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330 VOYAGE AU POLE SUD.
ricaiiis de l’Amérique septenirionale habitent les
plaines les plus ferliies du monde, où la chasse leur
procure de précieuses ressources ; une immense
étendue les environne, et l’abondance les entoure
sous toutes les formes organisées. Les Patagons, au
contraire, habitent un pays aride, où le guanaque et
rautruche ne leur offrent pas toujours la cerlitude
d’une chasse fructueuse : le premier de ces animaux
est leur plus importante richesse; mais il est doué
d’une vitesse qui en rend la capture fort incertaine ;
ensuite, sa sobriété ne le porte pas à s’exposer autant
que le bison, qu’attire infailliblement l’appât
des plus beaux pâturages. Au reste, l’aridité et la
stérilité de la Patagonie, le peu d’étendue de ce
p a y s , son éloignement des chaînes des fécondes
Cordillères du Chili, étaient autant de cii'coustances
qui devaient en éloigner les habitants. Les tristes
Pampas ne pouvaient êlre le rendez-vous de nombreuses
tribus, que la jalousie et l’ardeur du butin
divisent en raison de leur plus grand nombre, que
la guerre anime les unes contre les a u t r e s , que la
vengeance forme à la cruauté.
Le Péruvien, h petite taille trapue,aux mouvements
lents, à l’atlitude triste, aux petits yeux bridés, quelquefois
uu peu relevés en d ehors , aux pommettes
élevées et saillantes, au nez large el aq u ilin , au front
plat et fuyant, à la bouche grande, distante du nez,
aux lèvres ent Couvertes , grosses sans être renversées,
au ventre gros et aux jambes courtes, le Péruvien,
disons-nous, est un modèle qui ne ressemble
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ZOOLOGIE. 331
cerlainement à rien de ce que nous avons vu dans
FOcéanie ou en Asie. Ces hommes sont assez fo r ts , ils
sont patients, ils sont d’une sobriété extrême ; quatre
onces de tortille séchée au four avec un peu de chili
suffit à leur nourriture : ils sont indifférents à Tabou-
dance, \oi\h. pour les caractères extérieurs : voyons
pour les caractères psychologiques ou anthropologiques.
Chose digne de notre attention ! ce que ditM. Wel-
deck des Mexicains du Yucatan esl parfaitement applicable
aux Pé ruviens « Ce n ’est pas le moral
qui les soutient, car ils sont nalurellemeut mélancoliques.
En les considérant avec attention, on dirait
qu’ils réfléchissent à leur état d ’avilissement et qu’ils
rêvent une condition meilleure ; il n ’eu est rien pourtan
t; iis ne pensent à rien, pas même h la m o r t,
qu’ils ne redoutent pas plus qu’ils n’aimenlla vie. Chez
eux, Timagination est complètement paralysée. L’Indien
du Mexique est une énigme vivante. Quoique
très-actif sous le rapport physique , il offre sous
d ’aulres aspects une passivité qui eu fait u n ê tre nul.»
Au Pérou, le montagnard est assez actif, mais l’habitant
de la plage, celui qui ne vit que de sa pêche ;
qui dort sur le sable, sans abri, au pied d ’un récif que
la mer battait jadis, le valserito, en un mot, est
Thomme le plus impassible que Ton puisse imaginer:
un vase ou deux pour faire cuire le poisson ; quatre
côtes de baleine appuyées contre une roche, soutenant
une serpillère déchirée, qui fournit le seul abri
dont la famille puisse se rapprocher pendant la
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