cerveaux qu’il plut aux phrénoîogistes d’en créer.
Les penchants ne sont que la conséquence nécessaire
de notre organisation malérielle : comme la faim est
le résultat rationnel du mode de nutrition des animaux,
Y amour physique n ’est aussi qu’u n besoin ; ii
rentre, comme tous, dans le domaine de sensibilité
particulière aux fonctions dont nous devons éprouver
le sentiment. C’est chez l’homme que ce besoin
est le moins animal, il s’épure, en quelque sorte, de
l’intervention de l’intelligence ; car la vue des agréments
que la nature s’est plue à répandre sur quelques
personnes l’inspire souvent, jusqu’à la passion,
lorsqu’à ces charmes physiques se joignent les grâces
de l’esprit. Or, îa passion n ’est qu’une exaltation des
facultés intellectuelles voyant à travers le prisme de
l’imagination.
L ’amour de la géniture est une des plus sages prévoyances
de la nature ; elle n’est qu’un attachement
instinctif chez les animaux; elle est affection raison-
née chez l’iiomme, c a r , qui dit affection, dit sentiment
basé sur la raison. L’amour des enfants est un
phénomène logique dans la nature ; aussi l’être qui
reçut l’intelligence en partage en comprit-ii toute
l’importance et y vit-il plus qu’une impulsion aveugle
! il y vit un devoir.
Le penchant à détruire, mais c’est u n vice comme
la gourmandise, l’ivrognerie, le vol. Les vices sont le
résultat de mauvaises habitudes contractées dès l’enfance
et qui ne furent jamais réprimées. Une bonne
éducation consiste, en effet, à donner aux idées une
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bonne direction, en n ’en donnant que de justes et en
élevant l’âme au niveau de sa mission intellectuelle.
On croit avoir tont fait lorsqu’on a donné de rin s tru c -
tion aux enfants, et que, sous p rétexte de leur inspire
r d e là prudence, on professe devant eux les pré ceptes
du plus naïf égoïsme, ils en adoptent aussitôt
les commodes principes ; de là, ces vues étroites mesurées
exclusivement sur l’étendue de nos intérêts;
de là, ces hommes qui ne sauraient s’élever jusqu’à la
pensée la moins généreuse et qui sont exclusivement
propres à l’intrigue : tout leur est bon, ils n ont ni
honte ni vergogne, et il ne vient jamais à l’esprit de
pareilles gens de combattre en eux-même s , je ne
dirai pas les défauts, mais les moindres faiblesses de
caractère. Il n ’est sorte de stratagèmes qu’ils n ’emploient
pour a rrive r à la satisfaction de leur amour-
propre , et ils savent encore moins résister à leur
ambition et aux inspirations de leur orgueil.
Habitués à céder à toutes leurs mauvaises propensions,
ils obéissent au désir de se donner des sensations,
sans choix du moyen ; et plus l’occasion est
bizarre, plus elle a de mérite à leurs yeux. C’est ainsi
que la cruauté même peut devenir pour de pareils
hommes un moyen trè s -p iq u an t d’employer son
temps! L’organe de la cruauté ne saurait exister
chez les animaux; ils obéissent aux besoins de leur
organisation, et leur cruauté n ’existe que par rap port
à nous. La cruauté suppose toujours une action
calculée, quoique mue par aucune nécessité. C est
donc la passion d ev o ir souffrir, ce qui n ’est qu’une