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Les culaffes des canons doubles font exacle-
ment failqs comme celles des canons fimples , mais
a partie qui forme la queue a deux ouvertures
carrées au lieu d’une.
Quelques armuriers ont imaginé de brafer plu-
lieursi canons enfemble& d'en faire des fufils, fur-
tout des pidolets à plufieurs coups; mais ces armes
font rares & peu recherchées, parce qu’elles
on c te res, pefanles & d’un ufage peu commode.
(. ra y ez 1 article F usil tournant & celui F usil
a QUATRE coups, non tournant. )
Canon tordu. On nomme canon tondu, un canon
dont les fibres du fer & la foudure ont reçu une
direction fpirale. Les canons des fufils de diaffe
lont communément forgés de-cette manière. Ce
canon fe forge d'abord à l’ordinaire , & lorfqu'il
a été bien foudé dans toute fa longueur, l’ouvrier
e chauile par partie, en commençant par le mi-
ueu , avec précaution & prefque blanc; il le ferre
enluite par l’une des extrémités, ordinairement la
bouche, dans les mâchoires d’un étau. Il fait entrer
1 autre dans un tourne-à-gauch'e, & il le tourne
de façon que le nerf qui étoit en long, fe trouve
en fpirale dans la portion chauffée; après avoir
ainfi tordu tout le canon, il donne de légères chaudes
en frappant à petits coups de marteau pour
réparer, redreffer le canon & reflerrer le nerf du
ter. L ouvrier doit avoir l ’attention que la chaude
ne toit pas trop vive, parce qu’alors il y aurait
a craindre que la fibre du fer ne fe rétablît dans fa
iorme ordinaire.
Lorfqu’un canon a été enlièrement tordu, & que
pendant 1 opération il n'a pas montré de défauts,
il doit réfilter plus que tout autre à l’a&ion de la
poudre i & s il cédoit, foit par l ’effet d’une charge
trop forte, foit par d’autres caufes, il en réfulteroit
bien moins de danger pour le tireur : en effet,. le
canon ayant été tordu, lorfque le fer étoit dans* un
état pâteux, les fibres ont confervé leur continuité
’y 8c leur forme fpirale doit empêcher le tube
de fe brifer en éclats.
Pour s’affurer fi un canon eft forgé tordu, il fufîit.
de blanchir à la lime douce une petite place du
deflbus du canon, par/exemple, & d’y porter eu-
fuite avec un morceau de verre , ou avec les- barbes
d’une plume, une goutte d’acide nitrique
étendue d’eau. Si le canon eft tordu, on apercevra
facilement la direction fpirale de la fibre du fer.
Cet efiai doit avoir lieu particulièrement à l’extrémité
de la bouche 8t. à l’extrémité du tonnerre*.
On fait quelquefois ufage d’un procédé qui diminue
la perte'de matière r rêfultant de-l’alon-
gement qu’on eft obligé de donner aux canons
tordus, pour qu’ils le foient à leur extrémité,
comme dans toute leur longueur.. Ce .procédé con-
fifte à fonder à l’extrémité de la lame qui répond .
au tonnerre, une portion de fer qui tient lieu de
l'alongement qu’on eft obligé- de donner à cette
partie du canon 5 on la.coupe lorfque le canon eft
achevé, & on la foude de nouveau’ fous-fa forme
avec une autre lame,.déjà roulée fous le marteau.
Par ce moyen il n’y a de perte de, matière que
celle qui provient de la feâion faite à la bouche.
Canon à ruban. On appelle canon à ruban
canon fait avec un ruban de fer bien corroyé 8t
roulé fur une chemife , ou tube fervant de moule.
Si le ruban eft d'étoffe , le Canon eft damaffé. L’ér-
toffe descanons quiontle mieux réfiftéaux épreuves
d’ufage, eft, fui vaut les ëflais de M. Lucas, confer-
vafeur du cabinet du Mufée d’hiftoire naturelle,
celle compofée d’un tiers d’acier à reffort ou de
vieilles faux, & de deux tiers de fer de bonne qualifié.
