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chambre avec une force proportionnelle au poids
q-u’elle doit-déplacer. En général, les effets def-
tru&eurs de la poudre augmentent avec le calibre ,
quelle que foit l’e.fpèce de la bouche à feu.
Daps les canons, ces effets fe manifeftent en ar-.
rière du boulet par des crevaffes, des cavités & des
chambres, & ils font d’autant plus confidc-râbles ,
d’au tant plus prompts que le calibre eft plus grand.
Ils fe manifellent en avant par un logement & des
battemens; lelogement produit les battemens qui
ont.lieu généralement ,. le premier dans la partie
fupérieure de.l’ame , un peu en avant'-des tourillons
; le fécond dans la partie inférieure , en avant
de celui-ci, & le troifième à la partie fupérieure
de la bouché. Comme les longueurs, d’auie qui
réftent en avant du’boulet varient fuivant les ca-
lib res , les différentes diftances de ces battemeus
au logement du boulet varient auffi , mais elles
reftent fymétriques. A mefure que le logement
d’un boulet devient plus profond, les battemens
s approfondiffent aufli en le rapprochant du fond
de 1 ame. La grande longueur, d’ame des canons
laiffe au boulet un champ d’a£tion bien plus étendu
que l’arae courte des mortiers ; aufli eft-ce particulièrement
par les dégradations occafionnées dans
cette partie de l’ame, par les chocs répétés du
boulet, que les canons font mis hors de fervice.
Cet effet eft d’autant plus prompt que le Calibre eft
plus fort.
Le même fyftème de dégradation fe préfente
dansl’obufieravecles modifications que fa charge,
le poids de fon projeélile Si fes formes doivent y
apporter.
On a d’abord percé la lumière des bouches à
feu dans.lé bronze 5 cet alliage étant trop fufible,
la lumière étoit trop promptement détruite; on a
ea recours alors aux maffes de lumière en cuivre
rQfette , métal pur, beaucoup moins fûfible que
l ’alliage des pièces. lia maffe préfentoit encore les
inconvéniens de laiffer fouvent des défauts de
fonte > tels que des manques d’adhérence, des
fouffln res, & furtont de ne pouvoir être remplacées.
On a depuis fubftitué avec avantage les
grains aux maffes , d’abord aux canons , en fuite
aux mortiers. Il peut fe trouver dans nos places de
guerre des bouches à feu dont la lumière foit percée
dans le bronze ; il s’en trouve encore beaucoup
avec des maffes. Les premières , fi elles font de
bon fervice , doivent être défignées pour recevoir
des grains. Celles qui ont des malles, lailfent fou-
vent voir des foufflures autour de ces maffes, & leur
téton détaché du métal. La lumière d’une bouche
à feu , percée dans une maffe ou dans un grain ,
s’évafe, le refoule parle tir; des chambres, des
cavités Ce forment dans fon canal : ces dégradations
, dues particulièrement à l’a&ion corrofive
& à la haute température des gaz de la poudre,
lont d’autant plus fortes que le cuivre du grain eft
moins pur & que la bouche à feu eft d’un calibre
plus grand, J
Ces circonftances bien obfervées, il ne s’agit plus
que d’en faire connoîire les effets & de les exprimer
d’une manière uniforme ; mais un travail auffi
vafté devantüéceffairement être confié à différentes
commiffions, il a paru convehablè de déterminer
préalablement le fens dans lequel ces commiffions
emploîroient certains mots techniques., dont la
figé]ificalion n’eft pas bien arrêtée. Les définitions
qui le trouvent employées dans différens ouvrages
& procès-verbaux qui font autorité, font exa&es;
mais , quand meme elles ne le.leroient pas rigou-
îeufement, il n’en rélulle pas moins l’avantage
que toutes^les commiffions , attachant aux mêmes-
mots la meme lignification, leur travail peut plus,
facilement etre examiné, & eft plus fufceplible de
former uu enfemble.
O . Z ' X s IUUI UJ I -
ïement de diamètre de l’ame, dû à l ’aftion du calorique
& à la preffion des gaz de la poudre.
