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du nègre là , » me disait l’un d’eux : il faisait allusion
à un mouvement de férocité qu’il se reprochait, dans
un moment où le besoin de la vengeance s’était fait
sentir. La vengeance est, sans doute, une passion propre
à tous les hommes ; mais la férocité n ’est pas nécessaire
à la plus juste vengeance, si toutefois celte dernière
est quelquefois excusable. Nous avons au reste
tous nos défauts; ainsi, je ne crois pas que ces réflexions
puissent avoir rien d ’offensant pour des hommes dignes
de toutes nos sympathies, et que l’orgueil et la
vanité aveugles de nos pères ignorants, et imbus de
préjugés grossiers, avaient relégués dans une classe
de parias. Le temps de l’équité et de la morale est
enfin arrivé pour ces hommes in té re s san ts , qui
s’honorent du nom de Français. C’é ta it, en effet,
bien mal comprendre l ’esprit et la mission de la
civilisation, dont nos pères se larguaient avec fierté,
que de faire des esclaves et de répudier ses enfants
!
Certes, on ne saurait soutenir que le caractère
du nègre Africain, de l’Européen et de l’Américain
soit le même pour tous ; il y là, comme dans
l’extérieur, une différence marqué e, lorsqu’on a le
soin de choisir, pour les compa re r, des hommes de
condilions égales : autant q u e possible, il faut s’attacher
surtout à comparer des individus sans éducation;
car l’instruction et la bonne direction des idées et du
coeur tendent à égaliser le naturel. La connaissance
du bien et du mal appartient à tous les hommes; car
ils ne seraient pas hommes s’ils n ’étaient avant tout
moraux. Ils le sont, il est vrai, à des degrés différents,
mais ils le sont toujours en raison directe de la perfection
inteîlecluelle de l’espèce. Moralité et intelligence
sont deux choses logiquement inséparables;
l’intelligence sans moralité serait le plus affreux prés
e n t é e la nature ; elle ne servirait qu’à faire le mal.
L’homme sauvage n ’est autre que celui qui se laisse
le plus ordinairement aller à l’impression aveugle de
ses passions, faute d’avoir suffisamment tourné ses
réflexions du côté de ses sentiments moraux. Ce n ’est
pas que ce prétendu sauvage, (dénomination qui me
répugne toujours, parce qu’elle est la cause d’une
foule d’impressions fausses; elle tend à confondre
dans une même idée l’homme et l’animal sauvage),
que ce prétendu sauvage, dis-je, ne réfléchisse point ;
au contraire, il pense beaucoup, lorsqu’il a inté rêt à lo
faire ; seulement, il se laisse trop facilement aller aux
préoccupations physiques. Tous les sauvages sont susceptibles
de pitié, de justice, de générosité, de reconnaissance,
bien que passagères ; ils sont susceptibles
d’élans courageux de dévouement ; ils ne rattachent
point ces vertus à des idées de philosophie ou de
religion, mais ils y obéissent pa r sentiment; ils y
obéissent d’autant plus so u v en t, avec d’autant plus
d’entraînement, que leur intelligence est douée de
plus de sagacité.
On néglige trop de cultiver les facultés morales
des peuples, et le défaut de principes fait bien des
sauvages parmi nous, qui sont d’autant plus dangereux,
qu’ils empruntent à la civilisation une foule de
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