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muable de ces hommes : un esprit lourd, et cependant
o b se rv a teu r, fin et astucieux; plus porté à
vaincre les difficultés à force de ténacité, q u ’à les
aplanir p a r le progrès; car il est ren n em i de tout ce
qui pourrait p o rte r atteinte à des habitudes p rise s, de
tout ce qui peut déranger la tranquille indolence
d un présent suffisant, puisqu’il procure le b ien -
être et les jouissances de chaque jo u r. Ce but a tte in t,
a quoi bon se to u rm en te r sans cesse? jouissez, et respectez
même la routine, qui a bien ses douceurs ! ces
moyens sont tro p le n ts , d ite s-v o u s ; mais ne comptez
vous pour rien cette tranquillité voluptueuse et
calme de 1 homme qui poursuit un sentier b a ttu ,
qui en connaît les moindres inégalités, les moindres
détours ou d an g ers, e t qui, libre des soucis de l’étu
d e , marche avec au tan t de confiance que de quiétude
vers un but certain? Celui qui jouit du calme
e t de la douce somnolence q u ’il p e rm e t, est heureu
x même au milieu de ses occupations les plus sérieuses
, parce q u ’il a tte in t doucement et sans peine ,
en jouant pour ainsi d i r e , le but que doit grossir sans
cesse la somme de ses plaisirs. L’Européen, to u rmenté
sans fin comme d’une fièvre b rû lan te , s’agite
toujours et poursuit le b o n h eu r q u ’il n ’attein t V
m ais, parce qu’il désire toujours au delà de celui
q u ’il possède. Il co u rt le monde, qui ne paraît pas
e tre assez grand p o u r lui; il couvre l’Océan de ses
vaisseaux, il affronte des mers que les jonques ne
sauraient braver; mais, ou les Européens sont bien
bus, ou leui pays est bien p au v re ; car, ajoutent en core
les Chinois, nous ne sommes jamais dans la
nécessité de nous expatrier aussi loin ; nos jonques
suffisent à notre commerce e t aux résu lta ts raisonnables
que nous voulons obtenir.
La vie des Européens est u n e sorte de course au
clocher, celle du Chinois est sédentaire ; elle se berce
mollement, elle ne décesse d ’être une continuelle
jouissance. Quant à nous, les émotions v a rié e s , voilà
ce que nous c h e rch o n s, nous les achetons même au
prix de l’or : les Chinois ne ch erch en t que le continuel
, le tra n q u ille , l’immédiat b ien -ê tre de la vie.
P ru d en ts, jamais ils ne s’exposent aux chances du hasard
, excepté au jeu qu’ils possèdent à fond et q u ’ils
espèrent maîtriser. Voilà pourquoi ils sont a v a re s ,
personnels, astu cieu x , voleurs même au besoin; car
se livrer au h a s a rd , c’est m an q u e r de prév o y an ce , et
ils aiment tro p le positif pour commettre une pareille
faute.
Sobres p a r tem p é ram en t, ils sont gourmands
p a r calcul; peu passionnés, ils raffinent su r les jouissances
physiques; c’est l’unique dieu q u ’ils encensent
sous toutes les formes.
A cette indifférence p o u r tout ce qui n ’ajoute pas
directement à ses jouissances corporelles, l’espèce
indo-chinoise ajoute encore la continuelle et délicieuse
demi-extase de l’opium : l’opium tue l’esprit,
mais allège le corps en le plongeant dans un océan
de vagues sensations... il est aussi ra re chez e u x ,
q u ’il est ordinaire chez les Malais, de voir un homme
s’en iv re r ju sq u ’à la période de la fu reu r : oh non !
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