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pièces de la plalîne, en occalionuant des frotte-
mens qui diminuent l’aCtion des refforts, de iorte
que la platine remplit mal fon objet.
Quelquefois les loldats s’imaginent que le
grand refl'orl de la platine eft trop fort ; ils le font
rougir, & lui ôtent par-là l’aCtion de la trempe &
du recuit, qui feuls peuvent communiquer à ce
moteur de la platine le principe qui le fait réagir
avec vivacité ; le cbien alors ne s’abat plus que
lentement, en forte que la pierre ne frappe plus
la batterie avec allez de force pour donner du
feu , ou en donner fuffi.fam.ment fi le reffort de
batterie n’a pas été dégradé comme lë graqd
reffort, il ne fe trouve plus en relation de. force
avec celui-ci5 il oppofe trop de réfiflance à la
batterie, & le découvrement du balïinet ne peut
plus avoir lieu.
Les foldats font fouvent ufage delà pointe de la
baïonnette pour olerla batterie, au lieu d’employer
le moote-reffbrt j ils mutilent ainfile bàffinet.
D’autres fois ils calfent la baguette en s’en
fervant pour ferrer la vis du chien. Ils doivent
éviter de faire plier la baguette, attendu que les
opérations de la trempe & du recuit qui lui donnent
de l’élafticité, la rendent en même temps
fragile.
Enfin, il y en a qui liment ou font limer le
canon vers la bouche, pour placer & déplacer
plus facilement la baïonnette , ou dans la vue de
faire mieux réfonner leur fufil.
Ce qu’il eft fans doute difficile de croire, c’eft
que, pendant des années entières, il y ait eu des
foldats qui n’ont pas mis d’huile fraîche aux articulations
des pièces de là platine. Il eft impoffible,
fans cette précaution fi fimple & fi facile, qu’une
arme dont on fe fert habituellement , ne foit
promptement dégradée.
Les foldats font affez peu d’attention à la manière
dont ils placent la pierre entre les mâchoires
du chien. Le bifeau doit être placé en deffus, &
le tranchant être parallèle à la face de la batterie;
car s’il étoit incliné par rapport à cette face , on
lent que la pierre ne frapperoit que fur une très-
petite étendue, & qu’il en réfulteroit très-peu de
feu, qui , en outre, pourroit n’être pas porté
au milieu de la fraifure du bàffinet.
Quand la pierre eft émouffée , elle ne peut que
très-foiblement détacher de la batterie les parti-'
cules d’acier que le frottement doit enflammer
pour mettre le feu à la poudre; il faut, dans ce
cas, rétablir le tranchant en frappant fur le bord
du bifeaü.fupérieuv': à défaut d’un marteau ou du
tournevis, le dos de la lame d’un couteau fervi-
roit très-biën à cet ufage. Il faut avoir l’attention
de ne pas frapper trop fort, afin de ne point détacher
de gros éclats, car la pierre qui peut communément
fupporter le tir de quarante coups fans
être détruite , feroit bientôt hors de fervice.
Lorfqu’uue pierre eft allez ufée pour ne dépaf-
- fer que d’environ o mèt. 0067.(3 lig.) les mâchoires
du ch ie n il faut la remplacer, parce que,
fi l’on continuait de tirer, la vis du,chien pourroit
fe cafter par le choc..
Le plomb qui enveloppe la pierre ne doit
jamais déborder les mâchoires du chien, car fi
la pierre étoit ufée , ce plomb pourroit frappe 1 la
face delà batterie en même temps que la pierre,
ce qui occafîonnerôit des ratés.
Pour faire for tir les boutons de culafle de
leur écrou , quelques- foldats novices le fer- ,
vent de marteau, dont les coups relient empreints
fur les talons & les queues de culafle ; ou
lent que par-là ces queues perdent leur,pente
& ne fe trouvent plus en bois. En conféquence
l’on évitera le plus poffible de démonter la culafle,
& cette opération ne fe fera què pour retirer une
balle qui fe trouveroit forcée- dans le canon , &
| dans ce cas on fe fervira d’un étau & d’un tourne-
à-gauche. Cette opération ne doit d’ailleurs fe
faire que par les maîtres armuriers. (Voyez le
mot Armurier. )
On évitera également, autant que poffible, de
démonter l’écuffon, la goupille qui fixe la détente
du fufil, modèle de 1777, la goupille du battant
de fous-garde & le bàffinet.
