sa seiche articulée et le phytotome, oiseau dont le squelette
manque encore à nos collections.
Pendant la traversée de la mer Pacifique, nous n’avons à
recommander que la récolte des animaux pélagiens, comme les
héroés, les diphyes, les stéphanomies, les méduses, qui sont
encore assez mal connus pour la plupart et qui ne peuvent
l ’élre mieux que par des observations répétées sur des animaux
vivants, ou du moins fraîchement retirés de la mer ; car leur
conservation, malgré les précautions les plus convenables, est
extrêmement difficile et toujours plus ou moins incomplète.
Si l’expédition touche à quelqu’une des îles de la Société ou
des Amis, il serait et utile que l’on recherchât d’abord attentivement
les mammifères sauvages, qui se borneraient, suivant
M. Lesson , à une seule espèce du genre mulot, que les habitants
de Taïti nomment i o r é , et qu’ensuite on s’assurât, en ce
lieu comme ailleurs, si les animaux domestiques apportés par
les Européens au moment de la découverte ont subi quelques
altérations ; des squelettes, ou au moins des crânes de cochons,
de chats, de chiens, de chèvres, rapportés en France, ne seraient
pas sans intérêt pour la science et nos collections.
Il serait également utile de s ’assurer du point où finissent
ces grandes chauves-souris, connues sous le nom de roussettes
et q u i, habitant les parties chaudes de l’ancien continent, '
l’Afrique, l’Inde et surtout l ’Archipel indien, puis la Nouvelle-
Hollande jusqu’à la terre de Van-Diémen, semblent s’arrêter à
Tonga et ne plus exister dans aucune partie du Nouveau-
Monde ni de son voisinage.
Les îles Salomon o ù , suivant l ’itinéraire exposé à la Commission,
l ’expédition doit séjourner, étant un lieu où peu de
recherches scientifiques ont pu être faites jusqu’ic i, méritent
d’autant plus l’attention des observateurs embarqués sur VAstrolabe
et la Zélée. Ils devront donc y étudier d’abord la race
humaine qui les habite, les animaux domestiques qu’elle possède
, les animaux sauvages terrestres, aériens, aquatiques, de
toutes les classes, que le sol ou les eaux douces ou salées peuvent
nourrir, en insistant là comme ailleurs, plus particulièrement
sur les espèces les plus communes et les plus petites,
qui jusqu’ici ont été les plus négligées.
Le projet que nous a exposé le commandant de l’expédition,
d’explorer le détroit de Torrès avec le plus de persévérance
possible et d’aborder à la Nouvelle-Guinée, dans un lieu où
existe un comptoir hollandais et où, par conséquent, il sera
possible de séjourner, doit nous faire espérer des découvertes
importantes dans la zoologie de cette grande terre , que les navigateurs
n’ont presque fait que côtoyer jusqu’ici. En y séjournant
et surtout en pénétrant dans l’intérieur, il sera peut-être
possible de décider comment se trouve dans cette grande île
une race de nègres au milieu d’hommes d ’autres races, et si là
cessent tout à coup les animaux de l’Archipel indien, ou s’il y
a, ce qu’on peut déjà soupçonner, un mélange avec quelques-
uns de ceux qui peuplent la Nouvelle-Hollande, continent singulier
sous ce rapport que, sauf le Pteropus Polyoceplialus et
les hydroniys, auxquels il faut ajouter l’espèce voisine des rats
dont M. Gray a fait le genre pseudomys, une autre espèce rapprochée
des chinchillas, queM. Lichtenstein nomme hapalotis,
et enfin le chien laissé peut-être anciennement par les Hollandais
, tous les mammifères qu’on y a rencontrés jusqu’ici appartiennent
à la sous-classe des didelphes et à celle des orni-
thodelphes ou monotrêmes.
On peut également espérer beaucoup de choses nouvelles
des recherches auxquelles l ’expédition devra nécessairement se
livrer en traversant l’Archipel des Moluques, dans le but de se
rendre à Mindanao, où peu de naturalistes ont abordé depuis
Sonnerat.
C’est surtout dans les détroits, les havres, les criques qui
"séparent, qui déchiquètent la Nouvelle-Guinée ainsi que les
îles nombreuses composant les Moluques et les Célèbes, que l’on
doit penser que les naturalistes de l ’expédition pourront rencontrer,
outre une grande quantité de poissons dont ces mers
fourmillent, de nouvelles espèces de seiches, de poulpes, de