Egrènement. Effet produit par l’aÔion des gaz,
particulièrement fur les parties de foibles dimen-.
lions, telles que les aretes. Ces parties de métal
s échauffent plus que les autres , fe brûlent, & fe-
détachent par le moindre effort.
Crevaffes. Ruptures de l’adhérence des fibres du
métal, dues à un effort violent. Elles s’étendent
fuivant la direâion des fibres.
I AffoulHemens3 cavités 3 chambres. Effets dus. à
1 aèlion phyfique &. chimique des gaz de la poudre
qui s’introduit dans les crevaffes, brûle le métal,
détermine fa fufion , & forme des cavités & des
chambres.
Logement. Compreffion de métal produite fur |L
partie inférieure de l’ame par le projeâile à fon
emplacement de charge. ' —
Bourrelet. Groiïèuf de métal qui fe forme en
j avant du logement du proje&ile. Elle s’augmente
parles progrès du tir, en avançant toujours vers la
bouche, '
Battemens. Compreffion de métal produite
dans i ame de la bouche à feu, par les chocs du
projeâile -, en avant de l'on logement.
Erafflement. Effet produit daus l’ame. d’une
bcmche à feu par le choc d’uq projeâile qui s'y
Traînement de boulet. Traces laiffées par le
boulet juries parois de l’ame d’une pièce, dans le
feus de fa longueur.
Evafement. Accroiffement du diamètre des orifices,
foit de la bouche de la pièce, foit de fa
chambre ou de fa lumière, dû au refoulement du
métal.
Égueulement. Enfoncement au cercle de la
bouche, produit par le choc du projeâile* à fa
for tie.
Bavures. Saillies du métal, hors la tranche de
la bouche , produites par le choc du projeâile à l"a
fortie.
Gerçures. Fentes qui fe manifeftent à la furface
extérieur# des bouches à feu ; elles fout pro-
T:ÊL.
H
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duiles par une très-forte compreffion intérieure du
métal; dans les canons , elles fe manifeftent à la
furface au-deffus des points de percuffion , fans
que la partie intérieure dè l’ame, qui reçoit le coup,
foit ouverte.
On n’a pas cru devoir employer le mot dilatation
, quoique d’un ufage fréquent, mais abufif ; en
ce qu’en lui faifant exprimer un accroiffement permanent
de diamètre dans une bouche à feu,
accroiffement produit par l'effet dii tir , on altère
fa lignification principale. La dilatation d’un corps
métallique eft un accroiffement de toutes fes dîme
niions, dû à une élévation de température ; celte
élévation ceffant, toutes les parties du corps reviennent
à leurs dimenfions premières fans que les
formes foient altérées..
On a expofé les différentes caufes qui agifient
pour ruiner une bouche à feu, quels que foient
fon efpècé & fon calibre , leurs différens modes
d’acïion & les différens effets qui en réfultent.
Maintenant il réfte à indiquer la marche à fuivre
dans l’examen des dégradations, les moyens de les
vérifier, &. l’élabliffement du tableau où. fontinf-
crits les réful-tats des vifites&les obfervations auxquelles
elles ont donné lieu.
L’examen à faire par les commiffions comprend
toutes les bouches à feu , françaifes & étrangères ,
en bronze, qui compofenl les équipages de campagne
, de liège & de place qui exiftent dans l’ar-
rondiflement aff’eâé à chacune d’elles.
Elles en exceptent les bouches à feu étrangères,
de formes. & calibres différens de ceux de l’artillerie
françaife. Toutes ces bouches à fe« doivent
être refondues; elles font néanmoins portées fur
le tableau avec leur fignalement feulement.
Les canons dé liège fondus.avant 1760 avoient
généralement une petite chambre dite porteffeu3
qui ne ' préfentoit pas d’inconvénient lorfqu’on
cbargeoit la pièce avec la cuiller ; mais, depuis
qu’on fe fert de gargouffes, on a eu plufieurs
exemples d’accidéns caufes par le papier embrafé
relié dans la petite cham bre qu’on ne peulécouvil-
lonner. Il eft elfentiel de noter toiis les. canons de
fiégequi ont encore cette chambre, pour la faire
difpaiôîtrg, en reforanl la pièce ju(qu’au fond de
cette chambre, fi d’ailleurs elle eft recônnue de
bon fervice.
