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334 VOYAGE AU POLE SUD.
Les hommes noirs les plus foncés perdent un peu
du brillant de leur peau ébène, lorsqu’ils sont restés
plusieurs années dans les montagnes de nos colonies
de l’ouest, où la température est très-douce
et très-humide. Eu général, lorsqu’on étudie une espèce
d ’hommes quelconque, on attache trop d’importance
aux moindres dillérences de couleur; car elles
dépendent presque toujours de celles des ciiiuats et ne
méritent notre attention qu’au seul point de vue de
l’action des circonstances ambiantes sur la sauté, sur
la conslitulion de rhomme . Cette tendance est fâcheuse,
en ce qu’elle nous conduit à des conséquences
fausses ; elle provient de ce qiToii croit devoir abandonner
les voies.de l’étnde de la na ture, aussitôt qu’il
s’agit de rh om m e : toutes ces belles lois, que l’histoire
naturelle nous révèle à propos des plantes et
des animaux, sont aussitôt mises en oubli, lorsqu’il est
question de son histoire. Les idées les plus théoriques,
el par conséquent les plus hypothétiques, s’emparent
aussitôt de nous et nous forçons l’hyperbole jusqu’à
l’absurde, plutôt que de nous soumettre à la simple
observation des faits. Rien ne justifie cet égarement
de la raison, el les conclusions forcées, qui eu sont le
résultat, n ’intéressent heureusement pas la Religion,
qui est bien a u -d e s su s de pareilles misères. Eu
v a in , voulons-nous rapetisser les oeuvres de Dieu
aux conceptions étroites de notre esprit ; ce n ’est
qu’en surprenant les lois sublimes de la création,
que nous pouvons lui dérober l’inlelligence de qiiel-
ijue s -uns de ses secrets. Nous l’avons dit, en com-
ZOOLOGIE. 333
mençant ce mémoire : l’homme supérieur fut enfin
créé : il lui appartenait sans doute d ’être le lien moral
entre Dieu et l’buinanité ; il succomba, descendit
jusqu’aux faiblesses de l’homme inférieur, et il dut se
racheter lui-même avant de conquérir ses semblables
à la révélation. Rien dans rE c r i lu re ne s’oppose à
cette manière d’envisager la question ; tout, au contraire,
dans la création, nous invite à la voir ainsi.
Pour expliquer la diversité des espèces humaines,
(ou races Imniaines, comme on voudra, un mol importe
peu au fond delà discussion, lorsqu’on n ’est point
d’accord surla nécessité de son adiniss ion\ pour l’expliquer,
dis-je, o u e s t obligé d ’avoir recours ou à la
malédiclion de Dieu sur la race de Cain, ou à la d é -
gradaiion de l’espèce !
1® Qui nous a dit que la descendance de Caïu, maudite,
dut êlre noire eu signe de réprobation? Mais les
rouges, pourquoi le sont-ils? Est-ce aussi un signe de
réprobation? Quel fut leur père coupable? Cela u ’est
pas digne d’un moiuenl d’attention. D ailíeurs, le péché
du premier homme ii’éîait-il pas bien autrement
coupable que celui de Caïu? Pourijuoi ses enfants ne
conservèrent-ils pas les avantages de leur supériorité
morale? Parce (|iie l’homme ne saurait êlre stigmatisé
par la perte d ’une partie de ce qu’il possède de
plus précieux pour éviter le mal, et pour comprendre
ses droits el la nécessité du bien : car l’homme essen-
lieliement moral est l’homme essentieiiement intelligent
, essentiellement métaphysique, et je ne crois
pas que l’on trouve jamais cet homme parmi les es -
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