Ces fortes de canons qui fe foudent par fup-
perpofition ou par rapprochement, coûtent beaucoup
plus cher que les autres, attendu qu’ils exigent
beaucoup plus de travail & de foins. Ils fe
foudent ordinairement par fu-ppofition , parce que
cette méthode eft plus facile & que les canons ainfi
foudés font plus folides. On fuppofera donc ici
qu’on forge de cette manière; L’autre méthode
confifte principalement en ce que l’ouvrier refoule
faus celle le fer au tonnerre & à la bouche. Toutefois,
par ce dernier procédé, les fleurs de damas
-font plus belles & elles font les mêmes dans toute
la longueur du canon.
Pour faire les canons à ruban, l’ouvrier commence
par forger une lame de fer, à laquelle il
donne au plus o mèt. 0023-( 1 lig..) d’épaifleur
( il y a des canonniers qui font ces tubes avec
de bonne tôle ayant cette dimenfion)^ il la ploie
8t il la foude dans toute fa longueur, comme pour,
les canons ordinaires. Il forme enfuite le ruban ,,
qui eft unejame d’environ o mèt. 0271 ( 1 pouce )
de largeur, plus épàiffe d’un côté de cette largeuç
que de l'autre. L’épaifleur de cette lame doit aller
en diminuant infenfiblement vers l’extrémité de fa
longueur, pour que le derrière du canon 81 le
de vaut puiflent avoir les diamètres convenables..
Lorfque cette lame eft forgée, l ’ouvrier la ploie
de la forme d’un reffort à boudin., & il la tourne fur-
la chemife, en faifant croifer chaque tour l’un fur
lautre d’un- quart de la largeur du ruban 3 enfuite
il chauffe de-O mèt. 0812. ( 3-pouces), en o mèt-
0812. (3. pouces ) ce ruban , pour en. fouder les parties
les uu es for les autres , 8c, il emploie à cette
-foudure une broche telle que celle dont on fe-
ferfc pour les autres canons.. Lorfque ce ruban eft-
bien foudé , une, partie de la chemife fe trouve faire
corps avec le ruban, 8c le refte eft prefque tout emporté
par le forage.
Le ruban.:en-damas fe fait en étirant, par-exemple,
quinze lamet tes de fer nerveuxquatorze lame
tlesvd’acieR de fufion j on en compofe une troufle
en mettant alternativement une lame de chaque,
efpèce, ayant l’attention que le deffus & le deflbus
foient en fer. On foude cette trouffe,après-quoi on
l’étire 8c. on la tord en fpiralés femblables au pas.
d’une v is ,. par une opération, femblable à celle..
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des canons tordus. On chauffe avec beaucoup de
précaution cette pièce 8c on lui donne la forme du
ruban. §i l’on forge enfemble deux baguettes préparées
coinme ci-deffus, contenant plus ou moins
de lamettes, 8c qu’on les foude en les combinant
en fens contraire , on aura diverfes fleurs de damas. ,
Pour faire découvrir le damas, on met le canon
dans un auget de bois contenant de l’acide nitriquè
étendu à grande eau 5 les fleurs fe manifeftent
au bout de quelques minutes. Il eft inutile de faire
obferver qu’avant cette opération il faut fermer les
orifices du canon.
Les canons de cette efpèce font réputés très-fo-
Iides , 8c ils font préférés aux canons tordus : mais
il eft difficile de les faire fans défauts, 8c de bien
fonder les unes fur lés autres toutes les fpires
qu’il faut faire faire au ruban. La moindre crafle
empêche de fouder les parties de fer où elles fe
trouvent, 8c cet accident, fort à craindre pour tous
les canons, l’eft beaucoup plus pour ceux où il y a
plus à fonder.
On prife ces canons, parce que le fer préfente fon
nerf qui fe trouve fuivant la longueur du ruban
dansle fens de l’effort de la charge ; mais la multiplicité
des foudures 8c le peu d’épaifîeur du tube
à la bouche, font caufé qu’il y a quelquefois des
défauts en cet endroit. Pour remédier à cet inconvénient
, on a imaginé de ne rnbaner que le tonnerre,
8c de faire le furplus en fer tordu.
Le poids d’un canon fimple eft de o kil. 91 ( 1 liv.
14 onç. ),.8c celui d’un canon double de 1 kil. 468 QÉng I H WÊ HH I ■ .Pour s’àfîufer qu’un canon eft à ruban 8c damaffé
,. on fe fert, comme pour le canon tordu ,
d’acide nitrique étendu d’eau.
