu’on forme le tablier
de la première travée jufqu’à O mèt. 325 (1 pied)
environ du plat-bord extérieur du premier bateau,
on amène le fécond, qu’on met bord à bord de
l ’autré bateau j on jette en même temps Vancre y
à laquelle il doit être amarré. Les deux bateaux
font joints par deux cordages ou tvaverfières attachées
aux avant-becs & aux' arrière-becs : oa
apporte les poutrelles de la deuxième travée , on-
en fait avancer trois jufqu’à ce qu’elles dépaflent
de O mèt. 325 ( I pied ) environ le plat-bord extérieur
du fécond bateau, on les clamaude à ce plat-
bord 5 alors deux hommes démarrent les traver-
fières dans le premier bateau, & laiflênt filer le
cordage pendant qu’on éloigne le fécond bateau,
jufqu’à ce que les trois poutrelles ne croifent plus
que de o mèt. 325 ( 1 pied ) environ au-delà du
plat-bord intérieur du premier bateau. On fait
pafl'er les autres poutrelles de la travée au moyen
de rouleaux pofés fur les trois- poutrelles déjà
placées : on met le bateau à la hauteur voulue
par la direction du pont5 on place les poutrelles &
on jumelle celles des deux travées en unifiant
chaque couple avec deux clameaux plats qui convergent
Tun vers l’autre (ils correfpondent aux
plats-bords des bateaux); on achève le tablier
comme pour la première travée.
Le troifième bateau & fuecefiivement tous-
les autres, feront pontés commedî vient de le dire-
pou r les deux premier».
Aufikôt qu’on- a commencé à ponter le troifième
bateau, on place les guindages, on les met
bout à bout & on les lie aux poutrelles extrêmes
au moyen d’un cordage nommé commande -on1
brêle avec un billot.
Le nombre des ancres efi' proportionné ' à la
rapidité de* la rivière j, on mouille aulli ; des- ancres-
pour affuren le pont contré les vents-d’aval : il faut
avoir foin d’amarrer les cordages de ces dernières
aux bateaux qui font déjà ancrés en amont.
Quand- il n’y a pas ailes d’eau pour placer un
bateau à la culée, on le remplace par un chevalet. ]
( Voyez, pour plus de détails, le Guide du Pontonnier.
) j
L’emplacement des, ponts efi déterminé par les
opérations de l’armée & la nature du terrain.
[Voyez l’article précité, Emplacement des ponts
A LA GUERRE. )
Les manoeuvres des ponts militaires s’exécutent
par les troupes de l’artillerie. Elles confiftent principalement
à établir des ponts fur les fleuves & les
rivières, & à les replier. Les pontonniers qui
conftruifent un pont, font claffés en détàchemens;
chaque détachement ne doit être chargé que des
travaux que fon chef peut diriger & lurveiller.
Voici, en les numérotant fuivant l’ordre dans
lequel iis agiffent, les fon&ions dont ils font
chargés pour la conftruôlion d’un pont de bateaux
:
Premier détachement. Préparer les culées ,
placer les corps-morts, planter fur les rives les
piquets auxquels on amarre les premiers & les
derniers bateaux, conftruire la portière (quand
le pont doit avoir une coupure ) , tendre les cin-
quenelles & placer les cabeftans.
Deuxième détachement. Amener les ba teaux,
placer les chevalets des culées lorfqu’il devra y
en avoir.
Troifième détachement. Jeter les ancres*
Quatrième détachement. Porter les poutrelles ,
aider à pouffer au large.
Cinquième détachement. Recevoir les poutrelles
, pouffer au large, clamauder, fixer les tra-
verfières , mettre les bateaux à leur hauteur
au moyen du cordage d’ancre, couvrir le tablier.
Sixième détachement. Porter les madriers.
Septième détachement. Guinder le pont, éga-
iifèr les madriers.
