« Mais il n’cn a pas été de même des carnassiers marins de
la famille des phoques. En effet, outre plusieurs bonnes peaux
et squelettes de phoques à oreilles, et entre autres d’une espèce
voisine du P . australis, qu’ils ont obtenus dans les glaces au-
delà du cap Horn et aux îles Auckland, ils ont pu se procurer,
non-seulement le phoque sans oreilles, nommé P . leptonyx à
cause de la petitesse de scs on g les, mais encore une belle et
nouvelle espèce de la même division, à deux paires d ’incisives
en haut comme en b a s , et dont les dents molaires sont véritablement
fort remarquables pour la manière régulière dont elles
sont lobées à la partie postérieure seulement.
« Parmi les rongeurs, animaux qui sont véritablement rares
dans la Polynésie, dans F Océanie et dans l’Australie, ces messieurs
n’ont guère rapporté, avec des crânes de Foctodon, ramassés
à la Tcrre-de-Feu, et l’écureuil toupaie {Sc. bivittatus)
de Sumatra, ainsi que le rat domestique, qu’ils ont trouvé
partout, et qui est un exemple fort remarquable de l ’influence
de l’homme sur la répartition des animaux à la surface de la
terre.
« Nous avons déjà eu l’occasion de dire que l ’expédition nous
avait rapporté, outre plusieurs crânes de dugong des rivages
du détroit de Torrès, un individu tout entier qu’on a conservé
dans le tafla, ce qui a permis d’en tirer une peau bien entière,
aujourd’hui bien montée, qui manquait à nos collections, et un
squelette plus complet que celui que nous possédions.
« Les pachydermes, qui, vers la fin de l ’archipel des Moluques,
se réduisent à deux espèces d éco ch on s, n ’ont été rencontrés
par aucun des observateurs de l'expédition, qui n’ont
toutefois pas oublié de recueillir, comme l’Académie le leur
avait recommandé, des crânes de l ’espèce européenne domestique
et répandue dans presque toutes les îles de FOcéanie ;
mais ils ont été plus heureux pour les cétacés. Nous avons, en
e ffe t, parmi un assez grand nombre de dauphins rapportés en
peaux et en squelettes, ce qui n ’avait guère été fait avant cette
expédition, reconnu cinq ou six espèces dont une ou deux ont
paru nouvelles, mais parmi lesquelles ne se trouve pas le dauphin
à deux nageoires dorsales, qu’ils ont cependant cherché
avec beaucoup de persévérance : aussi le- regardent-ils comme
fort douteux.
« Quant aux cachalots et surtout aux baleines, si communes
dans les mers que l’expédition a explorées, elle n’a pu s ’en
procurer aucune partie caractéristique. Nous avons cependant
appris de M. Jacquinot, que tous les baleiniers regardent la
baleinoptère du sud comme distincte de celle du nord. Aussi
paraît-il que le cyame, ou pou de baleine, qui vit parasite sur
e lle , est différent comme espèce de celui de la baleinoptère du
nord.
« Parmi les didelphes et les ornitliodelphes rapportés par
l ’expédition, on a pu remarquer un bel individu d’écbidné,
conservé dans F esprit-de-vin, un koala et plusieurs espèces de
kanguroos, dont une paraît nouvelle, du moins pour les collections
du Muséum; e t, parmi un certain nombre de pièces
anatomiques, plusieurs cerveaux conservés dans Fesprit-dc-viu,
les os du squelette du k oala, qui manquait à nos collections,
enfin des crânes d’animaux domestiques transportés et qui
avaient été demandés.
« Grâce en partie à l ’adresse de M. Dumoulin, ingénieur-
hydrographe, la récolte en oiseaux est beaucoup plus considérable,
aussi bien en individus qu’en espèces, puisque, d ’après
le catalogue fait sous les yeux de M. Isid. Geoffroy-Saint-
Hilaire, elle sc monte à plus de 700 individus, contenant en viron
300 espèces, sans compter ceux qui sont conservés dans
Falcool. On a pu reconnaître dans la collection de MM. Hombron
et Jacquinot, non-seulement un assez bon nombre de
belles espèces qui manquaient ou qui étaient uniques dans les
collections du Muséum, par exemple, un épimaque proméfil
de la Nouvelle-Guinée, un lori phygi des îles Viti, un bel
oiseau de paradis émeraude de la Nouvelle-Guinée, plusieurs
variétés remarquables de la colombe kurukuru de Quoy et
Gaimard; un mégapode des îles Salomon; un jeune albatros
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