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Les épreuves relatives au changement de calibres
adoptés eu l’an XI ont été li incomplètes , fî
exclufivement dirigées" dans le fcns favorable au
nouveau fyftème , qu’il huit les tenir pour non-
avenues, 8c ne regarder comme expérience cont-
tatée à l’égard des bouches à feu de ce fyftème,
que celle que l’on avoit pu acquérir de leur ufage
dans les occafions peu fréquentes où, antérieurement
à l’an XI , nos armées avoient employé pour
leur fervice quelques équipages d’artillerie ennemie
, & celle que nous ont donnée depuis , les
campagnes où nos équipages d’arlillerie ont été
compotes félon le nouveau fyftème.
• C’cft doue en s’appuyant lurlout lur cette dernière
expérience, que l’on peut difeuter la queftion
•préfentée. Pour l’envifager tous fon véritable af-
peêl 8c la ramener à fes termes les plus poh tifs ,
pu va faire le parallèle du nouveau fyftème 8c de
l ’ancien, fous le double rapport de l’économie dans
les moyens & des réfultats obtenus dans l’ufage.
On s’occupera d’abord de l’examen de ] artillerie
de campagne, qui fait-l’objet effentiel de cette
difcullion, -après quoi on recherchera fi la fuppref-
fion de la pièce de 16 8c del’obufier de 8 pouces
dans l’artillerie affèélée à la guerre des héges eft
utile ou nuifible au genre ;de fervice que cette artillerie
eft deftinée à remplir.
A R T I t t E R I E J E C A M Î A G N E .
Parallèle de l'ancien & du nouveau fyftème.
Appliquée à l’artillerie de campagne, la difcul-
fion qui fait l’objet de ces notes renferme deux parties
bien diftin&es; lavoir : le parallèle de la
cbtribinaifon des canons de 8 & de 4, au calibre de
6 qu’on y a fubftitué, 8c celui dés obuiiers 5 pouces.;
y lignes 2 points ou de 2.4,. aux obufters de .6 pouces.
On va faire fùccefliyemenf l’iin & l’au. Ire de
ces parallèles.
Comparaison des canons de 8 & de 4 cm carton de 6.
Sans entrer dans des détails trop compliqués , &
d’une appréciation toujours équivoque jufqu’à un
certain point, on peut eftimer aft'ez approximativement
le rapport, de moyens qu’exige l’emploi
des bouches à feu comparées, p:n- les conhtiéralions
fuiya"nt;GS,:.
L’emploi d’une pièce de 8 pourvue de' hm-ïip-
provihonueinentÆomplet en campagne exige trois1
voitures & douze chevaux5 eeliu:d’une pièce d’e -6.
exige deux voitures. Si demie & dix chevau»;
celui d’une-pièce de 4 exige deux voitures & huit
chevaux.
Ce nombre de voitures’& de chevaux donneroit
aye.ô: une pr oximation fuffifante le rapport cher-
clié, (i I’approvifionnement affeêlé à chaque ef-'
pèce de boOches à feu étoil du même-nombre de
coups,; mais e’eft ce qui n’a point lieu dans; l’ordre -
de chofes a£luel} où les divers rapports d’appro-
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vifionnemens, des pièces dont il s’agit, font comme
il fuit ; pour- la pièce de 8, le nombre de coups
par caiflon eft de quatre-vingt-douze ; le poids du
chargement du caiîïùn eft de 58*7kil. 4 1 (isooliv.);
le nombre de caillons qui lui font affectés eft de
deux ; le chargement du "coffret eft pouf quinze
coups 5 le nombre total de coups pour la pièce eft
de cent quatre-vingt-dix-neuf.
Pour la pièce de 6 , -le nombre de coups par
caiflon eft de cent quarante ; le poids" du chargement
du caillou eft de 665 kil. y3 ( i36o liv. ) ; le
nombre de caiflons qui lui font alfeëtés eft de un 8c
demi'5 le chargement du coffret eft pour vingt-un
coups; le nombre total de coups pour la pièce cil
de deux cent trente-un.
Pour la pièce de 4 > le nombre de coups par
caiflon eft de cent cinquante ; le poids du chargement
du eaiffon eft de 489 kil. 5i ( IOOO liv.); il
lui eft affeèté un caiflon ; le chargement du côllret
eft pour dix-huit-coups ; le nombre total de coups
pour la pièce eft de cent foix ante-huit.
