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iheaume 8c de Camaret, la petite citadelle du
port Louis, celle de Belle-Ifle, &c.
Je crois qu’il feroit effentiel d’engager les gens
inttruits à détruire les préjugés qui ont épouvanté
bien du monde, & notamment ceux qui ont été
chargés de défendre Hoüat, Hédic 8t l’île d’A ix ,
où rien n’a été détruit par le canon des vaifleaux,
& que la peur feule a fait rendre.
On dit que lorfque les v ai fléaux peuvent approcher
à la portée du fufil, la moufquelerie des
lmnes plonge dans les batteries 8c en arrête le
fervice. Le premier remède à cela eft d’élever fur
les derrières de la batterie deux, bu trois pièces de
12, qui, étant aufïi hautes ou plus hautes que les
hunes, feroient tirées de près & à groffes cartouches
, pour enlever le baftingage des hunes &
les hommes qui feroient derrière. Le fécond remède
, qui rempliroit aufïi beaucoup d’autres
objets,'puifqu’il empêcheroit tout vaifîeau d’approcher,
feroit d’éprduver des compofitions d’artifices
que l’on metlroit dans les pièces à la place
des cartouches, & qui, jufqu’à la portée du fufil,
qui eft de cent cinquante toifes, porteroient
le feu jufque dans les vbilures , les cordages 8c
mâtures. Il y en a d’indiqués dans le Traité de
M. Périnet d’Orval, imprimé à la fin de la guerre
de 174* 5 on n’a pas été jufqu’ici à même de les
éprouver..
Il faudroit encore éprouver les boulets incendiaires
de M. Bietrix ^médecin à Auxonne. On
n’a pu, faute d’empljcernent, que les éprouver
imparfaitement à Metz, où environ moitié de ces
boulets ont porté le feu jufqu’à huit cents toifes. Il
faudroit effayer s’ils ne s’éteindroient. pas avec
des charges plus fortes, où s’ils porteroient le feu
plus loin 5 alors on défendroit bien fes mouillages
à peu de frais. Ces boulets ont du poids, & toute
la folidilé néeeffaire pour percer ou au moins fe
loge.r dans le bois des vaifleaux. I l faudroit encore
éprouver l’obufier de 6 pouces. Il fe tranfporte &
fe fert comme une pièce de régiment, porte fon
obus jufqu’à treize ou quatorze cents toifes. Il
faudroit éprouver fi la roche à feu ou autre artifice
de peu de volume, mis dans fa charge, ne fe diffou-
dra pas ou ne fe détruira point par l’inflammation
de la charge, avant que d’être jetée au loin. Peut-
être pourroit-on couler de la roche à feu dans
l’obus même, pour que les éclats en porlaflent
partout ; en cas de réuflïte , ce feroit un des bons
moyens de défenfe.
Les batteries qui battent à la mer, pèchent
prefque toutes par trop peu d’élévation, 8t. ont encore
le vice d’être conftruites en maçonnerie. Il
n’efl pas poflible de fe bien défendre derrière un
pareil épaulement, parce qu’un feul boulet qui
frappe dans l’embrafure ou fur la crête du parapet,
chaffe des quantités de pierres dans la batterie,
8c y fait plus de mal que n’y feroient plu-
fieurs cartouches à la fois. A moins de cas extraordinaires
, il ne faut point conferver d’embr^fures
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dès quon aura des affûts de côtes; 8c comme
faudra élevër la genouillère jufqu’à cinq pieds au
moins, ce réchauffement doit fe faire avec des
terres franches & tenaces. Si elles contiennent des
pierres , on les paffera dans une claie très-ferrée
pour les en purger. Tout épaulement doit être
recouvert à fon fommet de deux pieds 8c demi de
pareille terre.
