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les tendances évidemment propres à telle ou telle espèce
d’hommes, à tel ou tel individu d’une même
espèce? Je le crois, parce que rin te llig en c e , chez
l’homme, domine to u t, dirige ses dé te rmin a tio n s,
domine d’aiitant plus ses penchants que son intelligence
l’élève plus lu i-m êm e à ses propres yeux.
Nul doute que la na ture du pays et de ses ressources
ne contribue beaucoup à former le caractère national
des espèces ou des races qui habitent le globe ; mais,
seule, elle ne le constitue point. Les Malais sont n a vigateurs
, pêcheurs et pirates ; peu industrieux de
leu r n a tu re , ils achètent les produits des autres et les
vendent ensuite ailleurs ; braves, ils volent à main
armée ; lib e rtin s , somptueux , l’o r leu r échappe
aussi facilement qu’ils se le p ro cu re n t : aussi la vie
aventureuse est-elle leu r passion. Fourbes comme
des brocanteurs ou comme des pirates, ils sont souvent
cruels par nécessité ; ils le deviennent p a r habitude.
Peu portés à cultiver les a rts, ils sont cependant
tellement appliqués à la construction des praos, qu’ils
sont devenus d ’assez bons constructeurs de navires.
Mais si la n a tu re de leur patrie a favorisé leurs prédispositions
n a tu re lle s, on peut dire également q u ’ils
ont su singulièrement profiter des dispositions topographiques
de l’Archipel, parce q u ’elles favorisaient
en eux des penchants innés.
Les malheureux hab itan ts de l’Australie septentrionale
n ’ont jamais eu l’idée de se liv rer à l ’industrie
des Malais, quoiqu’ils fussent entourés de bois de
construction, quoiqu’ils pussent se p ro cu re r p a r le
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commerce une foule de ressources que leu r sol in g rat
ne leu r accorderait qu’avec des peines infinies. C ertes,
l’esp rit de ces hommes nous présente u n type pu r de
toute influence locale : ils subissent leu r destinée sans
réagir su r la na tu re au tremen t que comme Tanimal
qui poursuit sa proie. C’est là et ce fut toujours là ,
sans doute, le tra it le plus remarquable des espèces
primitives, qui, p a rto u t où nous pouvons les observer,
même en contact avec la civilisation, se sont re tirées
dans les montagnes ou su r des îles, où elles se
livrent en liberté à leu r paresse ou à leu r indifférence
native, à tous les actes de b a rb a rie, aux stupides
p ratiques du fétichisme. L’histoire des Ungriens, des
Lapons, des Samoïèdes, des Tungouses, des tribus
vagabondes de l’Australie, des montagnards de l’Inde
et de son a rc h ip e l, vient à l’appui de n o tre assertion.
Les espèces plus élevées dans la série hum ain e,
espèces que je suppose avoir succédé su r la forre
aux hommes que je nomme primitifs, se sont fait, au
co n tra ire , une existence en tièrem en t calquée su r les
• ressources que leu r offrait leu r pays; leur caractère
a donc beaucoup plus emprunté à la n a tu re de leu r
p a trie. En général, si nous en exceptons les Chinois
et les Égyptiens, elles paraissent avoir été peu portées
vers les industries de la vie sédentaire ; ce qui nous
en reste vient à l’appui de cette observation : ce sont
les Mongols, les Mantchoux, les turbulentes tribus
rouges de Tlndoustan et du Dekhan , celles de la
Malaisie, les Poly n é sien s, les Am é ric ain s, les B e r-
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