La pièce de 6 paroîtroit au- premier coup d’oeil
avoir un avantage fehfîble- à l’égard des deux autres
, fous le rapport de l’approvifionnement;
mais en examinant le détail des chofes , on
trouve que cet avantage n’eft que fi£tif; parce qu’il
tient à des moyens qui, appliqués aux calibres de
8 8c de 4 , mettoient l’àpprovilionnement de ces
bouches à feu en proportion d’égalité avec celui
de la pièce de 6. La fupériorité d’approvifionne-
ment de la pièce de 6 tient en effet à ces deux
■ caufes : augmentation dans le poids total du chargement
de fon ca-iffen; changémens en GOnfé-
quence, foit dans les dimenlions mêmes du colïre
du caiflon, foit dans la difpofition intérieure de
fon chargement. \ '
L’excès de poids du chargement du caiflon de 6
fur celui ;des deux autres eft de 78 kil. 2>2 (160 livres)
pour le calibre de B, c’eft-à-dire, fupéneur
au poids de quatorze cartouches de ce calibre; &
pour celui de 8, de 176 kil. 22 (56o livres), ou fu-
périeur au poids de foixante-deux cartouches de
ce dernier calibre. ,
Si donc on coulent à égaler les poids des trois
'caillons comparés, ce qu’il tant nécefi’airemenl admettre
pour rendre le parallèle ex a i l, 8c ce qui!
eft ailé d’obtenir, fans changer fenûblement les
pônditijoïus du tirage; au moyen de quelques modifications
dans -les dinâefilions- des Coffres ; oa
pourra mettre dans chaque caiflon de 8 quatorze,
&.éda«s- Ghaquè'.eaiflbii dp- 8 fbixafi te-deux cartouches
çle- plus îqn’ii a'aclueUement. Alors
Tapprovtfionnèrneiit-'de la pièce- de 8 fera porte à
deux -cent- vingt-l'epL&i celui- de la pièce de 4 a
deux centéfrente coups^ ce qui nfe laiffera entre
t’apprdvifiorinenïent de -ces -'Calibres- 8c celui du
calibré de »6 qu’une diflérènce-toùl-à-lait inugm-
fiani'epar rapporta l’objet dont o'ns’occupe“, 8c que
X’on ife trouve fondé à-négliger;
■' Qn voit donc que l’on-pput en effet confidurer
f f . Ô l
1rs proportions ci-deffus indiquées entre les nombres
de chevaux 8c de voitures refpeêlivement
alfeftés aux trois calibres mis en parallèle , comme
exprimant le rapport réel des moyens matériels
qu’exige leur emploi.
1 En comparant d’après ces bafes les anciens calibres,
foit ifolément confidérés-, foit-dansles combinai
fons dont iis font fufceptibles, au calibre de
g, on trouvé : . _ ,
i°. Que la fomme de moyens matériels qu’exige
l’emploi de la pièce de 8 eft à celle que fuppol'e
l’emploi de la pièce de 6 , dans le rapport de fix à
cinq); ' ! .
20. Que le même rapport entre la pièce de o 8c
celle de 4 eft celui de cinq à quatre;
3°. Que par conféquent, avec le nombre de
voitures & dé Chevaux nécefl’aires pour mener en
campagne dix pièces de 8, on pourra mener douze
pièces de 8 ;
4°. Qu’avec le même nombre de chevaux 8c de
voitures, on aura le moyen dé mener en campagne
quinze pièces de 45
5°'. Enfin , que la quantité de chevaux & de voitures
qui entrent dans la compofilion d’un équipage
quelconque de bouchés à feu de 6 , fuiïira pour
former un équipage d’un pareil nombre de bouches
à feu de 8 8c de 4;, dans lequel ces deux calibres
entreront en égale proportion , 8c dont lap-
provifionnement fera lé même que dans le premier
cas.
Tels font donc les véritables rapports de moyens
matériels qu’exige refpeêli veinent l’emploi des calibres
comparés. Il eft entendu d’ailleurs que la
recherche de ces rapports a pour objet, non l ’eco- ■
nomie abfolue, mais l ’économie relative , c eft-à- ;
dire, lé meilleur emploi des moyens que l’on peut
propofer d’aff’e&er à la formation d’un équipage de
campagne.
