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quelles il faut attribuer l’étendue de la portée que
l ’on obtient avec cette arme, car on eft tellement
défabufé à l’égard des grandes longueurs des canons,
que l’on ne fabrique prefque plus de canar-
dières.
CANDJTAR. Sabre turc dont le corps de la lame
eft recourbé en feus inverfe de ce qui a lieu pour les
autres lames, 8c dont la pointe eft au contraire
courbée à l'ordinaire; en forte que cette lame eft
formée de deux courbes raccordées. La lame
de cette arme eft'ordinairement en damas ; le
fourreau eft comme ceux des autres fabres des
peuples de l’Orient.
CANNE d’armes. Arme dont fe fervoient, dans
les combats de jugement, les champions qui n’é-
toient pas nobles. ( Voyez la Panoplie. )
CANNELER. Synonyme de carabiner. C’eft
former des rayures dans l’intérieur du Canon d’une
arme portative.
CANON. Tube en bronze ou en fer, de la
forme d’un cône tronqué ayant des renforts , dont
l ’ame eft cylindrique , qu’on charge de poudre 8c
d’un boulet j & auquel on met le feu parla lumière.
Son nom paroît venir de canna. ( Voyez l’article
A r t de la fa brique e t fonderie des canons,
mortiers , obüsiers , 8c c . , Encyclopédie méthodique.
) On a fait en France des canons de divers
calibres, depuis une livre jufqu’à cinq cents. ( Voy.
l’article Ar t il l e r ie .) On ne fond maintenant, pour
l’artillerie de terre, que des pièces de 24, 1 6 , 12;, .
8 & 4. On a fait ufage, dans la dernière guerre, de
pièces de 6 qui étoient deftinées à remplacer
celles de 88c de,4, mais on n’en coule plus.
On diftingue les canons en pièces de campagne
& en pièces de liège.
Les pièces de campagne font des pièces légères
du calibre de 12, de 8 8c de 45 leur- longueur eft
de dix-huit fois leur calibre; par ce moyen elles
ont de longueur totale, y compris le bouton &
le cul-de-lampe, qui n’ont pas tout-à-fait en-
femble deux diamètres de boulet, lavoir : la pièce
de 12, 2 mèt. 289 ( 7 pieds 7 lig. 1 point), celle
de 8, 1 mèt. 996 (6 pieds 1 pouc. 9 lig .) , cèlle
de4 j 1 mèt. 583 (4 pieds iopouc. 6 ligr 6 points).
En général, chaque pièce de campagne doit avoir
cent cinquante livres de matière par livre du
poids de fon boulet.
Le canon de bataille de 12 pèfe 986 kilog. 1
( 1808 l iv .) , celui, de 8, 584 kil. (1186 liv. ) , 8c
celui de 4, 289 kil. ( 590 liv.).
Le diamètre de la pièce de 12 eft de o mèt. 121
(4 pouc. 5 lig ..9 points), celui de 8, de o mèt.
106 ( 3 pouc. 11 ü g .) , celui de la pièce de 4 ? de
o mèt. 084 (3 pouc. 1 lig. 4 points). Le diamètre
des boulets defdites pièces eft d’une ligne de
moins pour le vent, afin qu’ils s’introduifent dans
l'ame avec plus de facilité-; mais moins il y a de
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vent, moins la pièce fe dégrade 8c plus l’on tire
jufte. 1
La charge de poudre pour tirer à boulets eft,
favoir : pour la pièce de 12, de 1 kil. 95 (4 liv. ),
pour la pièce de 8, de 1 kil. 12 ( 2 liv. 8 one.),
pour la pièce de 4 j de o kil. 73 ( 1 liv. 8 onc.)>
Lorfqu’on fait ufage des cartouches à balles, il
faut o kil. 122 (4 onces) de plus par livre de
poudre, que pour la charge à boulet.
La plus grande diftance à laquelle on doit tirer à
boulet,avec le canon de bataille, eft de 994 mèt.
( 5oo toifes) pour les pièces de 12 & de o , & de
895 mèt. ( 45b toifes) pour celles de 4 5 à cinquante
toifes moins loin, l’effet eft encore plus
certain , 8c l’on peut tirer plus vivement..
En campagne on fait ufage de gargouffes He
ferge pour charger les pièces. (Voyez le mot
Gargousse. )
Les pièces de fiége font des calibres de 24 & de
10. La charge ordinaire de la première eft de
3 kil. 91 (É8 liv.) de poudre, & de 2 kil. 69
(5 liv. 8 onces) pour la fécondé; mais ces
charges varient en moins pour le ricochet.
