pousse à la destruction successive des espèces animales, l’expédition,
dont nous suivons la marche, dans l’intention de
mieux apprécier l’intensité de ses efforts zoologiques, après
être sortie de ce détroit, le 12 ju in , et être rentrée dans la
mer des Indes, avoir visité un moment l ’île Melville et touché
à Timor, prend sa marche pour revenir promptement en
Europe. En effet, dans le reste du voy a g e, elle ne relâche
qu’un moment h Bourbon, en ju illet, puis à Sainte-Hélènc le
7 septembre 1 8 4 0 , et le 6 novembre, elle entre dans le port
de Toulon, d’où elle était sortie trois ans et deux mois auparavant
L
« Dans cette longue et tortueuse navigation, pendant laquelle
les trois quarts des 1100 jours qu’elle a duré, ont été
passés sous voiles, quelquefois dans des positions difficiles, au
milieu des glaces et dans des passes dangereuses, et un quart
seulement a été employé en relâches à terre, sans qu’aucune
des stations ait dépassé onze jours (sauf les deux, l ’une au
Club, l’autre à Hobart-Town, nécessitées par le besoin de
soigner les malades, devenus malheureusement très-nombreux),
les équipages ont eu presque constamment, surtout à
deux reprises, des malades en assez grand nombre pour
exiger rigoureusement la présence à bord de l’un au moins
des officiers de santé de chaque corvette.
« Le commandant en chef a été lui-même assez grièvement
malade pour être forcé de garder la chambre et même le lit.
« Enfin les tentatives d’exploration des mers du pôle sud ont
été répétées à deux fois : la première durant deux à trois mois,
la seconde durant plus de quinze jours , et les îles nombreuses
qui ont été visitées n’ont presque toujours été que côtoyées
pour les travaux hydrographiques.
« On pouvait donc craindre, avec quelque raison, que les
récoltes zoologiques ne fussent pas aussi nombreuses et aussi
1 Le nombre des mouillages a été de 70 ; ils ont pris 211 jours en totalité
, dont 2 relâches en ont employé 45 l’une et 20 l’autre.
importantes que si les circonstances du voyage eussent été
plus favorables; cependant il n’en a pas été ainsi, grâce au
zèle que les officiers en général et les officiers de santé en
particulier ont mis à ne pas perdre une seule occasion, les uns
de faciliter, les autres de faire des recherches ; peut-être même
aussi à cause d’une sorte d’émulation rivale qui s ’est établie
entre les principaux acteurs scientifiques', et enfin parce que,
outre le dessinateur en titre de l’expédition, M. Goupil, qu’on
a eu le malheur de voir succomber dans les Moluques, trois
des officiers de santé ont pu se livrer à ce genre de travaux, et
dessiner d’une manière fort habile les animaux vivants qu’ils
ont rencontrés.
« Un autre grand avantage qu’avait cette expédition, c’est
qu’elle avait pu embarquer, comme chirurgien auxiliaire,
M. Dumontier, exercé de longue main dans les observations
pbrénologiques et dans l’art du moulage en plâtre.
« C’est maintenant ce qu’il nous faut démontrer à l ’Académie,
par quelques faits et par quelques exemples choisis dans
toutes les parties de la série animale.
« Dans la classe des mammifères, s i , malgré tous leurs
efforts, les médecins de l ’expédition, pendant leur séjour à
Sumatra et à Bornéo, n’ont pu se procurer un ourang-outang,
comme ils pouvaient l ’espérer, ils ont été plus heureux pour
cette espèce de s in g e , également rare, que la longueur de son
nez a fait nommer nasique par Buffon. En effet, en passant le
long de Bornéo, ils ont pu en prendre de vivants, en faire le
portrait, par suite en mouler la face, et nous en rapporter, outre
la peau, le squelette qui manquait aux collections du Muséum.
« Dans les lémurs, ils n’ont pu se procurer qu’un nycticèbe.
« Les roussettes, les chauve-souris, les insectivores et même
les carnassiers terrestres ne se sont guère présentés à leur
observation. MM. Hombron et Jacquinot nous ont cependant
rapporté un squelette de Twpaïa tana et des roussettes de
Samoa.