Le perfonnel qu’exigeroit le fervice des équipages
mis en parallèle Ce trouve pour les canonniers
, d'ans la proportion du nombre des pièces * 8c
pour les foldats du train , dans celle du nombre de
voitures que comporte leur formation. Ainfi, pour
un équipage d’un nombre donné de chevaux 8c de .
. voitures , Te nombre de foldats du train étant égal
dans tous les cas , on. aura les rélultats fuivaus :
ï°. A l’équipage de 8, un fixième de canonniers
de moins qii’à celai de 6.
2°. A l’équipage de 6 , un cinquième de canonniers
de moins qu’à celui de 4-
3°. A l’équipage compofé, par parties égales* de
8 8c de 4 ? le meme nombre de canonniers qu’à j
celui dé 6.
Après avoir ainfi analyfé 8c ramené à fes termes
les plus Amples le rapport des moyens, tant matériels
que perfonnels , qu’exige l’emploi des calibres 1
dont il eft queftion , on va paffer à la comparaifon
des réfultats qui peuvent en être obtenus à la guerre.
Tous les genves d’effets que l’on, peut attendre
des'eanons à la guerre dépendent eflentieileïj.'ien.t
K O T
Ide ceS trois caufes : juüeffe dans Î6 tir, amplitude
de portée , poids des projefliles. Le calibre de 8
ayant fous tous ces rapports un avantage inconlef-
table fur celui de 6 , l’utilité d’employer le premier
de préférence au fécond ne pourroit pas être mile
en queftion ,.{j l’on faifoit abftraétion de toutes confédérations
d’économie dans Femploi des moyens.
Si, d’un autre côté, on propofoit de coordonner à
ces dernières confidérations plutôt qu’aux premières
la détermination des calibres de campagne,
les parti fa ns de l’ancien fyftème oppoferoient au
calibre de 6 , celui de 4 > qni, pour l’économie de
moyens matériels, obtient plus d’avantages relativement
au calibre intermédiaire, fans offrir plus
d’infériorité dans l’elï’et, que celui-ci n’en a relativement
au calibre de'8. Mais la queftion envi-
; fagée fous l’un ou l’autre feulement de ces afpeêls,
( feroit traitée d’une manière incomplète"8c fauffe;
) pour la faifir fous fou véritable point de vue, il faut
déterminer d’une manière plus précife les divers'
; genres d’objets que l’emploi du canon peut avoir à
remplir dans la guerre de campagne , 8c examiner
enfui te fi-, pour une fomme déterminée de moyens,
la combinaifoix des calibres de 8 8c de 4 remplit
mieux ces objets que ne peut le faire le calibre
intermédiaire de 6 exclufivement employé.
On peut ramener aux trois points fuivans les
divers genres de deftination que reçoit l’artillerie
dans la guerre de campagne;
ip . Remolir l’objet-auquel étoit précédemment
affeëfée l’artillerie de bataillon , 8c que remplit'
toujours, depuis la fuppreflion de eetle arlillene ,
une partie des bouches à feu mile à la fuite des
divifions, c’eft-à-dire , fervir dans les affaires de
détail d’avant-gardes; dans la première période
des batailles; dans les lignes d’infanterie, contre
d’autre infanterie ou de l’artillerie de petit calibre,
à des diftances le plus fouvent accefïibles au ft-u
même de la moufquelerie; enfin, dans toutes les
occafions qui font d’un intérêt fecondaire relativement
aux grands événemens de la guerre, 8c dans
lefquels l’artillerie, de quelque manière qu’on la.
fuppofe coaipolée, ne fauroit produire aucun ré-
fultat bien important.
20. Former les batteries de pofilion, que l’on,
engage feulement, dans les affaires lérieufes, au
moment où fe prennent les difpofitions d’on dépend
leur fuccès, 8c qui exercent une influence décifive
fur la nature de ce fûc.cès.
3°. Appuyer les attaques de poftes, dans lef-
quelles l’artillerie rencontre des obftacles naturels
au faêHces, tels que murailles , paliflades, retran-
cbemens; obftacles fouvent appuyés par de l’artillerie
d’un fort calibre, 8c dont la deftruêliou
fuppofe par conféquent une autre inlenfilé d’efforts'
& d’autres1 moyens que n’en exige celle des*
hommes, des chevaux 8c du matériel, qui font
en rafe campagne l’unique but de l ’a&ion des
'batteries.
En ponfidérant ces trois fonctions di ver fes qua
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