Il eft encore un préjugé à détruire : c’eft qu’il y
a des vaifleaux d’afl’ez fort échantillon pour n’être
pas percés par le canon. Voyez3 pour cela, la
traduction de Robins, imprimée à Grenoble en
17713 Pag* 54i & 544> par les épreuves publiques
faites à Chattam, un boulet .de 18, chaffé
par fix livres de poudre, pénètre dans le bois le
plus, dur, depuis trente-fept jufqu’à quarante-fix
pouces. Or, il n’y a point d’échantillon de vaif
féaux de cette force.
NOYAU. Partie folide en cuivre du bafiinet 11
cylindre. {Voyez l’article Bassinet de sûreté.)
Noyau d.es canons. C’efi une pièce en fer de
forme cylindrique , que l’on pofoi L, le plus exactement
poflible au milieu de la chape du moule des
canons, afin que le métal fe répandît également
fur les côtés & en deffous, ce qui formoit l’épaif-
feur des canons. On recouvroit ce noyau d’une
pâte de cendre bien fine 8c recuite au feu comme
le moule, arrêtée avec du fil d’archal autour du
noyau, 8c mile couche fur couche, jufqu’à ce qu’il
eût le diamètre que devoit avoir l ’intérieur de la
pièce avant le forage. Il étoit foutenu vers la cu-
lafl’e par un châfiîs appelé. chapelet {voyez ce
mot). On retiroit le noyau quand la pièce avoitété
coulée ; le vide qu’il laiffoit, formoit l ’apne, qu’on
foroit enfuite pour lui donner le calibre prefcrit.
On ne coule plus maintenant à noyau que les
mortiers de grand calibre. Les autres bouches à feu 1
fe coulent mafîives. {Voyez, pour plus de détails, :
les articles Couler une pièce d’artillerie 8c Bon* |
CHES A P E U . )
Noyau des proje&iles creu x . Il fe r t à donner à
ces projeôliles leur forme in té r ie u re , & il efl fait
en te rre fur un arbre en fe r . {Voyez l’a r tic le Moul
a g e DES PROJECTILES CREUX. )
Pour former lè noyau, on place l ’arbre horizontalement
{voyez l’article Arbre dû noyau des
projectiles, creux ) fur une efpècè de tour; le
bout qui porte un enfoncement, contre la pointe
d’une vis traverfant une poupée à droite, & h
partie cylindrique, dans une crapaudine à gauche,
le bourrelet en dedans. Le bout aplati reçoit la
manivelle, & un poids à double crochet, pofé fur
cet arbre contre la crapaudine, l’affujettit dans
cette pofition fans gêner le mouvement de rotation
qu’on lui imprime.
L’ouvrier, qui d’abord a paffé un fétu de paille
dau§ laraiaure de l’arbre dont on a parlé ci-deffus,
nu
un morceau de bois dans la mortaife du milieu 8c
les petites plaques dans celles du bout, faifit la
I manivelle de La main gauche, 8c tournant en dedans,
il tortille une corde de paille ou de foin
autour de l’arbre ; il aflujettit cette corde avec de
la terre à potier mélangée d’un tiers de crottin de
cheval, dont il la couvre entièrement, puis il fait
i fécher, enfuite il met une fécondé couche fur un
calibre approchant de la forme que doit avoir le
noyau, fait encore fécher, & enfin applique la
dernière couche d’après une planche tracée 8c dé-
i coupée fur le profil exa£l du noyau; l’oeil com-
i pris.
Cette planche efl garnie d’une pîhque de fer
dans fon contour 8c chanfreinée par-deffous; on
l’éloigne du centre de rotation à la diftance convenable,
& 011 la fixe dans cette fituation en enfonçant
deux pointes en arrière fur les jumelles.
On recuit enfuite le noyau jufqu’à rougir dans
des charbons ; On bouche le trou de la pointe, ainfi
que les crevafîes occafionnéespar le defféchement;
on le trempe enfin dans une eau où on a délayé
du pouflierde charbon, 8c fi alors il a le diamètre
prefcrit, ce dont on s’aflure avec une lunette, il
eft terminé.
