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bérie, le dépôt adipeux de sa queue, ce qu’on attribue
à une nourriture exclusivement composée de
l’berbe courte et amère des steppes. Cela se conçoit,
en effet : mais les autres caractères de l’espèce changent
ils aussi ? A-t-on fait l’expérience opposée ? A-ton
vu un mouton d ’une autre race acquérir la grosse
queue en Syrie ou en Tartarie? Je crois qu’il n ’en
serait rien. Seulement, il serait très-possible qu’au
milieu de ces gras pâturages, ils acquissent en force
et peut-être même en taille.
On a vu certains animaux, nés de parents appartenant
à une race bien connue, présenter en naissant
des modiiications de forme extraordinaires, qu’ils ont
quelquefois transmises à leurs descendants : on a
aussitôt avancé que ces individus monstrueux eussent
pu faire souche de race. Mais tout le monde sait qu’il
est des monstruosités héréditaires, et que certaines
déviations organiques se transmettent malheureusement
: les maladies du squelette et du système n e r veux
sont surtout dans ce cas ; le rachitisme et le
crétinisme sont héréditaires : oserait-on voir dans le
crétin et ses descendants une race à part?
Les défauts de développements congénitaux se
transmettent aussi quelquefois; ains i, le pied-bot,
chez l’h omme , est dans ce cas : il n ’y a rien là qui
doive nous étonner, et rien qui doive être invoqué
comme preuve de l’influence modificatrice de la civilisation
sur l’organisation des animaux. La modification
organique n ’entraîne nullement l’idée de la désorganisation
ou de la déviation du mouvement normal
de nos organes de la nutrition. La seule conséquence
qu’on en puisse tirer, c’est que les animaux dépaysés,
ou l’homme au milieu de mauvaises conditions hygiéniques
sont d'autant plus exposés à présenter
des exemples de développement vicieux et imparfait
et que le climat leur convient moins.
Il y a dans les animaux ruminants pourvus de
bosses adipeuses, soit à la queue, soit sur une partie
quelconque du dos , un caractère éminemment voyageur
et une organisation en harmonie avec cet instinct
particulier ; c’est une prévoyance de la nature
pour subvenir aux besoins de quelques moments de
disette forcée, pa r suite des vicissitudes inhérentes à
la topographie de certains climats : d ’après cette idée,
nous voyons dans le z éb u , non pas une variété de
l’espèce boeuf, mais une espèce distincte. A la facilité
de porter dans leur énorme panse, comme les autres
boeufs, une provision suffisante pour leur servir de
nourriture, pendant un temps plus ou moins long, cet
animal joint des provisions animalisées déposées en
réserve sur un des points de la circonférence de son
corps. Ce caractère est permanent, et doit par conséquent
servir de base h la distinction des espèces
qu’il caractérise si bien. Il ne serait pas même étonnant
que l’observation comparative des moeurs de
ces animaux avec les espèces les plus voisines, et
dépourvuesde bosses, nous présentât une différence
m a rq u é e , sous le rapport de la digestion et sous celui
de la nécessité de prendre plus ou moins souvent
des aliments. Peut-être l’observation attentive