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 Mais  là  s’arrête  la  puissance  du  climat ;  il  ne  lui  
 est point  donné  de  changer  l’instinct  des  animaux,  
 ni,  à plus  forte raison,  l’intelligence  de  la  nature  intime  
 de  l’homme  moral,  tel  qu’il  plut  à  Dieu  de  le  
 créer,  en  prévision  de  certaines  harmonies,  auxquelles  
 rien ne saurait échapper.  Ce serait rec rée r ce  
 qui  fut créé,  et ici-bas rien  n ’a cette puissance ! 
 J’ai  déjà repoussé l’idée que  le cerveau fût l’organe  
 sécréteur de  la pensée ;  qu’en  lui fût inné  le  principe  
 moral  de  Fliomme ;  et que la  raison,  qui  n ’est que  le  
 produit  immatériel  des  combinaisons  de  l’âme,  fût  
 la conséquence d’agents matériels, de  renflements de  
 telle ou telle partie de  l’encéphale.  Celui-ci  n ’est que  
 îe  centre  de  la  sensibilité  où  aboutissent  toutes  les  
 sensations  autour  de  ce  moi,  qui en  est  le sens  in time  
 et  qui  se connaît  et  se juge lui-même:  il  est disposé  
 de manière  à  ce que  la  volonté ait un  retentissement  
 direct  sur  la partie matérielle  de  notre être.  
 Je ne reconnais pas à la matière la  propriété de  p ro créer  
 la pensée, mais je lui reconnais la puissance  directrice  
 du  corps. 
 L’irritabilité n ’est  pas  la  contractilité ;  cependant  
 l’une,  infiniment  moins  matérielle  que  l’autre,  se  
 manifeste  pa r  cette dernière,  comme l’intelligence se  
 manifeste  par  des actions,  pa r des  combinaisons  ra tionnelles  
 qui sont  îe  propre d ’une  sensibilité particulière  
 au  cerveau,  laquelle  conserve l’empreinte  de  
 l’objet  observé  et  de  toutes  ses  qualités  physiques.  
 Ainsi,  le  toucher  nous  fait  apprécier  les  propriétés  
 d ’un  corps,  et  aussitôt  le  genre  d ’impression  reçu, 
 celle-ci  marque  sa  place dans  notre cerveau,  qui est  
 l ’aboutissement de  toutes  les  sensations ,  comme  les  
 moindres  reflets  de  la  lumière  marquent  leur passage  
 sur la plaque  du daguerréotype.  La mémoire est  
 u n  sens interne, une faculté toute matérielle ;  aussi la  
 mémoire  des  choses  métaphysiques  est-elle  la  plus  
 pénible  à  obtenir,  et  ses  abstractions  ne pren n en t-  
 elles  place  dans notre  esprit que pa r l’artifice du  travail  
 qui consiste  à  matérialiser  l’idée  principale,  en  
 se  la  représentant pa r  l’analyse  réduite  en  tableau  
 syllogistique ?  La mémoire  est à la pensée  ce  que  les  
 sens  sont à  la  mémoire  elle-même,  une  source  inépuisable  
 de  faits  que  la raison compare, grâce à cette  
 faculté de  pouvoir  se  rappeler.  Il y  a  autant  de modifications  
 de m émoire qu’il y a de moyens d ’analyser  
 les choses extérieures ;  en un mot,  qu’il y a d’espèces  
 de sens. 
 Quant  à  l’intelligence,  elle  se  compose  du jugement  
 et  de  la  détermination :  elles  tirent de  la  mémoire  
 leurs lumières  et les motifs  de leurs  décisions.  
 Le cerveau  est donc un miroir où l ’intelligence puise  
 les éléments qu’elle combine  et  reflète  avec  une  vivacité  
 et une pureté variables,  selon le degré d’imagination  
 de celui qui  parle. 
 Au  foyer,  occupé  par  l’intelligence,  naît  donc  la  
 pensée  :  principe  immatériel  qui ne  saurait  être,  par  
 conséquent,  l’oeuvre  de la matière !  Aussitôt  l’action  
 matérielle  re comme n c e ,  la  circulation  s’active,  les  
 yeux, la  physionomie  s’animent,  une  sorte  d’impulsion  
 électrique  est donnée ;  la pensée échappe,  se coiJj.