Il faut obferver que le fétu de paille placé dans
la rainure de l’arbre ayant été néceffairement
brûlé lors du recuit, il en réfulte un vide communiquant
au centre du noyau.
NUMEROTAGE d e s a r m e s d a n s l e s r é g im e n s .
Les foldats dégradoient fréquemment leurs armés
par la manière dont ils en marquoient les pièces ,
pour ne pas les confondre ; voici le mode actuellement
en ufage : tous les fufils d’infanterie font
marqués d’un numéro formant une férié, depuis le
numéro*premier jufqu’au numéro rëpréfenlant le
! nombre d’armes exiflant au corps.
Les fufils de voltigeurs forment une autre férié,
commençant également par le n°. 1.
Chaque baïonnette efl marquée du même numéro
que le fufil auquel elle appartient. Les mouf-
quetons, les piftolets, les fabres & les lances font
.aufïi marqués d’un numéro comme il eft prefcrit
pour les fufils. Les fufils 8c moufquetons font marqués
fur le plat.de la croffe, du côté oppofé à la
latine; les chiffres font placés parallèlement au
ordde la plaque 8c à o mèt. 0271 (1 pouce ) au-
deffus de ce bord. On emploie pour cela des poinçons
à froid eh acier, tranchans, 8c dont les
chiffres ont9 mèt. 0090 (4 lignes) de hauteur.
Les piftolefs font marqués dans le fens de la longueur
de la vis de culafle, en arrière du porte-vis ,
8c avec des chiffres de O m.èt, 0967 (3 lignes) de
hauteur.
L’empreinte fur la baïonnette eft placée fur le
coude du côté de la grande fente verticale, & les
chiffres ont o mèt. 0029 ( 1 ligne 3 points ) de
hauteur.
Les fabres de cavalerie font marqués fur la branche
principale du côté oppofé à la garde, 8c vers
le milieu de la longueur.
Le fabre d’infanterie eft marqué de même, &
du côté oppofé au pontet de la chape.
Le fabre d’artillerie eft marqué fur la plate-
bande de la croifière , vers le milieu de la longueur.
Enfin, la lance eft marquée fur le fabot on bout
en fer.
Les poinçons pour les fabres 8c la lance portent
des chiffres de o mèt. 0029 ( 1 ligue 3 points ) dô
hauteur.
Les armes des foldats qui ne font plus nombre
paffent à ceux qui les remplacent, afin que l’ordre
des numéros ne foit pas interverti, & qu’il demeure
Çonftamment tel qu’il a été établi dans les corps.
Lorfqu’un corps verfe dans les arfenaux des armes
réformées, & c ., celles qui lui font délivrées
enfuite prennent les numéros vacans dans la férié..
Il eft tenu par l’officier chargé de l’armement un
état du numérotage ci-deffus, portant : i°. la date
de réception de chaque arme; 2°. le numéro appliqué
fur l’arme ; 3°. le numéro du regiftre-matri-
cule du foldat qui a l’arme entre les mains; 4°. la,
date de la réforme de l ’arme ; 5°. la date de la r.e-
mife de l ’arme dans les magafins du Gouvernement.
Au moyen de ces difpofitions fimples 8c faciles ,
on reconnoît de fuite 8c à chaque inftant toutes les
mutations qu’a éprouvées une arme, 8c lés noms de
tous les foldats entré les mains defquels elle a
paffé.
Les marques n’étant pas dénaturé à altérer les
pièces , ellés peuvent, au befoin, être refaites fur
le bois , en appliquant une fécondé fois le poinçon
far la première empreinte fi elle venoit à s’effacer,
Enfin, ce numérotage permet le paffage des armes
d’une compagnie dans une autre du même corps ,
fans détruire l’ordre delà férié , ce qui ne peut pas
avoir lieu dans le numérotage par compagnies,
4rtillïrie, Q«t