Les dimenfions du cul-de-lampe & du bouton
des canons étoient anciennement de deux diamètres
de boulet; mais on les a diminuées de quelque
chofe. : ainfi le cul-de-lampe 8c le .bouton
compris, la pièce de 24 a de longueur totale,
3 mèt. 529 ( 1 0 pieds 10 pouces 5 lig. 8 points),
& la pièce de 16 doit avoir 3 mèt. 365 ( 10 pieds
4 pouces 4 lig. 8 points ).
Le calibre d’une pièce de 24 eft de o mèt. i 5r
(5 pouces 7 lig. 7 points); celui d’une pièce de
16 eft de o mèt. i 33 (4 pouc. 11 lig. 3 points).
Le calibre des boulets eft d’une ligne 8c demie
moindre que celui des pièces.
La portée d’une pièce de 24 fous l’angle de
4$ degrés,.8c chargée de huit livres de poudre,
eft d’environ 4198 mèt. (2i5o toifes), & celle
d’une pièce de 16 chargée avec cinq livres &
demie de poudre, eft de 4o£)2 mèt. (.2080 toifes)
à peu près.
On fait ufage .de gargouffes en papier pour les
pièces de fiége.
M. le général Gaffendi propofe de donner au
fond de l’ame, vers la charge, au logement du
boulet, une forme tronc-conique, ce qui confer-
veroit plus Ipng-temps la pièce , & éviteroit
l’ufage des fabots aux pièces de fiége.
Les premiers canons étoient en fer forgé;, on
avoit éprouvé le peu de réfiftance de ceux en fer
fondu; l’art de les fondre étant alors très-imparfait,
ils étoient formés de barres de fer préparées
8c affemblées par des cercles, le tout foudé en-
femble. On fait le canon en cône tronqué, parce
que* pour réfifter à l’effort de la poudre, on eft
obligé, de le renforcer vers la culaffe.
L’épaiffeur des canons des différens calibres eft
proportionnelle aux diamètres des boulets; mais
ilréfulte de la'comparaifon faite dans les épreuves
fur
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fur la durée des pièces de campagne 8c celles de
fiége, que la réfiftance diminue à mefure que le
calibre augmente.
Les noms des diverfes parties d’une pièce dé
canon font : l’ame, la bouché, la tranche delà
bouche,le collet & le bourrelet en tulipe (portant
une faillie en grain d’orge qui ne doit pas le fur-
monter), la volée , le fécond renfort, le premier
renfort, la plate-bande de culaffe, le cul-de-
lampe (qui comprend,le bouton &le collet), la culaffe,
les tourillons, les embafes des tourillons
coupés parallèlement au fécond renfort, les anfes,
le grain de lumière, la lumière, le canal d’amorce
(aux canons de fiége & déplacé feulement).
Canon de troupes légères. Ce canon, adopté
en 1765, n’eft plus en ufage; fon calibre étoit
de o mèt. o5i (1 pouc. 11 lig, 6 points) , fa longueur
, depuis l’extrémité de la culaffe à la bouche,
de 1 mèt. 143 (42.pouces 2 lig. 6 points), celle
de l’ame de 1 met. 089 (40 pouc. 3 lig. 9 points),
l’épaiffeur du métal, à la culaffe , de o mèt. o5o
( 1 ppuc. IO lig. 9 points). Le poids du canon étoit
de i36 kil. 39 (266 liv. ).
Canon de fufil. C’eft la pièce la plus importante
qui entre dans la conipofilion du fufil : le
moindré défaut peut le faire crever & ocCadonner
par-là les plus grands malheurs. Un canon éprouvé
& examiné comme il eft prefcrit, de bon fervice
enfin, ne crève pas s’il eft bien chargé, ou s’il ne
left pas outre mefure; mais cèt accident peut
arriver fi la communication de la colonne d’air
entré la charge 8c la bouche eft totalement interceptée
avec l’air extérieur, c’eft-à-dirè, fi le canon
eft hermétiquement fermé , ou s’il fe trouve
un efpàee entre la balle 8c la poudre , 8c qu’une
partie du fluide ou de l’air raréfié par la poudre ne
puiflè s’échapper entre la balle 8c les parois du
canon, ce qui, d’ailleurs, doit rarement avoir
lieu aux armes dé guerre, à caiife de la différence
du diamètre de la balle à celui du cylindre.