Un pont de bateaux fe confirait par bateaux fuc-
cefîifs, par portières on par parties. Quand un
pont efi confirait par portières, on peut, en ouvrant
quelques portières, ou feulement en les
ifolant , donner paffage aux corps flottans qui
pourvoient le rompre. Le pont confirait de cette
manière exige un plus grand nombre de bateaux.
Une portière efl formée ordinairement de deux
bateaux, mais on peut la faire de trois* Si elle efi
compofée de deux bateaux, les poutrelles de fon
tablier • qui font coupées à la même longueur ,
croifent fur les bateaux & les dépaffeut de o mèt.
325 (1 pied) environ. On- cloue les madriers
extrêmes aux poutrelles ; ils arrafent leurs bouts.
Les.guindages ont la longueur des poùtrelles-
Si la portière efi deftinée à former une coupure
dans un pont,, les poutrelles de la travée qui
précède la coupure & celle de la travée qui la
fuit immédiatement, dépaflent de même de o mèt.
3a5 ^1. pied}, les bateaux Yoifins de la coupure.
On cloue aux poutrelles des madriers qui arra-
fent leurs bouts.
Les portières font compofées de deux ou trois
bateaux, fur lefquels on établit le tablier d’une
on de deux travées. Chaque partie porte les matériaux
deftinés à l’unir à celle qui efi placée au
pont immédiatement après elle. [Voyez, pour
plus de détails, le Guide du Pontonnier. )
Pour replier un pont militaire, on l’amène le long
de la rive que l’on doit continuer à occuper.
Lorfque cette manoeuvre fe fait fans être gênée
par l’ennemi, elle s’exécute dans Tordre fuivant.
On ôte les cinquenelles & les cabeftans, on découvre
les poutrelles de la culée, on emporte les
madriers, 011 lève les clameaux qui fixent les poutrelles
de la culée, on enlève ces poutrelles, on
découvre les poutrelles de la dernière travée, on
les déclamaude , on amène le dernier bateau
contre Tavant-dernier, on emporte les poutrelles ,
on conduit le bateau au dépôt, on relève les-
ancres, & ainfi de fuite pour tous les bateaux
jufqu’au premier.
Les hommes chargés de replier un pont font-
partagés en fept détachemens, dont les fondions
font celles fuivantes :
Premier détachement. Oter les cinquenelles r
les cabeftans; enlever les piquets, les corps-morts,-
démolir la portière.
Deuxième détachement. Enlever les guindages.
Troifième détachement. Enlever les madriers.
Quatrième détachement. Déclamauder , agir
aux traverfières, démarrer les cordages d’ancre,
découvrir.
Cinquième détachement. Ramener les bateaux;
emporter les poutrelles.
Sixième détachement. Relever les ancres.
Septième détachement. Conduire les bateaux
aut dépôt au-deffous de la culée.
Quand il- faut rompre fubitement la communication
d’une rive à l ’autre & conferver les matériaux,
on y parvient au moyen d’une manoeuvre
nommée quart de converfion. Il efl néceffaire,
pour exécuter cette manoeuvre,, de tendre une
cinquenelle fur le derrière des bateaux & de la
fixer à chaque-bateau; elle doit être amarrée fur
la rive eh amont de la culée,- à un arbre ou à un
fort piquet. Avant de commencer le mouvement’,
i on-lève les'deux culées, on 1 aille filer le pont fur
les cordages d’ancre, qu’011 a eu foin d’alonger..
On dirige la converfion de manière que le pont
relie en ligne droite & pivote autour du piquet
auquel on a; amarré la cinquenelle. On file doucement
ce cordage pour empêcher le premier ba*'
teau de heurter Contre la rive.
Si la rivière n’efl; pas très-rapide, ï>n pourra
remettre lè pont en place par un-quart de converfion
fait en fens contraire, en lialant fur les cordages
d’ancre jetés en amont.
Quand on efi dans le cas de faire la guerre, en,
Allemagne ou en Flandre,, on trouve dans les