L’expérience a prouvé qu’après avoir tiré j
foixante coups, il eft néceffaire de laver le canon,
fans' quoi la,balle ne s'enfoncèrent que très-difficilement
fur la poudre. Pour laver le canon, on j
prendra une baguette de fer à laquelle on attachera !
un morceau de chiffon,'on la fera entrer dans le 1
tube, qu’on aura rempli d’eau & qu’on frottera !
jufqu’à ce que l’eau qu’on aura renouvelée en
forte claire, après quoi on paffera un linge fec
dans ce canon, puis un autre humecté d’huile.
Le poli brillant que l’on exige que le foldat1
. confierve toujours à fon arme, demande de fré-
quens nettoiemens. Cette opération, qui n’eft pas |
toujours faite avec les attentions convenables,
fauffe fouvent, & ufe prefque toujours le canon au
point-de le mettre hors de fervice avant le terme
de fa durée. Il doit être exprefiémeut défendu,
après avoir dérouillé les fufils, de les dégraiffer
avec de la cendre,. avec de la craie ou autres
matières mordantes; les armes ne pouvant être
long-temps préfervées de la rouille qu’autaut
qu’elles font enduites d’un corps gras.
Les foins qu’on apporte à la fabrication des
armes,les dépenfes confidérables qu’elles exigent,
la néceffilé de- les couferver pendant la paix,
pour s’en fervir utilement à là guerre, le long
fervice qu’elles doivent faire, là gloire & la fûrete :
des corps, l’ont autant de motifs quiimpofent aux
chefs l’obligation d’apporter à cet objet toute b
furveillance que fon importance exige.
Cet article eft extrait d’une inftruCtion que j ai
été chargé de rédiger en 1820 pour les troupes
d’infanterie & de cavalerie. Il a été pris depuis
(le 1 /ffeptembre 1821 ) des mefures pour formée
, de bons maîtres armuriers pour les corps, &
' -. bons
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fions contrôleurs pour les - établifferaeïis de Partih-
lerie. Voici les articles réglementaires concernant
cet objet important de l’adminiftration militaire.
Art. Ier. A l’effet de former des ouvriers
experts dans les diverfes branches de la fabrication,
parmi lefquels on puiffe choifir des révifeurs
pour les manufactures d’armes, des contrôleurs
pour les directions d’artillerie, & les maîtres
armiïrievs des corps, il y a dans chaque manufacture
d’armes des élèves dont les frais d’appren-
tifi’age font faits parle Gouvernement, ainfi qu’il
eft déterminé ci-après." Art. 2. Les élèves des manufactures d’armes
à feu font au nombre de vingt; ils font répartis
entre ces élabliffemens par les ordres du mi-
niftre, d’après le nombre & le mérite des fujets
que chacun d’eux peut fournir.
Ces élèves font deftinés à remplir les différens
genres d’emplois défignés dans l’article précédent.
Art. 3 . Il n’eft entretenu d’élèves dans les manufactures
d’armes blanches , qu’au tant qu’il
exifte, parmi les jeunes ouvriers de la profeffion
de trempeùr , quelque fujet qui annonce des
moyens cliftÎDgués qu’il eft dans l’intérêt du fervice
d’encourager.
Les élèves des manufactures d’armes blanches ne
concourent que pour les emplois de révifeurs dans
ces établiffemens. 11 ne peut, dans aucun cas,
y en avoir plus d’un dans chaque manufacture.
Art. 4 * Les élèves deftinés à devenir contrôleurs
dans les directions d’artillerie, & maîtres armuriers
dans les corps de troupes à pied, font pris
exclulivemenTpavmi les platineurs.
Cette claffe d’ouvriers fournit auffi, autant que
poffible ., les élèves deftinés aux emplois de maîtres
armuriers dans le corps de troupes à chevâl.
Les ouvriers des autres claffes peu vent concourir
pour cette dernière deftination, après avoir
appris la profeffion de platineur.