Canon à bafcule. C’eft un canon dont la culafîe
eft brifée. La partie qui forme la queue a une
ouverture carrée au talon ; l’autre' partie a un
bouton taraudé, qui entre dans le canon comme
à la-culafîe ordinaire, 8c un croôhet à bafcule qui
s’èncaftre dans l’ouverture dont on vient de parler.
Les canons à bafcule offrent la facilité de pouvoir
les enlever de deffus le bois fans démonter la cu-
laffe.Onles a-toujours faits ainfi par cetteraifon, foit
pour les canons fimples, foitpourles canons doubles.
Canon brifé. Il eft compofé de deux parties
qui fe réuniffent au tonnerre. La partie fupérieure
eft à écrou, 8c l’autre à vis. On le charge parle
tonnerre , en le déviffant pour cét effet.
Canon de fufil en cuivre.-On fait que le fer eft,
de tous les métaux , le plus convenable à la fabri- j
cation des canons des armes portatives. Sa fupé- I
riorité fur le bronze eft évidente , puifque la ténacité
du fer eft à celle du bronze comme quatre j
eft à un : ainfi, pour obtenir à peu près la même
réfifta uce , il faudroit augmenter confidérablement I
k’égaiffeur,. 8c par conséquent le poids de ces I
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canons-. Cependant on fait encore quelquefois des
canons d’efpingoles 8c de piltolels en cuivre.
Canons d’Efpagne. Ils font ordinairement faits
de cinq où fix piè,ces, dont chacune eft travaillée
à part , 8c. qui fe foudent fucceiïivement l’une au
bout de l’autre. Ils font renommés à /caufe de la
! fopériorfié du fer qu’on emploie à leur fabrica-
! tion. Toutefois le^ canons fabriqués en France par
! les maîtres canonniers-Leplerc, Dombret, Iier-
mite, 8cc.’, ne laiffent rien à defiier fous aucun
rapport. {V oyez l'article Ar t de d’arquebusier
'de VEncyclopédie méthodique. )
Canon filé. C’eft une chemife fur laquelle on a
tourné' 8c brafé un fil de fer recuit, qui couvre le
tube jufqu’à environ 0 mèt. 324 ( 1 pied) du tonnerre,
puis fur cette première couche, une fécondé
du même fil de fer, 8c qui garnit les deux
tiers du canon, puis enfin une troifième couche
qui garnit toute la longueur du canon. 11 paroît
avoir été abandonné dès fa n ai flan ce. ( Voyez ,
pour plus de détails, l’article Art de l ’arquebusier
de XEncyclopédie méthodique. )
Canon à main; C’étoit, dans l’origine dès armes
à feu portatives,, un canon nu, qui différoit dè
celui de l’arquebufe à croc, en ce qu’il étoit plus
long 8c plus lourd. Deux hommes le portoienl dans
les combats, 8c Pajuftoient fur une efpèce de trépied
ou de chevalet,. lorsqu’ils vouloient s’en fervir.
Canons qui fe chargent par la culafîe. On a
fouvent effay.é de charger les ai;mes à feu par la
culaffe, mais les, vices d’exécution, ont jufqu’ici
furpaffé les avantages réfultant du principe, à
caufe de l’extrême violence de la poudre. ( Voyez.
l’article A rmes q.ui se chargekt pa r l e tonnerre.)
CANONNADE. C’eft plufieurs coups de canon-
tirés à la fois ou fucceflivement par quelques bouches
à feu. Lorfqu’on tire à une diftance où le tir
n’eft point affuré , la canonnade eft un v^in bruit.•
CANONNIER., Ouvrier des manufaôlures d’armes,
forgeant les canons des fufils,-des moufque-
tons 8c des piftolets.
. Canonniers. Soldats dés régimens d’artillerie-,
lervant les bouches à feu, faifant les travaux de
1 artillerie dans les arfenaux 8c dans les camps. Ils
doivent être forts , rohuftes, bien conftitués 8c
d’une taille d’environ 1 mèt.-.yS;, pour exécuter
c?Pveffa^ em®ût les manoeuvres de force des
pièces de pl"ape 8c de fiég.e, 8cc. Indépendamment
de ces qualités , ils dôivent être paliens , laborieux,-
adroits, & d’une bravoure telle qu’ils puiflent
toujours pointer fur l’ennemi avec le fang-froid
8c la précifion néceffaire.
Canqnniers d’État. On plaçoit autrefois deux