Les bouches à feu fondues de 1792 à 1796 ( de
l ’an 2 à l’an 4) j les canons fondus à Turin pendant
les années 11 , na & rv5, du n°. 1 au n°,44->
laiffant des doutes fur la bonté de leur alliage &
fur l’authenticité de leurs premières épreuves,
font, en outre de la vérification , foumifes de nouveau
aux épreuves ordonnées par les régie mens fur
la réception des bouches à feu. Le miniltre donne
les ordres qu’il juge convenables pour que celte:
difpofilion foit exécutée fucceffivemenl & dans les
lieux qu’il défigne. lies commiffions ne s’occupent
point de ces épreuves; elles font feulement coa- I
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noître les caufes qu’elles reconnoiffent pouvoir les
rendre néceflaires.
Les conditions d’après lefquelles une bouche à
feu eft jugée hors de fervice’, n’étant pas déterminées
d’une manière fixe & précife par les régle-
tnens , le mini lire fe réferve de prononcer fur leur
réforme définitive. Les commiffions fe bornent à
confiâter , avec le foin le plus fcrupuleux /remplacement
j la nature & l’efpèce de la dégradation
de chaque bouche à feu, & à l ’exprimer exaâe-
ment dansle tableau de vérification : indiquant
dans la colonne d’obfervalions leur opinion particulière
, comme ré fuit al de l’operation relative à
chaque bouche à feu.
Vijite extérieure. On vifile la furface extérieure;
on voit s’il ne s’y trouve pas des gerçures , des
coups de. boulets profonds ; on vifife enfuite les
anfes, le bouton, les tourillons. On prend le diamètre
des pièces derrière les tourillons , le diamètre
& la longueur des tourillons on s’affure
s’ils n’ont pas ployé , particulièrement aux mortiers
Gribeauval.
Vifite intérieure. On examine d’abord l’ame
des canons avec un miroir ou une bougie, après
s’être affuré qu'ils ne font pas chargés. On obferve,
par ce moyen , l’emplacement & particulièrement
le caractère des dégradations de l’ame : l’opération
de la vilite à l’oeil ayant pour but de diriger plus
fûrement la reconnoiflance précife de la pièce
par l’emploi des inftrumens vérificateurs.
On emploie enfuite l’étoile mobile. Au moyeu
de cet infiniment, on reconnoît exaèleraent tous
les accroilfemens de diamètre de l’ame à remplacement
de la poudre , .au logemeut du boulet , &.
aux trois em place mens principaux des battemens.
Le relevé de ces dégradations s’indique au moyeu
de trois points ; le premier à la naiflance de l’enfoncement
; le deuxième à fa plus grande profondeur,
& le troifième au point où il finit. Lorfque,
dans la même région de l’ame d’un canon , il fe
trouve plufieurs battemens, on fe contenté de relever
le plus profond.
L’étoile ne pouvant tout au plus que faire découvrir
les chambrés , les .cavités , les crevaffes &
indiquer leur emplacement, on emploie le chat
pour les reconnoître exadlerhenl. Cet inftrument
eft promené fur toute la furface de l’ame de la
pièce ; on l’arrête particulièrement à l’emplacement
de la charge, où cette efpèce de dégradation
a ordinairement lieu. S’il ne marque que
des cavités pep profondes, on fe contente des
indications qu’il donne ; mais, dans le cas où il
paroîlroit exifter ‘des crevaffes ou des chambres
alors on emploie le-godet à hampe. Cet infiniment
, au moyen de Ta cire qu’il contient , peut
rapporter l’empreinte des chambres & des cavités.
On vifite enfuite les grains de lumière. On s’affure
s’ils ne font pas refoulés-ou ébranlés. On
paffe un fil d’archal dans le canal de I3 lumière