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d re . Cette remarque est si bien dans la n a tu re , qu’elle
peut ê tre utile môme pour la distinction des espèces
de végétaux qui se ressemblent le plus; c ar on conçoit
que la moindre parlicularité de forme ou d’organe
parmi les plantes des mêmes lieux, suppose de suite
ou nue fonction de plus ou une de moins ; en d’au-
ires te rm e s , une manière d’être différente.
Ces réflexions doivent faire fortement douter de
rinfluence de la domesticité su r le genre canis, au
point de lui devoir toutes les prétendues variétés
du chien domestique, qui pourraient bien provenir
d ’origines diverses ; car nous ne voyons, chez aucun
des animaux réduits à l’état de domesticité, des variétés
aussi tranchées entre elles et aussi éloignées de leu r
souche commune. Pourquoi donc ce genre n ’a u ra it-
il pas présenté cette variété naturelle que présentent
le genre felis, les genres nrsus, macropus, etc. ? Si
la première de ces familles était aussi sociable que
celle des chiens , nul doute q u ’elle ne nous présentât
aujourd’hui cette multiplicité de formes et de tailles,
que nous aurions sans doute grand’peine à faire re monter
à une espèce unique !
N o n , ainsi que le démontrent les penchants irrésistibles
de sociabilité du chien, il ne provient ni du
loup, ni du chacal : redevenu sauvage, le chien n ’est
ni l’un ni l’autre, et rien ne p ro u v e, ju sq u ’à p ré sen t,
que le chacal soit plus susceptible de domesticité que
le loupL On a souvent apprivoisé quelques individus
7 Le chacal chasse en troupe ; voilà tout ce qu’on peut alléguer en faveur
de son caractère social.
parmi les animaux essentiellement sauvages, tels que
lions, tigres, loups, re n a rd s , etc.; mais ces animaux
sont peu féconds en domesticité, et la moindre circonstance
excite leu r naturel féroce; la jouissance
d’un moment de liberté réveille en eux ce goût d’indépendance
qui les porte à ne plus rev en ir chez leurs
maîtres. D’ailleurs, apprivoiser un individu n ’est pas
prouver que l’on puisse asservir toute l’espèce.
Quant aux métis du loup et du chien, leu r n a tu re l
est souvent plus ié ro e e , ou du moins plus sauvage
que celui du plus intraitable de leu rs parents. Ainsi,
le dogue et le loup produisent des métis d ’une férocité
et d’une sauvagerie sans égales : à la vue des p e rsonnes
q u ’ils n ’ont pas l’habitude de voir, ils se p ré cipitent
au fond de leur niche, d’où ils observent avec
inquiétude les mouvements de ceux qui les reg a rd en t;
to u t à c ô té , le loup ou la louve qui leu r donna le jo u r,
et qui fut mis en captivité à un âge déjà avancé, ne
témoigne aucune crainte et semble solliciter la générosité
des visiteurs. E n fin , l’expérience prouve que
ce n a tu re l sauvage se propage de génération en génération.
Il faudrait donc admettre, p our expliquer la
douceur du c h ie n , q u ’une race plus traitable s’est
croisée avec les métis, et que de ce d e rn ie r croisemen
t serait résulté son caractère, tel que nous le
connaissons au jo u rd ’hui ? Mais c’est admettre l’existence
primitive d ’une espèce de chien. Supposero
n s-n o u s encore que cet animal soit le métis d’un
loup et d’u n chacal ? Mais ces deux espèces sont
restées distinctes : rien ne prouve q u ’elles se re