Tout ouvrier qui defire obtenir un emploi de
maître armurier dans un corps de troupes à cheval,
doit, pour être admis comme élève, avoir appris
préalablement la profeffion d’éperonnier.
Art. 5. Les élèves font choifis parmi les ouvriers
des manufactures d’armes qui ont une
bonne conduite, qui favent lire & écrire, & qui
ont fait leur chef-d’oeuvre dans leurs profeffions.
Ils doivent être âgés de dix-huit ans au moins
& de vingt-cinq au plus, v
Art. 6. L’infpeCte.ur de chaque manufacture
prélente chaque année à i’infpeCteur-généfal en
tournée , la lifte des ouvriers qui afpirent à devenir
élèves, & qui fatisfont aux conditions exigées.
Tl lui remet en même temps un état de propo-
%ion de ceux qu’il juge les plus dignes d’être
admis. Cet état préfente un nombre de fujets
double de celui des places à donner. L’infpeCteur-
général, après y avoir fait telle modification qu’il
A rtillerie,
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juge convenable , Fadrefie avec fon; avis au minif-
; tre de la guerre, qui défîgne ceux à admettre.
1 Art. 7. Afin de faciliter aux élèves les moyens
de faire leur apprenliffage dans les profeiïions
différentes de la leur, & dont la connoiffance eft
exigée d’eux , fuivant les emplois auxquels ils
font deftinés, il leur eft accordé, ainfi qu’aux
maîtres qui les inftruifient, des indemnités & gratifications
fixées par le tableau n°. 1 , joint au
préfent réglement. (On trouvera ce tableau dans
le nouveau réglement fur les manufactures royales.
! d’armes, qui doit être inceffamment imprimé.)
Les ouvriers qui fe pré (entent après avoir appris
la profeffion d’éperonnier, reçoivent, lorf-
qu’ils font admis au nombre des élèves, l’indemnité
allouée, pour Cette efpèce d’apprentiffage , &
portée au même tableau. -
Art. 8. Les é lèves reçoivent, pour pourvoir à
leur fubfifta nce pendant la partie du temps de
leur apprèntiffage, durant laquelle ils ne peuvent
rien gagner, une paye de 1 fr. 26 cent, par jour,
à compte fur l’indemnité iudiquée ci-deffus.
Le furplus eft mis,en réferve & leur eft donné en
deux portions égales; la première , lor(qu’ils commencent
à mériter un fai aire ; la fécondé, lorsqu’ils
ont fait leurs chefs-d’oeuvre ou fubi leurs
examens. ; Art. g. Les indemnités accordées aux maîtres'
font proportionnées aux foins qu’ils fout obligés de
donner aux élèves fans tirer profit de leur travail,
& à la valeiir dès matières que ceux-ci peuvent
perdre; elles ne leur font payées que lorfque
l’élève a fini fon apprenliffage.
Art. 10. lies maîtres & les élèves reçoivent les
■ gratifications portées au tableau, lorfquè les ap-
prentiffages font terminés avant le temps fixé
pour leur durée. Art. 11. Tout ouvrier admis comme élève,
fouferit préalablement devant l’infpeCteur de la
manufacture un engagement par lequel il s’oblige
à fervir le Gouvernement pendant huit ans , foit
dans un dés emplois auquel il peut être appelé,
foit comme ouvrier dans la manufacture, à, défaut
d’emplois vacans. Cet engagement commence à
; courir du jour où il fubit fon dernier examen. .
Art. 12. Les contrôleurs & révifeurs dirigent
l’inftruction pratique des élèves dans les parties
! de la fabrication qu’ils furveillent. Ils leur donnent
tous les confeils & renleignemens qui peuvent
leur être utiles.
Les officiers d’artillerie' apportent, tous leurs
; foins à ce que cette inftruCtion foit convenablement
dirigée. Art. i 3 . Le fous-infpe&eur de la manufacture
exerce une furveillance fpéciale fur les élèves &
fur tout ce qui eft relatif à leur inftruClion ; il
rend compte chaque mois à l’infpeCteur, de leur
conduite & des progrès qu’ils ont faits. Celui-ci
. fait tous les trois mois un rapport fur le même
A a a