leurs récoltes furent moins nombreuses et présentèrent moins
de choses inattendues.
« MM. Lesson et Garnot, qui visitèrent la Nouvelle-Hollande,
la Nouvelle-Zélande, les îles de Java, de Bornéo, d’Amboine et
de la Nouvcllc-Guinéc, c’est-à-dire à peu près les mêmes parages
que leurs confrères, n ’eurent guère à faire que des récoltes
de même genre, sauf à la Nouvelle-Guinée, où n’avait
pas aborde Péron; cependant ils commencèrent à sortir des
animaux vertébrés et s ’occupèrent davantage des animaux inférieurs,
mollusques et zoophytes.
« Mais c’est surtout le second voyage de MM. Quoy et Gaimard
qui, tout en faisant connaître un nombre considérable de
poissons, a pris son plus grand caractère d’importance de l ’étude
presque spéciale des animaux inférieurs qui avaient été jusque-
là presque généralement négligés, savoir les crustacés, les vers
chétopodes ou apodes, les animaux mollusques et les animaux
rayonnés.
« Les résultats obtenus par M. Beynaud ont aussi porté sur
les animaux marins, les poissons et les crustacés de toutes
grandeurs, non microscopiques cependant; mais spécialement
dans une direction maritime qui n’avait pas été su iv ie , celle
des régions sudorientales.
« C’est aussi dans une marche un peu différente de celles
qui avaient été suivies jusqu’alors, qu’ont été obtenus les résultats
que la science doit au premier et surtout au second
voyage de M. Eydoux \ où les animaux pélagiens, presque
microscopiques, ont été étudiés avec un soin tout particulier
par M. Souleyet; ce qu’avait cependant fait avant lui, et d’une
manière également fort intéressante, M. P.-E. Botta, en même
temps qu il poursuivait l’investigation des animaux vertébrés
terrestres sur la côte occidentale de l ’Amérique du nord, comme
1 a feait depuis, d’une manière moins complète pourtant, M. Né-
boiix, de l ’expédition de M. Dupetit-Thouars.
1 Nous apprenons à l’instant que ce naturaliste zélé vient de mourir à la
Martinique.
Toutefois et dans cet état de la zoologie, scientifiquement et
matériellement parlant, les parties constituant le vaste domaine
embrassé d’un seul coup par Péron et Lesueur, qui restaient à
reprendre, et qui formaient ainsi les besoins de la science,
étaient celles qui ont trait à l’étude particulière de l’homme et
à celle des mammifères aquatiques, animaux bien plus difficiles
encore à observer, à atteindre et surtout à conserver ainsi qu’à
rapporter, et qui forment la famille des phoques, déjà assez
nombreuse en espèces, celle des lamantins ou gravigrades
aquatiques, qui l ’est beaucoup moins, sans doute, mais qui
n’est pas moins intéressante, et surtout celle des cétacés, com-
preuaut les baleines, les cachalots, les dauphins et les marsouins,
dont la distinction des espèces est encore si peu avancée,
justement parce que nos collections manquent des éléments
nécessaires pour y parvenir.
« L’expédition sur les résultats de laquelle M. le Ministre
de la Marine a demandé l’opinion de l’Académie, demande
qu’elle a renvoyée, pour la zoologie, à l’examen de MM. Isidore
Geoffroy-Saint-Hilaire, Audouin, Milne Edwars et de moi, se
trouvait justement, par suite du but particulier de sa mission
hydrographique, dans les conditions les plus favorables pour
satisfaire à ces deux importants besoins ou desiderata de la
zoologie; aussi avaient-ils été soigneusement recommandés
dans les Instructions données par l’Académie.
« La mission hydrographique de l’expédition était, en effet,
d’explorer les parties les plus australes de la mer du Sud, de
pousser aussi loin que possible une reconnaissance hardie à
travers les glaces, en s’avançant vers le pôle. Or, c’est dans
les régions polaires de riiémispbère antarctique que se trouvent
les nombreuses espèces de phoques, de dauphins et de baleines
dont l’étude était le plus demandée.
« Cette expédition de circumnavigation, sous la direction
de M. Dumont-d’Urville, alors capitaine de vaisseau, était
formée de deux corvettes convenablement disposées pour l ’entreprise,
1 Astrolabe, sous le commandement immédiat de son