Les canons étoient généralement ronds autrefois
: on les fit enfuite avec deux pans, l’un à
droite, pour faciliter l’ajuftage de la platine, 8c
l’autre à gàuche pour conferver la fymétrie. On
les fit enfin à cinq pans courts ; ils étoient anciennement
plus longs qu’au modèle aôluel, parce
qu’on croyoit alors qu’en diminuant leur longueur,
on diminuoit leur portée dans la même
proportion; mais Euler, Antoni, Robins, 8cc.,
ont prouvé par des expériences réitérées, que,
dans ce cas, les portées diminuoient très-peu, à
moins que les longueurs ne foient extrêmement
•difproportionnées.
L’explofion de la poudre faifant particulièrement
fon effet au tonnerre, le canon n’y réfifteroit pas
s’il n’étoit renforcé dans cette partie, ce qui lui
donner oit prefque, fans les pans-* la forme d’un
A rtillerie.
cône" tronqué, dont la cavité intérieure doit être
parfaitement cylindrique.
Les dimenfions des lames à canons font relatives
à celles des modèles quelles doivent produire.
La lame pour le fufil d’i'nfanlerie a o mèt. 974
(36 pouc.) de longueur; fà plus grande largeur,
qui eft à une des extrémités, eft de o mèt. 189
(5 pouc. ) , 8c elle va en diminuant jufqu’à l’autre
extrémité , qui n’a que o mèt. 088 (3 pouc. 3 lig.) >
fa plus grande épaiffeur, qui eft au milieu de l’extrémité
la plus large, eft de o mèt. 011 (5 lig. ) ,
qui fe réduifent à o mèt. oo56 (2 lig. 6 points ) a
l’autre extrémité. La partie la plus épaiffe 8c la
plus large eft deftinée à former le tonnerre; les
deux grands côtés de la lame font rabattus en
biféau pour faciliter la foudure. Elle pèfe au plus
4 kil. 589 (9 liv. 8 onc.).
Avant de détailler les procédés de la fabrication
des canons, on obfervëra qu’il faut deux
ouvriers pour les forger; celui'principal, nommé
canonnier y chauffe l’e fer 8c lui donne le degré de
chaLeur convenable; ce qui exige beaucoup de
précaution 8c d’expérience. L’autre fouffle 8c tient
la broche, prête à l’introduire dans le tube à
l’inftant qu’il fort du feu : tous deux frappent
toujours enfemble à coups précipités.
La première opération du canonnier eft de rouler
la lame : pour cela il la fait chauffer couleur
cerife, au feu de houille, depuis o mèt. 216
(8 pouc. ) du devant, jufqu’à environ o mèt. 162
(6 pouc.) du derrière ; 8c il la place fur une
fourche de fer adaptée au billot qui porte l’èn-
clume, ou il lui fait prendre une forme concave à
coups de panne de marteau. Il achève de ro.uleu
le milieu fur l’enclume; il fait enfuite chauffer le
derrière qu’il roule delà même maniéré; enfin il
finit de rouler entièrement la lame en fuivant la
même méthode pour le devant, dont il fait croifer
lès bords dans le fens contraire à l’autre bout;
en forte que la lèvre qui recouvre l’autre fe trouve
toujours au vent du foufflet, 8c à la droite du canonnier
lorfqu’il forge. Cette manière de forger
le canon s’appelle jorger par fup erp ojition : elle
fe pratique dans prefque toutes les manufactures,
d’armes.. Quand les deux grands côtés de la lame
ne font pas rabattus en bifeau, on foude l’un contre
l’autre ces deux grands côtés, 8c cette méthode fe
nomme forger par rapprochement.
La lame étant ainfi roulée, le canonnier donne
la première chaude au rouge-blanc, foudant fur le
pli, qui eft l’endroit où les deux bords chevauchent.
Il en donne deux autres pour arrondir le tube en
deffousSc fur les côtés, dans une longueur de o mèt.
054 (2 pouces). Après une troifième chaude,
il continue ainfi de fonder jufque vers le tonnerre,
qu’il achève fur une bigorne fixée à l’enclume, 8c qui
fait le même office que la broche. Il a l’attention :
i°. de tenir l’extrémité du tube d’une main, 8c de
foutenir l’autre avec le marteau, lorfqu’il le-
chauffe vers le milieu 8c qu’il le porte enfuite fur